Chapitre 12: Le Noël d'Alice

L'asile semblait étrangement chaleureux en ce soir de Noël, les employées l'avaient décoré avec diverses guirlandes scintillantes et un beau sapin décorait la cour, couvert de boules de verre colorées et de lumières diverses. Plusieurs cadeaux se trouvaient déjà sous le sapin, un pour chaque patient, de la part de Lewis et de la Reine rouge, quelques uns venaient des patients eux-même qui avaient passé commande auprès des infirmières, chaque paquet avait été vérifié par le directeur au préalable mais aucun confisqué ou détruit. Les cuisiniers s'étaient affairés à préparer un bon repas à tout les employés qui restaient là pour la nuit. Il y avait Lacie, la docteur qu'elle avait rencontrée lors de sa première visite et qu'elle n'avait que croisée depuis, deux infirmières qui étaient chargées de s'occuper du Loir et de Jabberocky qu'elle avait croisé rapidement plusieurs fois, les patients, le directeur et la Reine.

Lacie avait passé la journée dehors et n'était arrivée que le soir pour passer la nuit avec les patients et ses collègues. Lorsqu'elle arriva, on lui donna son teaser mais également un petit revolver en lui annonçant qu'ils allaient libérer le Chapelier et le Loir qui risquait à tout moment de devenir Jabberwocky. Elle ne pensa même pas à si elle allait oser s'en servir où non. Elle oserait puisque les patients étaient immortels, contrairement à elle et qu'elle ne tiendrai pas deux minutes face aux deux patients les plus forts de l'asile. Puis, on l'envoya chercher Cheshire, le docteur se chargerait de Loïs, la Reine du Chapelier et les deux autres infirmières du Loir.

Le petit chat était tout excité à l'idée de recevoir ses cadeaux, c'était de son âge après tout, Lacie se sentait attendrie par les sautillements du jeune garçon qui ne pouvait pas attendre plus longtemps. Ils se rassemblèrent au pied du sapin, Lacie prit une seconde pour analyser tout le monde.

Lewis portait un costume noir très classe et s'était affublé d'un bonnet de père noël qui cassait complètement son style. Il semblait aussi joyeux que Cheshire et trônait fièrement dans un fauteuil à côté de l'arbre de fête. Loïs avait sa tête des mauvais jours, elle regardait ses pieds et marchait lentement. Elle semblait éviter le regard de tout le monde, comme si elle avait honte de quelque chose,ce qui était étonnant venant d'elle. Elle n'était pas du genre à s'incliner devant ses bourreaux.

Cheshire sautillait partout et était directement allé demander à Lewis l'heure à laquelle on allait ouvrir les cadeaux. Rien de spécial.

Le Chapelier portait une chemise blanche et un pantalon de velours noir. Il avait l'air assuré et fier comme à son habitude. Il marchait de manière droite et distinguée, ce qui étonnait Lacie. Il n'avait l'air ni heureux ni triste, il avait juste son habituel air satisfait.

Le Loir avait l'air dans les vapes, il était appuyé sur les deux infirmières et portait toujours ses vieux habits de prêtre, ses cheveux avaient été coiffés à coup de gel mais ils étaient sales, il avait aussi l'air faible et malade. On le fit s'asseoir sur le sol, devant le sapin. Cheshire vint se blottir sur ses genoux, ils furent rejoints par Loïs qui demanda des nouvelles du prêtre.

Lorsqu'elle vit la reine rouge, elle équarquilla les yeux. La chinoise portait une robe blanche comme de la glace qui lui couvrait l'intégralité du corps. Elle portait également un voile de la même couleur qui lui recouvrait le visage, elle n'avait reconnu la Reine que lorsqu'elle avait aperçut ses cheveux rouges sous le voile. La culture générale de Lacie lui rappela que le blanc était la couleur du deuil en Asie, ce qui expliquait pourquoi cette robe n'avait pas du tout l'air d'une robe de mariée. Elle s'assit à l'écart de tout le monde sans faire d'histoire.

Surprise, Lacie se dirigea vers sa collègue médecin.

"De qui fait-elle le deuil ? demanda t-elle.

- C'est une bien triste histoire... Je ne connais pas les détails, mais je peux te dire ce qui s'est passé globalement.

- Je vous écoute.

- Il y a bien longtemps, elle était enceinte et elle à accouché le soir du 24 décembre d'un petit garçon qu'elle à appelé Charles. Le lendemain matin, le bébé à disparu, on ne l'as jamais retrouvé. L'asile à été fouillé de fond en comble, elle à fait décapiter toutes les sages-femmes qui avaient assité à l'accouchement mais évidemment ça n'a pas ramené l'enfant.

- Mon dieu... Mais c'est terrible...

- Le pire c'est que l'accouchement s'est mal passé, je ne sais pas quoi mais elle n'a fait plus que des fausses couches depuis.

- C'est horrible... Jamais je n'aurais cru... Elle à l'air si insensible et froide...

- Pourtant crois moi, selon une rumeur qui s'est répendu parmi le personnel, elle aurait pleuré sans s'arrêter pendant un mois, si bien qu'elle n'a plus jamais versé une larme depuis. De mon point de vue de médecin, j'ai suspecté la mort subite du nourrisson qu'on aurait voulu lui cacher en se débarrassant du petit corps, mais d'autres pensent qu'elle aurait tué son enfant de ses propres mains.

- Je ne pense pas... Elle n'en porterai plus le deuil...

- Un coup de folie est vite arrivé.

Le silence s'installa entre les deux femme avant qu'il ne soit brisé par l'aînée de Lacie.

"Je m'appelle Janet au fait. Docteur Janet Young. Elle tandit la main à Lacie, Je n'ai jamais eu l'occasion de me présenter réellement.

- Lacie Euclase, c'est vrai que nous ne nous sommes croisées qu'en coup de vent ces derniers mois. Elle lui serra la main.

- Je connais votre nom, la seule à avoir apprivoisé Cheshire.

- Et vous avec les patients ? Vous vous en sortez ?

- Je ne les vois presque pas. Je passe une fois toutes les deux semaines pour ausculter tout le monde puis je repars. Je suis sans doute la plus chanceuse de cet asile. Ils me connaissent sans me connaître, j'échange quelques mots avec Loïs pendant que je vérifie les sutures de ses oreilles, je fais quelques blagues douteuses avec le Chapelier et j'essaie de croiser Cheshire. Il ne me laisse pas l'approcher.

- Vous auriez dû me demander... Je suis inquiète pour sa santé...

- Vous faites bien. Beaucoup ici pensent que ce garçon est anorexique, il est mort de faim plusieurs fois au cours de ces dernières années. J'ai vu son cadavre une fois, allongé au milieu de la cour, il était tellement maigre que je pouvais compter ses vertèbres. J'en ai profité pour faire une rapide autopsie et il s'avère qu'il n'avait rien en particulier. J'ai demandé à la cantinière qui me disait que ses plateaux revenaient toujours pleins avec seulement un peu de nourriture manquante. Il ne mange que de la viande et des sucreries en très petite quantité, il était bourré de carances. Il paraît qu'il mange plus maintenant que tu es là, mais avant je l'entendais souvent tomber et s'évanouir dans les conduits. Il faudrait que tu lui en parle, l'anorexie est déjà quelque chose d'horrible, alors la vivre encore et encore sans y rester au final... Je n'ose même pas imaginer.

- Je pense que je pourrais convaincre Cheshire. Je lui parlerai. Mais dis-moi, pour en savoir autant, tu es ici depuis combien de temps ?

- Vingt ans. J'avais trente ans quand je suis arrivée ici alors je te laisse faire le calcul."

Lacie réalisa l'impact de l'asile sur les gens beaucoup mieux maintenant qu'elle parlait à Janet. A la fois physiquement et mentalement. Le docteur était totalement détachée et semblait très détendue et habituée à l'atmosphère de l'endroit. Mais physiquement, elle avait réellement l'air d'une trentenaire. Des cheveux courts bruns qui lui couvraient à peine les yeux, aucune ride, des yeux bleus vifs, des vêtements assez masculins et une blouse blanche qu'elle portait de manière assez décontracté. Elle avait l'air assez sportive et certainement pas d'une femme de cinquante ans. Elle voulut poursuivre la conversation mais elle fut interrompue par Lewis qui frappa des mains.

"Mesdames et Messieurs, je vous invite à passer à table ! La dinde est chaude, les crackers prêts... Nous avons de la farce, des Pigs and blanket, des légumes, des pommes de terre rôties ! Alors régalez-vous !"

Ils se mirent tous autour de la table que le personnel avait placée dehors dans la matinée. Lacie s'était placée entre Cheshire et Janet, elle-même à côté de Loïs. Le plan de table était simple: En bout de table; Lewis, à sa gauche, Li-Xia, puis Janet, Lacie, Cheshire, une des infirmières du Loir, le Loir à l'autre bout de la table, son autre infirmière, Loïs, et le Chapelier à la droite de Lewis.

On se servit du champagne et on leva les verres sans grande conviction pour la plupart. Le Loir se leva faiblement et Lacie entendit sa voix, calme et tremblante.

"Avant que nous ne commencions, j'aimerai que nous fassions une prière pour soutenir Li-Xia dans sa douleur. Donnons-nous les mains s'il vous plaît."

Il tendit ses mains et après un instant d'hésitation, tout le monde se donna les mains. Lacie observa le prêtre, qui semblait plus assuré, il était dans son élément.

"Pour Charles qui est entré dans la paix du Seigneur, Seigneur nous te prions. O Seigneur en ce jour, écoute nos prières. Amen.

Toutle monde répondit d'une voix.

"Amen.

- Seigneur, nous te prions pour ceux qui souffrent seuls, sans famille et sans amis. O Seigneur en ce jour, écoute nos prières. Pour qu'à travers l'épreuve du deuil jaillisse la lumière de l'espérance. Seigneur, nous te prions. O Seigneur en ce jour, écoute nos prières. Seigneur, nous te prions pour ceux qui souffrent seuls, sans famille et sans amis. O Seigneur en ce jour, écoute nos prières. Amen.

- Amen."

Il remercia tout le monde et se rassit. Lacie était surprise par tant de spontanéité et de soutien alors que la plupart des gens ici détestaient la Reine Rouge. Elle se dit simplement que cet asile était une grande famille et qu'ils se soutenaient malgré tout, liés par un lien fort mais malsain. Après une minute de silence, tout le monde commença à ouvrir les crackers. "Ils sont personnalisés !" avait précisé Lewis.

En effet, sur le cracker de l'infirmière était écrit son prénom. Elle prit la papillotte entre ses doigts et tira des deux côtés pour le faire exploser. Quelques chocolats en tombèrent avec des confettis multicolores, un petit porte-clef en forme de chat et un papier. Lacie l'ouvrit:

"La curiosité, malgré tout ses attraits, coûte souvent bien des regrets." Charles Perrault.

Elle leva les yeux vers Lewis et vit que celui-ci l'observait d'un oeil mauvais en sirotant son champagne. Elle détourna le regard quand Janet lui tapa sur l'épaule.

"Tu as eu quoi comme citation ?

- Un... Un truc sur la curiosité... Et toi ?

- Il vaut mieux tomber dans les mains d'un médecin heureux qu'un médecin savant. J'aime bien quand il y a ce genre de trucs dans les crackers, c'est amusant.

- Cheshire lui tapota l'épaule pour lui montrer son papier.

"Si l'on pouvait croiser l'homme et le chat, cela améliorerai l'homme mais cela dégraderai le chat." Mark Twain.

- C'est qui Mark Twain ? demanda le petit chat.

- C'est un écrivain. répondit Lacie.

On entendit le Chapelier rire à l'autre bout de la table.

"Si une patte de lapin porte bonheur, qu'est il arrivé au lapin ?"Excellent, Lewis ! rit il en rendant son papier à Loïs.

- Vous-même qu'avez vous eu, Chapelier ? le questionna le directeur.

- Il faut naître roi ou fou pour faire ce que l'on veut. J'aime ce proverbe."

Ils commencèrent ensuite le repas, Lacie parla surtout avec Janet et Cheshire et passait pas mal de temps à traduire au docteur ce que le chat disait. Chaque fois qu'elle regardait Li-Xia et Loïs, elle les trouvaient silencieuses et mélancoliques. Elle hésita à aller leur parler mais préférait rester avec Cheshire, qui, selon Janet n'avait jamais été aussi bavard au repas de Noël.

Puis vint l'heure des cadeaux.

Lewis se dirigea vers le sapin et prit un paquet au hasard avant de lire:

"Chapelier? Le premier cadeau est pour vous.

L'homme blond se leva et alla rejoindre Lewis, il ouvrit son paquet et fit un sourire. Lacie reconnut son livre entre ses mains.

"Eh bien je remercie la personne qui m'a offert ça, ça va me donner desidées... rit-il.

Il prit à son tour un paquet sur le sol.

- Loir, de la part de Cheshire je pense.

Le prêtre se leva et se dirigea vers son homologue. Il déchira l'emballage de ses doigts tremblant et eut un sourire. C'était une petite peluche, sans doute pour que le Loir puisse dormir avec. Il remercia le petit chat et regarda les cadeaux avant d'en saisir un au hasard.

"Lacie. lut-il en se tournant vers la table.

Elle fut surprise d'avoir un paquet pour elle, curieuse, elle s'avança vers le sapin tandis que le Chapelier retournait à sa place. Le prêtre lui remit le paquet, qu'elle ouvrit.

Il contenait une jolie petite broche en forme de fleur, une petite fleur rose/violette.

"Une astragale... murmura le père.

- Je vous demande pardon ?

- La fleur, c'est une astragale. Dans le langage des fleurs cela signifie "vous m'avez réconfortée".

Par réflex, Lacie se tourna vers l'hybride qui lui lança un léger sourire. Elle réalisa après quelques cadeaux qu'elle avait offert des broches fleuries à tout le monde. Le père lui traduisait la signification de chaque fleur.

Le Chapelier reçut une giroflée des murailles, selon le prêtre "fidélité dans l'adversité"

Cheshire reçut un oeillet rose, "l'amour d'une mère"

Le Loir reçut un pétunia "ne désespérez pas"

Lewis en reçut deux, il se pensait privilégié mais les fleurs, une morelle noire et du basilic signifiaient: "menteur" et "je vous hais".

Celle qui l'intrigua le plus était celle destinée à la Reine. Une tulipe blanche, pour demander pardon. En voyant le cadeau que la lapine lui avait offert, elle se leva.

"Comment oses-tu ?

- Je m'en veux énormément pour ce que j'ai fait... Je veux juste que tu essaie de me pardonner...

Li-Xia se leva et frappa du poing sur la table.

- TE PARDONNER !? TE PARDONNER !? JE NE TE PARDONNERAI JAMAIS !! MONSTRE !! TUEUSE D'ENFANTS !!!

- Li-Xia, ça suffit. ordonna Lewis. Loïs, n'adresses plus la parole à ta reine.

Elle se tut et baissa les yeux, tout le monde était silencieux à présent, on finit par entendre la voix de Loïs qui sanglotait.

"Il aurait tellement souffert... Lewis en aurait fait un monstre comme nous... J'ai fais ce qu'il y avait de mieux à faire... " dit-elle en prenant son visage dans ses mains. "Mais je m'en veux atrocement... Pas un jour ne se passe sans que j'y pense... C'est la vérité..."

La reine se leva et lui lança son assiette à la figure.

"TAIS TOI !! TAIS TOI !!"

Loïs se leva et pris ses jambes à son cou pour retourner dans l'asile, le Chapelier se leva pour la rattraper mais Lewis se leva à son tour.

"Assis Chapelier.

- Mais... protesta-t-il, La soirée ne sera pas la même sans notre lapine, une scène de mangeailles sans le Lièvre de Mars ne peut pas se faire ! Et je n'ai personne à côté de qui m'asseoir à part toi.

- Probablement parce que personne ne t'aime à part moi. répondit le directeur le plus sèchement du monde.

Le chapelier sembla réellement blessé par les propos de son homologue. Il le saisi par le col et le tira vers lui.

"Écoute moi bien, fils de putain. Être le directeur ne te donne pas le droit de me parler sur ce ton, j'en ai marre de te voire sans cesse rabaisser Loïs, si quelqu'un à le droit de la maltraiter ici c'est moi, le seul qui ai le droit de la faire pleurer c'est moi. Je ne sais pas ce qui s'est passé entre nous deux avant l'asile mais ça devait être plutôt fort et intense parce que chaque fois que tu t'adresse à elle j'ai envie de t'exploser.

- Lâche-moi immédiatement. Lewis restait calme et regardait directement les yeux froids du Chapelier.

- Sinon quoi ? Tu va me tuer ? Vas-y, tire. Ça ne sera qu'un Noël de plus de raté à cause de cette putain de reine et toi. Après tout, elle à raison cette lapine. Tu l'aurais rendu comme nous ce gosse si elle ne l'avait pas tué avant, tu te prend pour dieu à tuer tout le monde mais au final tu n'es qu'un pauvre taré baiseur de gosses qui se défoule sur les pauvres fous que nous sommes.

- Retire ce que tu viens de dire ou je te le ferai regretter.

- Va chier."

Cheshire vit Lewis saisir son revolver dans sa poche, il se leva de sa chaise et cria.

"A'ention!!"

Le blondin saisi le poignet du directeur et le serra très fort entre ses doigts.

"J'ai jamais eu l'occasion de m'amuser avec toi Lewis~ rit-il en lui faisant lâcher son arme. Lewis commença à paniquer et essaya de pousser en vain le chapelier.

"Abattez-le!! Li-Xia !!

La femme rouge pointa son arme sur l'agresseur mais son bras fut saisi par Cheshire qui s'était jeté sur elle. Elle le poussa mais il continuait à s'accrocher et commença à mordre son poignet pourqu'elle lâche son arme. Lacie et Janet pointèrent leurs armes en direction des bagarreurs sans savoir où viser ni sur qui tirer, le père leva les yeux vers elles avec du désespoir plein le regard.

"Sauvez Lewis, si il meurt, Jabberwocky sera hors de contrôle."

Elles pointèrent donc leurs armes vers le Chapelier et trois coups de feu retentirent.

Avec le recul de l'arme, Lacie avait raté sa cible et sa balle était allée s'encastrer dans la chaise à côté d'eux. Janet avait dû recevoir des cours de tirs puisque le Chapelier s'effondra, une balle lui avait traversé la gorge. Li-Xia se releva également, suivie deCheshire. Les yeux de Lacie se posèrent sur le chaton, puis elle lâcha un cri en voyant que le ventre de ce dernier était couvert d'un liquide rouge et chaud. La reine avait l'air choquée et reculade quelques pas.

"Il...Il a appuyé sur mon doigt... Je ne voulais pas..."

Le petit mit ses mains sur son ventre et les regarda comme si il avait du mal à réaliser qu'on venait de lui tirer dessus. Personne n'osait bouger, tout le monde ici connaissait le petit chat sous ses airs enfantins qu'il cachait derrière ses meurtres et son sourire, personne n'avait jamais tiré sur lui. En tout cas aucune des personnes présentes et certainement pas la Reine qui refusait depuis ce fameux Noël de lever la main sur un enfant. Le prêtre fut finalement le premier à réagir. Il courut vers son petit protégé et le pris dans ses bras avant qu'il ne s'effondre. Lacie et Lewis vinrent ensuite le rejoindre au pas de course, mais le directeur fut repoussé par l'infirmière.

"C'est de votre faute alors ne l'approchez pas ! Il a besoin d'être entouré de ses amis, pas de son bourreau !! Allez plutôt vous débarrasser du corps de votre chapelier !!"

Elle se retourna vers le petit qui avait commencé à pleurer.

"'a pique !! 'a fait trop mal !" gémissait-il en plaquant ses mains sur son ventre.

"Mon dieu... soupira le père, j'eusse espéré que le tir le tuerai surle coup... Et Glen qui n'est plus là pour arranger la situation...Puis-je emprunter votre arme, ma fille ? demanda t-il très calmementà Lacie.

- Qu'est-ce que vous allez en faire ?

- Il vaut mieux que Ash meurt maintenant. Il souffrira moins et sa convalescence ne durera qu'une nuit. Je vous en prie, ma fille.

- Cessez de m'appeler ma fille et ensuite vous n'allez pas tirer sur Cheshire ! C'est un enfant !! protesta l'infirmière.

- 'Ai mal Lacie... pleurait le petit.

Lewis s'approcha et pointa le canon de son arme contre le front de son patient et ferma les yeux avant de presser la gâchette. Le front du patient explosa et du sang vint tâcher les vêtements de l'infirmière et du prêtre. Bien qu'elle savait que son tout petit ami allait revenir à la vie le lendemain, elle ne pouvait s'empêcher d'être attristée par la souffrance et l'innocence salie de Cheshire. Il n'était qu'un enfant et il était déjà: un peu fou, on lui avait tiré dessus, il était mort de faim, il avait vu et senti des choses horribles et tout ça sans être majeur.

Elle sentit une douce pression sur sa main, le père lui souriait gentiment et l'aida à se relever, autant que ses forces lui permettaient. Il jeta un regard calme à Lewis.

"Je vais amener cette demoiselle en salle de repos pendant que mes deux infirmières prépareront mon lit, je vais retourner me coucher... A moins que tu ne veuille abattre une troisième personne ce soir ?

- Bonne nuit mon père. dit sèchement Lewis en se retournant vers la Reine; Quant à vous, Lacie, j'espère vous voire à l'asile demain.

- Bonne nuit, Monsieur le directeur. répondit-elle d'une voix lointaine.

Le père et elle se dirigèrent vers le bâtiment. Elle se sentait rassurée avec l'homme qui tenait son bras, il avait une aura trèsréconfortante, cet homme était plein de bons sentiments et ça sesentait. Mais il était tellement faible, tellement fragile que Lacie avait l'impression de tenir une feuille morte entre ses mains. Une once de peur subsistait pourtant dans son esprit, la présence, pour l'instant invisible de Jabberwocky, qu'elle avait vu agir et qui avait failli la dévorer.

"Elle dort, ne vous en faites pas. Il y a des jours où ma foi surpasse ses pouvoirs. Murmura l'homme d'église avec un sourire mélancolique.

- Comment est-ce arrivé, mon père ? Vous n'êtes tout de même pas né avec le diable au corps...

- Me croirez-vous si je vous le dit, ma fille ?

- J'ai vu tellement de choses ici...

- Bien... Je ne peux rien vous dire. Lewis fera du mal à Cheshire si il apprend que je vous ai dit toute la vérité.

- Pourquoi ? Pourquoi Lewis refuse-t-il que les patients sachent la vérité sur qui ils étaient ? Demanda Lacie qui n'en pouvait plus de tout ces mystères.

- Si on vole l'identité de quelqu'un, qu'on lui en donne une, si on lui vole ses souvenirs, qu'on les remplace par d'autres, il ne devient qu'une pauvre poupée sans passé ni avenir qui ne soit déterminé par eux-même. Il devient manipulable, dépendant... Car vous êtes la personne à travers qui il existe... Si il réussi à retrouver ses souvenirs, qu'il réalise ce que vous lui avez volé... Imaginez sa colère et à quel point il aura envie de vous faire souffrir comme lui à souffert de cette absence d'identité. Lewis à effacé la mémoire de Glen parce qu'il est le plus fort physiquement mais le plus faible mentalement, celle de Cheshire parce que son cerveau d'enfant était facilement manipulable et il nous a laissé Loïs et moi avec nos souvenirs, moi car je ne représente pas un danger dans le coma et que je dois me souvenir de ma vie de prêtre pour lutter contre Jabberwocky... Et Loïs, uniquement pour la faire souffrir parce que parmi nous elle est celle qu'il déteste.

- Et... s'ils retrouvent la mémoire, ils pourront peut-être se rebeller et renverser Lewis.

- Cela rendrait Jabberwocky en colère... Mais...

Il resta silencieux et sembla réfléchir.

- Je vais vous donner un indice. Ainsi vous pourrez mener votre enquête sur les patients si le cœur vous en dit... dit-il finalement.

- Je vous écoute.

- Allez chercher dans nos anciennes cellules au sous-sol. Vous trouverez les informations qu'il vous faut. L'accès à celle du Chapelier est bloquée car elle contient la clef qui vous permettra de nous connaître. Si vous y accédez, vous saurez. Je ne peux rien vous dire de plus.

- Merci mon père...

- Allez-y ce soir pendant que Lewis est occupé avec les cadavres. Demandez de l'aide au docteur Young si nécessaire mais faites le."

Ils arrivèrent devant la cellule où les deux autres femmes les attendaient. Elle entra avec eux. On plaça une aiguille dans la veine du père pour lui injecter l'anesthésiant pour ensuite le placer dans le coma.

"Attendez ! Pourquoi moi, mon père ? demanda Lacie. Pourquoi ne pas en parlerà quelqu'un d'autre ? Parce que je suis Alice ? C'est ça ?

- Non. Vous n'êtes pas Alice. Jabberwocky ne vous aime pas. Vous ne serez jamais Alice. Mais vous vous en faites vraiment pour nous. Vous ne voulez pas juste partir d'ici, je sens que vous voulez vraiment nous aider. Bonne nuit, ma fille.

- Dormez bien, mon père..."

En sortant de la cellule, la jeune femme éclata en sanglots. Elle ne serait jamais Alice. Elle était coincée ici jusqu'à ce que lavraie Alice débarque. Mais quand ? Demain ? Dans trente ans ? Elle fut interrompue dans ses lamentations par Janet qui lui tapotait l'épaule, elle leva la tête et vit que la docteur lui tendait un mouchoir. Elle essuya ses larmes et se releva, si elle ne pouvait pasêtre Alice et s'en aller, elle devait survivre coûte que coûte et connaître la vérité sur les patients allaient certainement l'aider.

Que savait-elle déjà ?

Les patients étaient tous nés à l'époque victorienne.

Ils se connaissaient vraisemblablement.

Loïs et le Chapelier avaient une aventure ou étaient mari et femme.

Le prénom de Cheshire était Ash.

Il semblait plus que probable que Lewis soit en réalité Lewis Carroll.

Les autres réponses se trouvaient vraisemblablement au sous-sol. Elle saisi la main de Janet et l'entraîna dans les bas-fonds de l'asile où elle avait autrefois fait ami-ami avec Cheshire.

Les cellules des autres patients étaient verrouillées mais elle ne se laissa pas décourager. Les conduits étaient juste assez grands pourelle. Avec l'aide de Janet, elle se glissa dans le conduit de la cellule du chat et se glissa dans celle d'à côté qui s'avérait être celle du Chapelier.

Une fois tombée de l'autre côté, elle se releva et regarda autour d'elle. Il faisait noir comme dans un four, si bien qu'il lui étai timpossible de distinguer ses propres mains, elle se saisi alors deson téléphone et activa sa lampe de poche.

Janet qui était trop grande pour passer dans la ventilation lui demanda sitout se passait bien. Lacie ne répondit pas, elle regardait les mursde la cellule.

Ils avaient été griffés, visiblement avec des couverts ou des morceauxde porcelaine, les briques étaient couverts d'écritures qui semblaient avoir été écrite frénétiquement, par une personnedésespérée qui aurait voulu signaler sa présence ou se souvenir de quelque chose. Lacie comprit alors pourquoi on avait changé les patients de cellule. Dans l'écriture elle pouvait lire toute l'angoisse et la peur que ressentait la personne. Certaines des lettres étaient plus fine et des traces rouges les bordaient comme si on avait griffé le mur pour écrire jusqu'à s'en arracher les ongles.

« Tu vois quelque chose ? Demanda Janet de l'autre côté du mur.

- Je crois que je connais le nom du Chapelier... murmura Lacie.

- Tu crois ? Comment le sais-tu ?

Elle dirigea sa lampe vers un mur.

« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
«GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »
« GlenLazulite »« Glen Lazulite »« GlenLazulite »« Glen Lazulite »

- J'en suis certaine... » soupira Lacie.

Elleregarda les meubles de la pièce, un lit avec de quoi sanglerquelqu'un dessus, une chaise, des toilettes, un bureau... Et sur lebureau, une lettre. Elle prit la lettre dans sa main et commença àlire.

Très chère Iris,

J'ose espérer que tu recevra cette lettre, que tu la recevra à temps et que tu y répondra à temps. Iris, mes précédentes lettres étaient mensongères. Je ne vais pas mieux, Loïs n'est pas heureuse et Ash n'est pas plus épanoui.

Lewis est fou. Te souviens-tu de ma voisine ? Alice Liddle ? Elle est ici... Je me sens tellement coupable de ne pas avoir prévenu ses parents que Lewis l'avait enlevée.

Il m'a manipulé, Iris, il me manipule depuis le début. Il ne nous apas amenés ici pour me soigner, il nous a amené ici pour créer son pays des merveilles. Il m'a manipulé pour que je ne fuie pas, pourque les autres restent, pour que je ne prévienne pas les Liddle...Je me sens comme un oiseau sans ailes dans une cage.

Il faut que tu prévienne la famille d'Alice et mes collègues de Scotland Yard.

Je suis désolé de ne pas avoir accepté ta proposition de rentrer à la maison.

Je t'en supplie, sors nous d'ici...

Je t'aime, et je t'embrasse Iris, je te prie de me pardonner toutes mes erreurs.

Ton malheureux frère, Glen Lazulite.

Post-Scriptum :

Tu ne recevra jamais cette lettre, Iris. Mais si quelqu'un la trouve un jour, j'espère qu'on te l'apportera. Alice est morte hier. Une carriole l'a renversée et le cheval l'a piétinée, Lewis est devenu fou lorsqu'il nous a vu moi et Loïs revenir en pleurs avec le tout petit corps... Mais ce n'est pas le pire. Le pire est arrivé ensuite. Lewis à sorti une arme de sa poche et m'a tiré dans la poitrine. Je me suis senti mourir, j'ai revu papa... Je suis mort et puis je me suis réveillé, enfermé dans ma cellule sans la moindre cicatrice. J'ai cru que j'avais rêvé mais les pleurs et les cris d'Ash et Loïs m'ont prouvé le contraire. Lewis nous avait tous tué. Et nous étions tous revenus à la vie.

Je ne sais pas ce qu'il se passe, j'ai peur. Je suis mortifié.

S'il ne nous tue pas que va-t-il nous faire ?

Je viens d'entendre Ash hurler à la mort, j'ai supplié Lewis de le laisser tranquille mais il l'a emmené avec lui pour je ne sais quelle raison. Loïs est morte de peur, le père Edward prie sans s'arrêter et moi je t'écris en suppliant un quelconque dieu pour que cette lettre te parvienne un jour.

Ash est revenu sur un brancard, sa bouche... oh mon dieu sa bouche...Déchirée, arrachée... découpée en un sourire délirant...

Je n'arrive pas à arrêter de pleurer et je sens que je vais faire une crise d'angoisse...

J'entends Lewis parler de moi de l'autre côté de la porte. Adieu Iris, je te remercie pour tout ce que tu as toujours fait pour moi. Embrasse maman, Victoria, Alexander, Lucy et Jack pour moi et dit-leur que je regrette de ne pas être rentré à la maison...

Pardon Iris, pardon Mr et Mrs Liddel, pardon Maman, pardon à tout ceux que j'ai déçu.

Glen, Jeremiah, Hugh Lazulit-

La lettre se terminait pas un trait et des tâches d'encre. On avait interrompu son écriture. Glen avait dû être changé de cellule juste après l'écriture de cette lettre. L'encre de certaines lettres était brouillé par des tâches qui s'apparentaient à des larmes.

Le sentiment de Lacie était lui aussi flou, elle était entre le choc, la tristesse et la joie. Le choc de savoir ce qui était arrivé aux patients, la tristesse de constater à quel point ils étaient effrayés et désespérés avant de subir un lavage de cerveau qu'ils avait transformés en Chat du Cheshire, en Chapelier, en Loir eten Lièvre de Mars... Mais au dessus de tout ça, de la joie. Elle savait enfin le nom du Chapelier, elle allait pouvoir en apprendre plus sur lui et gagner sa confiance grâce à cela.

Si elle ne pouvait pas être Alice, alors elle allait s'en rapprocher unmaximum, à la fois pour se mettre en sécurité mais aussi pour duper Lewis et lui faire croire qu'elle pouvait être Alice afin d'éviter qu'il n'engage plus de personnel.

C'était une première victoire pour elle, il semblerait que même sans être Alice, on puisse survivre à cet asile.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top