6- Hypersensible
« T'es trop susceptible », « t'es trop sensible ». Je croyais que c'était ça que ça voulait dire. Je croyais que je n'avais pas le droit d'être différente, qu'il fallait rentrer dans un case, que c'était mal d'être « trop » ceci ou cela. Rejets, moqueries, insultes, c'était ma punition pour être « bizarre ». Bizarre. Qu'est-ce que ça veut dire, encore, ce mot ? Ce n'était qu'une excuse au rejet, à ce fossé qui me séparait des autres.
« T'es trop sensible. » Non, pas trop. Hyper. Mais ça aussi, qu'est-ce que ça veut dire ? Ai-je le droit de me définir comme ça ? Peut-être qu'ils ont raison, peut-être que je suis juste « trop » tout. Sensible, susceptible, émotive, bizarre.
Il m'a dit que c'est une prison. Je n'étais pas d'accord, c'était justement trop. Mais peut-être qu'il avait raison, en fin de compte. Peut-être que c'est une prison. J'ai passé des années à en chercher la clé, sans savoir que j'étais enfermée ni ce que ça voulait dire, mais peut-être que la porte était déjà ouverte. Confiné dans ses propres croyances, on en oublie d'observer plus loin. On s'oublie soi-même. On oublie qui l'on est.
Hypersensible. Ce n'est pas un vilain mot. C'est qui nous sommes. Sensibles et émotifs, oui, mais ce n'est pas tout. La prison n'est que notre propre esprit. Les bizarres, ce sont eux. Eux qui refusent d'accepter les différences, de faire l'effort de comprendre et d'apprendre, eux qui rejettent et critiquent sans rien connaître.
Il m'a dit que c'était une prison, et il m'a dit que c'était un don. Un don en prison. Parce qu'on ne le laisse pas s'exprimer ? Ou parce qu'on le laisse trop s'exprimer ?
Je crois que c'est une prison parce que ça pèse trop lourd. Il faut trouver son équilibre, trouver le juste milieu entre se protéger et se mettre en danger. Ne pas s'isoler par peur des stimuli, ne pas trop s'y exposer. Accepter son besoin de solitude, de calme et de repos. Ne pas lutter contre sa nature et s'infliger trop. Trop tout, encore. Un autre trop, mais qui fait tout aussi mal.
S'écouter. Respecter son rythme et ses besoins. Un travail qui ne finit jamais, car tout peut basculer d'une seconde à l'autre.
S'écouter pour se préserver et continuer à donner.
Aujourd'hui, on a besoin d'être seul. Mais on n'est pas en prison. Il faut s'accepter, s'assumer. Arrêter d'avoir peur des trop. On n'est pas trop. On est humain. Des humains particuliers, mais des humains quand même. Ceux qui comprennent, écoutent et ressentent mieux. Ceux qui partagent, donnent et s'investissent le plus. Ceux qui ne font pas dans la demi-mesure, ceux qui donnent sans compter et finissent par s'oublier eux-mêmes.
Des humains incompris, ignorés, rejetés. Des humains qui ne se comprendront jamais mieux qu'entre eux, s'ils acceptent de penser à eux.
Mais nous ne sommes pas trop, juste hypersensibles.
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