Jour 10 : Par le sang

Un hôpital de campagne. Une petite équipe de nuit composée que deux infirmières, deux agents d'entretiens et un médecin travaille dans le plus grand des calmes. La nuit était tombé depuis un certain temps et la pleine lune brille de mille feu sur le paysage environnant. Les agents d'entretiens s'occupent de nettoyer les couloirs, tandis que les infirmières rejoignent le médecin devant l'ordinateur après leurs deuxième ronde de la nuit.
« Tu as vu le dernier épisode des Chtis à la ferme ?
- Ouai t'as vu comment Kevin est odieux ? J'en reviens pas franchement. »

Le médecin ne dit mot, se contentant que de lever les yeux au ciel en entendant la conversation. Les deux commères du soir continuent de discuter pendant qu'elle inscrivait des informations sur un autre ordinateur. Soudain, le téléphone d'urgence sonne. Le médecin décroche.
« Hôpital des Plaines je vous écoute.
- Ici le SAMU, je vous emmène une urgence, un homme, 53 ans, hémorragie importante après une morsure d'animaux, possibilité de rage, prévoir une poche de plasma et de sang O négatif, et une dose de vaccin antirabique.
- D'accord, nous nous préparons. »

Il raccroche et remobilise son équipe :
« on a une urgence, morsure d'animal avec hémorragie importante, préparez un brancard ! »

Les deux perdent tout de suite leurs sourires, sachant que cette nuit va devenir une nuit mouvementée et fatigante. Elle prépare alors un brancard et se positionne avec le médecin à l'entrée des urgences. L'ambulance arrive en trombe et s'arrête devant l'entrée, le gyrophare éclairant à intervalle régulier le porche plongé dans la pénombre. Ils aident les urgentistes à mettre l'homme sur le brancard, et chacun repart de son côté. L'homme avait de la fièvre et est tombé dans l'inconscience. Il avait sur son bras gauche une morsure bien visible, et surtout bien profonde, que le garrot posé jusqu'au dessus avait à peine limité l'hémorragie. Cela se voit sur la quantité de sang séché autour du bras, sur les vêtement verte foncé style blouse de travail, et le drap qu'avait repris les urgentistes. Ils l'installent dans une salle de repos avec une dizaine d'autres patients, pose la poche de sang et le plasma par intraveineuse sur l'autre bras, et en profite pour injecter le vaccin.
« Je pense qu'on ne pourra rien faire avant demain, de toute manière s'il a vraiment la rage, on verra bien si le vaccin fera effet à temps, annonce le médecin. Il faudra le surveiller toutes les demi-heures, appelez les agents d'entretiens pour qu'ils viennent nettoyer le couloir. »

Les trois retournent à la salle de garde, avant de prévenir les agents d'entretiens. Le temps passe, et l'une des infirmières fait sa ronde pour surveiller leur nouveau patient. Pendant ce temps, le médecin note sur son ordinateur les informations qu'il a reçu des urgentistes et ce qu'il avait fait. Le téléphone interne sonne alors, c'est l'infirmière qui a fait sa ronde qui l'appelle.
« Docteur, le gars... il est parti !
- Comment ça, il est parti ?
- il est plus dans sa chambre, et... au mon dieu !
- Quoi ?
- Venez vite docteur ! »

Elle raccroche, laissant le docteur interrogatif. Il vient alors avec l'autre infirmière dans la salle de repos, plongé dans le noir. Le lit est effectivement vide, comme la poche de sang trainant au sol. Le docteur la ramasse, se demandant comment la poche avait était vidé aussi vite.
« Docteur, venez... c'est horrible ! »

Il vient voir sa collègue, qui lui montre l'un des autres patients. Il porte sur la gorge des marques de morsure fraîche. Il prend son pouls, et constate qu'il est mort.
« Il faut appeler les agents, il faut qu'on le retrouve, ordonne le docteur.
- Vous pensez que c'est cette homme qui a fait cela ?
- Sans aucun doute. »

Ils sortent dans le couloirs pour appeler leurs collègues, mais leurs téléphones sonnent dans le vide, comme leurs téléphones personnels qui leurs fait tomber sur leurs messageries respectives. Le docteur appelle alors la police, se demandant s'il ne sera pas prit pour un fou. Mais dès ses premiers mots :
« Fermez à clé toutes vos portes et barricadez-vous dans une pièce. Surtout, ne tentez pas de chercher d'autres personnes. Nous arrivons le plus vite possible ! »

Le téléphone raccroche, le docteur ne comprenant pas ce qui se passe s'exécute quand même. Comme toutes les portes étaient fermées, il décide de retourner au plus vite à la salle de garde, avec des infirmières autant perdu que le docteur. Par réflexe, il éteint la lumière et les écrans d'ordinateurs, et pousse un meuble devant la porte pour empêcher sa fermeture. Il essaye de rappeler les agents, sans succès.
« Qu'est ce qui ce passe, mais qu'est ce qui ce passe, commence à paniquer l'une des infirmières.
- Je ne sais pas, peut-être que ce qu'on a ramené cette nuit n'est pas ce qu'on croit.
- Et vous pensez que les agents sont morts, demande l'autre infirmière.
- On ne peut rien faire à part essayer de les joindre et leurs dire de se barricader. Apparement, ce type est dangereux. »

Soudain, les poignets commencent à s'abaisser, de plus en plus frénétiquement. Puis la porte commence à être frapper, et le meuble recule de quelques centimètres à chaque frappe. Les trois reculent jusqu'à sous le bureau, pendant que l'inévitable se produit. Une ultime frappe fait reculer le meuble et offre une assez grande ouverture pour que l'homme puisse s'y glisser. Il s'arrête alors au milieu de la pièce et renifle, avant de se tourner vers les trois personnes sous le bureau. Les trois se cachent les yeux, attendant la fin arriver, avant de sursauter au bruit de tir de pistolet. L'homme tombe alors avec l'élan sur la table, la brisant au passage.
« Vous avez eu de la chance, déclare le policier venu avec des renforts. »

Il aide le docteur et les infirmières à se lever dans l'incompréhension totale. Le docteur observe l'homme qui les a attaqué après que la lumière soit remise. Ses dents avaient poussées en forme de croc, et sa bouche était couverte de sang. On retrouvera les deux agents mort avec les mêmes morsures près de leur local d'entretien. Le jour se lève enfin sur l'hôpital des Plaines, sur l'une de ses histoires les plus étranges.

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