8 🎧 Can't take my eyes off you

Je tourne en rond depuis des heures. J'angoisse. Je n'ai jamais autant stressé de ma vie.

Est-ce que ça va bien se passer ? Est-ce que je vais être bon ?

Inspire. Expire.

Arrête de te ronger les ongles.

...Et ce type en face de moi avec son casque et sa musique de merde bien trop forte. Je vais le cogner. Il est là, tranquille, à me faire stresser encore plus.

J'ai besoin d'air.

Je sors, mon corps frissonnant à cause du vent froid de l'hiver et désirant ardemment un verre d'alcool bien fort. Mes mains se frictionnant entre elles et mon souffle chaud, mes yeux se perdant dans la contemplation du ciel nocturne sans étoiles.

« Stressé ? »

Je sursaute en croisant le regard d'un homme savourant sa cigarette à côté de moi. Les traits du visage fatigué mais un air détendu, il me tend son bien par compassion mais que je refuse poliment d'un geste de la main.

— C'est votre première fois ?

— Ouais. Je n'ai jamais été autant angoissé de ma vie.

— Ça va aller. Comment elle est ? Votre dulcinée.

— Elle est magnifique. C'est la femme la plus belle jamais vu. D'une rare intelligence, marrante, chaude comme un feu de cheminée...

— Oula doucement ! s'exclame l'homme en riant. Calmez vos ardeurs ! Elle a l'air géniale cette femme.

— C'est juste... Je ne sais pas. Je sens que c'est l'amour de ma vie mais...

— Vous avez peur d'aimer encore plus.

— C'est ça. Que quelqu'un la remplace dans mon cœur. Comment est-ce qu'on peut empêcher ça ?

— Vous verrez bien le moment venu. Elle ne devrait pas tarder, non ? Rentrez à l'intérieur, vous allez attraper froid.

— Ouais... Enfin d'après ce qui était « prévu », elle a trois heures de retard.

— Ah. Trois heures... C'est beaucoup. Surtout pour ce genre d'établissement.

— Je sais, c'est ce qu'on m'a dit. Donc j'angoisse. Je... Merde. Je n'y arriverais pas. Je ne le sens pas. Je n'y arriverais pas !

Alors que je suis soudain pris d'une crise de panique, prêt à partir au loin dans la nuit et ne jamais revenir, l'homme écrase sa cigarette dans son cendrier de poche avant de m'attraper les épaules et de me secouer vivement.

« Reprenez-vous bordel ! Ça arrive à tout le monde ce genre d'angoisse mais ce n'est pas pour autant qu'il faut tout abandonner ! Pensez à elle ! Pensez à votre avenir ensemble ! »

Ma jambe s'agite alors que le stresse monte de plus en plus malgré les paroles de cet inconnu.

J'ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas être digne. J'ai vécu l'enfer voir pire mais pourtant, je suis terrorisé.

« MONSIEUR ! ÇA Y EST ! » s'exclame une femme en tenue d'infirmière sortant de l'hôpital.

J'ouvre grand les yeux alors que l'homme avec sa cigarette me pousse en avant, me faisant sortir de ma torpeur avant de me faire un clin d'œil. Je le remercie d'un hochement de tête et commence à courir dans les couloirs.

Allez. Tu peux y arriver. Tu vas y arriver. Tu es obligé d'y arriver. Arrête de stresser !

Lorsque j'arrive devant la salle, la respiration erratique, un mage spécialisé en médecine en sort avec sa blouse complètement brûlée. Il essuie son front plein de sueur avant de soupirer de soulagement et d'enfin me regarder.

— C'est quelque chose, votre femme ! s'exclame-t-il en souriant faiblement. Un vrai feu ardent !

— Est-ce qu'elle va bien ?!

— Ils vont bien. Allez voir par vous-même.

J'expire bruyamment, poussant la porte de la salle d'accouchement, lorsque des pleurs me parviennent. Mes yeux sont immédiatement attirés par le sol et le plafond entièrement brûlé mais sont rapidement ramenés à la réalité quand la sage-femme s'approche de moi pour me tendre la main et me conduire face à une image presque divine.

Elle. Ma femme. Mon amour. Ses cheveux roux en bataille, sa peau blême et ses traits tirés accentués par ses cernes... Et le bébé.

Notre bébé.

« C'est un garçon. » me glisse la sage-femme à l'oreille avant de s'éloigner.

Un garçon.

Je sens déjà mes mains trembler et suis obligé de me mordre la lèvre pour retenir le flot d'émotion qui me parcourt lorsque soudain, tout devient plus simple avec « ses » simples mots :

« Tu viens voir ton fils ? » me dit mon phénix encore transpirant, notre enfant dans les bras.

Je m'approche lentement avant d'arriver jusqu'à eux, les cris du bébé encore dans les oreilles.

— Ça va ? demandé-je à ma femme.

— J'ai connu pire ! Ahah... Non c'est faux. C'était éprouvant.

— Je le vois à l'état de la chambre.

— Je n'ai pas réussi à contenir mon pouvoir de feu... Et en plus il semblerait que ce petit bonhomme ait hérité de ma magie.

— Oh merde. Est-ce que...

— Ça va aller, me rassure-t-elle, il arrive dans un monde bien meilleur grâce à nous. Grâce à toi et à ton travail.

— Kat... Tu es magnifique.

— Tais-toi menteur. Tu veux le prendre dans tes bras ?

Je hoche la tête malgré l'appréhension et les doutes toujours présents en moins. Doutes qu'efface d'un sourire la femme que j'aime. Le bébé enfin dans mes bras, ce dernier arrête soudainement de pleurer.

Mon fils. Notre fils.

Il me regarde. Il m'observe. Il est putain d'adorable.

Jamais je n'aurais pu imaginer être père, jamais.

— ...Tu pleures ? chuchote-t-elle presque.

— Désolé Kat mais je pensais n'aimer que toi à la folie toute ma vie mais...

— Mon concurrent est mon enfant, rigole-t-elle. Qu'est-ce que ce sera quand on aura une fille !

— Tu-

— Je rigole. Laisse-moi le temps de m'en remettre... Je viens de faire sortir une fournaise de mon corps...

Et sur ces derniers mots, ma femme tombe de fatigue, un air serein sur le visage.

Mon fils dans les bras, mon cœur ne peut s'empêcher de s'emballer. Heureux comme jamais, je souris comme un idiot en le dévisageant.

J'ai toujours peur d'être un mauvais père mais je ferais tout pour toi.

Je suis le plus heureux des hommes et je ressens déjà un amour inconditionnel pour toi, mon bébé. Pour toi et ta mère. Pour notre avenir que je vois déjà lumineux.


Pardon the way that I stare

Excuse-moi pour la façon dont je te fixe

There's nothing else to compare

Il n'y a rien d'autre à comparer

The sight of you leaves me weak

Le fait de te voir me rend faible

There are no words left to speak

Il n'y pas de mots pour parler

But if you feel like I feel

Mais si tu ressens ce que je ressens

Please let me know that it's real

S'il te plaît laisse-moi savoir si c'est vrai

You're just too good to be true

Tu es simplement trop bien pour que ça soit vrai

Can't take my eyes off you

Je ne peux pas lever mes yeux de toi



[Prière de ne pas spoiler l'identité de ce couple flamboyant que vous avez surement reconnu, pour ceux qui n'ont pas lu Nos heures dorées 🤫]


https://youtu.be/OxahtnSAzgU

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