10. Armelle.

Je courus dans les couloirs en direction de ma chambre en espérant que Lucas s'y trouverait. Une fois en face de ma chambre, je clanchai la poignée, elle était fermée. Je cherchai donc la clé dans les poches de mon pantalon mais ne la trouvai pas.

- Put**n.. jurai-je.

Après une fouille sur moi-même, aucune trace de ma clé. Je voulais absolument parler à Lucas de mes doutes, de mes soupçons, d'Armelle.

Je me souvins alors qu'il m'avait parlé de la salle de jeux.

Il était 16h15 quand je rentrai dans la salle de jeux. J'aperçus Stessy et Elie, toujours dans leur coin habituel, s'embrassant langoureusement. Je vis Grace, que je n'avais pas vu depuis plusieurs jours, accompagnée de Laurine. Elles jouaient au Cluedo, un célèbre jeu de société. Malheureusement, aucune trace de Lucas.

Je m'avançai jusqu'aux filles. Elles m'aperçurent et me firent la bise.

- Heeey, désolé je suis pressé, vous n'auriez pas vu Lucas ici ? demandai-je, parlant à une vitesse inimaginable.

- Euh.. si, il est parti y'a 5 minutes, confia Grace.

- Où ça ? demandai-je.

- On sait pas, répondit Laurine.

- D'acc, merci.. finis-je.

Je repartis de la salle de jeux en courant, ce qui attira les foudres de la gérante.

- Ne pas courir dans la salle de jeux ! cria-t-elle.

- Oui Ma-dame, soupirai-je.

Je sortis et essayai de retrouver Lucas. J'avais besoin de parler, de raconter tout ce que je savais, tout ce qui s'était passé : la boisson, le crayon, le livre, les sous-entendus d'Armelle, tout !

Je regardai dans toutes les directions. J'aperçus Marie qui parlait avec une fille que je ne connaissais pas et Timothée qui buvait un thé glacé tout seul à la cafétéria.

Je m'avançai vers Timothée qui m'aperçut rapidement.

- Salut ! me fit-il.

- Salut, dis, t'aurais pas vu Lucas passer ici par hasard ? demandai-je.

- Euh si, il m'a dit qu'il allait voir Armelle, avoua-t-il.

- Oh non ! dis-je à voix basse.

- Y'a un problème ? me demanda-t-il, voyant que j'étais stressé.

- Non non, ça va, mentis-je. J'y vais, j'dois le retrouver, finis-je.

- Ok.. bah, bye ! sourit-il.

Je lui adressai un léger sourire comme 'au revoir', je n'avais pas le temps.

Je savais désormais qu'il était avec Armelle, mais je ne savais pas où ils étaient. Je décidai de retourner dans la bibliothèque, car c'était là que je l'avais vue en dernier.

Une fois dans la bibliothèque, la bibliothécaire m'adressa un sourire, contente de me revoir de si tôt. Je lui adressai un sourire, puis repartis dans le rayon où j'avais trouvé ce fameux livre.

Armelle n'était plus là, évidemment. Je marchai rapidement, passant ma tête dans chaque rayon de la bibliothèque afin d'apercevoir l'un des deux recherchés.

Après quelques secondes de recherches, je trouvai Lucas et Armelle. Ils parlaient dans le coin de la bibliothèque. Lucas avait l'air légèrement fâché, tandis que Armelle avait toujours son sourire sadique en coin.

Je m'avançai vers eux avant de lâcher :

- Vous parlez de quoi ?!

Je parlai un peu trop fort. La bibliothèque fit un "chuuuuuuuuut" aussi énervant que calmant. Je remis mon attention sur Lucas et Armelle et attendis une réponse.

- De Ludivine, me répondit Armelle, souriante.

- Bon, tu me réponds ?! Où est Ludivine ?! chuchota Lucas, assez fort pour paraître autoritaire.

- Je ne sais pas, voyons, comment pourrais-je le savoir ? répondit-elle sarcastiquement.

Lucas perdit légèrement le contrôle de soi-même et commença à prendre Armelle par le col de son pull.

- Ecoute-moi, tu vas immédiatement me dire où se trouve Ludivine, ou je raconterai tout au directeur, tu comprends ?!

Armelle pouffa de rire. Il n'y avait aucune peur dans ses yeux, et elle se contenta de glousser, ce qui énerva davantage Lucas.

- Laisse la, dis-je à Lucas en retirant sa main de son pull. Elle ne dira rien, ajoutai-je. Laisse tomber.

Il me regarda.

- Mais c'est évident que c'est elle !

- Oui ! Mais on n'a aucune preuve Lucas !

Elle nous regarda, et acquiesça mes propos tout en souriant jusqu'aux oreilles afin d'énerver Lucas.

Je pris la main de Lucas et la caressai, afin de le calmer, ce qui marcha. Je regardai ensuite Armelle, qui remit correctement son pull que Lucas avait froissé.

- C'est elle qui a décidé de son sort. Je n'ai fait que l'exaucer, avoua-t-elle.

Je fus stupéfait par ses propos. Elle venait d'avouer qu'elle n'était pas pour rien dans la disparition de Ludivine. Certes, je m'en doutais déjà, mais je ne pensais pas qu'elle irait jusqu'à nous le dire. Pourquoi ces confidences ?

- Où est-elle ? Qu'est ce que tu lui as fait ? demandai-je, impatient.

- Où elle est ? Tu ne l'as pas lu ? Ah oui.. les pages étaient blanches, suis-je bête, rit-elle.

Lucas me lança un regard d'incompréhension. Je lui fis comprendre que je lui expliquerai plus tard.

- Où est-elle ?! répéta Lucas.

Elle arrêta de regarder Lucas, et me fixa sans me quitter des yeux. Je n'avais jamais remarqué qu'elle avait les yeux gris, un gris clair, très clair. Elle passa ses doigts dans ses cheveux avant d'ajouter :

- Dans la guerre de Sécession.

- Quoi ?! s'exclama Lucas, perdu.

- Mathéo m'a très bien comprise, dit-elle avant de faire une révérence, comme si nous étions des rois, avant de partir de la bibliothèque.

Lucas me lança un regard, attendant une réponse. Je n'avais pas trop compris où elle voulait en venir, jusqu'à ce que je me souvienne de ce fameux livre que j'avais dans les mains.

- AH ! inspirai-je, montrant ma compréhension soudaine.

Je pris Lucas par la main et courus en direction de l'endroit où j'avais posé ce livre. Il me posa des questions comme "Où est-ce que tu nous emmènes ?", "De quoi elle parle ?", "Qu'est ce qu'on fait ?", mais je n'y répondais pas. Je me contentai de chercher le rayon où je me trouvais peu de temps avant tout ça.

Je trouvai le rayon, je le reconnus aux numéros des livres britanniques : 7.5. Je m'avançai vers l'étagère où j'avais posé mon livre, glissai mon doigt sur la longue rangée puis finit son trajet sur le livre qui m'avait "disparu" des mains : "Contrôlée".

Je tirai dessus et le pris dans mes mains. Je montrai la première de couverture à Lucas, qui ne comprenait toujours pas.

- C'est Ludivine ! annonçai-je.

Il ne comprit toujours pas.

- Je sais, c'est bizarre, mais je t'assure que dans ce livre est écrit tout ce qu'elle a vécu depuis son arrivée ici. Il y a écrit des paroles que j'ai prononcé à ses côtés, c'est certain que ce livre parle d'elle, racontai-je.

J'ouvris le livre et tournai les pages une à une. Il restait ne restait plus aucune page blanche. L'épaisseur du livre s'était donc réduite, mais il y avait des pages supplémentaires par rapport à la dernière fois que j'y avais jeté un oeil.

Je commençai à lire à voix haute pendant que Lucas m'écoutait attentivement :

"Prise d'une rage incontrôlable, je poussai l'infirmière loin de moi afin qu'elle ne me pique pas. J'avais horreur des seringues. Lucas me prit violemment les bras derrière moi afin que je ne puisse plus bouger. Je me secouai dans tous les sens. Je n'écoutais plus ce que les gens disaient autour de moi. Seule l'envie de partir d'ici, loin d'ici, loin de tous ces problèmes était ma priorité. J'aperçus Mathéo à l'entrée. Lucas lui cria quelque chose, mais je ne compris pas. Je me contentai de me débattre, afin de me retirer de l'emprise de Lucas. Il me tenait tellement fort que ça me faisait mal. Je sentais ses ongles entrer dans ma peau, c'était insupportable. Mathéo partit en courant, me laissant seule avec Lucas. D'un vif élan, je me fis tourner sur moi-même ce qui projeta Lucas au sol. Une fois tombé, il ne bougea plus. Je ne savais pas si il était encore vivant ou pas, mais je n'avais pas le temps, il fallait que je parte. Je me mis à courir à l'extérieur de l'infirmerie, laissant Lucas, inconscient au milieu de la pièce. L'infirmière n'était plus là, elle avait dû fuir, tout comme j'étais en train de faire."

J'avais terriblement chaud, et la gorge sèche. Lucas m'écoutait attentivement, et il commençait à croire à cette histoire de "livre autobiographique de Ludivine". J'avalai ma salive afin de "me désaltérer" avant de recommencer à lire :

"Je courus dans les couloirs. Je croisai des gens que je n'avais jamais vus. J'avais extrêmement chaud. Je sentais mon cœur battre et mon sang circuler dans tout mon corps. Je ne me reconnaissais plus, et je ne voulais plus me ressembler. J'en avais marre d'être la gentille Ludivine, qui espère trop, et qui est déçue au final. Je bousculai plusieurs personnes, dont Marie, que je connaissais légèrement, par l'intermédiaire de Hector. Elle me dévisagea. Je sortis dehors, j'avais besoin d'air. J'étais à présent dans le parc, là où je me rendais chaque matin, afin de respirer le bon air du matin : doux et frais. Une fille vint s'approcher de moi, je la connaissais que de vue, et j'en avais déjà entendu parler, enfin, des "rumeurs". Cette fille s'avança vers moi. Elle avait un teint très blanc et était maquillé de noir et de violet foncé. Elle avait l'air d'une mort-vivante, mais assez jolie. Elle m'adressa la parole :

- Ludivine.. - Elle prit ma main et la serra entre les siennes. - Dis-moi quel est ton souhait le plus cher ? me demanda-t-elle en souriant.

Elle avait l'air de déjà connaître la réponse, mais je le dis quand même :

- J'aimerais ne plus ressentir cette douleur que j'ai en moi, j'aimerais ne plus avoir, j'aimerais .. vivre sans avoir peur d'être déçue de la vie, de vivre au jour le jour.. dis-je.

Le visage de la fille fut recouvert d'un vaste sourire. J'avais l'impression de lui avoir dit une excellente nouvelle.

- Suis-moi, j'ai ce qu'il te faut, m'affirma-t-elle.

J'étais beaucoup moins énervée, et je me résignai à la suivre. Si elle disait vrai, c'était ma seule chance de connaître le bonheur.

Nous nous engouffrâmes dans le bois. J'y étais déjà allé avec Stessy et Elie, mais nous étions pas resté longtemps, car il faisait extrêmement sombre. Elle courut assez vite, et j'eus du mal à ne pas tomber. Elle me tenait toujours fermement la main. Au bout d'une bonne minute de sprint, nous arrivâmes dans un lieu légèrement plus éclairé que les autres. Il y avait une zone sans arbre, une petite zone où rien n'avait poussé.

- Assis-toi ici, me demanda-t-elle, montrant du doigt le parterre vide.

J'obéis. Une fois assise, elle me regarda, puis sortit un petit livret de sa poche. Je ne pus reconnaître le signe qu'il y avait sur la couverture, mais je reconnus la bleuté étincelante du livre. Elle l'ouvrit, tourna les pages et commença à me regarder, d'un air victorieux.

- Tu vas avoir ce que tu veux, et moi également, fit-elle avant de sortir une fiole de sa seconde poche.

Cette fois-ci, je commençai à prendre peur. Elle récita des vers dans une langue que je ne connaissais pas. Je voulus me relever en prenant appui sur mes mains, mais mes mains étaient à présent maintenues et attachées par des racines sorties de la terre. Je lançai un regard interrogateur à Armelle, mais elle était concentrée sur son livret. Une fois qu'elle eut fini de réciter ses vers, elle me regarda, puis balança sa fiole au liquide rosâtre sur moi. Je criai, j'avais mal. Je sentais l'intérieur de mon être pourrir. Puis, en quelques secondes, je ne vis plus rien. Je ne voyais plus rien, mais j'entendais. J'entendais ce qui se passait autour de moi. Plusieurs minutes passèrent et j'entendis soudainement plusieurs personnes parler autour de moi :

- Oh, que c'est mignon..

Je reconnus la voix de la fille qui venait de réciter ces vers incompréhensibles.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

Je ne reconnus pas la voix, mais compris qu'elle parlait à un garçon.

- Moi ? Rien de spécial, j'aime me promener dans ce genre d'endroit..

ELLE MENTAIT !! Je ne savais pas ce qu'elle venait de me faire, je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait, mais je savais qu'elle mentait ! J'essayai de crier, mais aucun son ne sortit. La discussion continuait.

- Nous, on va y aller.

Après quelques secondes de silence, j'entendis la fille, qui me chuchotait quelque chose. Elle était toute proche de moi, mais je ne la voyais pas :

- Je suis désolée.. il le fallait..

Je me mis à ressentir un vide en moi. Une sensation de solitude.."

C'était la fin du livre, la dernière page. Je lançai un regard à Lucas, qui avait les yeux écarquillés. Nous devinâmes alors ce qu'il s'était passé.

- Mathéo.. c'est pas possible..

- Si.. malheureusement, je crois que si.. répondis-je.

- L'arbre qu'elle caressait.. c'était.. ?

- Ludivine.. finis-je, lâchant le livre au sol, qui était redevenu "La guerre de Sécéssion"..

[VOICI MON CHAPITRE 10 !! *-* J'espère que cette révélation vous a plu ! Vous commencez à cerner le personnage de Armelle ? A votre avis, que cherche-t-elle en faisant tout ça ? Quel est son but ? Laissez vos avis et vos impressions en commentaire ! Je vous aime, vous qui me lisent et qui en prennent plaisir ! Bonne lecture à vous ! *-*]

NDA (juillet 2016) : Le passage avec Ludivine et Armelle n'est tellement pas crédible... x) Je n'arrive pas à croire que c'est moi qui ai écrit ça... mais bon ! J'espère que ça ne vous empêche pas de prendre plaisir à lire cette... histoire ? x)

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