26. Faites que ce ne soit qu'un cauchemar..

Cela faisait 10 minutes que nous étions devant ce miroir, pleurant à chaudes larmes. Je ne pouvais pas y croire, je ne pouvais pas me dire que Lucas était mort, ni Laurine. Il y avait sûrement une explication logique. Ce devait être encore un des sorts d'Armelle pour nous embrouiller et nous déstabiliser.

Le miroir n'était plus noir mais était redevenu normal : il nous reflétait, nous et NOTRE monde. Tout était redevenu comme avant, à part l'absence de Lucas et Laurine.

Chloé sanglotait énormément. Hector essayait de la réconforter mais rien n'y était fait. Elle criait des "POURQUOI ?!". Je me posais les mêmes questions qu'elle, sauf que moi je pensais avoir la réponse.

Je me dirigeai vers la sortie de la bibliothèque.

- Où tu vas ? me demanda Hector.

- Voir Armelle.

Ils écarquillèrent leurs yeux et étaient apeurés à l'annonce de son nom. Ils en avaient peur, et c'était compréhensible, mais il fallait que j'eusse des explications sur ce phénomène. J'avais besoin de savoir certaines choses. Je pouvais TOUT faire pour récupérer Lucas.

Il me fallut que quelques secondes pour arriver devant la porte de la chambre d'Armelle, tellement j'avais couru. Je ne pris même pas la peine de frapper, je clanchai la poignée de la porte sans prévenir. Armelle se tenait debout devant un poster d'une femme qui pleurait une goutte de sang, mains derrière elle. Elle ne se retourna même pas.

- Je t'attendais, dit-elle, ne quittant pas des yeux son poster.

Je refermai la porte derrière moi puis m'avançai vers elle. Elle se retourna et me regarda droit dans les yeux.

- Désolée pour votre amie, s'excusa-t-elle. Cela n'était pas prévu, affirma-t-elle.

- Ami ?! AMI ?! MAIS LUCAS ÉTAIT BIEN PLUS QUE ÇA A MES YEUX !! hurlai-je.

Je la pris violemment par les épaules et la plaquai contre le mur où se tenait le poster qu'elle fixait quelques secondes auparavant. Je voulais vraiment en finir avec elle. Elle m'avait pris ce qui était le plus important à mon cœur, elle me l'avait volé, lui, mon petit-ami, Lucas. Elle me regardait, déboussolée, elle n'avait pas l'air de comprendre ce que je lui disais.

- Lâche-moi ! De quoi tu parles ?! Reprends tes esprits ! m'ordonna-t-elle, essayant de sortir de mon emprise.

- IL EST MORT DE TA FAUTE ! TA FAUTE ! criai-je en la poussant violemment contre le mur à chaque mot que je prononçais.

- Il n'est pas mort ! renchérit-elle.

Je la lâchai et la fixai. J'avais mon cœur qui battait extrêmement vite. Je sentais ma circulation sanguine faire le tour de mon corps. J'avais des fourmillements à ma jambe droite, tellement la colère m'envahissait.

- Lucas n'est pas mort ! répéta-t-elle, voyant que je me calmais.

- Il.. n'est pas mort..? 

- Mais non ! Par contre, ton amie.. je suis désolée, mais elle a été tué. Normalement, les Phrymines ne peuvent pas traverser d'un monde à un autre, mais là, celui là a réussi, ajouta-t-elle.

- Les Phrymines ?

- Oui. Des gardiens de l'enfer, qui viennent sur Terre lorsque le Diable ordonne à l'un d'entre eux de venir chercher un humain, quelqu'un ayant fait quelque chose de terrible, affirma-t-elle.

- Mais.. pourquoi il est dans le monde de Lucas ? demandai-je, essuyant mes yeux.

- Je vous ai tous endormi, afin de "jouer". J'ai transféré la moitié d'entre vous dans un monde parallèle. Malheureusement, le second monde parallèle est envahi de Phrymines.. Ça, je ne l'avais pas prévu.. Ce qui fait que ces Phrymines tuent tous ceux qu'ils rencontrent.. y compris vos amis..

Je la fixai. Elle avait baissé les yeux. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais l'impression qu'elle était différente quand nous étions qu'à deux. Elle n'avait pas vraiment l'air agressive, juste d'une adolescente qui aimait s'amuser. Elle avait l'air de regretter son geste.

- Ramène-les dans notre monde, ordonnai-je.

- Je.. je ne peux pas.. répondit-elle.

- Quoi ?! Mais ils ne vont pas rester là-bas, et se battre avec ces.. monstres venus de j'sais pas où ! Si tu as su les envoyer là-bas, il doit y avoir une controverse pour les faire revenir ! m'écriai-je.

- Il n'y a qu'une seule magie qui puisse faire cela. La plus puissante de toutes les magies.. Ce pouvoir dont personne n'a encore réussi à maîtriser.. Ce pouvoir encore plus destructeur que n'importe qu'elle autre magie noire ou blanche. Une magie qui surpasse tout, et qui peut détruire tous les sorts..

Elle arrêta de parler et me regarda dans les yeux. Je lui montrai mon impatience et attendis qu'elle finisse.

- L'amour.. finit-elle.

~ BOOOOOOOOOOM... BOOOOOOOOOOOOOMMM.. ~

Deux explosions se firent entendre au rez-de-chaussée. Le sol avait tremblé fortement. Armelle et moi étions tombés au sol. Les secousses durèrent une bonne dizaine de secondes avant de s'estomper peu à peu puis s'arrêter entièrement.

Je lançai un regard approbateur à Armelle, supposant que c'était à cause d'elle.

Je me levai, prenant appui sur son lit puis sortis en courant de sa chambre. Armelle me suivit et nous courûmes jusqu'à la cafétéria. Des tables étaient renversées, des murs fissurés et des verres cassées. Pensant que l'origine de la secousse devait provenir de la bibliothèque, j'y accourus.

Une fois dans la bibliothèque, tout était détruit. Les rayons de livres étaient renversés, et le bureau de la bibliothécaire explosé. Je n'aperçus ni Chloé, ni Hector, ce qui m'inquiéta.

J'escaladai doucement les piles de livres et essayai de les trouver. J'avais peur qu'ils se trouvent en dessous de tout ces débris. Si c'était le cas, il y avait peu de chance qu'il soient encore vivants.

Armelle chercha avec moi. D'autres adolescents étaient venus nous rejoindre, mais ils n'osèrent pas s'approcher d'Armelle, sachant ce qu'elle arrivait à faire rien qu'avec ses mains.

Au bout de quelques minutes de recherches, j'aperçus malheureusement un bras dépasser d'une pile de livre. Je reconnus directement le bracelet de Chloé, un bracelet bleu turquoise qui scintillait à la lumière. J'accourus jusqu'à elle et balançai les livres hors de son corps. Peu à peu, je réussis à la faire sortir de la pile de livre. Elle saignait fortement au niveau de la tête.

- Non.. pas toi.. suppliai-je.

Je collai mon oreille à sa bouche et son nez afin d'essayer de sentir sa respiration. Négatif. Les larmes montèrent toutes seules et je l'allongeai doucement sur le dos afin d'essayer de la réanimer.

- Un, deux, trois, quatre.. expirai-je en appuyant sur son thorax.

Je bouchai son nez et mis mes lèvres sur les siennes tout en soufflant. Je n'avais jamais fait de secourisme, mais j'avais déjà vu des reportages là-dessus, donc j'essayai de reproduire les mêmes indications. Je pleurai tout en essayant plusieurs fois d'affilée de la réanimer, en vain.

- Mathéo, c'est trop tard.. dit Armelle, à voix basse, essayant de me tirer hors du corps inerte de Chloé.

Je poussai Armelle loin de moi.

- QU'EST-CE QUE TU LEUR AS ENCORE FAIT !!??

J'étais haineux. Je la haïssais davantage de me faire tant souffrir. J'étais pris d'une telle rage que je ne pris même pas conscience que je venais de frapper Armelle au visage. Elle s'écroula au sol, sur la pile de livres. 

Je la fixai, elle ne bougeait plus. Je mis plusieurs secondes à prendre conscience de ce qu'il venait de se passer. Je m'écroulai à mon tour, en sanglots, m'allongeant entre les deux corps de Chloé et Armelle, et tremblai de tout mon corps, espérant que tout cela ne fût qu'un cauchemar..

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