19. Transformation.
Il s'avança jusqu'à moi, laissant Baptiste inconscient sur le sol.
- Comment tu viens de m'appeler là ? demanda-t-il, énervé.
- Doudou.. bredouillai-je.
Il me donna un coup de poing en pleine mâchoire.
- C'EST BAPTISTE QUI M'APPELLE DOUDOU !! cria-t-il.
Hector réussit finalement à me faire sortir de "leur" chambre. Il me poussa dans le couloir, mon dos claqua le mur d'en face. Des élèves me regardaient. Je frottai doucement mon t'shirt que Hector avait réussi à froisser. (Perfectionniste le retour..)
J'évitais le regard des gens dans le couloir puis le traversais. J'avais l'impression d'être une bête de foire. Je descendis les escaliers que j'avais déjà descendus 36 000 fois puis allai à la cafétéria. J'avais encore les yeux rouges. Je ne comprenais pas trop ce qu'il se passait, et j'étais encore sous le choc de ce que je venais de voir entre Lucas et Baptiste.
Je m'assis sur un des hauts tabourets devant le bar puis m'accoudai au comptoir. Le barman s'approcha, me fit un clin d'œil, comme à son habitude puis me demanda ce que je voulais boire.
- Un diabolo-fraise, répondis-je.
Il me le servit quelques secondes plus tard. Diabolo-fraise ? Oui, la même boisson que j'avais bu lors de mes premiers jours à l'internat, qui avait causé mon "malaise".
Je le bus instantanément. Le barman me regardait bizarrement, avant de me demander :
- Pourquoi tu as si mauvaise mine ?
Je le regardai, ne comprenant pas où il voulait en venir.
- Bah, on dirait que tu viens de sortir d'une grotte, ajouta-t-il.
Je pris le sous-verre argenté qui était posé sur le comptoir et le pris en guise de miroir. Je vis mon visage tout poussiéreux et des cernes très marquées. Je ne savais pas combien de temps j'étais resté dans ce sous-sol, mais en tout cas je n'y étais pas resté que quelques heures.
- J'ai mal dormi, prétextai-je.
Je partis de la cafétéria. Dès que je croisai quelqu'un, cette personne me fixait. J'étais devenu un étranger, une bête de foire, un "bizarre" comme j'avais entendu parler derrière mon dos.
Je partis dans le parc. Je ne voulais pas rester à l'intérieur. Je ne savais pas ce que je voulais faire, ni ce que j'allais faire. Je n'avais plus de chambres, plus d'amis, plus de petit-ami.. Non seulement plus personne ne se souvenait de moi, mais on m'avait même remplacé !
Une fois sorti, j'allai m'asseoir sur une des tables au fond du parc. Je voulais être seul, j'avais besoin de réfléchir.. réfléchir à ce que je devais faire.. Et si mes parents également ne se souvenaient plus de moi ?! Et si c'était comme si je n'avais jamais existé ?! Rien qu'en pensant à cette hypothèse, je frémissais.
J'aperçus au loin Chloé qui sortait du bâtiment en ma direction. Elle n'avait plus de béquille et marchait normalement. Elle était accompagnée de Grace. Dès qu'elles m'aperçurent, elle s'installèrent à la table à côté, comme si nous ne nous connaissions pas. Cette fois-ci, je craquai. Je sentais vraiment que c'était réel, et que je n'hallucinais pas.
Je plongeai ma tête dans mes bras qui étaient croisés. Je pleurai. J'avais mal, terriblement mal. Je repensais à ce que m'avait dit Lucas, Hector et Baptiste.. Dans ce monde, je n'étais plus personne.. Je n'étais rien.. J'étais seul.. Seul contre tous..
J'allais me lever quand je sentis une main sur mon épaule.
- Heey, p'tit chou, me salua Armelle.
J'essuyai mes yeux, puis la regardai, haineux.
- Pourquoi tu fais tout ça ?! Tu comptes me détruire ?
- C'est pour toi que je fais ça. Maintenant que tu n'as plus rien sur qui t'accrocher, tu vas pouvoir poursuivre ta destinée p'tit chou.
- Arrête de m'appeler comme ça ! m'écriai-je.
- Je t'appelle comme je veux. - Elle toussa - Bon, je suppose que tu n'as pas encore découvert ? demanda-t-elle, mystérieuse.
- Découvert quoi ?
- Bon, il faut que je te mette sur la voie sinon nous allons jamais y arriver. - Elle se retourna - Tu vois cette canette là-bas ? me demanda-t-elle en pointant de son doigt la cannette de soda.
- Mmh.. oui, répondis-je, ne comprenant pas où elle voulait en venir.
- Déplace-le, ordonna-t-elle.
- Hein ?
- Déplace-le.
Je lui lançai un regard interrogateur, puis ma dirigeai en direction de la canette.
- Non ! Mais reste ici ! dit-elle en prenant fermement mon bras.
- Aïe ! m'écriai-je.
J'avais un bleu au bras. Hector m'avait serrer trop fort l'heure précédente.
- Déplace la canette, d'ici, dit-elle.
- D'ici ? Mais, je n'peux pas, répondis-je.
- Si. Concentre-toi, essaie.
Je la dévisageai avant de lâcher un léger rire nerveux.
- On n'est pas tous comme toi, fis-je.
- Justement, toi, si. - Elle sourit tout en me regardant - Je t'ai changé, Mathéo. La haine va te ronger de l'intérieur, et tu viendras dans le côté obscur, car c'est le seul endroit où tu ne te sentiras pas de trop, finit-elle.
- Qu'est ce que tu m'as fait ?!
- Oh, mais rien de grave. Tu as de la chance de m'avoir, je te donne tout le pouvoir que tu veux, et cela pour l'éternité, n'est-ce pas génial ?
Je la pris violemment par le col de sa chemise, tout en la regardant avec haine dans les yeux.
- Tout ce que je veux, c'est que tu remettes tout comme avant, que tu me lâches et que tu laisses mon entourage tranquille ! m'exclamai-je.
Elle rit.
- Mathéo.. Soit pas si sot.. Quel entourage ? Tes amis ne te reconnaissent même plus.. Tu n'as plus rien à faire avec eux, tu n'as plus que moi. Déplace cette canette, et je te lâcherai la grappe, finit-elle.
Elle lança des regards en direction de cette canette. Je ne savais pas si elle bluffait ou non, mais si ce n'était pas le cas, je m'en voudrais à tout jamais d'être venu dans cet internat, d'avoir brisé ma vie en 3 mois et de m'être transformé en.. "monstre".
Je regardais désormais moi aussi la canette.
- Concentre-toi, essaie de penser à toute la haine que tu éprouves en ce moment, et essaie d'évacuer tout cela dans cette canette, m'expliqua-t-elle.
Je me mis à penser à elle, la raison de mon malheur, la cause de mes larmes. Je pensais à Baptiste qui avait pris ma place, à ma mère qui m'avait emmené ici. J'aurais dû protester. J'aurais du fuguer, ou je ne savais pas quoi. Je sentais la colère qui montait en moi.
Je sursautai. La canette de soda venait de se plier toute seule. Elle était cabossée, comme si quelqu'un l'avait prise et l'avait serrer très fort dans sa main. Elle était déformée, pratiquement méconnaissable.
- Oh, c'est magnifique, complimenta Armelle, fixant la canette quasi détruite.
Elle se tourna à moi, sourit pleinement puis posa sa main sur mon épaule.
- Tu vas voir, une fois que tu auras essayé, jamais plus tu ne voudra arrêter..
[Chapitre fait à l'arrache.. :x Désolé, j'avais moins d'inspiration que les autres chapitres.. J'espère que ça vous a plu quand même.. x) Bref, que pensez-vous de cette situation qui dégénère et devient de plus en plus insupportable pour Mathéo ? Quelle suite envisagez-vous ? Laissez vos avis et impressions en commentaire. *-* Bref, bonne lecture ! :3]
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