Vendredi 4 Octobre
La phrase du jour était: Hier je pensais que...
Le mot était: Brume
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Hier, je pensais que tout était simple, que l'amour était quelque chose de pur et d'évident. Je marchais dans la forêt, une brume légère enveloppant les arbres comme un voile de mystère. Les souvenirs de ce que je vivais avec Jimmy ressurgissaient sans préavis. Chaque pas que je faisais semblait réveiller des échos de notre passé, des moments que je croyais inoubliables. Mais, peu à peu, les échos se transformaient en murmures, des voix qui me rappelaient des vérités que je préférais ignorer.
Daryl marchait à mes côtés, l'ombre de son cynisme bien ancrée dans ses traits. Je savais qu'il m'écoutait, même sans qu'il me le dise. C'était sa manière à lui d'être présent, une présence silencieuse mais réconfortante. Je lui parlais de mes doutes, des raisons qui me poussaient à ne plus croire en l'amour, et maintenant, il attendait une réponse. Sa question flottait dans l'air comme la brume, dense et lourde.
"Pourquoi ne crois-tu plus en l'amour ?" demandait-il, en arrêtant son regard sur moi, avec cette intensité qui me mettait mal à l'aise, mais que je ne pouvais pas ignorer. Je me sentais vulnérable, exposée. Comment pouvais-je mettre en mots ce que je traversais avec Jimmy ?
Je prenais une profonde inspiration, le froid matinal s'infiltrant dans mes poumons. "Avec Jimmy, tout semblait parfait au départ", commençais-je. "Il était charmant, drôle et, surtout, il semblait vraiment m'aimer." Mes pensées s'éparpillaient comme des feuilles d'automne au gré du vent.
Je me remémorais les premiers jours de notre relation, ces instants où chaque regard échangé était une promesse, chaque sourire un éclat d'étoile dans la nuit. Nous étions ensemble dans un monde qui s'effondrait, et l'amour semblait être l'un des derniers refuges possibles. Je me souvenais particulièrement de cette première nuit où il me prit la main, un geste si simple, mais rempli d'une signification que je ne comprenais pas à l'époque.
"Mais..." continuais-je, ma voix se brisant légèrement. "Mais tout cela c'est vite transformé." Daryl se tenait là, attentif, alors que la brume se levait lentement autour de nous, comme une métaphore de mon propre brouillard mental. "Au fil du temps, je me suis rendu compte qu'il ne voulait pas vraiment m'aimer. Il voulait juste me contrôler."
Daryl haussait les sourcils, visiblement intrigué. Je pouvais presque voir les rouages de son esprit tourner rapidement, cherchant à comprendre ce que je n'ai pas su détecter à l'époque. "Comment cela ?" finissait-il par demander, presque avec précaution, comme si chaque mot que je prononçais était fragile.
"Au début, il se montrait si attentionné. Chaque geste, chaque mot semblait être empreint d'un amour authentique. Mais au fil des semaines, je commençais à voir les fissures de cette façade", confiais-je, une douleur sourde me saisissant à la gorge. "Il devenait possessif, jaloux. Chaque fois que je sortais, chaque instant que je passais avec d'autres personnes, il en faisait un drame. Je ne pouvais plus rien faire sans qu'il ne soit là, à mes côtés, à m'observer. La brume de son amour se transformait en nuage d'obsession."
Je me surprenais à hésiter, à saisir de nouveaux souvenirs. "Un soir, je suis rentrée tard. Je croyais que ce ne serait pas grave, mais il était furieux. Il m'accusait d'être infidèle, ce qui était loin d'être vrai. J'ai essayé de lui expliquer, mais il ne voulait rien entendre. Sa colère était inexplicable, une sorte de rage qui semblait alimentée par ses propres insécurités. C'est là que j'ai compris que cet amour était une manipulation. Il aimait l'image qu'il s'était construite de moi, mais pas qui j'étais vraiment."
Daryl scrutait mon visage avec une intensité que je n'avais jamais vraiment perçue auparavant. "Tu as eu le courage de le quitter, non ?" disait-il finalement.
Je secouais la tête. "Ce n'était pas si simple. Je pensais que partir signifierait abandonner l'amour, cette belle illusion que j'avais construite dans ma tête. Même si je savais dans mon cœur que c'était une toxicité, je restais accrochée à ce qu'il représentait. Après tout, qui ne souhaite pas être aimé ?"
Il y avait un moment de silence, brisé seulement par le bruissement des feuilles, le chant lointain d'un oiseau dans la brume. C'était presque comme si le monde se figeait autour de nous pour laisser place à notre discussion. "Et maintenant ?" demandait-il enfin, sa voix calme et posée. "Tu penses que tu retrouveras un jour l'amour ?"
Je soupirais. "Peut-être." Mais en réalité, je n'étais pas si sûre. La brume s'épaississait dans ces bois, tout comme mes incertitudes. "Mais pour l'instant, je ne pourrais pas, je ne saurais plus ce que cela signifie vraiment. J'ai besoin de temps pour comprendre qui je suis, sans m'accrocher aux fantômes du passé. »
Daryl acquiesça, et un sourire mélancolique apparut sur son visage et je percevais une étincelle de douleur passée dans son regard lorsque je prononçais ces mots, comme s'il espérait que ma réponse serait tout autre.. En cet instant, dans cette forêt enveloppée de brume, je me rendais compte que même s'il me fallait me défaire des maux du passé, il y avait au moins une lumière, une lueur d'espoir qui ne demandait qu'à briller à nouveau. Sur le retour, Daryl saisit ma main, comme une promesse silencieuse qu'il allait m'accompagner sur ce chemin de guérison, parce qu'il avait autant besoin de moi que moi de lui. Une lueur de compréhension semblait passer entre nous, un écho de nos propres luttes. Dans ce silence partagé, je réalisais qu'il n'était pas uniquement un témoin de mes souffrances, mais aussi un complice de mes cicatrices. La brume continuait d'envelopper la forêt, tout comme mes pensées restaient embuées par le poids de mes choix.
"Alors, tu es prête à reconstruire ?" lâchait-il enfin, brisant le fil de mes réflexions. Sa voix était douce, presque une invitation à l'espoir.
Je hochais la tête, et au fond, je sentais une vague d'intuition me traverser. Vivre l'amour sous la lumière de la vérité semblait être une promesse qui se dessinait devant nous. L'idée de m'ouvrir à cette possibilité, de redécouvrir cette flamme tant convoitée, m'excitait. Tout en marchant, je pouvais presque sentir l'air se rafraîchir autour de nous, comme un souffle de renouveau, une mélodie secrète qui murmurait à mon cœur que la guérison était un chemin, souvent sinueux, mais qui méritait d'être emprunté. Je faisais un pas à la fois, laissant la brume dissiper mes doutes au gré de mes avancées, attendant avec patience que la lumière perce à travers les arbres. À cet instant, une promesse d'avenir se tissait entre Daryl et moi, et ensemble, nous choisissons d'avancer vers ce chemin que nous pourrions construire, main dans la main, vers un amour empreint de vérité et de lumière.
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