23. Endormissements.

3 jours s'étaient  écoulés depuis qu'Armelle nous avait enfermés ici. Tout avait l'air d'aller. Armelle n'avait pas encore fait de coup 'tordu'. Nous vivions comme avant cette "séquestration", sauf qu'il y avait une peur générale : celle de croupir ici.

J'étais dans ma chambre avec Lucas et Hector. Peu de gens osaient sortir de leur chambre. Les couloirs étaient souvent déserts, tout comme la cafétéria, le parc ou encore la bibliothèque. Le calme régnait ici. 3 jours de silence, 3 jours de souffrance, 3 jours durant lesquels nous attendions un miracle.

J'avais oublié quel jour nous étions, et pour être honnête, cela m'importait peu. Je voulais juste sortir d'ici et rejoindre mes parents. 

Allongé sur mon lit, je regardais le plafond. Il n'avait rien de spécial, mais il me parut très intéressant durant ces derniers jours aussi ennuyeux que flippants. Les lumières de l'internat étaient constamment allumées, car nous n'avions plus aucune luminosité venant de l'extérieur. La fenêtre de notre chambre était emmurée.

- Je m'ennuie, répéta une énième fois Hector, jouant avec un ballon de basket.

- Moi aussi, ajoutai-je.

Lucas soupira. On n'avait plus rien à faire, vraiment. On ne savait même pas ce qu'on attendait. Je ne pouvais plus avoir internet sur mon ordinateur portable, et tout ce qui était électronique ne marchait quasiment plus.

- On va a la cafétéria ? me demanda Lucas.

- Tu es sûr ? répondis-je.

Il hésita quelques secondes avant de me répondre affirmativement. Nous savions que ça pouvait être "dangereux", mais on n'allait pas rester éternellement dans notre chambre.

Lucas sortit en premier. Je le suivis. Hector était dans la salle de bain en train de se laver, donc nous le laissions seul ici. Je refermai la porte derrière. Le couloir était désert.

- Viens, me chuchota Lucas, prenant ma main dans la sienne.

Nous traversâmes le couloir sur la pointe des pieds puis descendîmes les escaliers. En bas se trouvaient quelques adolescents. Je pensais que personne n'oserait sortir de sa chambre, mais je m'étais trompé.

- Mathéo ! s'écria Chloé, m'apercevant.

Elle était assise à une des tables de la cafétéria, accompagnée de Laurine. Grace, elle, n'était pas là.

- Coucou les amoureux ! fit Laurine tout en nous souriant.

Nous nous fîmes tous la bise et nous installâmes à la table. Chloé s'était déjà servi un verre de limonade, et Laurine un verre de sirop de cassis. Leurs verres m'assoiffèrent.

- Je vais nous chercher à boire, dis-je à Lucas, lâchant sa main.

- Attends ! s'exclama-t-il.

Il me fit signe de me rapprocher de lui, ce que je fis. Il se leva légèrement, posai sa main derrière ma nuque et m'embrassa amoureusement. Nous eûmes droit à des "oowwwwhh" des filles qui semblaient attendries par ce baiser. Je souris contre les lèvres de Lucas, qui souriait lui aussi. Nos lèvres se séparèrent.

- Ce sera un diabolo-menthe pour moi, dit-il.

Il me fit un clin d'œil. Comme à mon habitude, je rougis à cet acte très troublant. Il me faisait craquer. Ses yeux verts m'envoûtaient incessamment. Il était tellement beau que je me demandais parfois comment quelqu'un comme lui pouvait être avec quelqu'un comme moi. Je n'étais pas moche non plus, mais disons qu'à côté de Lucas, je faisais tâche.

Je lui souris avant de me diriger au comptoir.

- Deux diabolos-menthe s'il vous plaît, demandai-je au barman.

Il me regarda, me sourit puis me servit deux verres de diabolos-menthe que je pris dans mes mains.

- Merci, souris-je.

Je repartis en direction de notre table. Je posai nos deux verres sur la table puis m'installai à côté de Lucas. Ils ne firent pas attention à mon retour, ils avaient l'air très concentré dans leur discussion. Je bus mon verre tout en les écoutant attentivement.

- Tu as de la chance ! Moi il m'avait fallu 6 mois avant qu'elle accepte de m'acheter un ordinateur portable ! s'écria Laurine.

Lucas pouffa de rire.

- Mes parents m'offraient tout ce que je voulais, quand je voulais. J'étais un enfant gâté, et j'en jouais, rit-il.

- Moi, je n'ai jamais eu d'ordinateur portable et je suis très bien comme ça, avoua Chloé.

- Je ne sais pas comment tu fais ! s'écria Lucas. Moi sans ordinateur, je ne pourrais pas !

- Sale geek. J'avoue que c'est très utile un ordinateur portable, mais je pourrais très bien vivre sans, comme là, renchérit Laurine.

Je me souviens que tout l'électronique ne marchait plus à l'internat. Armelle avait fait en sorte qu'on ne pût plus avoir aucun contact avec le monde extérieur. Désormais, nous n'avions plus accès aux ordinateurs, portables, et autres objets de communication. Au début je le vivais assez mal, mais je m'étais habitué à ne plus avoir de téléphone portable à la main et ne plus regarder mon Facebook chaque matin en me réveillant.

- Et toi Mathéo ? Tu arrives à vivres sans ton ordinateur ? me demanda Chloé.

- Très bien, ris-je. Je ne suis pas accroc non plus, finis-je.

Je finis le fond de mon verre de diabolo-menthe. En apercevant mon verre, Lucas aperçut le sien sur la table. Il le prit et le but également. Il toussota, il avait bu son verre trop vite. Je me moquai.

- Arrête de rire, c'est pas drôle ! dit-il, riant également.

Il avait une perle au coin de son œil.

- Ravale ton poumon, me moquai-je.

Il me pinça le bras. Je lui rendis la pareille. Il posa son verre sur la table et vint me prendre par les épaules. Il me fit m'asseoir sur ses genoux avant de m'embrasser dans le cou. J'adorais sentir son souffle dans mon cou et ses lèvres jouer avec ma peau.

Je me retournai afin de lui faire face mais j'entendis un léger cri de Laurine.

- Chlooooé ! s'écria-t-elle, apeurée.

Chloé venait de s'effondrer de sa chaise. Elle était désormais allongée sur le sol, inconsciente. Je n'avais rien vu de la scène, ni Lucas d'ailleurs.

Je descendis de Lucas et me dirigeai vers Chloé. Je lui tapotai les joues, mais elle n'eut aucune réaction. J'accourus jusqu'au comptoir, et appelai le barman.

- Monsieur ! Chloé s'est évanouie ! m'écriai-je. Aidez-nous ! suppliai-je.

Le barman contourna le comptoir et s'arrêta net. Il flancha d'un côté, et essaya de se tenir de bout. Il se laissa tomber au sol et fut inconscient à son tour. J'essayai de le réveiller, mais rien n'y était fait.

Je me retournai et aperçus Lucas qui était encore debout, fixant les deux corps inertes de Chloé et Laurine. Laurine s'était également évanouie. Je ne savait pas ce qui se passait, mais je fus pris soudainement d'une forte inquiétude.

Je courus vers Lucas. Tout le monde autour de nous était inconsciemment, également les quelques adolescents qui se trouvaient à la cafétéria.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je à Lucas, inquiet.

- Je ne sais p... 

Il s'endormit instantanément sous mes yeux avant même d'avoir fini sa phrase. Je le rattrapai par la taille. Il était légèrement plus lourd que moi, mais je réussis à le maintenir.

Je l'allongeai doucement au sol, essayant de ne pas le lâcher. Je fus pris d'un énorme coup de fatigue. Mes paupières se fermèrent toutes seules. Je tombai sur Lucas et m'endormis à mon tour, l'entourant de mes bras, au milieu de la cafétéria..

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