On entre dans la chambre. Sursaut de panique, on recule, la main sur le cœur qui bat à cent à l'heure. C'est quoi là-haut ? On ne sait pas. On ne veut pas savoir. C'est gros. Trop gros. Pourquoi ? Qu'est-ce que ça fait là ? On ne veut pas savoir.

Qu'est-ce qu'on fait ? On ne sait pas. On peut rester planté là et surveiller que ça ne bouge. C'est trop gros.

On attend. On ne bouge pas. On ne respire pas. On ne réfléchit pas. On pleure un peu, aussi. La faute à la panique. On prend de grandes inspirations mais ça ne sert à rien. Qu'est-ce qu'on fait ? On ne sait pas. On ne peut rien faire.

On prévient maman ? Oui, oui, bonne idée. Mais maman ne pourra rien faire. On prévient papa aussi ? Oui, oui, mais il rentre plus tard, lui. On ne peut pas rester là sans rien faire. L'aspirateur ? Non, non, c'est trop gros et trop moche. On a trop peur. On prévient les copines, ça soulagera peut-être.

Maman répond, on n'est pas rassuré.

Les copines essaient d'aider et compatissent, mais de loin, c'est pas très utile.

L'heure tourne. On surveille depuis longtemps maintenant, on va finir par rater le bus.

On doit partir. Non, non, on ne peut pas. Si, si, il faut. Mais si ça bouge ? Oh, non, on ne doit pas penser à ça. Maman rentre bientôt, elle saura quoi faire.

On part. On n'a pas envie. Mais surveiller n'est pas une excuse pour rater un cours. Maman envoie un message. Trop gros. Oui, trop gros. On le savait. Il faut attendre papa. Heureusement qu'il rentre ce midi.

Le temps défile, on est toujours inquiet. On n'arrive pas à se détendre, on y pense sans arrêt. Et si ça bouge ! Non, non, maman surveille.

Papa vient nous chercher, on rentre à la maison. On ne veut pas aller voir. Maman dit que ça n'a pas bougé. Papa va s'en occuper. On attend. On a peur. Papa dit que c'est gros et moche. Dégoûtant même. Mais papa est fort, papa nous sauve.

Écrasée dans un mouchoir, la grosse araignée ne peut plus rien nous faire.