17. Faux espoirs.

J'avais terriblement peur, peur de tout ce qui se passait autour de moi, ces dernières semaines.

Recroquevillé sur mon lit, je pleurai à chaudes larmes. Lucas me manquait terriblement et le fait de ne pas savoir où il était ou comment il allait m'inquiéta davantage. Je l'aimais tellement. J'avais peur d'oublier son regard, son odeur, la douceur de ses cheveux, les petits surnoms qu'on se donnait.. Je ne voulais pas vivre sans lui, je ne voulais pas le perdre.

Je regardai sur mon téléphone portable les quelques photos que nous avions prises ensemble. Sur l'une d'entre elles, on pouvait me voir dans les bras de Lucas. Il souriait en regardant l'objectif, tandis que moi je le regardais. Sur la seconde, on s'embrassait, la photo était floue, mais cela me suffisait.

Je faisais défiler les photos en esquissant de légers sourires.

Je sursautai lorsque quelqu'un frappa violemment à ma porte. J'essuyai mes yeux et allai ouvrir.

- AH ! T'ES LA ! s'écria Armelle en pénétrant à l'intérieur sans même que je lui donnai la permission.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je, d'une voix légèrement cassée.

- Comment es-tu sorti de l'internat ?! Explique-moi !

Je la dévisageai. Pourquoi voulait-elle savoir, après tout ?

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? répondis-je, fatigué.

- Je dois sortir d'ici ! Il faut que je sorte ! s'écria-t-elle.

- Sortir ? Mais pourquoi ça ?

Elle approcha son visage du mien. Je sentais son souffle chaud sur mon visage.

- En seulement trois mois, tu as réussi à sortir de cet internat ! Moi ça fait 17 ans que j'erre ici !

J'écarquillai les yeux suite à sa réponse. 17 ans ? Mais, elle en avait que 16, comment cela était possible ?

- 17 ans ?

- Ecoute, tu as le droit de savoir. - Elle se racla la gorge - Je ne suis pas comme vous. Chaque année, je refais mon année de seconde, tout ça sans vieillir. Les gens pourront trouver ça "cool" d'être "immortel", mais je ne suis pas libre ! Je suis bloquée dans cette internat pour l'éternité tu comprends ?! Cela fait 17 ans que je vous attends ! Toi et Lucas ! s'écria-t-elle. C'est vous et vous seuls qui pouvez me sauver ! finit-elle.

Elle se laissa tomber sur le lit de Hector. Je la regardai, et pour la première fois, je pus voir en elle quelque chose de bon, de sincère. Elle avait vraiment envie de sortir d'ici.

- Et en quoi on peut t'aider à sortir ? Tu ne peux pas franchir la porte d'entrée de l'internat toute seule ?

- Non. A chaque fois que j'ai essayé de sortir, j'ai eu un malaise et je me réveillais dans mon lit, répondit-elle.

- Mais pourquoi tu as besoin de nous ? Et comment ? 

- J'ai lu dans un de mes livres anciens que seuls deux êtres qui s'aimaient pleinement, avec une âme pure pouvaient mettre fin à cette malédiction.

- On a une âme pure ? interrogeai-je.

- Oui. Je l'ai remarqué en toi dès que je t'ai croisé pour la première fois dans la salle de jeux. J'ai lu dans tes yeux que c'était TOI qui pouvais détruire ce cercle vicieux.

J'avais désormais les yeux dans le vide. Je réfléchissais. Je ne fus pas choqué ou surpris de ses révélations car j'avais vécu assez de choses "étranges" pour ne pas douter de cette malédiction. Après quelques secondes de silence, je la regardai à nouveau.

- Où est Lucas ?

- Mathéo, il est en lieu sûr, je t'assure, m'affirma-t-elle.

- Tu sais où il est, et même pas tu me l'as dit ?! hurlai-je.

- Mathéo ! J'ai besoin de lui ! cria-t-elle.

- ET LES 12 AUTRES ?! Pourquoi les avoir pris également ?!

- Les 12 autres ? Je n'ai pas pu les sauver à temps.. avoua-t-elle.

- Les sauver ? Mais, qu'est ce qu'il s'est passé ?

Elle me regarda, et commença à m'expliquer ce qui s'était RÉELLEMENT passé, le soir du réveillon.

- Il était aux alentours d'une heure du matin. Lucas et une bande de jeunes sont partis dans le parc. Je devais garder un œil sur vous deux, tu comprends ? Je savais que vous seriez vous aussi drogué, mais je ne voulais pas qu'il vous arrive quelque chose. - Elle se leva, marcha pendant quelques secondes avant de reprendre - Vu que tu étais parti dans la chambre avec Hector, j'ai supposé que tu étais en sécurité, alors que Lucas non. Je les ai donc suivis. Ils étaient  13 au total. Ils riaient, se chamaillent comme des enfants et n'arrivaient pas trop à marcher correctement. Ils sont partis en direction du bois. Je les suivais à la trace, tout en faisant attention qu'ils ne me voient pas, mais vu leur état, même si je me tenais devant eux, ils ne m'auraient pas reconnus. - Elle toussa - Puis, ils ont longtemps marché et se sont arrêtés autour d'une fontaine, au fond du bois. Je les regardais, cachée derrière un arbre. Ils s'amusaient à s'asperger d'eau, quand soudainement, une étrange et monstrueuse créature est apparue. Ils se sont mis à crier, et à essayer de s'enfuir, mais la créature les a assommés un par un. J'ai couru en direction de Lucas, afin de le sauver, ce que j'ai réussi. - Elle me regarda - Le problème, c'est que Lucas, ayant bu de cet eau dans un état second, s'est endormi dans un profond sommeil. Je ne sais pas combien de temps il dormira encore, mais d'après mes bouquins, cela peut durer des mois, voire des années.. finit-elle.

- Où il est ? demandai-je, inquiet.

- Il est.. caché dans ma chambre, dans une salle secrète, rien qu'à moi, annonça-t-elle.

- Je veux le voir ! m'écriai-je, me levant.

- Mathéo ! Il dort ! Il a besoin de calme et de sérénité pour de pas ralentir le processus du réveil !

- J'ai BESOIN de le voir ! hurlai-je, partant de la chambre en direction de celle d'Armelle.

Elle courait derrière moi mais j'arrivai cependant en premier devant sa chambre. Je l'ouvris brusquement.

Dans sa chambre, tout était bien rangé, les livres correctement empilés et le lit fait.

- Où est cette pièce secrète ?! lui demandai-je, la voyant entrer dans la chambre, essoufflée.

Elle me regarda, puis se dirigea vers son bureau où elle en sortit une clé de son tiroir. Elle ouvrit ensuite son armoire et retirai tous ses vêtements qui s'y trouvaient. J'aperçus derrière cette armoire une porte, munie d'une serrure. Elle me lança un regard avant d'y insérer la clé. Elle clancha la porte qui s'ouvrit instantanément.

Elle commença à y pénétrer. Elle alluma une lumière qui éclaira l'intérieur. Il y avait des escaliers. J'entrai également avec elle dans l'armoire et refermai derrière moi la porte. Nous descendîmes les escaliers et arrivâmes en bas, devant une porte en métal.

Elle l'ouvrit, elle n'était pas fermée à clé. J'entrai en premier à l'intérieur, impatient de voir Lucas. Apercevant la pièce vide, je me retournai en direction d'Armelle.

- Désolée...

Elle referma la porte difficilement. Je courus en direction de la sortie, mais c'était trop tard. J'entendis un mécanisme qui indiquait que la porte était fermée, pour de bon...

Elle venait de m'enfermer.

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