RETRACE I;II: Glen
Du sang... partout... Et cette femme lapin en train de pleurer... Qu'est ce qui s'est passé déjà ? Je sens qu'on me secoue mais tout est si lointain... tout est flou... Bastian ?
"Inspecteur Lazulite ! Vous m'entendez ?
Je hoche doucement la tête. Qui est cet inspecteur déjà ?
"Vous avez encore eu une absence... Dites moi comment vous vous appelez...
- Je... Je ne sais plus...
- Vous vous appelez Glen Lazulite... quel âge vous avez ?
- 30 ans...
- Presque... 31. Comment s'appellent vos domestiques ?
- Je ne sais pas... Je ne sais plus... "
Je me sentis tomber et Bastian me rattrapa de justesse. Qui est Bastian déjà ? Où suis-je ? Et pourquoi il y a autant de sang autour de moi...?
Je reprend conscience. Je ne sais pas comment mais je suis arrivé chez moi. Mes domestiques sont là et me regardent. Loïs est là elle aussi.
"Qu'est ce qui s'est passé ?
- Faisons les choses dans l'ordre maître Glen. Murmura Maddy.
- Je m'appelle Glen Lazulite, j'ai 31 ans, bientôt 32. Je suis né à Cardiff, mes frères et soeurs s'appellent Iris, Alexander, Victoria, Lucy et Jack. Vous êtes Donald, Madeleine, Rupert et Loïs. Mes domestiques...
- C'est bien... Vous avez dormi toute l'après midi... sourit Donald.
- J'ai eu une absence lors de notre retour au cirque...
- C'est votre collègue Bastian qui vous a ramené ici. Vous vous souvenez de tout ce qui s'est passé ?
- Non...
Madeleine se tourna vers Loïs qui était silencieuse depuis le départ. La femme lapin se tourna vers moi.
- Nous sommes retournés au cirque, vous avez arrêté papa, vous avez fait rassembler mes amis au milieu du chapiteau et vous leur avez demandé ce qu'ils comptaient faire maintenant. Vous avez discuté avec eux pour les dissuader mais ils vous ont supplié de mettre fin à leur souffrance. Vous les avez faits se mettre en ligne, vous m'avez retenue contre vous parce que je refusais de laisser faire ça et vos hommes les ont fusillés. Après ça vous m'avez lâché et vous n'avez plus bougé.
- Et vous ? Vous ne vouliez pas mourir ?
- Non... Vous m'avez fait entrevoir le monde en dehors du cirque. Et j'ai envie de le découvrir.
- Le monde est horrible. Partout où tu ira on te traitera de monstre, on te jetera de la boue et des pierres, des gens tireront sur tes oreilles et se moqueront de toi... Tu n'auras ta place nulle part.
Mes domestiques ne dirent rien, ils étaient habitués à m'entendre étaler mes opinions sur ce monde pourri. Ils écoutaient sans entendre la plupart du temps, cependant je perçut dans le regard de Madeleine un regard plein de remontrance, mes paroles avaient été méchantes. Je ne sais même pas si j'en avais quelque chose à faire. Loïs me lança un regard calme avant de me dire très sincèrement.
"Mais vous ne les laisserez pas faire n'est ce pas ?"
Je crois que c'est à cet instant même que je suis tombé amoureux. C'est tombé comme une évidence, cette idée est apparue dans mon cerveau et ne le quittait plus. J'aimais Loïs. Comme un flash blanc dans mon cerveau mais qui pour une fois n'avait rien à voire avec une quelconque perte de mémoire ou absence et cependant je craignais l'amour autant que mes crises. C'était un facteur de stress certain et j'avais peur que cela ne m'aide en rien. De plus, je n'en avais jamais vraiment reçu de quelqu'un d'autre que ma famille, domestiques compris. A cet instant j'ai été complètement ébranlé. Elle a dû le remarquer parce je suis bien resté deux minutes à la fixer sans rien dire avant de finalement lui répondre en bafouillant.
"N..Non évidemment.. Je ne les laisserai pas faire.. Je te défendrai...
Elle m'a fait un magnifique sourire avant de répondre;
- Alors le monde n'est pas aussi horrible que vous le dites.. "
Je n'ai jamais cru en dieu et lui-même sait que je le méprise pour m'avoir donné de telles complications. Et pourtant Loïs m'apparaissait comme un ange tombé du ciel. Moi qui n'étais que ténèbres et mélancolie, je sentais qu'elle avait le pouvoir de me sortir de là, pourtant elle avait subi bien plus que moi au cours de son existence. J'étais malade mais j'étais libre contrairement à elle. Elle était bien plus forte que moi et c'était grâce à cette force qu'elle allait me délivrer de mes démons et apaiser mes souffrances. J'en étais persuadé, elle allait me sauver.
Plusieurs mois ont passé. J'ai appris à lire et à écrire à Loïs qui à très vite compris le principe. Il n'en est pas de même des codes sociaux et comportementaux. Les sorties avec elle étaient un cauchemar. Je ne devais jamais la lâcher du regard sous peine de la perdre, elle posait des questions sur tout et avait la fâcheuse tendance de dire tout ce qui lui passait par la tête, et bien que cela faisait beaucoup rire mes domestiques d'entendre Loïs demander pourquoi est-ce que telle dame portait un poulet sur la tête - en parlant d'un chapeau plutôt laid - ou si cet homme gros pouvait voire ses pieds en dessous de son ventre, c'est moi qui devait aller m'excuser en disant que Loïs était encore jeune. Bien qu'à 16 ans et bientôt 17 elle soit capable d'un minimum de discernement. Au début, elle avait tendance à voler des choses directement dans l'étalage ou goûter des choses avant de les reposer. Je devais donc payer ces choses, et je dois avouer que j'ai ressenti un peu de satisfaction lorsqu'un beau jour elle croqua dans un piment en prenant cela pour une pomme bizarre. J'ai dû acheter le piment qui n'était pas donné mais elle n'a plus jamais touché à une échoppe.
Une autre montagne à franchir avec elle à été les tenues. Bon Dieu que j'ai eu du mal à la convaincre de rentrer dans un corset... et d'y rester. Elle n'avait à ce jour porté que des robes de lin. Quand je lui ai fait faire une robe sur mesure elle était ravie jusqu'à ce qu'on lui explique le principe du corset. Elle s'est fâchée et m'a demandé pourquoi est-ce que je voulais qu'elle porte ça et qu'elle se trouvait assez mince comme ça. Après une petite heure de débats je l'avais finalement convaincu d'au moins essayer pour voire ce que la robe donnait sur elle. Elle à crié et gémit pendant toute la durée du posage du corset, il faudra que je demande aux domestiques qui lui a appris toutes ces insultes. Une fois la robe mise elle l'a beaucoup aimé puis elle s'est évanouie à cause du manque d'air. Nous avons finalement fait un compromis. Elle ne porterai de corset qu'en publique et s'habillerai comme elle en à envie à la maison. J'ai également dû lui apprendre la décence et lui expliquer que ne descendre qu'avec ses bas et son chemisier était une atteinte à la pudeur. Elle ne comprenait pas pourquoi les femmes ne devaient pas montrer leurs jambes et Madeleine et moi avons dû lui faire un cours magistral sur les traditions vestimentaires.
Mes domestiques aimaient beaucoup Loïs, son franc-parler, sa bonne humeur et sa simplicité illuminaient la maison, et ils s'amusaient beaucoup de mes difficultés à lui expliquer notre monde. Ils me trouvaient moins sombre et me dirent même que j'avais l'instinct paternel. Je n'ai pas su comment le prendre.
Un jour d'hiver, Loïs vint me voire avec un livre, je lisait le journal dans le salon, elle s'est assise sur l'accoudoir, à dégagé mon journal - j'avais l'habitude qu'elle me dérange - et m'a montré un passage. "La princesse tomba immédiatement amoureuse du prince"
"Et bien ? Il y a un mot que tu ne comprends pas ?
- Non je comprend.. Mais comment la princesse peut-elle tomber amoureuse du prince ? Elle ne le connais même pas...
- Et bien parce qu'il l'a sauvé de la malédiction de la pomme empoisonnée..
- Si on devait tomber amoureux de tout les gens qui nous ont sauvé... Je ne suis pas tombée amoureuse de vous tout de suite, maître Glen ! J'ai attendu de vous connaître pour tomber amoureuse !"
Je suis resté sans voix devant tant d'innocence et de pureté. Est-ce qu'elle venait de me déclarer son amour sans en avoir conscience ? Elle se tourna vers la fenêtre du jardin.
"Il a neigé, maître Glen ! Est-ce que je peux aller dehors !?
- C'est hors de question, tu va attraper froid et mettre de l'au et de la neige partout dans la maison, ou glisser et te casser une jambe.
- Mais je serais prudente et je me couvrirai bien !
- Ton manteau de fourrure est encore chez le tailleur. Tu ne peux pas sortir avec ton manteau de velours... "
A peine avais-je fini ma phrase qu'elle courrait à l'étage avant d'en redescendre avec mon propre manteau en velours, plus grand et plus chaud que le sien sur les épaules, elle à foncé vers le jardin. Je me suis levé en lui ordonnant de revenir et de me rendre mon manteau. Elle se prit les pieds dans le chambranle de la porte et tomba tête la première dans la neige. Elle releva la tête avec de la neige plein le visage et les cheveux et en éternuant. Arriva alors quelque chose qui ne m'étais pas arrivé depuis longtemps. J'ai éclaté de rire. Pas un rire nerveux ou moqueur, ni méprisant ni forcé, un vrai rire franc. Parce que le visage enneigé et honteux de Loïs était tout simplement hilarant. Ses oreilles bougeaient dans tout les sens pour se débarrasser de la neige et s'étaient rabattues sur les côtés de sa tête en signe de honte mais aussi parce qu'elle était vexée. Elle croisa les bras en me regardant.
"Arrêtez de rire ce n'est pas drôle !
- Si... Oh que si c'est drôle... Ton visage, regarde toi... Réussis-je à articuler entre deux éclats de rire."
J'ai dû rire deux bonnes minutes, puis elle m'a lancé une boule de neige dans la figure et j'ai arrêté de rire. J'ai posé mon regard sur elle.
"Alors toi... "
Je me suis jeté sur elle, l'ai plaquée dans la neige et je me suis mis à la chatouiller jusqu'à ce qu'elle soit dans le même état que moi deux minutes avant. Ca n'a pas raté. Elle s'est mise à rire aussi et à me supplier d'arrêter. Elle a même appelé à l'aide entre deux cris rieurs. Mes domestiques sont arrivés en pensant que je faisais une crise mais ils sont vite repartis. Je n'ai arrêté de torturer Loïs qu'une fois qu'elle soit toute rouge à force de rire. Nous avons repris notre respiration dans une tentative de se calmer. J'étais toujours au dessus d'elle. Une fois calmée, elle me regarda et me fit encore un de ses magnifique sourires.
"Vous avez remarqué, maître Glen ?
- Remarqué quoi ?
- Je ne vous ai jamais vu aussi joyeux !"
J'ai à mon tour réalisé que je ne me souvenais pas avoir ressenti autant de joie depuis longtemps, sans doute depuis la découverte de ma folie. Je me suis allongé sur elle en blottissant ma tête dans son cou. Je me sentais bien, comme si mes crises étaient loin derrière moi. Elle a enroulé ses bras autour de mon dos. Nous sommes restés sans rien dire un petit moment avant qu'elle ne murmure;
"Vous m'aimez aussi, maître Glen ?
- Evidemment. Ais-je simplement répondu.
- Ce n'est pas parce que vous m'avez sauvé que je vous aime, vous savez !
- Je le sais... "
Madeleine vint tout de même nous faire rentrer et nous avons passé les deux jours suivants au lit avec de la fièvre et un rhume. Cela avait beaucoup fait rire mes amis et mes supérieurs quand j'ai dû leur expliquer dans quel contexte j'avais attrapé froid.
Cependant je leur ai annoncé une bonne nouvelle.
Cela fait 3 semaines, que je n'ai pas fait de crises.
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