III • Le prisonnier du livre rouge sang

Approchez, approchez !
Laissez-moi vous conter une histoire !
Attention, les enfants, vous en ferez peut-être des cauchemars !
Arzhelenn, votre Korrigan bien-aimé 

Va de ce pas vous narrer
La légende du tristement célèbre Danseur de Feu
Qui voulu jouer un mauvais tour aux Trois Sorcières de ces lieux !
Allons, mes amis, je ne mords pas, approchez ! 

Vous êtes bien installés ? Commençons.
C'est donc l'histoire d'un bien curieux personnage 
A qui les Trois Sorcières voulurent donner une leçon. 

Tugdual, le Danseur de Feu, excellait dans son art,
Celui de manier les flammes qui se plaisaient à l'enlacer. 
Lui, le Pyrokinésiste que l’on disait sans histoire 
Maître du Feu il s'était vu baptiser. 

Aimé de tous et autrefois gentil garçon des rues, 
Le voilà qui un beau jour changea tout à coup. 
C'est que voyez-vous, mes chers amis, messieurs les inconnus, 
Tugdual était célèbre, oui, très célèbre, très connu !

Alors peu à peu, comme un Roi il fut traité, 
Lui, l'enfant du Phénix tant adulé ! 
Il était le Prince de toutes les rues et des allées, 
On le connaissait même au-delà des remparts de la Cité ! 

Mais Tugdual avait acquis un horrible défaut au fil du temps.
Lui, l’unique magicien de ce pays qu’on nomme aujourd’hui la Terre Inondée
Devint avide de pouvoir et de magie.
Le cœur assombri, on disait que même son âme s’était noircie…

Désireux de connaître toujours plus sa tendre amie, la Magie,
Le voilà qui se mit en quête de sortilèges et de grimoires.
Inquiets, les uns le pensaient être devenu fou et racontaient qu’il s’adonnait à des bizarreries
Tandis que les autres prétendaient que le Danseur de Feu s’essayait aux Forces Noires ! 

Un jour, notre cher enfant des flammes trouva
Une vieille maison dans la Forêt Sacrée
Laissée à l’abandon, elle gisait là.

Curieux, le Pyrokinésiste s’aventura
Dans cet étrange domaine perdu au milieu des bois
Et découvrit toutes sortes d’objets mystérieux.

En balayant la pièce du regard, 
Il découvrit sur une petite table un étrange grimoire. 
Très joli, couverture de cuir rouge sang,
Le précieux livre semblait provenir d'un autre temps. 

Intrigué, Tugdual l'ouvrit et ses yeux se posèrent 
Sur les premières pages recouvertes d'incantations  
Écrites dans une encre marron, couleur de la terre, 
Les sortilèges, tout en rimes, lui rappelaient des chansons. 

Ravi de sa trouvaille, il embarqua le grimoire,
Bien décidé à en percer les secrets. 
Débarquèrent alors après son départ, 
Trois femmes vêtues d'une étrange manière, 
Il s'agissait bien évidemment des Trois Sorcières ! 

Quelques jours plus tard, 
Tugdual revint visité 
Cette étrange maison qui semblait être désertée.
Il pilla à nouveau sans savoir
Que cachée quelque part, 
Une Sorcière guettait dans le noir. 

Avertissant ses sœurs, 
Quand fut partit leur visiteur,
Les Trois Sorcières décidèrent en cœur 
De se venger de ce mystérieux voleur !

Après avoir suivit le Danseur de Feu,
Les Sorcières récupérèrent dans la nuit
Leur joli et précieux manuscrit.

Le lendemain, comme elles l'avaient prévu, 
Tugdual entra dans la Forêt Sacrée et courru
Vers leur maison pour s'emparer 
De cet ouvrage qu'on lui avait dérobé. 

Il soupira de soulagement 
En le découvrant
Ouvert sur la table en fer forgé,
Là où il l'avait pour la première fois trouvé.

Il voulu de ses mains saisir l'ouvrage 
Mais en l'effleurant, il se coupa
Tombant lentement sur la première page
Le liquide carmin, son propre sang, goutta. 

Il se sentit bizarre et tenta de fuir 
En voyant les Trois Sorcières qui avaient voulu lui nuire. 
Mais sans savoir pourquoi, il était figé sur place
Et il lui sembla même que son corps n'était plus fait que de glace !

Les Trois Sorcières lui lancèrent un sort 
Et le malheureux ne put s'échapper. 
Sa silhouette disparut, lentement happée, 
Par ce livre qu'il avait convoité si fort. 

Et alors, le lendemain encore
Toute la Cité avait étrangement oublié
L'existence du Danseur de Feu : 
Il ne restait plus un seul souvenir du pauvre malheureux. 

Voici mes chers enfants, ce qu'il vous faut retenir. 
Désirer ce que possède autrui est parfois à ses risques et périls. 
La curiosité peut être un vilain défaut
Et l'avidité humaine un dangereux fléau !

Alors n'oubliez pas ceci :
Il est des livres qui renferment de sombres secrets, 
De sublimes manuscrits, de formidables ouvrages
Dont il ne vaut mieux pas oser toucher les pages
Car vous pourriez bien, un jour, le regretter...

Contes et légendes des Créatures Oubliées : Le Danseur de Feu et les Trois Sorcières,
Collection Mythes et Légendes, Éditions Mystère 
Archibald Anderson 
8 Novembre 1547

Et voilà le 3e texte pour le Writober ! 🙂 Si vous avez aimez "La Roue de la Ruine", gardez-le bien en tête. 😁

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