Chapitre 22.
Nous nous asseyions dans la voiture après notre répétition pour la tournée The Reflection Tour qui débuterait dans une semaine. J'étais épuisée et les filles communiquaient de leurs voix fortes. Le bourdonnement était bien trop fort et je tentais de me concentrer sur la musique de fond que diffusait la radio. Je soupirais et appuyais ma tête contre la vitre en fermant les yeux.
« Alors est-ce que Lauren va mieux ? » Demanda Ally au reste des membres du groupe après quelques minutes. Je gardais les yeux clos. Elles étaient sûrement persuadées que j'étais endormie.
« Um, son état n'a pas empiré... Enfin, je ne pense pas. En tout cas, elle ne mange toujours pas de petit déjeuner, elle boit seulement une tasse de thé à peu près tout les matins. » Répondit Camila. Est-ce qu'elles parlaient souvent de moi derrière mon dos ? Même s'il s'agissait juste de ma santé ? Peut-être qu'elles disaient d'autres choses aussi. Peut-être qu'elles se disaient à quel point j'étais mauvaise lorsque je n'étais pas en leur compagnie. Peut-être qu'elles me détestaient toutes. Le tintement devint beaucoup plus aiguë et je me mordillais durement ma lèvre pour essayer de penser à autre chose.
J'avais vraiment besoin de m'entailler les poignets. Je devais le faire. Il y avait quelque chose, au fond de moi, qui m'ordonnait de le faire. Mais je ne pouvais pas en ce moment et c'est sûrement ce qui me rendais plus anxieuse. Et l'angoisse était le sentiment le plus dur à supporter. J'avais mal à l'estomac et je devais me battre pour garder le peu de nourriture que j'avais avalé ce midi.
« Ouais mais on a toutes vues ce qu'elle a mangé à midi. Ce n'est pas suffisant pour quelqu'un de son âge et de sa taille. Elle doit être affamée. » Dit Dinah et je me sentais mal pour elle. Elles étaient mes prétendues amies et je ne pouvais même plus faire parti de leur bande à présent. Qui voudrait d'une meuf qui ne mange pas et dont la santé vous préoccupe. Et Dinah avait raison ; je devrais être affamée, pourtant, je ne le suis pas. Je me sentais juste vaseuse, surtout dans une voiture en marche. Mais on ne devrait plus être très loin de la maison maintenant.
La semaine dernière, avaler de la nourriture avait été un combat affreux. Quasiment tout ce que je pouvais manger se résumait à de petites portions et bien souvent, je les vomissait un peu plus tard. Je perdais du poids et j'étais plus fatiguée que jamais. Ce n'est pas comme si je voulais perdre du poids, c'est juste arrivé. Ce n'était vraiment pas de ma faute, je ne pouvais rien gérer.
« On devrait l'emmener voir un docteur, elle ne peut pas rester comme ça tout au long de la tournée. » Déclara Normani et soudainement, je sentis la panique monter en moi. Il m'était impossible d'aller consulter un docteur. Ce n'était même pas envisageable ! Je devais aller mieux et pour cela, je devais me gérer seule. Je devais me soigner par moi-même. Je n'avais besoin de l'aide de personne. J'étais une adulte et je pouvais très bien gérer une petite dépression et des acouphènes, seule ! Je pouvais tout gérer seule. Je le devais.
« Je ne suis pas certaine qu'elle acceptera. Enfin, vous connaissez Lauren. Ce n'est pas le genre à se plaindre à longueur de journées et elle ne voudra pas qu'un docteur s'occupe d'elle. » Parla Camila et je ne lui en ai jamais été aussi reconnaissante. Mon estomac brûlait mais je tentais de l'ignorer. Le hurlement dans ma tête s'accentua et des maux de têtes vinrent m'assaillir.
« C'est vrai, mais on ne peut pas la laisser dans un état pareil. » Oh très bien, voilà qu'arrive l'idée de 'Lauren qui ne convient pas à un girls-band célèbre et d'ailleurs, elle n'est certainement pas très bonne chanteuse pour faire partie du groupe. On devrait juste s'en débarrasser.' mais au lieu de ça, Ally continuait de parler
« On doit l'aider. Camila, tu es l'amie la plus proche qu'elle ai et on a toutes remarqué qu'elle et toi vous aviez pris vos distances ces derniers temps mais je suis certaine qu'elle a besoin de toi et que tu as besoin d'elle. Je sais que c'est dur de voir le morale d'une amie si bas mais elle n'ira pas mieux si on ne lui montre pas qu'on est là pour elle. »
« Je sais Ally, mais je ne pense pas que Lauren nous serait reconnaissante si j'étais celle qui essayait de l'aider. On ne s'entend plus très bien depuis un certain moment... »
« Mais alors tu dois faire quelque chose pour changer la situation ! Vous vous aimez tellement et on voit bien que cette situation vous blesse toutes les deux. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous mais je sais que vous vous aimez, je ne sais pas de quelle manière, mais vous vous aimez. Et ça nous va aux filles et à moi si vous avez des sentiments plus profonds l'une pour l'autre. Je sais que peu importe ce que tu ressens à l'égard de Lauren, elle le ressent aussi. » Elle savait ! Elle savait que j'aimais Camila et... que Camila m'aimait ? Mais de quel amour parlait-elle ? Pour l'instant aucun. Ça ne se pourrait pas. Pas après tout ce qu'elle m'a fait subir.
« Est-ce que t'es en train de m'accuser d'être lesbienne ? » Demanda amèrement Camila et à ce moment, je sentis mon cœur se briser. Elle l'a dit avec tellement de dégoût. Le hurlement devint plus fort et plus aiguë et je mordais ma lèvre si fort que je pouvais goûter du sang à l'intérieur de ma bouche.
« Non, on ne t'accuse de rien du tout, Camila. Ally est juste en train de te dire que Lauren et toi, vous avez ce truc spécial entre vous et vous ne devriez pas tout foutre en l'air. » Dit Normani et j'entends Camila soupirer.
« Okay. » Fut la dernière chose marmonnée par Camila pendant tout le reste du voyage.
Est-ce que c'était si mal d'être lesbienne ? Bien sûr que oui ! Ce n'était pas normal. Il devait y avoir quelque chose de mauvais chez moi. Je n'étais pas dans la norme, j'étais écœurante, étrange, laide, stupide, dépressive et je portais avec moi, un cœur brisé que personne ne pouvait réparer.
Parce que même si tu peux bander les dégâts, tu ne peux pas vraiment réparer un cœur.
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