Divagations... Délit de solidarité

J'avais écrit ce texte il y a quelques années... c'est plutôt cruel de voir qu'il reste d'actualité. J'en avais même fais un poème, que vous trouverez à la suite. Et vous, qu'en pensez-vous ? Que seriez vous prêts à faire ?

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Délit de solidarité...

Le monde nous a-t 'il échappé à ce point-là ? Un délit de solidarité. C'est dingue ! Suis-je la seule personne à être poignardée par ces mots ? Personne ne semble réagir.

« Le délit de solidarité n'existe pas juridiquement en tant que tel, mais il fait toutefois référence à l'article L.622-1 du code de l'entrée, du séjour des étrangers et du droit d'asile qui dispose que toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d'un étranger en France » encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amande. »

Vous vous rendez compte, ou toujours pas ? Vous voulez que je le répète ? 5 ans de prisons ferme par solidarité. Soyez égoïste, nous crie le monde. Soyez violent, autocentré, laissez crever les autres à votre porte. Mais surtout, ne soyez pas solidaire. Un enfant africain mourant sur votre plage ? N'y touchez pas, vous pourriez attraper la peste ! Une famille fuyant la guerre, la famine, la violence, et qui se retrouvent à vivre sous les ponts ? Ne les approchez surtout pas, ce sont sûrement des voleurs !

Voilà ce que nous inculque la société d'aujourd'hui par ces simples mots « délits de solidarité ». La haine raciale, la xénophobie, tout ça ne vient pas de nulle part. On prône partout la tolérance, l'égalité de tous les hommes. Ne sont-ils pas des hommes ? Sous prétexte qu'ils sont étrangers, sont-ils des barbares ? Une race inférieure incapable de civilité ? Non. Ils sont des Hommes. Des Hommes courageux, qui réussissent à fuir leur pays natal où ils ne retrouvent que violence sur violence. Des Hommes courageux qui traversent des obstacles qui nous paraissent insurmontable dans l'espoir de trouver l'El Dorado. Des Hommes courageux qui voient tous leurs rêves brisés à l'entrée d'un paradis qu'on leurs refusent.

Alors où est l'égalité ici ? Quelqu'un connaît-il encore ce mot, égalité ? Il est grand temps de remettre les horloges à zéro, de se réveiller un bon coup. Il n'y a plus d'égalité. En a-t-il jamais eu ? Nous sommes dans une société qui ne veut pas réduire ces inégalités. Elles sont trop profitables pour elle. On délaisse le droit humain pour le droit au pognon. On sacrifie une multitude de personnes, pour qu'une poignée d'autre s'enrichisse. Et on parle d'égalité ? Si on le voulait, on pourrait accueillir tous ces Hommes. Nous avons de la place, une minorité de gens qui se noient dans leurs palais dorés et qui pourraient lutter par solidarité. Mais qui ne le font pas.

"Attention, délit de solidarité. Je ne fais rien, mais c'est pour respecter la loi. Sans ça, évidemment que je les aiderais."

Ça les aide à avoir la conscience plus tranquille. Ils ne veulent pas désobéir. Bien sûr.
Certaines lois immorales justifient qu'on désobéisse. Cette loi, qui va à l'encontre même des valeurs de notre pays, mérite une désobéissance. Liberté, égalité, fraternité, crie-t-on à tout bout de champ. Nous n'avons pas vu l'une de ces trois valeurs depuis longtemps. La liberté n'est plus qu'un vieux mot usé qui ne signifie plus grand-chose. L'égalité est un idéal rêvé pour les plus pauvres, les moins aidés par la vie, tandis qu'elle est un obstacle pour les plus fortunés qui ne veulent que s'enrichir encore plus.

Quant à la fraternité, laissez-moi rire. « Lien existant entre personnes considérées comme membres de la famille humaine ; sentiment profond de ce lien », dit le dictionnaire. Réfléchissez seulement quelques secondes à ces mots. Membres de la famille humaine. On ne parle pas d'une race, d'une espèce, mais d'une famille. Nous sommes tous une grande famille. « Sentiment profond de ce lien ». On en revient à la solidarité. Entre membre d'une famille, on se doit de s'aider, de se respecter, de s'écouter. Or, rien de tout ça n'est d'actualité. Ce lien n'existe plus. La fraternité n'existe plus.

Nous ne sommes pas frères, nous sommes ennemis. Montés les uns contre les autres pour des broutilles. Nous sommes ennemis, conditionnés par la société à nous détester. Nous ne nous connaissons même pas. Nous ignorons tout les uns des autres. Nous pourrions être amis, dans une autre vie. Frères, dans une société différente. Nous ne sommes pas frères, nous sommes rivaux. Nous combattons pour les mêmes choses, les valeurs humaines, la bonté, le bonheur. Seulement nous nous battons dans des camps opposés.

Notre vie n'a plus aucun sens. Nous voulons tous la même chose. Mais nous ne sommes pas frères, nous ne sommes pas amis. Nous nous éliminons par milliers, nous détruisons cette grande famille qu'est l'être humain. Nous créons des monstres sans scrupules qui éliminent par millions. Nous créons des dirigeants adeptes dans le mensonge et la manipulation. Nous créons des dictateurs, des chefs de guerre. Nous créons des médias qui nous retournent le cerveau, qui nous font croire que tout va bien alors que notre navire est en train de couler. Nous sommes responsables de ce monde, et nous le laissons partir en fumée.
Cette fois-ci, nous n'avons pas rencontrés d'obstacle. Notre chute ne sera pas à cause d'un iceberg placé au mauvais endroit. Mais à cause de nous. Seulement nous. Nous sommes notre propre obstacle. La race humaine face à la race humaine. Nous pourrions tendre la main et affronter cela ensemble. Pourtant, nous sortons nos fusils et éliminons l'obstacle comme il est si facile- et si dangereux !- de le faire. Pourtant, personne n'ignore que chaque balle que nous tirons atterris dans nos propres pieds et nous empêche d'avancer.

À chaque projectile tiré, à chaque femme violée, à chaque enfant drogué pour devenir un soldat, l'humanité fais un pas en arrière. Depuis la nuit des temps, l'homme est en constante évolution. Il est passé de la bactérie au primate, du primate à l'homo habilis, de l'homo habilis à l'homo sapiens, pour finalement arriver à l'homme moderne. C'est un progrès incontestable ! Sauf que nous faisons maintenant marche arrière, englué dans une machine inarrêtable, dans un mécanisme qui nous dépasse. La machine s'est emballée, et nous ne savons- que dis-je ! nous ne voulons- pas l'arrêter. Trop profitable pour une majorité d'ordures qui règnent en maitre sur un palais en flamme.

Ils bruleront, bien sûr. Tout finira par bruler. Seulement, ce seront les derniers à y passer. Quand le petit peuple sera mort, qu'il ne restera plus qu'eux, ils pourront contempler la grandeur de l'incendie qui nous as dévoré. Peut-être qu'alors seulement, ils se rendront compte de leur erreur. Mais il sera bien trop tard. Il est déjà bientôt trop tard.

Peut-être que si chaque homme, chaque femme, chaque enfant sur cette planète se mobilisait, peut-être qu'il y aurait alors seulement une possibilité d'arrêter la machine. Peut-être qu'il n'est pas trop tard. Il y a malgré tout encore une chance de s'en sortir indemne, d'éteindre l'incendie avant qu'il ne soit trop important.

Je voudrais maintenant vous poser une question, à vous tous qui lisez ce texte. Que seriez-vous prêts à faire pour empêcher notre destruction ? Et surtout, combien seriez vous à vous lever et, goutte à goutte, aller éteindre le feu ? Posez-vous cette question, et n'oubliez pas que, bientôt, si personne n'agit, il sera trop tard.

POÈME :

Ces mots sonnent, ces mots assomment, ces mots résonnent.
On soupçonne l'humanité, d'être allé ailleurs pécher.
Incarcérant l'homme, ce sont cinq ans qui détonent
Pour le crime inavouable de la fraternité.

La haine raciale, bannie ? L'égalité à tous les Hommes, prônée ?
L'étranger est encore Homme mais l'Homme devient étranger
À lui-même, ses valeurs peu à peu disparaissent
Point de droit humain, le droit du pognon le délaisse

Liberté, égalité, fraternité ne veulent plus rien dire
Liberté, un vieux mot usé, une vipère à langue de bois
Égalité, un idéal désiré et tant redouté à la fois.
Fraternité, un lien inavoué, détruit à force d'haïr.

Nous pourrions être égaux, amis dans une autre vie
Nous courons après les mêmes choses, les mêmes envies.
Pour que des dictateurs ordonnent une guerre entre frères
C'est que l'humanité entière a fait sa dernière prière.

Point ne manquerait de place ou de nourriture
Pour qui ont tout perdu, qui n'ont jamais gagné
Si nos rois en haut de leur montagne d'ordures
Ne punissaient pas pour solidarité.

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