Chapitre IX: The pool of tears
Le jour de l'enterrement de Charlotte arriva, Lacie avait demandé à Tom de l'accompagner, pour présenter ses condoléances à sa famille et déposer des fleurs sur sa tombe. Il accepta, sentant qu'il aurait besoin de tout le soutien disponible. Elle avait donc posé sa journée. Lacie laissa tomber ses vêtements pastels pour une simple robe noire et un long manteau de la même couleur. Elle avait noué ses cheveux roses derrière sa tête et avait enfilé un berret pour cacher cette couleur qu'elle n'avait pas envie d'exposer à un enterrement. Tom avait enfilé un costard noir et une cravate noire, il avait également prit un manteau et une écharpe assortis. Ils partirent donc pour Leeds, la ville natale de Tom, et là où avait été ramenée la dépouille de Charlotte pour ses funérailles. La famille avait préparé la cérémonie dans une petite chapelle, lorsqu'ils sortirent de la voiture, une femme ressemblant beaucoup à Tom s'approche d'eux.
"Tommy... Elle serra le jeune homme dans ses bras.
- Bonjour, maman... Dit-il d'une voix douce mais mélancolique.
La femme adressa un doux sourire à Lacie.
- A qui ai-je l'honneur, mademoiselle ?
Tom lui prit doucement le bras.
- Maman, je te présente Lacie, ma compagne depuis peu. Elle m'a été d'un très grand soutien et elle était avec moi quand... je l'ai retrouvée.
- C'est un honneur d'être ici pour moi, madame. Compléta Lacie. Mes sincères condoléances.
- Merci beaucoup de votre présence mademoiselle... Sourit la femme qui devait avoir soixante ans mais que la tristesse faisait paraître quatre-vingts; Ca va commencer les enfants, rentrez... "
Le début de la cérémonie était assez sobre, bien qu'émouvant. Le prêtre qui chapeautait la cérémonie était un très bon parleur et avait fait un bon travail. Il demanda à Dieu de bien vouloir accueillir Charlotte auprès de lui. Lacie s'était, à vrai dire, un peu ennuyée au cours de la première demi heure de cérémonie, jusqu'à ce que le prêtre appelle Tom pour qu'il prononce son discours. Lacie pressa doucement la main de son amant pour le rassurer.
"Jamais... Jamais je n'aurais imaginé prononcer ces mots ici et maintenant mais... Tu va me manquer, Charlotte. Ces mots, je les ai prononcé quand je suis parti voler de mes propres ailes et que je savais que je ne te verrai plus autant, j'ai prononcé ces mots lorsque tu es partie vivre un an à l'étranger pour tes études, j'ai prononcé ces mots lors de ton premier voyage scolaire et à chacun des miens. Et à chaque fois que ces paroles sortaient de ma bouche, je savais que notre séparation était temporaire, que j'allais te revoir sous peu, que l'on allait se retrouver autour d'un thé ou des cheesecakes que tu cuisinais si bien. Mais aujourd'hui... Je les prononce avec un ton différent, ce n'est pas un sourire moqueur qui fend mon visage pendant que tu m'ébouriffe les cheveux en disant que je vais te manquer aussi, c'est un sourire forcé, parce que je sais que tu n'aimes pas me voire pleurer, Charlotte. Je les prononce, non pas sur un ton d'au revoir, mais sur un ton d'adieu. Nous sommes des mortels, mais jamais...
Sa voix trembla.
"Jamais je n'aurais cru que ton statut de mortelle nous serais si douloureusement rappelé. J'ai appris par Peter, ton bien aimé mari, la douleur et l'angoisse qui te frappaient depuis quelques semaines. Je t'ai parlé à ce sujet, tu as tout nié en bloc et tu m'as souris comme tu le faisais toujours. J'aurais tant aimé que mon sens de la déduction aie eut tort ce jour-là... A peine avais - je eu le temps de commencer à chercher la cause de tes tourments que tu n'étais déjà plus parmi nous. Et pour cela, ma sœur, je m'en veux énormément. Je revois encore ce faux sourire que tu me lança en riant et en me disant que Peter se faisait du soucis pour rien. Je t'ai écouté, idiot que je suis et je t'ai laissée seule. Pour cela, Charlotte, je m'excuse, du plus profond de mon cœur, et je crois bien que je ne suis pas le seul à me sentir désolé.
Il s'arrêta quelques secondes pour reprendre sa respiration qui commençait a devenir saccadée, il essuya les larmes qui commençaient à peupler ses yeux avant de reprendre.
"Cependant, Charlotte, ce ne sera pas le souvenir que je garderai de toi. Non, je garderai dans mon esprit, ton visage souriant que tu arborais tout les jours. Le jour de ton mariage, le jour de la naissance de ton fils et quand tu m'as annoncé que j'allais être le parrain, le jour de ta remise de diplômes... ces images, je les garderai près de mon cœur et je les chérirai autant que possible. Ces moments avec toi ont fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui et je te remercie d'avoir fait de moi un homme bien. Je me souviendrai des réprimandes que tu me faisais et des conseils que tu me donnais pour que je ne sois pas un rustre avec les femmes... Tu as fais de moi quelqu'un de respectable, et pour cela, je t'en remercie, tu as changé nos vies à tous par ta bonne humeur habituelle et a gentillesse naturelle. Tu va me manquer Charlotte, et ces mots que je prononce en adieu, je les transformerait en au revoir, car nous sommes destinés à nous revoir, mais aussi pour garder en moi, l'espoir de revoir ton sourire moquer et de sentir à nouveau ta main dans mes cheveux un jour."
Il inclina la tête pour indiquer la fin de son discours, il se mordit la lèvre tandis que le prêtre le prenait dans ses bras en lui murmurant un "courage mon fils" à son oreille. Tom retourna à sa place et Lacie reprit sa main et lui fit un léger sourire.
"J'étais bien ? Demanda Tom à son amante d'une voix cassée.
- Très bien... Je suis sûre qu'elle serait fière de toi..." murmura Lacie.
S'en suivit du discours de la mère, lui aussi très émouvant, puis celui du mari qui ne cacha pas sa déception au sujet de la soi-disant addiction à la drogue de Charlotte, Tom dut se contenir pour ne pas lui hurler dessus que sa petite sœur n'était pas une droguée. Après cette cérémonie riche en émotions et en larmes, on fit un cortège jusqu'au cimetière. On fit ses derniers adieux à la défunte avant que le cercueil ne soit mis en terre. Chacun déposa une rose, des lettres et autres derniers présents, Lacie s'avança à son tour et jeta trois roses dans le trou, une de sa part, une de Loïs et la dernière du Chapelier. Puis elle se pencha doucement et murmura de manière inaudible;
"Je sais ce qui s'est vraiment passé... Je suis désolée, vous manquez au Chapelier... "
Puis elle s'écarta et on recouvrit le cercueil de terre. Puis, on alla dans la maison des parents de Tom pour boire un petit verre et se remémorer les souvenirs de Charlotte. Lacie fit donc plus ample connaissance avec Sybil et Roxanne, les deux parentes de Tom. Deux femmes très sympathiques et douces qui travaillaient toutes les deux au service évènementiel de leur ville. Elle évita cependant le mari désormais veuf qu'elle n'aimait pas beaucoup. Elle le trouvait très irrespectueux de Tom et sa sœur, et si elle en jugeait par le comportement des gens pendant le reste de la journée, elle n'était pas la seule à penser ainsi. A la fin de la journée, Tom et Lacie embrassèrent les mères du premier avant de rentrer à l'appartement. La jeune femme prit de ses nouvelles et apparemment l'après-midi avec sa famille lui avait remonté le moral et il semblait moins triste qu'à l'aller. Une fois chez eux, ils mangèrent comme d'habitude et allèrent se coucher.
Lacie n'avait jamais parlé à Tom du décès d'Olivia dont le corps à été retrouvé par la police dans sa voiture, écrasée par un train, l'affaire à été classée comme un suicide. La jeune infirmière avait été surprise et dégoûtée par la rapidité avec laquelle elle s'était remise du décès de son amie Olivia.
Les semaines passèrent, transformées en trois mois depuis l'arrivée de Lacie à l'asile. Elles avaient emporté l'été et nous étions maintenant en décembre. Au début du mois de novembre, on avait fêté l'anniversaire du Chapelier par ce que Lacie aurait appelé une orgie. Chacune leur tour, les infirmières devaient aller dans la cellule de l'homme et le teaser ou en tout cas lui faire mal, tout cela sous les yeux de moins en moins innocents de Cheshire et le regard impassible de Loïs. Les autres semaines s'étaient déroulées dans le calme et Lacie pense réellement avoir eu la confiance de Loïs qui lui parlait plus franchement, bien qu'elle taise toujours les détails de son passé, elle souriait à Lacie bien que son sourire paraissait faux, non pas par mépris ou méchanceté envers la jeune infirmière, mais bien parce qu'elle n'était pas heureuse.
Un évènement avait marqué Lacie en particulier, Loïs lui avait fait découvrir des airs d'opéra qu'elle appréciait beaucoup, la femme aux cheveux roses avait cru bon de lui faire écouter un opéra qu'elle avait trouvé d'elle même, elle avait apporté un disque pour gramophone, Cheshire était présent ce jour-là, il admirait la couverture tandis que Lacie démarrait la musique dans la cellule de Lady Hare. La musique était celle de l'opéra anglais "The Bohemian Girl" Les premières minutes étaient passées normalement. Cheshire regrettait qu'il n'y avait pas d'images, alors Lacie lui avait donné de quoi lire les parole. Arriva alors la chanson "I dreamt I dwelt in Marble Halls", Cheshire lisait les paroles à ce moment-là, des larmes lui montaient aux yeux, de même pour Loïs. Avant que Lacie ne puisse réagir à quoique ce soit, les deux pleuraient, Cheshire comme un enfant et son amie hybride en silence. Lacie avait immédiatement cessé la musique et leur avait demandé ce qui se passait, une fois de plus, ce fut un silence de la part de la lapine, Cheshire finit par se calmer et lui expliqua qu'il n'avait pas la moindre idée de ce pourquoi il pleurait, mais qu'il ressentait plus de joie que de tristesse. Lacie avait, sur demande de Loïs, quitté la pièce avec le chaton, une fois dans le couloir, elle avait entendu des murmures venant de la chambre du Chapelier, elle s'était hissée pour pouvoir regarder dans la cellule, l'homme blond était debout face de son miroir avec un air étonné. Elle l'entendit clairement dire d'un ton qu'elle ne lui connaissait pas;
"Je pleure... ? Moi ?"
Lacie voyait encore aujourd'hui les yeux larmoyants de ses trois patients, dont deux ignoraient la raison de leurs larmes. Elle s'était promis de ne rien leur faire écouter à l'avenir. Bien qu'elle avait présenté ses plus plates excuses à Loïs et que cette dernière les avait acceptées, elle se sentait toujours coupable.
Les calmes semaines qui suivirent les avaient menés au mois de décembre, Noël approchait à grand pas et Lacie était déterminée à offrir un cadeau à chaque patient de l'asile, y compris le Chapelier pour espérer enterrer la hache de guerre et le rendre peut-être plus amical. Elle avait retourné son esprit et la moitié de Londres pour trouver de bonnes idées pour chacun de ses patients.
Pour Cheshire, elle avait facilement trouvé, elle lui avait acheté un nouveau sweat et une montre, pour Loïs, cela avait été un peu plus compliqué mais elle avait fini par lui offrir un recueil de nouvelles écrites par Lovecraft, elle ignorait si elle aimait la science fiction mais elle supposa que ça lui changerai de ses romans du 19ème. Pour le Chapelier, ça avait été un vrai casse-tête, qu'offrir à un psychopathe, masochiste et timbré ? Après s'être torturé les méninges, elle finit pas lui acheter un livre référençant les plus grands psychopathes du 20ème siècle. La crème de la crème des tueurs en série; Ted Bundy, Lukas Rocco Magnotta, Ed Kemper, Jeffrey Dahmer... Tout ces gens qui avaient à eux seuls bâtis des légendes sanglantes et fascinantes.
En remontant dans sa voiture, elle repensa à toutes ces semaines pendant lesquelles elle avait enduré et finalement s'était habituée aux patients, tout cela était devenu son quotidien et elle vivait plutôt heureuse dans cette désormais routine, une pensée lui traversa l'esprit; si les meurtres, les morts et les patients étaient devenus normaux à ses yeux, n'était elle pas elle aussi devenue folle ? Lacie se rendit à l'évidence, elle appartenait à l'asile désormais.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top