2 octobre : Neige

Le froid était bien là, c'était une certitude. C'était plus qu'évident ! Du haut de ses dix ans, Lorenzo faisait face aux éléments qui se déchainaient. La foudre frappait, attiré par le paratonnerre de l'église juste à côté. La neige tombait avec autant de fureur que de sérénité. Le vent soufflait, avec force mais sans violence. Lorenzo entendait les arbres du grinçait, l'orage qui grondait, et le vide qui le tourmentait.

L'enfant se retourna sur lui-même pour admirer les rafales de flocon d'un autre point de vue. Il était au milieu de la route, en plein dans la rue de son école primaire. Néanmoins, Lorenzo était conscient que des voitures pouvaient toujours arrivés, et il restait sur le qui-vive – inutilement puisque ce jour-là, personne ne se montra.

Les cars scolaires étaient partis depuis au moins une bonne demi-heure ; les parents avaient eut le temps de rentrer chez eux avec leurs enfants, même pour les plus retardataires. Il y a avait lui, seul, devant le presbytère qui accueillait temporairement sa classe pendant les travaux.

Là-dedans, ils avaient entendu les premiers claquements de la foudre. A chaque fois, Laetitia sursautait. Il voyait encore ses réactions : droite comme un i sur sa chaise, elle était tendue, stressée. Le moindre grondement du ciel suffisait pour que ses fesses décollent de sa chaise.

Lorenzo attendait sa mère. Elle allait venir le chercher. Si elle n'était pas encore là, il savait que c'était parce qu'elle s'en allait acheter du pain avant d'arriver. Le petit garçon savait également qu'il pouvait rentrer seul, plutôt que d'attendre sous cette averse de neige. Après tout, ils n'habitaient qu'à une rue de là.

Pourtant, il avait choisi d'attendre.

Pourtant, il était là, dehors, seul.

Lorenzo était au cœur d'une tempête de neige. Il était bien couvert, et choisissait d'ignorer le froid qui remontait depuis ses pieds et ses mains. Il revivait encore en boucle le souvenir de Laetitia, avec un léger amusement et une mélancolie certaine. Cloé s'insinuait entre eux, elle brisait leur amitié.

Sans Laetitia, la vie avait-elle encore le moindre goût ? Eh bien oui, elle en avait : celui poétique de l'affection silencieuse et observatrice, celui d'un conte enfantin et affligé. L'enfant savourait l'apparition de ce manteau de neige, qui couvrait également son manteau. Cette tempête de neige était réconfortante, apaisante et tout à fait à l'image de ce qu'il vivait.

Quand la mère du petit garçon arriva, elle lui dit qu'il avait été stupide de rester dans un tel froid. Lorenzo s'y attendait, mais il n'avait rien ressenti qui ne vaille pas sa patience. Il avait attendu sa mère, tranquillement. Il avait profité du goût qu'avait sa vie à cet instant T car la beauté s'en va en un instant ; l'amitié qui l'unissait à Laetitia avait été un magnifique flocon. Mais la neige fond et disparait, et c'était cela qui rendait ce paysage éphémère si magnifique.

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