X • Petits secrets entre Sorcières

Comme tous les lundis soirs, les Sorcières se réunissaient. Pour Marguerite, Clémence, Mina et Constance, le lundi soir était une opportunité pour organiser une réunion où, autour d’un thé, les quatre amies se livraient à la confession de leurs plus noirs secrets…

Le métier de Sorcière requérait parfois l’usage de la magie noire, en plus de la Sorcellerie, et il n’était pas rare pour les quatre compères qu’une catastrophe ou un imprévu ne survienne au cours d’une requête d’un client. 

Assises dans le salon de Constance autour d’une table, elles s’étaient placées en cercle. 

- Qui commence, cette fois-ci ? fit Clémence, la plus jeune du groupe. 

La chevelure blond miel et ondulée qui tombait sur ses épaules, elle avait des iris dorées, de jolies tâches de rousseur de la même teinte, une peau bronzée et portait un uniforme scolaire qui laissait à penser que la jeune femme était encore étudiante. 

- Je propose que Marguerite prenne la parole, répondit calmement Constance en faisant tourner sa cuillère dans sa tasse de thé en porcelaine. 

Plutôt grande, les traits anguleux, blonde aux yeux bleus limpides, tout chez elle trahissait son rang social. L’aristocrate d’une quarantaine d’années était vêtue élégamment et affichait un air hautain. Cela n’était probablement qu’une impression mais il y avait quelque chose chez la maîtresse des lieux et la jeune Clémence qui semblait laisser à penser que ces deux-là étaient liées par un quelconque lien de parenté. 

- Pour…pourquoi moi ? balbutia Marguerite en se triturant nerveusement les mains. 

- Parce que tu transpires la nervosité, soupira Mina. Enfin, regarde-toi, ça saute aux yeux que tu as encore fais une connerie au boulot !

- Raconte ! Raconte ! s’exclama Clémence en se penchant vers la Sorcière, un grand sourire aux lèvres. 

Il y eut un moment de silence avant que la pauvre Marguerite ne se décide à avouer : 

- Je…j’ai foutu le feu à la boutique Chaudrons & Bocaux en allant apporter sa commande à un client…et j’ai failli tuer mon patron en revenant…

Penaude, elle avait dit cela en gardant la tête baissée.  

Constance ricana avant de prendre la parole : 

- Ma pauvre chérie…il faut vraiment faire quelque chose pour ta maladresse et tes difficultés à prononcer certains sortilèges… C’est une chance que ce cher Monsieur Williams soit encore en vie ! 

- Elle a raison, souffla Mina. Un jour, ton patron va vraiment se faire tuer ! 

- Je serais toi, j’démissionnerais et j’me replongerai dans les études magiques, balança Clémence. Parce que ça, à ton âge, ça craint…

- Ose me dire que t’as pas fais pire que moi, gamine, marmonna la quinquagénaire. 

Se redressant fièrement, Clémence inspira, un immense sourire collé au visage.

- Le mois dernier, j’ai fais boire un philtre d’amour à mon prof de Sortilèges parce que j’le trouve canon, commença-t-elle. Dommage que ça n’ait pas marché. Erreur de débutante, j’imagine… En tout cas, il s’est transformé en une créature très proche de celle de Frankenstein et ça, mes chères amies, j’appelle ça un exploit involontaire ! 

Il y eut un nouveau silence et cette fois-ci Mina éclata de rire.

- Tu ferais bien de la surveiller un peu plus, Constance ! Ta nièce serait capable de foutre le feu au campus volontairement ou de pratiquer je-ne-sais quelle expérience magique sur ses camarades ! 

Soupirant, Constance lança un regard noir à Clémence. 

- Toi et moi, quand cette petite réunion sera finie, il faudra qu’on ait une sérieuse discussion !     

- Oui, Tatie…, bougonna Clémence.

- Bon, à toi maintenant, Constance ! fit Mina avec un léger sourire. Raconte-nous une petite anecdote de ta jeunesse ! 

Constance porta tranquillement sa tasse à ses lèvres et souffla avant d'en boire le contenu, prenant bien tout son temps. 
Elle reposa la tasse de porcelaine et s'essuya la bouche. 

- Bon, tu vas nous faire attendre longtemps ? râla Marguerite. 

- Patience, mes chères consoeurs, répondit calmement Constance. 

La Sorcière se leva et ramassa les tasses de ses invitées avant de filer vers la cuisine. Elle revint quelques minutes plus tard, vint s'asseoir et, offrant un petit sourire presque diabolique, dit : 

- À l'âge de 13 ans, j'ai fais exploser le laboratoire d'alchimie de mon grand-oncle. Pour ne pas me faire punir et priver de sortie, j'ai accusé mon petit frère. Le malheureux a eu droit à de sérieuses remontrances… 

- En fait, t'étais une sale peste qui assumait pas ses conneries, balança Clémence.

Mina éclata de rire et Marguerite sourit tandis que Constance conservait un air impassible. 

- A ton tour, ma chère Mina, dit-elle pour toute réponse en tournant la tête vers cette dernière. 

Mina sourit. Les cheveux bouclés et blond vénitien, elle avait de très légères tâches de rousseur qui couvraient ses épaules dénudées et ses joues. Ses yeux verts émeraude étaient sublimes. Elle ne semblait pas avoir plus d'une trentaine d'années mais quelque chose chez elle trahissait le fait qu'elle devait être bien plus vieille qu'elle n'y paraissait.  

- Il y a un peu plus de 110 ans, j'ai aidé un ami Nécromancien à ressusciter une armée de légionnaires romains datant du règne de César. C'est que, voyez-vous, Lorenzo a toujours été fasciné par l'empire romain et du haut de ses 2 millénaires, il est quelque peu nostalgique du passé… Alors, je lui ai filé un coup de main, en souvenir du bon vieux temps, après tout, il avait été un si formidable amant, je pouvais au moins lui rendre un petit service…

- Mina, tu t'égares, l'avertit Marguerite. 

- Épargne-nous les détails de ta vie sentimentale, je te prie, soupira Constance. 

- Mais pourquoi, Tatie ?! Elles sont géniales les histoires amoureuses de Mina ! s'exclama Clémence en souriant. 

- Ravie qu'il y ait au moins une de vous trois qui apprécie cela ! rit Mina. Enfin bref, revenons à nos chaudrons ! Je disais donc que j'ai aidé Lorenzo à ressusciter une armée de romains. On allait en faire de même avec ce bon vieux Jules César et cette chère Cléopâtre quand on s'est fait chopper par la Police Magique pour RNAI (Résurrection Non Autorisée et Illégale). Dieu merci, nous n'avons écopé que de 2 ans de prison pour cette petite escapade...

Clémence éclata de rire, Marguerite eut un sourire forcé, désespérée par la fâcheuse tendance de Mina à aller à l'encontre de la Loi des Mages et Sorciers. 

Constance soupira et dit calmement :

- Décidément, ma chère, il semblerait que de nous quatre, tu sois la pire Sorcière… 

Mina se mit à rire et l'hilarité ne tarda pas à gagner le reste de la petite bande. 
La réunion se poursuivit sans encombre et le quatuor ne se sépara que lorsque minuit sonna. 

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