V: In the rabbit hole

Dès le lendemain, Lacie revint à l'asile, déterminée à survivre à cet endroit malsain. La veille au soir, elle avait esquivé ou menti à toutes les questions de Tom. Elle savait pertinemment qu'il n'avait pas cru deux mots de ses paroles, satané sens de détective. Elle ne voulait pas inquiéter Tom qui aurait tout de suite été enquêter ou appeler la police. Elle était donc devant l'asile à 8h du matin. Elle pressa l'interphone et on lui ouvrit immédiatement. Elle se dirigea vers les vestiaires pour mettre son uniforme, rien à voire avec les uniformes conventionnels, une longue chemise blanche assez courte, de longues chaussettes, un short blanc aussi. La seule touche de couleur sur cette chose était les signes de carreau cousus sur ses épaules. 

Un paquet de cartes... Pensa Lacie. 

Elle secoua la tête et se dirigea vers les cuisines pour prendre les trois plateaux, elle alla chercher un chariot dans la réserve et les mit dessus avec les médicaments. Elle se dirigea ensuite vers l'étage réservé au Chapelier et à Lady Hare. Elle prit une grande inspiration avant de passer son badge dans la serrure du chapelier. Elle laissa le chariot dehors et prit le plateau du jeune homme, il contenait un morceau de pain, un bol de céréales, du beurre, de la confiture et du lait. A sa grande surprise, le jeune homme dormait encore. Elle ne savait pas si elle devait le réveiller ou le laisser dormir, elle décida de s'épargner ses commentaires et posa le plateau par terre avec ses médicaments à côté. Alors qu'elle s'apprêtait à tourner les talons, une large main saisi le bol de lait avant de lui jeter à la figure. Le chapelier se redressa ensuite, mort de rire. Elle avait du lait partout, dans les cheveux, sur son uniforme, sur son visage... 

"Est-ce que votre haut va devenir transparent ? Je me demande si il y à réellement des tétons sur une planche à pain comme vous."

Elle se retint très fort de le frapper et sortit en verrouillant la porte, elle soupira et se dirigea vers la chambre de sa voisine, elle passa son badge dans la serrure mais se stoppa soudainement. Il y avait eu un bruit dans la ventilation. Elle n'osa pas lever les yeux et se dépêcha d'ouvrir la porte et de rentrer, la jeune femme était debout à la fenêtre.

"Bonjour mademoiselle... 

Les oreilles de la jeune femme avaient frémit en entendant du son mais elle n'avait pas bougé, ni répondu.

- Je suis vraiment désolée pour ma réaction d'hier, je ne voulais pas vous blesser, je viens de débarquer et... 

- Economisez votre salive, les gens réagissent comme ça à chaque fois. Il en faut plus pour me blesser.

Elle se retourna et marcha vers la jeune femme, contrairement à Lacie, elle était plutôt grande et belle de corps, si on ne regardait pas la tête. 

- Je vous apporte votre petit déjeuner, vous avez besoin d'aide pour vos médicaments ?

- Ca ira je vous remercie, Lacie c'est bien ça ?

- Cela même.

- Appelez moi Lady Hare, tout à l'heure avec G... Le chapelier, vous n'auriez pas dû vous laisser faire, si il devient trop confiant il va finir par vous faire bien plus que tâcher vos vêtements,

- Mais vous l'avez vu !? Il à l'air de vouloir m'arracher la tête !

- Et il va le faire si vous vous soumettez.

Elle sembla regarder derrière Lacie, il y eut plusieurs bruits dans la ventilation, quand Lacie regarda par la petite fenêtre de la cellule de la lapine, le plateau et les médicaments de Cheshire avaient disparus. 

"Il vous suis. Cheshire s'est trouvé une nouvelle souris. Soupira la jeune femme; Quel dommage, vous aviez l'air gentille... Nous aurions pu nous entendre à coup sûr.  

- Attendez qu'est ce que vous cherchez à dire ?

- Qu'est ce qui a tué Charlotte ? Et tant d'autres avant elle ? Je vous souhaite bien du courage.

- Attendez, je ne veux pas mourir !!

- Comme si vous étiez maître de votre mort... 

- Il n'y a aucune moyen de lui échapper !?

- Soit vous gagnez sa confiance, ce que personne n'a réussi à faire, soit vous vous pendez comme l'a fait notre chère Charlotte.

- Oh putain, pourquoi moi... ?

- Vous risquez de vous le demander souvent. J'aimerai que vous partiez à présent. J'ai envie d'être seule avant ma promenade quotidienne."

Cela dit, elle tourna le dos à Lacie et regarda à nouveau par la fenêtre. La jeune femme sortit de la cellule après s'être assurée de lui avoir bien tout donné. Elle reprit son chariot et le poussa dans les couloirs, elle se sentait observée et entendait parfois des coups dans la ventilation. A chaque pas qu'elle faisait, chaque mètres de progression, elle sentait au dessus d'elle, quelqu'un avancer au même rythme, elle n'osait pas lever les yeux. Elle tremblait de tout ses membre et elle avait une envie incontrôlable de hurler ou de pleurer, mais elle continuait d'avancer, avec un peu de chance, pensa t'elle, il finira par se lasser si il voyait qu'elle n'avait pas peur de lui. Mais au fur et à mesure qu'elle s'approchait de la réserve, les frissons qui parcouraient sa peau augmentaient en intensité. La porte de la réserve était lourde et difficile à ouvrir, et si Cheshire décidait de l'attaquer à ce moment-là ? Vulnérable et seule dans la réserve ? Une larme coula sur sa joue, elle arrêta de marcher et les bruits continuèrent sur quelques mètres puis ils se stoppèrent au niveau de la grille suivante, Lacie avança prudemment et d'un geste tremblant, mouillée d'une sueur glaciale, elle leva les yeux vers la ventilation.

Il était là. Elle ne voyait pas son visage en entier mais avec le peu de lumière qui pénétrait dans la ventilation, elle voyait deux grands yeux noisettes fixés sur elle. Ils étaient immenses et écarquillés, et ils la regardaient elle, Lacie Euclase. 

Elle hurla de terreur et en tomba par terre.

"PARTEZ !! LAISSEZ MOI TRANQUILLE !!!"

Les yeux ne bougeaient pas, elle saisi une boîte sur le chariot et la lança sur la grille, l'ombre à l'intérieur sursauta et avança un peu, elle ne la voyait plus mais sa présence se faisait toujours ressentir. Elle ravala les pleurs et se remit à avancer, elle observait les conduits au dessus d'elle, ils vibraient sous les pas de Cheshire, à un moment, Lacie crut voire un morceau de tissu violet par une des grilles. Elle arriva finalement devant la réserve, elle leva les yeux vers les conduits et remarqua avec bonheur qu'ils faisaient un détour, ce qui lui laissait un peu d'avance. Elle passa son badge dans la serrure de la réserve et poussa la lourde porte qui se referma ensuite derrière elle dans un claquement. Elle se dépêcha de ranger le chariot quand elle s'arrêta d'un coup. La ventilation avait émit un bruit sourd, des bruits de coups se firent entendre. Cheshire donnait des coups dans la grille pour sortir de là. 

Lacie était paralysée par la peur. Elle n'osait ni bouger ni crier. Elle entendait les coups si violemment donnés à la grille. Elle regarda autour d'elle pour localiser exactement les coups qui raisonnaient comme un gong à travers toute la pièce. Elle finit par les localiser.

Au dessus de sa tête.

Elle sauta de côté et la grille s'écrasa à l'endroit où elle se trouvait dans un grand fracas. Elle finit par laisser parler ses instincts et hurla en courant vers la porte, quelque chose tomba de la ventilation. Elle ne se retourna pas et sortit son badge en tremblant de terreur. Elle entendit une voix derrière elle.

"Eu pa'tez pas mahdheumoiselle... "

Lacie se figea alors que son badge était validé. C'était une petite voix aigüe qui ressemblait à celle d'un enfant. La porte se déverrouilla et à cet exact moment, elle entendit le tintement d'un couteau.  Elle ne se fit plus prier et tira la porte et se glissa dehors aussi tôt qu'elle le put. Elle se retourna pour fermer la porter et à ce moment, un bras armé d'un couteau en jaillit. Elle coinça le bras entre l'encadrement et la porte et partit en courant. Elle se réfugia dans la salle de repos des infirmières, elle claqua la porte derrière elle, tout le monde se retourna, Lacie avait l'air terrorisée. 

"Aidez moi !! Il me suit ! Il est à ma poursuite !! Cria t'elle.

- Qui ça ? Soupira une femme dans la quarantaine.

- Cheshire !!

La femme fronça les sourcils.

- Dégage. Répondit elle le plus sèchement du monde.

- Quoi...? 

- Tu m'as entendue ma grande, dégage. Cheshire ne vient jamais par ici, et il est hors de question que ça change.

- Mais il essaye de me tuer !!!

- Tant pis pour toi."

Tout le monde fusillait Lacie du regard. Elle réalisa alors que dans cette salle, personne ne semblait discuter ou alors très peu de personnes, chacun était dans son coin à boire du café ou lire un livre. Elle compris alors une horrible règle. Chacun pour soi. Et si tu met les autres en danger tu es foutue.

"Où est Olivia ? Demanda t'elle.

- Elle est avec le Chapelier. Ils discutent."

Lacie sentit encore une fois le ton de la méfiance et du mépris, elle décida de ne pas s'attarder plus longtemps et décida d'aller voire Olivia et le Chapelier. Quitte à affronter un psychopathe, elle préférait celui qui portait une camisole. Elle courut vers la cellule et passa vite son badge à l'intérieur avant de rentrer, Olivia était en train d'aider le Chapelier à enlever sa camisole pour changer de vêtement. Le torse du Chapelier était entièrement brûlé, il n'y avait plus que de la chaire rouge et saillante sous une infime couche qu'on aurait dit constituée de plastique transparent. Elle referma la porte immédiatement. Le grand brûlé ne put pas s'empêcher de l'ouvrir.

"C'est l'appel de mon torse nu qui vous à fait courir ici ?

- L'appel de la survie plutôt... Elle essayait de plaisanter pour se détendre et faire redescendre l'adrénaline. 

- Vous sentez le lait caillé, vous auriez dû vous laver, je m'apprêtait à le faire, joignez vous à moi.

- FERMEZ LA BOREL DE MERDE !!! Hurla la jeune fille aux cheveux roses. 

Olivia finit par lui demander ce qui s'était passé. Lacie lui raconta la poursuite dans les moindres détails. En insistant bien sur le fait que Cheshire avait une petite voix d'enfant et un ton assez intriguant qu'elle avait déjà entendu quelque part. 

- Comment est-ce qu'il a prononcé ça ? Demanda Olivia.

- Apparemment il a du mal avec les r et quelques voyelles, c'est comme si il rajoutait un h à chaque fois. 

- Et tu as déjà entendu ce ton ?

- J'en suis sûre !! Attend deux secondes... "

Elle alluma son téléphone et chercha la vidéo que sa mère lui avait envoyé pour son anniversaire, elle l'ouvrit.

"Bon ahnnive'sai'e Lacie !"

La jeune fille se figea.

"Il est sourd."

Le Chapelier éclata de rire.

"Tout ce temps pour s'en rendre compte... "

Il posa ses yeux sur le petit appareil et sembla étonné.

"Qu'est ce que c'est ?

- Mon portable. Répondit Lacie.

- Excusez moi, votre quoi ?

- Mais vous êtes enfermés là depuis quand pour ne jamais avoir vu de téléphone ?

- J'en ai déjà vu mais pas des comme ça.

- Des téléphones à clapet ?

- Non, plus des modèles proche de Graham Bell.

- Pardon... ?

- J'en ai trop dit ! Je vais prendre ma douche ! Olivia ?

- J'arrive. Répondit la personne en qui il avait apparemment confiance.

Lacie lança un regard interrogateur à sa collègue.

- Je dois le surveiller pour qu'il ne se fasse pas mal.

- Je ne vois pas en quoi se laver peut faire mal.

- En général non. Mais notre bon Chapelier est un peu... masochiste.

On entendit un rire. "Un peu ? Vous êtes bien gentille Olivia. Je me suis enfoncé le pommeau de douche entier dans les fesses une fois. Et une autre fois je me suis gratté jusqu'au sang et j'ai mit du savon dedans ! Ou encore j'ai-

- On se passera de vos fantasmes bizarres, Chapelier.

- On a tous nos fantasme, quel est le vôtre Lacie ?

- Sortir d'ici vivante.

- Ici  vous êtes en sécurité, Cheshire ne m'aime pas beaucoup. Il a peur de moi.

Ceci dit, il entra dans la salle de bain, sous la surveillance de Olivia.

- Avec Lady Hare, ça s'est bien passé ?

- Elle était un peu froide mais pas méchante. Ce qui m'a impressionné c'était son regard. Tellement mélancolique. On aurait dit qu'elle regrettait quelque chose et que ça la dévorait.

- Elle est comme ça depuis que je la connais. Mais je n'en sais pas beaucoup plus, je ne suis là que depuis six mois. Mais la personne la plus proche d'elle doit en savoir plus. 

- Qui est-ce ?

- Ici on garde ses progressions pour soi, sinon les autres peuvent se débarrasser de nous, j'ai entendu qu'ils avaient enfermé quelqu'un dans la cellule de Cheshire et que cette personne à disparu. 

- Parfait... 

- Mais Lady Hare n'est pas très difficile à amadouer, quand elle se reconnait dans certaines personnes ça peut aller très vite. Mais hélas pour moi, je ne lui correspond pas. 

- En quoi est-elle dangereuse au fait ? Elle n'a pas l'air très agressive.

- Elle est juste très habile et rapide avec un scalpel.

- Je vois... 

- Qu'est ce que tu compte faire pour Cheshire ?

- Je pensais essayer de lui parler. Si il parle la langue des signes je pourrais engager le dialogue. Mais il faudrait déjà que je trouve où il se cache. 

- J'ai entendu parler d'une pièce au sous sol. Mais personne n'ose s'en approcher. Si tu y va, vas-y armée.

- J'y compte bien, j'ai mon teaser.

- Je te conseille d'y aller à l'heure de la sieste, on ne le voit pas souvent à cette heure-ci.

- Et elle est où cette cellule ?

- Au premier sous sol, à l'opposé de la réserve. Dans les anciennes cellules des patients. 

- Ils avaient des anciennes cellules ?

- Oui, mais elles sont bannies maintenant. Verrouillées, tu va devoir passer par la ventilation. 

- Très bien. "

Elle retourna dans les vestiaires des infirmières pour se cacher du petit monstre. Là, elle attendit l'heure du repas du midi pour apporter leur plateaux au Chapelier et à Lady Hare, elle resta un peu plus longtemps dans la cellule de cette dernière.

"Vous allez affronter Cheshire ? Vous êtes soit extrêmement courageuse, soit extrêmement stupide. Lui répondit la femme lièvre.

- Je ne vivrai pas deux semaines si je n'essaie pas d'établir une relation.

- Vous allez avoir du mal.

- Je parle la langue des signes. J'espère seulement qu'il va être réceptif. Au cas où, j'ai mit un calmant dans son repas. 

La femme lapin resta silencieuse quelques secondes.

- Comment voyez vous Cheshire ? Demanda t'elle en mangeant un morceau de viande.

- Je ne sais pas... Un taré qui pourchasse des jeunes filles.

- Et le Chapelier ?

- Un pervers narcissique.

- Et moi ? Elle se tourna vers Lacie et plongea ses yeux verts dans les siens.

- Un mystère total. Je ne sais pas ce que vous ressentez, ce que vous éprouvez à l'égard des autres... 

- Il n'en est rien... Nous ne sommes pas... 

Elle regarda la caméra de sécurité dans le coin de sa chambre avec une once de doute dans son regard. Puis elle regarda Lacie à nouveau avec une immense tristesse.

".... Les vrais monstres de cet asile."

Lacie la regarda d'un air interrogateur, la lapine se retourna vers son assiette et continua à manger comme si de rien n'était. Elle leva les yeux vers Lacie,  des bruits se firent entendre dans le couloir et comme le matin même Cheshire prit son repas dans le dos de Lacie. 

"Qu'est ce que vous voulez dire par là. 

- Par quoi ?

- Nous ne sommes pas les vrais monstres de cet asile.

- La vérité pure et simple. 

- Mais encore ?

- ... Soyez prudente. Les pires monstres sont ceux qui portent un masque humain."

Lacie essaya de lui soutirer encore quelques informations, mais la jeune femme semblait décidée à ne rien lui dire de plus.

Lacie sortit donc de la pièce avec le plateau du matin, elle le déposa sur le chariot mais elle n'alla pas tout de suite remettre le chariot dans la réserve par peur d'être surprise pas Cheshire. Elle s'assura que le petit monstre ne la suivait pas avant de retourner vers le sous-sol, elle laissa le chariot devant la réserve, sachant que le claquement de la porte pourrait faire vibrer le sol et avertir le chat de sa présence. Elle avança dans le couloir et essaya de trouver l'endroit dont Olivia avait parlé. Elle finit par arriver dans un couloir à environ 50 mètres de la réserve. Il y avait trois portes, 

Mad Hatter

March Hare

Cheshire Cat

Doremouse 

Elle prit une grande respiration et poussa la porte du chat de Cheshire.





















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