18. Oubli ..

Je frappai sans cesses contre cette porte métallique. Je savais que, même avec toutes mes forces, la porte était beaucoup trop épaisse pour que l'on m'entende de l'extérieur.

J'arrêtai de cogner mes poings qui me faisaient terriblement mal et m'adossai à la porte. Je me laissai glisser le long de la surface froide et mis ma tête entre mes genoux. Je tenais fermement mes tibias entre mes bras. Je craquai.

- POURQUOI MOI ?! QU'AI-JE FAIT POUR QUE JE SUBISSE TOUT ÇA ?! m'écriai-je, à bout de forces.

Je levai la tête et regardai autour de moi. Cette fois-ci, il n'y avait aucune autre issue, aucune fenêtre, aucune porte, aucune trappe comme dans les films, rien.

Les murs étaient en pierre, comme dans les sous-sols des maisons provençales, et donc très isolés. J'essayai à plusieurs reprises d'hurler de toutes mes forces, mais aucune réponse. Je sentis que cette fois-ci, je m'en sortirai pas..

********** Ellipse. **********

Depuis combien de temps étais-je dans cette pièce ? 1 heure, 3 heures, 2 jours ? Je n'en avais aucune idée. Ici, je n'avais pas la mesure du temps. Comme par hasard, j'avais oublié mon téléphone portable dans ma chambre ! Je me sentais vraiment pas bien. Les maux de ventre commençaient à apparaître causés par la famine qui s'installait en moi.

J'avais dans ma poche un paquet de chewing-gum à la menthe, que je déglutis. Cela m'aidait à faire passer le temps. Des bulles, des bulles, des bulles, une bulle ratée, des bulles, des bulles, des bulles..

J'étais en train de jouer avec mon chewing-gum comme un gamin quand j'entendis le mécanisme de la porte métallique qui fit un boucan d'enfer.

La porte s'ouvrit. J'aperçus dans le nuage poussiéreux une silhouette. Je devinai facilement Armelle, sa silhouette fine, ses bracelets "piquants" et ses cheveux raides.

Elle toussa puis entra dans la pièce.

- Allez, sors, lâcha-t-elle.

- Hein ?

- Sors, avant que je ne change d'avis.

Je me levai doucement, passai la porte et la contournai avant de monter les escaliers à la vitesse d'un éclair. Une fois en haut, je poussai la porte de l'armoire puis sortis de la chambre d'Armelle.

Je courus jusqu'à ma chambre, qui était encore ouverte, puis entrai. Hector s'y trouvait ainsi que Lucas, et j'aperçus une troisième personne avec eux que je n'avais jamais vu.

- LUCAAAAAAAAAAAAAS !! m'écriai-je en sautant dans ses bras.

Mon cœur fit plusieurs tours dans ma poitrine. Je le pris fermement dans mes bras. Il était bien là, devant moi, vivant, en bonne santé. Le câlin ne dura que quelques secondes, car il m'écarta doucement de lui, un regard incompréhensif.

- Euh.. on se connait..? me demanda-t-il, perdu.

J'écarquillai les yeux. Je le regardai afin de voir si il était vraiment sérieux.. Il l'était. Mes yeux commencèrent à briller.

- Je suis Mathéo.. tu sais..? fis-je, commençant à sangloter.

- Je ne me souviens pas de toi, désolé.. répondit-il.

Je ne sus pas quoi dire. Je le voyais là, devant moi, j'étais extrêmement heureux de le revoir, et lui.. il... ne se souvenait plus de moi ?

Je regardai à présent Hector.

- Hector.. explique lui.. suppliai-je, reniflant.

- Expliquer quoi ? me demanda-t-il, légèrement distant.

- Mais.. qui je suis.. ajoutai-je.

- Comment pourrais-je le savoir ? 

J'avais mal, mal d'avoir entendu tout ça. J'étais sûr qu'ils le faisaient exprès, ce ne pouvait pas être possible.. Je me convainquis qu'ils riaient.

- Arrêtez.. ce n'est pas drôle.. 

Ils avaient l'air vraiment perdu, comme si je parlais dans une langue étrangère. Ils ne savaient réellement pas de quoi je parlais. J'avais disparu de leur mémoire, leur pensées, leurs souvenirs..

- Tu peux sortir ? me demanda gentiment Hector.

- Mais.. mais.. c'est ma.. ma.. ch.. chambre.. bredouillai-je, commençant à paniquer 

- Ce n'est pas ta chambre, c'est la nôtre, répondit-il. Tu as dû sûrement te tromper, non ?

- JE NE ME SUIS PAS TROMPE ! VOUS M'AVEZ OUBLIE ! m'écriai-je d'un seul coup.

J'explosai. Tous ces évènements en moins d'une semaine, c'était trop. Je ne pouvais pas garder tout ce que je ressentais pour moi. J'explosai des injures, insultes et exclamations.

- LUCAS ! ESSAIE DE PENSER A MOI ! REGARDE-MOI ! TU NE TE SOUVIENS PAS AVOIR VU MON VISAGE ?! JE T'EN SUPPLIE, RAPPELLE EN TOI !

Hector me prit fermement le bras et essaya de me sortir de la chambre.

- LUCAS ! SOUVIENS-TOI DE MOI ! JE T'EN SUPPLIE !

Je me retirai de l'emprise de Hector et courus jusqu'à Lucas. Je plaquai mes lèvres sur les siennes. Je ne réfléchissais pas et je pouvais faire n'importe quoi pour lui montrer l'amour que je lui portais.

L'adolescent "inconnu" s'avança vers nous et me repoussa.

- D'OU TU L'TOUCHES ?! C'EST MON MEC ! s'écria-t-il.

Je ressentis une forte douleur au cœur. J'étais détruit. Ces mots me percutèrent et me tuèrent pour de bon. Des larmes coulèrent de mes joues sans que je le voulusse, et je regardais Lucas, qui lui regardait ce.. conn*rd amoureusement. Lucas le regardait comme il me regardait auparavant : avec passion, douceur, et amour.

- Je t'aime Baptiste.. dit Lucas, passant sa main dans les cheveux de.. l'autre.

- Je t'aime aussi Lucas.. répondit-il en souriant.

Ils se mirent à s'embrasser sous mes yeux. Je m'écroulai au sol.. Je ne les quittai pas des yeux et je sentais tout mon bonheur se détériorer. Les voir s'embrasser passionnément me détruisait intérieurement.

- Bon, je crois qu'il faut que tu partes, répéta Hector, me prenant à nouveau le bras, cette fois-ci plus fermement.

- Lucas.. suppliai-je. Arrête.. Je t'en supplie..

Lucas ne faisait pas attention à moi et embrassait sans s'arrêter "Baptiste". J'essayai de bredouiller quelque chose, mais rien ne sortit de ma bouche. J'étais détruit. J'étais mort intérieurement, et sûrement éternellement..

Je perdis mes moyens et commença à me débattre de l'emprise de Hector, qui referma plus fermement son emprise sur moi.

- Lâche-moi ! m'écrai-je. 

Je donnai un coup de poing à Hector, qui tomba au sol suite à cet acte. Je détestais la violence, et jamais je ne m'étais battu auparavant, tout comme jamais je n'avais vécu ce genre de situation inexplicable comme celle-ci.

Je courus jusqu'à Baptiste et le poussa. Il poussa un cri de surprise avant de tomber au sol. Sa tête heurta le coin du lit, il était inerte.

- Baptiste ! hurla Lucas, apeuré.

Je pris fermement Lucas par les épaules. Il essaya de me pousser afin de rejoindre.. 'son amoureux', mais je le retenais de toutes mes forces. Mon amour pour lui était si fort, que je ne pouvais pas le laisser filer, je devais lui faire entendre raison.

- Lucas ! Regarde-moi ! criai-je.

Son regard vint rejoindre le mien. Je ressentais de la colère dans ses yeux, de la haine et de la peur. Il me haïssait à cet instant là, mais je voulais lui faire entendre raison, lui faire comprendre que c'était MOI son PETIT-AMI !

- LUCAS !! Souviens-toi !! Tu ne voulais jamais que je t'appelle "Bébé", car tu trouvais ça vulgaire ! Tu détestes les croutes des pizzas ! Tu me disais sans cesses que tu m'aimais ! Tu m'appellais "amour' ! tentai-je de lui remémorer nos moments.

Il me regarda, avant de lancer :

- Tu délires pauvre mec ! Je ne t'ai jamais aimé ! Je ne te connais pas ! Dégage de là avant que j'appelle quelqu'un ! s'écria-t-il.

- LUCAS ! Je t'aime ! Je t'ai cherché partout ! Armelle m'a séquestré ! S'il te plaît !! SOUVIENS-TOI !!

- JE NE TE CONNAIS PAS ! hurla-t-il, articulant chaque syllabe.

Il me poussa violemment et alla rejoindre Baptiste. Suite à ma chute, je me relevai. Lucas pleurait devant le corps immobile de Baptiste. Il lui prenait la main et n'arrêtait pas de murmurer : "S'il te plaît, réveille-toi, je t'en supplie..".

Hector courut à moi, mais je le poussai de façon à l'éloigner de moi.

Je regardai Lucas, et essayai de courir à lui, mais Hector me prit les deux bras et les plaça derrière mon dos. Il me tira jusqu'à la sortie de leur chambre. J'essayai de résister, je traînai des pieds.

- Je t'aime Doudou ! hurlai-je.

Suite à ce surnom, Lucas se retourna, bouche bée. Il me fixa. Nous nous regardâmes dans les yeux. Je voyais dans ses yeux une étincelle.. cette étincelle qu'il avait, quand il me regardait autrefois.. 


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