Chapitre 58
- Yerim est là-bas !
Alerté par l'exclamation de Wendy, Irene se stoppa violemment avant de faire volte-face, détachant ainsi son regard de la reine Blanche qui était, jusqu'ici, sa cible. Elle attrapa mécaniquement le bras de Seulgi et cette dernière s'arrêta également, afin de faire face à la cadette de leurs sœurs.
Effectivement une petite jeune fille aux cheveux emmêlés et vêtements abîmés s'elançait vers elles, les yeux vaguant parfois vers le Jabberwocky et les Alice qui se tenaient désormais à plusieurs mètres. Yerim gardait la majorité de ses regards pour ses sœurs, les pupilles chargé d'un éclat de larme et un sourire douloureux sur les lèvres.
Elle était seule, et son corps entier semblait au bord de l'effondrement.
- Ma puce ! Par une hache ensanglanté, tu es dans un si mauvais état ! Tu vas bien ? Tu n'es pas blessé n'est-ce-pas ? S'écria Wendy en receptionnant la plus jeune au creux de ses bras.
Cette dernière ne répondit pas tout de suite, son souffle erratique prenant déjà l'entièreté de l'espace de sa bouche. Elle respirait fort, tressautait avidement et relachait des perles de sanglot, tout en s'accrochant fermement à son aîné.
Irene serra sa main à celle de Seulgi et avança, une vague d'appréhension s'immisçait sur sa poitrine.
- Ma belle, ou est Joy ? Demanda-t-elle en déposant ses doigts frêles sur la chevelure de Yerim, qu'elle s'empressa de caresser affectueusement.
Habituellement l'aîné des comtesses aurait câliné la plus jeune, lui aurait soufflé des mots doux et la reconforterait avant de chercher à comprendre ce qu'il se passait. Mais le temps n'était pas à cela, quelque-chose n'allait pas et chaque seconde pourrait être précieuse si une tragédie avait lieu.
- Joy... Joy est resté dans le château...et...et...elle ne... Pouvait... plus bouger..., bafouilla Yerim entre deux reniflements.
Elle se recroquevillait dans les bras de Wendy, si tremblante qu'elle entraînait des frémissements chez son aîné. Irene sentait toute la détresse de sa petite sœur sous ses doigts et, alors que la peur grandissait, elle échangea un regard avec Seulgi. Cette dernière laissait danser des lueurs inquiètes dans ses yeux, mais exprima tout de même un faible petit sourire rassurant.
Seulgi était toujours ainsi, positive quand tout semblait se briser. C'est ce que Irene aimait le plus.
- Elle était blessé ? Demanda doucement Wendy.
Un faible hochement de tête lui répondit, associé à des reniflements plus intense encore.
- Gravement ?
Second hochement de tête, les pleurs s'intensifièrent et traversèrent chacune d'elle en un violent frisson.
- Joy est forte, d'entre nous son mental est le plus puissant. Elle ne se laisserait pas mourir aussi facilement, personne ne peut tuer une femme comme elle.
Seulgi sourit davantage en parlant, exprimant l'espoir qui, à cet instant, leur manquait à toute.
Irene aimait ça aussi chez elle.
- Allons la trouver, souffla Wendy .
Un vent de douceur vibrait dans sa voix, alors qu'elle resserrait sa prise sur la plus jeune. Irene s'attendrit face à cette scène, mais perdit vite son fade sourire alors que ses oreilles percevaient les éclats de la guerre.
- Nous ne pouvons pas, le Jabberwocky est tombé et Yerim doit le tuer.
Ses yeux se levèrent sur le monstre en écho à ses paroles. Il se tenait au milieu de soldats Blanc qu'il écrasait un a un, cherchant à avancer en direction des Alice. La reine Blanche tentait de s'élancer vers lui mais était ralentit par l'arrivé du Chapelier et du Lièvre à ses côtés, bien que ces derniers peine encore légèrement à l'atteindre.
Ce n'était qu'une question de temps avant que le cou du Jabberwocky soit trancher. Soit la reine Blanche le rejoignait, soit il arrivait près des Alice et l'une d'elles le tuait.
Chaque minute comptait, chaque seconde, bientôt la reine Verte s'élèverait.
Et il fallait que ça soit Yerim, Irène ne pourrait pas envisager de perdre cette jeune sœur qu'elle aimait tant.
- Dans ce cas guidez-la jusqu'au monstre, et moi je m'occuper de trouver et soigner Joy, proposa Wendy.
Cette option semblait la plus raisonnable, mais avant que Irene ou Seulgi ne puissent acquiescer Yerim se détacha expressément de son aîné et se tourna vers elles.
- Non ! Vous devez allez trouver vos fils ! Ils sont en danger !
Cette exclamation brisa toute les inquiétudes et les peurs que Irene ressentait jusqu'à présent, laissant place à une terreur plus grande encore. Ses doigts se stoppèrent instentatement dans leur caresse et elle sentit que la main de Seulgi se deroba à la sienne, sûrement le geste d'un choc évident.
- Comment ça ?! Demandèrent-elles en même temps.
- Byun Baekhyun, le pâtissier, il a prit Jisung en otage pour forcer Renjun a s'immobiliser et sûrement l'empêcher de tuer son mari... Haechan nous a chargé à moi et à Joy d'allez chercher de l'aide et... J'ai croisé Jeno en chemin et il est allée là-bas, mais je ne pense pas que son intervention puisse suffire.... Les jumeaux ont été séparé juste avant donc ils doivent être sensible, ils ont besoin de vous...
L'explication fut serti de souffles et de reniflement, associé à un mélange de paroles et d'informations abîmées. Mais Irene compris rapidement de quoi il était question, le sang ne fit qu'un tour dans son organisme alors que la panique montait.
Ses enfants, ses précieux jumeaux, ils étaient en danger.
- Ou sont-ils ?
- Devant le palais, la porte principale. Vous devez y allez toute les deux, maintenant.
Irene hocha la tête et se tourna vers Seulgi, laquelle jettait déjà des regards furtif en direction du palais. De là où elles se trouvaient l'entrée ne leur était pas visible, augmentant l'impatience qui grimpait dans leur gorge à chacune.
Leurs enfants étaient en danger, et rien ne semblait plus important à cet instant que cela.
- Attendez, on ne peut pas laisser Yerim combattre seule le Jabberwocky ! Et je dois rejoindre Joy, elle a besoin de soin ! S'écria Wendy.
Les quatre jeunes filles se jauchèrent un instant, consciente que le moment demandait à la fois réflexion et précipitation. Se séparer maintenant ne serait-il pas la pire des décisions à prendre ? Irene n'était plus capable de réfléchir correctement, elle ne parvenait jamais à se concentrer quand Chenle et Jisung entraient en jeu. À cet instant elle ne ressentait que l'envie de les rejoindre, de s'assurer qu'ils aillent bien et se soient retrouvé.
Une séparation des jumeaux entraînait toujours des séquelles en eux, ils auraient certainement besoin du réconfort de leurs mères. Pourtant elle ne pouvait pas non plus pousser Yerim à affronter le Jabberwocky sans escorte, elle se fairait tuer en un instant.
- Jaemin et là-bas, l'As de Pique et l'ancien Temps également. Je peux les rejoindre et ils m'aideront à tuer le monstre si je suis réellement destiné à être reine Verte. Occupez-vous de Joy et de vos enfants, je peux me débrouiller seule.
Yerim affirma cela avec un sourire, l'air soudainement forte et déterminé. Mais aucune des ses aînés n'étaient dupe, certainement pas quand cela concernait leur chère petite sœur. Irene se vantait souvent de savoir lire en elle comme dans un livre ouvert, et cette affirmation, qui sonnait peut-être prétentieuse, se révélait régulièrement véridique.
Une lueur cassé brillait des les yeux de Yerim.
Loin d'être de la peur, elle évoquait un sentiment tout autre difficile à déterminer.
Presque similaire à de la résignation.
Irene ignorait comment elle devait interpréter cela, et c'est hésitante qu'elle plaça ses yeux sur chacune de ses sœurs, cherchant sur leurs visages la réponse de leurs agissements futurs.
- Faites-moi confiance, séparons-nous maintenant afin de nous retrouver au plus vite. On a chacune quelque-chose à accomplir, souffla Yerim, toujours avec ce même sourire.
Elle semblait forte ainsi, désormais que les larmes s'effaçaient de son visage. Une pointe de fierté rehaussa la poitrine d'Irene et, dans un geste presque symbolique, elle attrapa son épée et la tandis à la plus jeune.
- Pour te défendre, tu es parfaitement capable de te battre, je le sais mieux que quiconque. Tranche la tête de ce monstre et reviens-nous en reine.
Yerim l'observa avec de grand yeux, à la fois surprise et certainement honoré par les mots de son aîné. L'épée ne tarda pas à rejoindre ses mains, elle la serra fermement entre ses petits doigts comme l'objet le plus précieux au monde.
- Survivons toute, comme nous savons si bien le faire, clama Seulgi en tendant les bras, afin d'imposer une étreinte entre elles quatre.
L'enlaçade ne dura qu'un bref instant, dans un rire joyeux et plein de courage, puis elles se separèrent toute sans un regard.
Irene attrapa la main de Seulgi une nouvelle fois, alors qu'elles couraient toute deux vers l'entrée du château. Leurs cœurs battaient à tout rompre, dans un harmonie folle, alors que L'inquiétude pour leurs enfants s'emplifiait à chaque pas. Chenle et Jisung étaient sûrement les êtres qu'elles cherissaient le plus dans ce monde, le symbole même de leur amour, leurs adorables enfants pour qui elles auraient certainement tout sacrifié.
- Si l'un d'eux est blessé je ne me retiendrais pas, tout les coupables mourront, gronda Irene.
- Je ne peux qu'être d'accord, personne ne touche à nos bébés, enchaîna Seulgi.
Elles échangèrent un sourire, furtif sourire, à travers lequel se dissinait l'étendu de leurs sentiments. Un simple échange qui leur permettait de se comprendre sans mot, de s'aimer sans parole.
Oui elles s'aimaient, ces deux tueuses en herbe, elles s'aimaient au point d'en exploser.
Mais elles aimaient plus encore leurs enfants, leur beau et précieux enfants.
- Je les vois ! Ils sont là ! S'écria la plus jeune des deux femmes.
Désormais leur course s'achevait presque, face à elle la scène de l'entrée du palais se déroulait de plus en plus nettement. Une vague de soulagement s'étendit dans leurs poitrines alors qu'elles percevaient les visages de Chenle et Jisung, tout deux côte à côte, chacun en un seul morceau.
Les jumeaux ne les avaient pas encore aperçu, puisqu'ils tournaient leurs yeux vers Huang Renjun et Lee Jeno, dans les bras l'un de l'autre. Une tache de sang s'étendait sur le sol, semblant provenir de la chevelure poisseuse du plus petit des garçons, mais ça aucune des deux comtesses ne s'en intéressaient réellement.
Elles perçurent également Mark et Haechan proche de leurs enfants, ainsi que le corps étendu et inconscient de Byun Baekhyun, mais cela n'importait pas non plus.
Chenle et Jisung, Jisung et Chenle.
Les jumeaux.
Leurs enfants.
Voilà tout ce qui comptait.
Elles n'eurent pas le temps de crier leurs noms, alors que la distance disparaissait, puisque, comme s'ils avaient sentit leurs presence, les deux blondinets levèrent subitement la tête vers elles. D'immenses sourires naquirent sur leurs visage et ils s'élancèrent à leur rencontre, bras tendu et rires esclaffés.
Chacune des deux femmes réceptionna un jumeaux entre ses bras, Chenle pour Irène, Jisung pour Seulgi, et elles les bercèrent comme des bébés en soupirant de soulagement.
Ils étaient là, tout près, loin du danger, indemne.
Leurs pauvres cœurs transpirant d'inquiétude maternels trouvaient enfin la paix.
- Oh mes enfants, nous avons eut si peur. Vous allez bien n'est-ce-pas ? Parfaitement bien ?
Tout en questionnant Irene tâta lentement le visage de Chenle, dessinant sous ses doigts les courbes ronde et juneville du jeune homme. Elle fit rapidement de même avec Jisung, alors que elle et Seulgi échangeaient de jumeaux afin d'etreindre chacun d'eux.
- Nous allons bien !
- Parfaitement bien !
- Désolé de vous avoir inquiété.
- On ne voulait pas que vous ayez peur, désolé.
Ils souriaient, tout les deux, les mêmes sourires qu'ils leur présentaient à chaque fois. Et pourtant quelque-chose n'allait pas, car il n'y avait aucune joie sur leurs visages.
Ils semblaient sur le point de pleurer, l'un comme l'autre.
Chenle et Jisung semblaient sur le point de s'effondrer.
- Qu'est-ce-qu'il se passe ? Pourquoi avez-vous l'air si triste ? C'est parce-que vous avez été séparé ? Tout va bien maintenant, vous êtes ensemble et on est là, tout va bien.
Seulgi s'exprimait sur un ton caressant, la voix d'une mère qui rassurait ses frêles bambins.
Souvent cette manière de parler était efficace, Irene l'a savait doué pour agir avec douceur et soin, mais aujourd'hui cela ne semblait pas suffisant pour calmer la peine de leurs fils.
- Oh non maman, tout ne va pas bien, clama Chenle.
- Nous on va bien, mais tout ne va pas bien, enchaîna Jisung.
Leurs sourires se fanèrent doucement, laissant place à deux grimaces larmoyante. Leurs lèvres tremblaient, alors qu'une bué de larme s'amassait au creux de leurs pupilles.
Ils tournèrent leur tête, avec la synchronisation d'un seul être, dans la direction de leurs amis. Ils scrutaient désormais Renjun, qui semblait se fondre dans les bras d'un Jeno que le point d'exploser en sanglot.
Irene et Seulgi n'y avaient pas attention jusqu'ici, mais le jeune garçon avec le crâne en sang paraissait presque mort.
- Il n'est pas en état, il ne pourra pas tuer le monstre, murmura Chenle.
- Pas de potion non plus, il n'y a plus aucun moyen, chuchota Jisung.
- Il a sacrifié ses chances, toute ses chances.
- La potion pour Jaemin, et sa vie pour nous.
Les comtesses échangèrent un regard forgé d'incompréhension. Elles calinaient tendrement leurs enfants, mais n'identifait par encore le sens réel de leurs paroles.
- Il va partir, ça ne peut pas se passer autrement.
- C'est fini, tout est fini.
- Nous on l'aimait bien vous savez, on l'aimait beaucoup.
- Trop, on l'aimait trop.
- Trop aimer... ça rend triste.
- Son départ... va nous rendre triste.
C'est au milieu des sanglots que se noyèrent les dernières paroles des jumeaux, alors qu'ils se recroquevillaient doucement dans les bras chaud de leurs mères.
~°°~
Jaemin fut bien soulagé que Doyoung soit auprès de lui dans son ascension, car courir ainsi aussi près des Alice réveillait des envies meurtrières qui lui brûlaient les muscles.
Chacun de leur visages, il s'en souvenait parfaitement. Gravé dans sa mémoire, au sein d'une bolée de haine vive, de lourds souvenirs revenaient à chaque fois qu'il croisait le regard de l'une d'elles. Certaine le regardaient curieusement, sûrement se questionnant sur son identité, d'autre ne prêtaient pas attention, mais la grande majorité écarquillait les yeux et semblait se voile rde frayeur. Cette dernière réaction révélait clairement la forte impression qu'il leur avait fait, peu étonnant puisqu'il s'amusait souvent à menacer les Alice qu'il rencontrait.
Il les détestait tellement, ces petites personnes qui faisaient tant souffrir son Jeno. Toute stupide et envahissante, exécrables.
Renjun valait bien mieux que les autres, lui au moins il était agréable.
Sûrement son avis se peignait de subjectivité, puisque de Renjun il en était fou amoureux, mais son jugement criait que son "chaton" surpassait nettement ses prédécesseurs.
Automatiquement il avait plongé sa main dans celle de Doyoung, espérant que la présence de son aîné le calmerait un peu. Cela semblait fonctionner, puisqu'il n'avait encore planté son poignard dans aucun cœur, mais ses pulsions haineuse ne diminuaient pas pour autant.
Le duc avait parut surpris quand il avait accroché ses doigts aux siens, sûrement ne s'attendant pas à ce que Jaemin fasse preuve de cette proximité affectueuse envers lui. Mais le chasseur avait ses raisons et puis, malgré tout ce que cet homme lui avait fait, il ne se sentait pas capable de le détester.
Doyoung faisait partie intégrante de sa vie, il le considérait comme un membre de sa famille, peut-être même un second grand-frère. De plus il connaissait parfaitement les raisons qui avaient poussé celui-ci à commettre des actes aussi atroce, et lui en vouloir pour ça serait le comble de la malhonnêteté.
Après tout, Jaemin aussi commentait souvent des erreurs par amour.
Même s'il voulait haïr Doyoung, même s'il devrait haïr Doyoung, il en demeurait parfaitement incapable.
- Mais qu'est-ce-qu'ils font là ces deux idiots, ne sont-ils pas conscient du danger ! Grogna le duc avec un regard pour Taeyong et Jaehyun.
Ces derniers devenaient des formes de plus en plus proche, puisque leur course les menait droit à eux. Jaemin et Doyoung devaient esquiver quelques soldats ou corps à terre pour se frayer un passage, mais désormais ils traversaient un champ d'Alice qui précédait le couple royale. Ils avaient dépassé le Jabberwocky, ce dernier étant occupé à écraser les soldats Blanc qui tentaient de le maintenir sur place. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il ne s'en libère pour foncer droit sur Taeyong et Jaehyun, avec la ferme intention de les tuer.
Jaemin devait les rejoindre, les protéger à tout prix. La peur lui striait l'estomac, les perdre le rendrait d'autant plus fou qu'il ne l'était déjà.
Certe, il avait déjà en quelque-sorte perdu son grand-frère, mais le voir en vie lui suffisait et l'idée qu'il puisse disparaître complètement lui était insupportable.
Il courait vers eux, vers lui, vers Jaehyun. Pourtant il n'osait le regarder, puisque le voir réveillait toujours une vieille douleur dans sa poitrine. Leurs regards s'étaient croisé plus tôt, l'espace d'un bref instant, et il avait détourné les yeux, comme ébloui.
La souffrance sommeillait constamment, et s'éveillait en présence de son aîné. Sentir des pupilles vides posé sur lui le brisait, l'etouffait, le tuait. Alors il ne voulait pas le regarder, pas le voir, ni même sentir sa présence.
Pourtant il le protégerait, toujours, puisque Jaehyun restait son précieux grand-frère.
Il se fraya un chemin parmi les Alice, en bousculent une bonne dizaine tandis que les autres s'écartaient sur son passage. Doyoung se traînait toujours derrière lui, et il répéra également que Kun, Xiaojun et Yangyang apparaîssaient non loin, également parmi toute ces petites têtes blondes et innocentes. Mais Jaemin ne porta pas son attention sur eux, désormais il fixait Taeyong dont il venait de croiser le regard.
Le visage de son beau-frère s'éclaira vivement en le voyant approcher, et il s'élança à son tour à sa rencontre. Il tirait Jaehyun avec lui, mais Jaemin ne posa aucunement ses yeux sur celui-ci.
Il ne voulait pas le voir, le savoir si près l'étouffait déjà suffisamment.
- Hyung ! Vous devez vous en allez ! C'est trop dangereux ! S'écria-t-il en arrivant auprès de la reine.
Il attrapa vivement le bras de ce dernier, alors qu'une vive pointe d'empressement associé à des tremblement striait sa voix. Il sentit que la main de Doyoung se crispait dans la sienne, alors que la reine montait doucement des yeux paniqué sur lui.
Taeyong semblait vouloir parler, mais aucun son ne s'evada d'entre ses lèvres. Il fixa simplement le duc avec une expression aussi effrayé qu'emu, tandis que Jaemin le fixait lui en tirant davantage son bras pour le presser.
Le jeune chasseur sentait des yeux sur lui, les yeux de Jaehyun qui ne le lâchait pas.
Ne pas le regarder
Ne pas le regarder
Ne surtout pas le regarder
Il étouffait, de plus en plus, et tentait de chasser cette sensation au loin.
- Le Jabberwocky va vous tuer si vous restez ici. Partez tour les deux tant qu'il est encore tant, souffla Doyoung.
Son ton se fit franc et vif, mais pourtant incroyablement frémissant. Voilà 10 ans maintenant qu'il ne s'était pas retrouvé face au couple royal, et certainement qu'une volé émotion devait s'étreindre en lui. Jaemin le comprenait, puisque que ses trois aînés devaient être bouleversé par cette retrouvaille soudaine. Lui-même s'en sentait affecté, malgré que la panique et la sensation d'étouffement perdurait dominant en lui.
Ses yeux ne lâchaient pas le visage de Taeyong, sur lequel il voyait danser de folles émotions. La reine regardait Doyoung, puis Jaemin, puis leurs mains liées, puis Jaehyun, puis encore Doyoung... Il semblait perdu, déboussolé, envahi par l'envie de poser un nombre conséquent de question.
Mais le temps n'était pas à cela, la situation s'aggravait au fil des secondes.
Et Jaemin sentait toujours les yeux de Jaehyun sur lui, l'effort pour ne pas lui rendre son regard devenait de plus en plus difficile.
- Vous n'auriez jamais dû venir, j'avais demandé à Sungchan de vous conduire loin d'ici ! Où est-il d'ailleurs celui-là ? Il m'avait promi de vous mener en sécurité ! Si je le trouve il va...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une main se déposa sur son épaule, provoquant une réaction similaire à une électrochoc à l'orée de sa peau.
- Jaemin, c'est moi qui ai insisté pour revenir, le petit soldat n'y est pour rien.
Un violent frisson s'étira sur l'ensemble de son être quand la voix de son frère le frappa de plein fouet. Durant un bref instant il cru s'être effondré dans un rêve, une violente illusion qui le poussait hors de la triste réalité. Peut-être s'était-il évanoui en plein combat et sommeillait-il désormais au milieu des songes ? Mais pourtant, la pression que la main de Jaehyun exerçait sur son épaule semblait bien réel, trop réel.
Son cœur parut se stopper, tout comme chaque mouvement dans son corps. Seule une boule douloureuse se nouait dans sa gorge, alors qu'il posait enfin ses yeux sur son aîné.
Celui-ci le regardait, il le regardait plus profondément que jamais.
Il le fixait, l'observait, le détaillant.
Des pupilles vacillantes de toute part de son visage, qu'il avait pourtant pour habitude de voir vide et qui, aujourd'hui, se remplissaient de larme.
Elles étaient pleine d'émotion, de tristesse, de bonheur, de nostalgie, d'amour...
Les mêmes pupilles qu'autrefois, la même manière de le regarder qu'autrefois...
Jaemin se sentit vaporeux, comme gagné d'un malaise.
Pourquoi est-ce-que son frère le regardait ainsi ? Pourquoi n'était-il plus rempli de vide ? Pourquoi le fixait-il si tendrement ?
Comment avait-il pu dire son prénom ?
- Jaemin...
Les doigts de Jaehyun se serrèrent sur son épaule, désormais si tremblant qu'ils tresautaient.
Était-ce Jaemin ou son aîné qui tremblait ? Les deux certainement.
Le temps semblait arrêté, le combat, les corps et les responsabilités disparaissaient lentement au alentours. Il ne restait qu'eux, leur deux corps, tout près l'un de l'autre, sous un contact faible et vacillant.
Leurs pupilles se rencontrèrent presque magiquement, se mellèrent et firent partager les multiples émotions qui les traversaient.
Comme autrefois, ils se comprirent en un regard.
Comme autrefois, ils complétèrent leurs vides par la simple présence de l'autre.
- Tu... Hyung ?
La voix de Jaemin se brisa et l'ensemble de son visage se crispa sous un violent sanglot. Ses joues ne tardèrent pas à s'inonder alors qu'une boule de pleurs explosait dans sa poitrine.
Il n'avait eut besoin qu'un regard, un seul échange avec Jaehyun pour comprendre.
La manière dont son frère le regardait, le détaillant, le berçait de tendresse et d'amour.
Tout ça comme autrefois.
Les yeux de Jaehyun brillaient et ne s'éteignaient pas, aucun vide, pas la moindre trace d'oubli.
Il se souvenait.
Jaemin ne parvient pas à réfléchir, ni même à analyser la situation où à s'en questionner. Il fit simplement ce que son corps réclamait à cet instant, ce que tout son être lui hurlait de faire. Il défit ses mains des prises de Doyoung et Taeyong et se jetta au cou de Jaehyun, l'enfermant fermement entre ses bras.
Il le serra contre lui, déposa son visage au creux de son cou, y laissa couler ses larmes et répéta le nom de son frère en boucle, entre chacun de ses bruyant sanglots.
Une étreinte se referma sur son corps, l'ecrasa plus fort encore que lui ne le faisait, et des larmes ne tardèrent pas résonner aux siennes.
Il ne parvenait pas à y croire, pensant toujours s'être enfermé dans les désarroi d'un beau rêve, pressé contre les parois de ses plus beaux espoirs.
Cet instant il l'avait imaginé tant de fois, trop de fois, tout en le déposant au sein des utopies irréalisables.
Jaehyun l'avait oublié, il avait cru devoir faire une croix sur sa relation avec son aîné, banir à l'oublie leurs vies et leurs instants fraternels.
Cette malédiction qui l'avait poussé dans la folie, qui l'y remenait toujours, le maintenait prisonnier d'une éternelle souffrance. Voilà qu'elle semblait se dérober, sans qu'il ne comprenne réellement ce qu'il se passait.
Jaemin serrait fermement son frère contre lui, accueillait les pleures et les excuses que ce dernier répétait en boucle, planté au milieu de "je t'aime" qu'il ne cessait d'exprimer.
À chaque "je t'aime" jaemin sentait une part de lui qui se réparait, qui se complétait, qui se berçait.
Combien de temps était-il resté là ? À enlacer son frère en relâchant des sanglots par centaine ? Ça il n'en savait rien, plus rien ne semblait exister sinon lui et Jaehyun.
- Je t'aime... Je t'aime tellement... Hyung... Je t'aime... Ne me laisse plus jamais.... Je t'aime... J'ai tellement besoin de toi..., murmurait-t-il contre le cou de son aîné, alors qu'il semblait se vider de toute les larmes contenu dans son corps.
- Je suis désolé... Je ne t'abandonnerais plus jamais... Je t'aime Jaemin.
Jaehyun lui caressait doucement les cheveux, les peignant de ses doigts, comme il le faisait souvent quand ils étaient enfant. Jaemin sentit une vague de bonheur qui l'irradiait, une joie si intense qu'il souhaitait se fondre à tout jamais au sein de cet instant. Il voulait rester infiniment au creux des bras de son frère, partager cette étreinte sans plus penser à quoi que ce soit, en ignorant le monde en Chao autour d'eux.
Il voulait que le temps se stoppe, et ne reprenne plus jamais sa route.
Ce désir se révélait impossible puisque, alors que de longues minutes s'étaient sûrement écoulé depuis le début de leurs retrouvaille, une lumière s'éclaira soudainement en lui.
Une lueur de lucidité, qui le parcouru en un frisson et le poussa à reculer soudainement.
Jaemin se plaça face à son frère et posa sur lui des yeux écarquillé, la bouche entre-ouverte et le visage encore souillé par une profonde inondation. Jaehyun le fixa curieusement, la peau dégradé dans un état similaire à la sienne.
- Hyung... Tu te souviens vraiment de moi ?
Son aîné posa des doigts tremblant sur son visage, afin d'y prodiguer de lente et sublime caresse. Il semblait plongé dans une trense de bonheur, redecouvrant chaque trait de son jeune frère. Au milieu de ses reniflements il hocha tout de même la tête, avec un sourire toujours plus grand.
- Mais... comment ?
Jaemin lui attrapa la main, stoppant violemment les caresses et ramenant Jaehyun dans la réalité. Lui aussi voulait profiter de cette retrouvaille, se plonger dans leur cocon de douceur et de complicité, mais le temps n'était pas à cela.
La panique grimpait en lui, alors je petit a petit il prenait conscience de ce qu'il se passait réellement.
- Taeyong m'a donné une potion et je crois... Enfin, elle venait de ton petit-ami si j'ai bien tout compris, avoua Jaehyun avec un air hésitant.
Une brise gelé parcouru vivement le sang de Jaemin, sensation similaire à une baignade dans l'eau d'un glacier, alors que son esprit analysait cette explication. Il fit volte-face vers la reine, le cœur au bord de la chute.
Tout le bonheur ressentit jusqu'ici s'évapora, laissant place à une terreur infinie.
- Mon... Mon petit-ami ? Bafouilla-t-il en espérant avoir mal compris.
Taeyong fronça les sourcils et afficha un air embarrassé.
- Huang Renjun, il a dit... Il s'est présenté à moi en tant que votre petit-ami... à toi et Jeno.
Le peu d'espoir que Jaemin avait s'effondra en un instant, et la terreur se fit subitement déborder par la panique et la colère.
Il était heureux de retrouver son frère, plus heureux que jamais d'ailleurs. Jaehyun représentait tout pour lui, la personne la plus précieuse à ses yeux, l'élément même de sa stabilité, l'étendu de sa famille.
Certes, en récupérant son frère il pouvait enfin se sentir complet, effacer à tout jamais la douleur dans sa poitrine.
Mais ce bonheur, son bonheur à lui et lui seul, il ne valait pas un tel sacrifice.
Non, cet idiot de Renjun n'avait pas le droit de se sacrifier ainsi pour lui.
- Ou est-il ?
Sa voix résonna stable, franche, vive et presque tranchante. La colère prenait de plus en plus de place, enfanté par la frayeur et l'impuissance.
Renjun avait sacrifier sa plus grande chance pour lui permettre de retrouver son frère, il se livrait au danger pour lui rendre sa famille. Renjun, son Renjun, cet idiot qui n'était pas capable d'agir égoïstement.
Le bonheur et l'effroi se mêlait en Jaemin, créant un élan de souffle erratique qui se perdait dans sa gorge.
Il se sentait étouffer de nouveau.
- Jaemin, qu'est-ce-qu'il y a ? Lui demanda Jaehyun.
- Où est Renjun ? Où est-il ? Je dois le voir ! Je dois le ramener ici !
Ses yeux valsèrent sur l'étendu du champ de bataille, sur le château, les jardins... Le massacre et les quelques plantations restante empêchaient une vision globale du lieu, et bien entendu il ne voyait Renjun nul part.
Le temps pressait, la panique prenait désormais le pas sur tout le reste, et la vision des Alice à proximité le rendait fou.
Si l'une d'elle le devançait, si l'une d'elle tuait le Jabberwocky, alors tout serait fini.
Renjun allait partir, il allait disparaître
Il allait les abandonner, lui et Jeno.
- Jaemin calme-toi, explique-moi ce qu'il se passe...
- J'ai pas le temps ! Il va disparaître si je ne fais rien ! Il a sacrifié sa chance pour moi ! Pour nous deux ! Maintenant il risque de disparaître ! Tu comprend Hyung ?!
Avec un certaine violence, il se défit de la prise de son frère et se tourna vers les Alice. Un éclair d'idée macabre fusa dans son esprit, des pensées de meurtre comme il n'en avait jamais eut avant.
S'il les tuait toute, maintenant, rapidement, alors aucune ne pourrait prendre le pas sur Renjun ?
Son petit-ami aurait la voie libre, pourrait tuer le Jabberwocky en toute tranquillité.
Il se sentit nauséeux face à sa propre monstruosité. Quel massacre cela serait, s'il tranchait la vie de toute ces petites personnes. Certes, il en avait longuement ressentit l'envie, mais cela ferait de lui le plus cruel des personnages.
Pourtant, à cet instant précis, il ne voyait pas d'autre solution.
Il devait faire ça pour Renjun, pour l'aider à rester, afin de le garder pour toujours à ses côtés, afin de l'aimer sans pause ni fin.
Il devait faire ça pour lui, pour Jeno, pour leur relation.
Il fit un pas, porté par la pulsion d'un devoir ensanglanté, mais eut à peine le temps d'en faire un second qu'un énième hurlement fracassa ses tympans.
Avec horreur il constata que le Jabberwocky échappait désormais aux prises des soldats Blanc, qu'il avait tué en grande majorité, et s'élançait desormais en avant.
Droit sur eux.
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