2 🎧 The Chain
« Reviens ! Ne pars pas comme ça ! »
Je pousse les gens ivres sur mon passage, je coupe des conversations, je me faufile entre les pairs de seins rembourrées et esquive les verres volant à mon passage.
Ma fuite est autant remarquée qu'elle passe inaperçue.
La fête bat son plein, la musique est supérieure au maximum autorisé par le voisinage et je suis sûr que si les flics débarquaient, on se ferait tous arrêter.
Une fête de Noël entre lycéens voulant tout tenter, prouver au monde qu'ils sont les meilleurs : meilleurs buveurs, meilleurs joueurs, meilleurs branleurs, meilleurs baiseurs, meilleurs que tous.
Alors que nous ne sommes rien.
« Attends-moi ! On n'a pas fini de parler ! »
Oh si, on a fini. J'en ai marre des mensonges, d'être berné et manipulé.
« Désolé mais je tiens trop à notre amitié. »
J'arrive à atteindre la porte d'entrée, la poussant violemment et faisant sursauter deux amoureux en train de s'embrasser sous le porche. Les maudissant d'un regard avant de m'éloigner de la maison de campagne, le vent maltraitant mes cheveux sans gêne.
Le froid me pique la peau et je n'ai qu'à avancer pour me faire engloutir par les ténèbres de la nuit mais une main retient mon sweat.
Elle.
« Désolé mais je tiens trop à notre amitié. »
Ces mots qui reviennent en boucle dans ma tête et qui tiraillent mon cœur encore enchainé à elle.
Elle est toujours belle, toujours magnifique, toujours parfaite...
Et moi en face je suis son toutou. J'étais.
— Pourquoi tu le prends comme ça ? me dit-elle.
— À ton avis ? Tu veux qu'on reste ami.
— Parce qu'on est ami. Parce que notre relation est belle comme ça.
— Et tu ne comprends pas que je veux plus ? Je t'aime putain. J'ai mis des années à te le dire, à te regarder sortir qu'avec des connards qui ne te valent pas, sécher tes larmes à chaque peine, te défendre corps et âme... Et tu ne comprends pas ?
— Mais tu es mon meilleur ami !... Je ne t'ai jamais vu comme ça moi. Tu ne m'attires pas, tu es comme un frère pour moi !
— Putain t'aimes enfoncer des couteaux dans le cœur des gens. Je me casse.
— Attends, la soirée n-
— Non, tu n'as pas compris, l'interromps-je. Je me casse de la soirée et de ta vie. J'ai eu une bourse pour faire ma dernière année dans un lycée réputé. Je voulais refuser parce que ça me faisait déménager loin d'ici, loin de toi, mais maintenant je n'en ai plus rien à foutre.
C'est là que je les ai entendus. Métaphoriquement entendu. Le bruit des chaines me retenant depuis bien trop longtemps à une femme qui ne me verrait jamais comme un homme, comme son égal.
J'étais à son service depuis trop longtemps, sacrifiant les plus belles années de mon adolescence pour une fille incapable de prendre une seule bonne décision en matière d'amour. Faisant autant souffrir ses copains que ses copines, devenant chaque année plus superficielle tant physiquement que mentalement.
Me raccrochant à nos souvenirs d'enfances et à l'instant où j'étais tombé amoureux : fin de primaire, quand personne ne voulait me parler, elle était la seule présente pour moi.
« Il est temps d'avancer. »
Et c'est avec un sentiment d'immense liberté mêlé à de la tristesse et de la colère que j'avance vers la pénombre.
Vers l'inconnu.
https://youtu.be/JDG2m5hN1vo
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