Les semaines passaient lentement et les insultes, la haine et les coups semblaient en être le principal sujet.
Le sang battait dans mes tempes lorsque je m'asseyais enfin sur le carrelage froid de la salle de bain. Le rasoir était dans ma main et le sang coulait de mon poignet.

La mutilation était devenue un rite quotidien et ça m'aidait. D'une certaine manière. Et d'une autre, ça devenait encore pire.

Je ne sais plus vraiment quoi faire à présent. Les filles ont commencé à voir que quelque chose n'allait pas chez moi, mais c'est très probablement à cause des cernes sous mes yeux.

Récemment, je n'ai pas très bien dormi et quand finalement je m'endormais, j'avais ce rêve terrible à propos des membres du groupe.

Je marche seule dans un corridor. Je ne sais pas où je suis ni pourquoi je me trouve à cet endroit. Il n'y a aucun éclairage mais au bout du chemin, on peut apercevoir une lumière éclatante. Soudainement, le rêve se changea et je me retrouve dans une pièce sans porte ni fenêtre. Puis Camila entre dans mon champ de vision avec un terrifiant sourire scotché aux lèvres et enfin Dinah, Normani et Ally arrivèrent avec les mêmes sourires.

« Elle est si inutile ! » « C'est une façon tellement pathétique de gâcher une vie. » « Ugh, franchement, on peut pas juste la tuer ? »

La dernière voix appartient à Camila et je sens la peur monter en moi.

Les filles s'approchèrent. Je ne pouvais même pas hurler en les voyants, chacune leur tour, dégager des canifs. Elles s'approchèrent encore et encore...

Et c'était toujours à ce moment précis que le rêve s'arrêtait. Je me réveillais par la suite, le souffle court et le corps transpirant comme si je venais de courir un marathon. Bien souvent, c'était après cinq bonnes minutes que les larmes commençaient finalement à couler. Et quand elles coulaient, elles le faisaient sans relâche pendant plusieurs heures.

J'avais peur de cauchemarder ainsi.
Je ne m'étais jamais sentie aussi effrayé et pathétique jusqu'alors et quelque chose dans ma tête me chuchotait que c'était juste le commencement.

Quand mon poignet arrêta de saigner, je me relevais et descendais dans la cuisine pour attraper une pomme.

La neige commençait à tomber à l'extérieur et ça signifiait que Noël arriverait bientôt... Comment allais-je passer Noël cette année ? Peut-être que j'irai rendre visite à ma famille. Je pourrais partir quelques jours en avance et y rester jusqu'à Noël. De cette façon, je pourrais éviter Camila et les filles.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Demanda une voix derrière moi. Je ne me retourne pas, je sais déjà de qui il s'agit ; Camila. Je peux la reconnaître au ton parfait, sombre et éraillé de sa voix.

« Rien. » Répondis-je avec un soupir.

« T'es sûre ? Parce que je pense que tu es en train de manger une pomme. » Dit Camila, est-elle en train de blaguer ou est-elle sérieuse ? Je tournais les talons pour la toiser en croquant une énième fois dans ma pomme.

« Je pense que tu as possiblement raison. »

« J'ai toujours raison, connasse. »
Évidemment. Pas un seul jour sans être insultée.

J'acquiesçais et détournais le regard. Le silence s'installa, seulement interrompu lorsque je croquais dans ma pomme. Après un certain moment, s'en était trop et je n'ai pas pu m'empêcher de lui demander.

« Pourquoi tu me détestes autant, Camila ? Qu'est-ce que j'ai fais de
mal ? »

Camila parut choquée par ma question et ses yeux reflétèrent bien rapidement une forme de peur et... de regret ?

« Je... J-Je sais pas. » Répondit-elle à toute vitesse avant de quitter la pièce.
C'est ça sa réponse ? Elle ne sait pas ! Je pourrais trouver des centaines de raisons pour répondre à cette question et elle ne savait pas ?!

Mais pourquoi ses yeux montraient ces émotions. La peur et le regret, de quoi avait-elle peur ? De moi ? Qu'est-ce que je pourrais lui faire ? Et le regret ? Qu'est-ce qu'elle regrettait ? Regrettait-elle d'être descendue ? De m'avoir parlé ? Ou regrettait-elle tout ce qu'elle avait fait ?

Je pouvais seulement espérer qu'elle regrettait tout ce qui c'était produit ces derniers mois.

J'espère qu'elle a autant de regret que moi.