Pink Lock, défi 2
Bonjour,
Je suis de retour pour un défi Pink Lock. Le thème aujourd'hui était d'une illustrer une expression française de manière très... littérale. Dîtes moi ce que vous en pensez et comme toujours, allez voir les textes des autres participants ! :)
Alors que le soleil commençait à décliner, les rues de Londres étaient glaciales, parcourues d'un vent à en faire claquer des dents. C'était un soir à ne pas sortir de chez soi et c'est ce qu'aurait fait Amelie, n'importe quel autre jour. Mais cette soirée était spéciale, si spéciale qu'elle était prête à affronter le rude hiver. C'est aujourd'hui qu'elle LE rencontrait. Elle avait attendu ce moment pendant des jours, des mois durant. Oh, elle sentait son cœur battre si fort alors qu'elle enfilait son manteau. Trop de questions se bousculaient dans son esprit. Allait-il être à la hauteur de ses attentes ? Était-il aussi beau en vrai que sur les photos ?
Elle secoua la tête et ouvrit la porte. Elle fut accueillie par un coup de vent glacial qui décoiffa ses cheveux, qu'elle avait mis des heures à arranger, et s'empressa de refermer derrière elle. Elle savait qu'elle ne devait pas se poser toutes ces questions, ne pas mettre trop d'espoirs sur cet inconnu rencontré sur internet pour une vente qui n'avait jamais été faite. Le courant était passé, ils avaient continué à discuter, d'abord de temps à autre puis régulièrement. Ces dernières semaines, pas un jour ne passait sans qu'ils n'échangent pétoire de messages. Jamais sans la moindre intention romantique, ils avaient convenu de se voir pour de vrai, un soir, dans un restaurant du coin.
Mais Amelie ne se faisait pas d'illusion. Aucun homme ne discutait autant par message, ne se livrait à une inconnue et ne l'invitait à manger dans un endroit luxueux s'il n'y avait pas derrière, l'idée qu'il puisse s'agir de la femme de sa vie. Et elle, oh elle était sûre qu'elle allait le devenir. Qu'est-ce qu'ils avaient pu rire, par messages interposés ! Ils avaient partagé des moments si doux, si touchants et si intimes... Elle l'aimait, elle en était sûre ! Et il l'aimait aussi. Aujourd'hui allait commencer leur vie de rêve. Alors qu'elle marchait dans la rue, elle transpirait malgré le froid, tremblait d'impatience, souriait de plaisir.
Sans voir le temps passer, elle arriva au restaurant. Elle fut accueillie par un élégant serveur auquel elle donna le nom de la réservation. Il lui indiqua qu'elle était la première arrivée et la guida jusqu'à une table au fond de la salle. Elle s'assit, enleva son manteau, frotta ses mains pour les réchauffer. Ce coin de la salle était désert, excepté la table voisine, occupé par un homme seul qui mangeait un hamburger avec les mains. Amelie plissa le nez en le regardant faire. Ce n'était pas des manières, pas dans un endroit comme celui-là ! L'homme était des plus quelconques. Amelie le plaignait. Oh, pauvre homme qui n'avait rien pour lui, et qui se retrouvait à manger seul dans un si bel endroit.
Il leva brusquement la tête et croisa son regard. Amelie s'empourpra et détourna les yeux, consciente de l'avoir trop dévisagé. Elle sortit son téléphone, faisant semblant de s'occuper dessus, attendant impatiemment l'heure fatidique ou l'amour de sa vie passerait cette porte. Elle avait hâte, hâte de l'embrasser, de connaître ses mains, son odeur, sa...
— Vous êtes seule ?
Elle sursauta, coupée dans sa rêverie par une voix brusque et rêche. Elle tourna la tête et, à nouveau, croisa le regard de son voisin de table. Ils se dévisagèrent une seconde, elle surprise qu'il ose lui adresser la parole, et lui intrigué, attentif. Elle leva la tête bien haut avec le plus de dignité possible.
— Bien sûr que non. Personne ne vient manger seul ici, ça serait honteux. J'attends quelqu'un.
Le mépris dans sa voix ne semblait pas atteindre l'étranger qui haussa les épaules et esquissa un sourire en coin.
— Moi, je mange seul et je m'en porte bien.
— Vous ne vous ne portez pas bien, répliqua Amélie en plissant le nez, vous faîtes pitié.
— Et vous êtes bien méchante.
— Je suis honnête. Maintenant, laissez-moi tranquille.
Elle détourna la tête de l'autre côté, bien décidée à couper court à cette conversation. Elle ne laisserait pas cette inconnu, si fade et grossier, faire tache à cette soirée parfaite. Mais cinq minutes passèrent et l'homme de sa vie n'était toujours pas là. Au bout de dix, elle commença à s'impatienter. Quinze minutes plus tard, elle s'inquiétait. Il devait lui être arriver quelque chose, c'était obligé ! Sinon, il serait déjà là, obligatoirement. Amélie se levait dès que la porte d'entrée s'ouvrait, puis se rasseyait, déçue. Et, du coin de l'œil, elle voyait le regard amusé de son voisin de table.
Mais, quand l'horloge annonça les vingt minutes de retard, la porte s'ouvrit et... oui, ça y'est ! C'était lui ! Amélie se leva d'un bond, son cœur battant à tout rompre. Oh, il était si beau ! La jeune femme eut le temps de l'observer alors qu'il venait à elle. Il était enveloppé dans un long manteau noir, ses cheveux blonds décoiffés par le vent et les joues rougies par le froid. Il tenait entre les mains une écharpe de laine roulée en boule. Bientôt, il arriva vers elle et leurs regards se croisèrent. Le temps sembla s'arrêter. Amelie lui sourit, convaincue qu'il allait la serrer dans ses bras, l'embrasser, la faire tourner en l'air. Mais une seconde, elle baissa les yeux et sursauta, faisant un bond en arrière. Ce qu'elle avait prit pour une écharpe de laine dans les bras de l'homme était en train de bouger.
Il s'arrêta devant la table. Lui adressa un sourire conscrit. Lui tendis simplement la main, une main si formelle, si impersonnelle.
— Salut Amelie. Ça va ?
— Qu'est-ce que...
La jeune femme ne lui serra pas la main et désigna la chose qu'il avait dans les bras. L'homme suivit son regard, hésita une seconde, puis croisa ses yeux et les esquivèrent. Il était gêné.
— Oh. Ecoute... je suis désolé, ce n'est pas le bon moment. Ma... heu... ma mère a été hospitalisée, je dois aller la voir. Tout de suite. C'est une vraie urgence. Et cette... cette bête s'est jetée sous mes pieds, je ne pouvais pas la laisser dehors avec ce froid. Mais en tant que bonne amie, ça ne te dérange pas de la garder, hein ? Allez, merci. Ciao.
Amelie le regarda, les yeux écarquillés, tandis qu'il déposait l'animal sur la table sans attendre de réponses, puis il tourna les talons et quitta le restaurant. La femme resta immobile quelques instants, estomaquée, horrifiée, avant de baisser les yeux. C'était un lapin, immobile, sans doute effrayé et glacé, qui était sur sa table. Un lapin. Elle entendit le rire, d'abord silencieux comme un murmure puis éclatant, grave, résonnant dans toute la pièce, de son voisin. Elle se tourna vers lui, prête à décharger sa colère et ses espoirs brisés sur lui.
— Ne riez pas !
— Admettez que c'est assez drôle, gloussa l'homme. Il vous a... il vous a posé un lapin. Ah !
Et il repartit dans un éclat de rire incontrôlé. Amelie rougit, regarda l'animal sur sa table et, sans pouvoir s'en empêcher, esquissa un sourire. Malgré sa déception et sa colère, elle ne pouvait s'empêcher d'être d'accord avec cet inconnu sur l'ironie de la situation. Elle secoua la tête, essayant de s'empêcher de rire, dépitée.
— Vous voulez savoir le pire ? Sa mère... il m'a dit qu'elle était morte quand il était enfant !
Et elle rigola avec lui, sentant ses nerfs lâcher, la pression retomber et réalisant qu'elle avait misé beaucoup trop d'espoir sur un homme qu'elle ne connaissait pas. Elle savait qu'elle était trop fleur bleue, qu'elle tombait trop facilement amoureuse. Elle se promit qu'on ne la reprendrait pas. L'homme à côté arrêta de rire et posa sur elle un regard attendris.
— Allez, venez manger avec moi. Ce serait honteux de rester seule. Et donnez un morceau de salade à cette pauvre bête.
Amelie hésita, mais pas longtemps. L'homme n'était plus aussi banal qu'elle ne l'avait pensé. Il avait un certain charme, avec son sourire en coin et sa barbe mal rasée. Alors elle se leva et changea de table, venant se placer devant l'inconnu qui lui fit un clin d'œil. Amelie sentit son cœur s'emballer, ses joues rougir, son ventre papillonner. Au final, peut-être que l'homme de sa vie n'était pas celui qu'il semblait être...
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