Jour 21 : Toutes les chose qu'on ne s'est pas dite
Je me réveille dans un tribunal. Je suis un peu déboussolé, je ne me souviens pas ce que je faisais avant, ni comment je suis arrivé ici. Je constate juste que je suis coincé dans le box des accusés. Autour de moi, la salle est pleine de spectateurs sur des bancs de bois, caché par une pénombre qui cache leurs visages. Au premier rang, l'avocate que je suppose être de l'accusation, une vielle femme dans une robe d'avocat. J'ai aussi un avocat à mes côtés que je ne vois que de dos. Je ne comprend pas ce qui ce passe, dois-je conclure que je suis accusé de quelques choses ?
« Levez-vous pour l'honorable juge Veritas, lance une voix dans le tribunal. »
Tout le monde se lève alors pour montrer un serpent géant au yeux bandés qui vient à son estrade.
« Accusé, levez-vous, lance alors le juge vers moi. »
Je me lève, penaud, et je m'apprête à lui demander ce que je faisais là qu'il continu :
« Vous êtes ici pour répondre aux chefs d'accusations de mensonge et de dissimulation de parole. Vous risquez une peine allant du traumatisme à la mort instantanée. Que plaidez-vous ?
- Monsieur le juge, je répond d'une petite voix, je ne sais pas ce que je fais ici, je ne sais même pas ce que vous m'accusez.
- Vous êtes accusez de mensonge auprès de vos proches, et de ne pas dire volontairement certaines choses importantes. Que plaidez-vous.
- Cela ne m'explique pas ce que je fais là, je plaide non-coupable.
- Très bien. Je donne la parole à l'accusation.
- Merci Monsieur le juge, répond d'une voix rauque la l'avocate. En ces circonstances, cela est bien normal que l'accusé ici présent ne se souvienne pas. Une dépression, un acte irréfléchi, voilà ce qu'il l'a conduit ici. Il ne le sait pas, mais il regrette déjà son geste, et nous sommes là pour savoir si la vertèbre cervicale doit se briser ou non, et de lui infliger une peine de blessure le cas échéant. Je vais apporter des témoignages montrant qu'il mérite son sort, ou à défaut une peine allant jusqu'à la tétraplégie. J'appelle à la barre Bobby. »
Une ombre s'extirpe du public, et je vois alors un chien marcher à deux pattes venir à la barre.
« Accusé, reconnaissez-vous Bobby ?
- Oui, c'est... c'était mon chien Bobby, mais je l'ai...
- On y reviendra. Bobby, vous souvenez du 4 octobre 2019 ?
- Oui, je me souviens, répond le chien d'une voix humaine compréhensible. Il m'a amené chez un docteur, il m'a observé, et il a dit quelque chose avec mon maître que je n'ai pas compris. Mon maître est venu alors à côté de moi, et à commencé à pleurer en caressant mon poil. Je sais pas ce que j'ai fais de mal pour lui faire cela. Après, j'ai senti une piqûre, et je me suis endormi.
- Est-ce que votre maître vous a dit quelque chose ?
- Il m'a dit que tout allait bien se passé.
- Et monsieur le juge, Bobby est mort sur la table de ce médecin. Voilà un premier mensonge notable. Il a tué son chien en lui disant que tout va bien.
- Mais c'est faux, je commence à m'insurger, je...
- Très bien. La parole est à la défense, reprend le juge. »
Mon avocat se lève et vient vers Bobby, toujours en me tournant le dos.
« Bobby. Quel était votre état ce jour du 4 octobre 2019.
- J'avais mal au ventre. Ce n'est pas la première fois que j'avais mal au ventre, mais ce jour là j'avais très très mal.
- Et c'est pour cela que votre maître vous a conduit chez le docteur.
- Je pense oui. Je n'arrivais plus à manger et à boire, et je n'arrivais plus à me lever. Mon maître m'a porté dans ces bras pour me conduire chez le docteur.
- Saviez-vous ce que vous aviez à cette époque ?
- Je ne sais pas, j'avais très mal c'est tout.
- Je vais vous apprendre alors à vous et à toutes cette assemblé que Bobby avait un cancer du colon en phase terminal avec une tumeur à l'estomac. C'est vrai que votre maître aurait pu vous soigner, s'il avait su avant. Mais vous ne l'avait pas alerté sur ce mal de ventre, n'est ce pas ?
- J'étais heureux avec lui c'était la seule chose qui compte.
- Merci Bobby pour ces précisions. Je n'ai plus de question monsieur le juge. »
Bobby va alors se rassoir dans la pénombre, et mon avocat me rejoint. Je suis boulversé de l'avoir revu. Je sors alors de mes gonds :
« C'est ça qu'on m'accuse alors ? D'avoir tué mon chien alors qu'il avait un cancer ? De lui avoir menti sur son lit de mort ? Mais quel est ce tribunal de fou ?
- La parole est à l'accusation, reprend le juge, en m'ignorant.
- Merci monsieur le juge, reprend l'avocate de sa voix grave. J'appelle à la barre le colocataire de l'accusé. »
Je vois alors celui qui partage mon appartement depuis des années, venir à la barre. C'est un joli blond athlétique, les yeux bleus comme la mer et une peau hâlée.
« Monsieur le colocataire, reprend l'avocate. Quel est votre relation avec l'accusé ?
- Je suis juste un colocataire, il répond. On est devenu bien sûr des amis à la longues et on ne se cache pratiquement rien.
- Vous savez alors qu'il est homosexuel ?
- Évidement. Dès le début de notre colocation il me l'a dit, et de toute manière je l'étais aussi. J'ai bien aimé cette franchise.
- Vous saviez qu'il était dépressif ?
- Non, je ne le savais pas, même si je m'en doutais. J'essayais de l'aider mais il se repliait jour après jour dans sa bulle. Il partait travaillé, il rentré, il mangeait à peine et partait se coucher. J'ai essayé de lui parler mais il disait qu'il allait bien.
- Et est-ce le cas ?
- Non, il ne l'était pas.
- Un mensonge, un autre, répond l'avocate l'air triomphante. Mais il y a pire. Saviez-vous qu'il était amoureux de vous ?
- Non, je ne le savais pas.
- Vous a-t'il donner des indices ? Laisser penser qu'il était amoureux ? Évoquer l'idée ?
- Il est timide, je pense qu'il n'osera pas m'en parler.
- Merci monsieur, je n'ai plus de question. »
Mon avocat s'avance alors et défend :
« Monsieur le colocataire. Vous dites qu'il est timide, mais vous, vous ne l'êtes pas ?
- Si, je le suis, je ne sais pas si je suis plus timide que lui, mais je le suis.
- Est ce que vous êtes amoureux de lui ?
- Je ne sais pas, cela fait tant d'année, peut-être que oui.
- S'il vous dit aujourd'hui, maintenant, qu'il est amoureux de vous et qu'il vivre avec vous une aventure plus grande qu'une simple colocation, accepteriez-vous ?
- Je... je ne sais pas, il répond, hésitant.
- Et pourquoi pensez-vous que vous ne vous êtes pas avouez mutuellement vos sentiments ?
- La timidité peut-être, la honte, la peur de la réponse sans doute.
- Est-ce que les événements de ce soir vont changer les choses ?
- Oui, sans doute, il y a de fortes chance. Je pense que je ferais tout pour rester avec lui.
- STOP ! Arrêtez ! Mais qu'est ce qu'est que ce cirque bordel ? »
Je commence à craquer, des larmes glissent sur mes joues.
« Accusé, m'invective le juge. Vous n'avez pas compris ?
- Qu'est ce qui a à comprendre ? Qu'est ce que j'ai fais ? Vous m'accusez d'avoir tué mon chien pour abréger ces souffrances, et de ne pas partager mes sentiments avec mon coloc ? Oui je suis dépressif, oui j'ai envie de franchir un palier avec lui comme j'ai envie de me... de me... »
Je comprend maintenant. J'ai compris que ce que j'ai fais, je regrette déjà ce que j'ai fais. Je pense même que je comprenais pendant mon acte. Mais c'est trop tard maintenant.
« Accusé, levez-vous ! Je vais rendre mon verdict. »
Je me lève, la tête baissée. Le juge annonce alors :
« Vous vous êtes rendu coupable d'avoir caché votre état à celui qui vous en fait pour vous, je vous condamne à vous réveiller de votre coma, sous réserve que vous avouez vos sentiments à votre colocataire. Et que je ne vous revois plus ici ! »
Le juge frappe alors de son marteau. J'entends alors un bourdonnement dans mes oreilles, et je ferme les yeux.
J'ouvre les yeux, difficilement. J'ai froid, j'ai mal et j'ai du mal à réfléchir. Je vois des fils sortir de d'un pyjama d'hôpital, et une perfusion est accroché à mon bras droit. Je vois mon colocataire me regarder. Il a un regard de colère et de soulagement, d'incompréhension et de peur. Il veut dire quelque chose mais préfère serrer les poings et pleurer. Il doit sans doute s'en vouloir de n'avoir pas vu mon état, de n'avoir pas agit assez rapidement, de ne pas avoir donné plus de joie. Je met alors ma main sur son poing gauche, et je lui dit :
« Je suis désolé, tout est de ma faute. »
Il me regarde, essuies ses larmes du bras et se force à sourire :
« Non ce n'est rien, tu es vivant, c'est l'essentiel. J'aurai dû...
- Non, je le coupe, ce n'est pas à toi de t'en vouloir pour quoi que ce soit, et je suis trop fatigué pour débattre de qui a tort.
- C'est juste... tu m'as fait peur et j'ai bien cru...
- Je te jure que plus jamais je ne te ferais souffrir. Je ne te cacherai plus rien, mes problèmes de boulot, mes problèmes de cœur, mes doutes, mes peurs, tu pourras tout lire sur moi.
- Des problèmes de cœur ? Tu es amoureux de quelqu'un.
- Oui, je lui raconte en me mettant sur le dos et en rougissant jusqu'aux oreilles. Cela fait tellement longtemps que je le côtoie, que j'ai suivi ces joies et ces peines, je l'ai vu s'affirmer d'année en année et je pense être tombé amoureux.
- Tu parles.. de moi ? Tu es amoureux de moi c'est ça ? »
Il se recule, ne cachant pas son rouge au joue. Les deux eurent alors un moment de silence, il s'approche de moi et m'embrasse d'un long baiser, que j'imite.
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