Chapitre 43

- Fait ta valise, on part tout de suite d'ici ! Clama Yangyang en pénétrant, sans frapper, dans la chambre de Xiaojun.

Ce dernier sursauta vivement et manqua presque de faire tomber sa hache sur ses pieds. Il semblait être en train de l'astiquer précautionneusement, comme il le faisait presque à longueur de journée.
Yangyang ne chercha pas à attendre une quelconque reponse de la part de son ami et fonça vers les quelques étagères qui décoraient la petite pièce, piochant des vêtements qu'il fourra rapidement dans un sac prévu à cet effet.

Xiaojun vivait dans un quartier du palais, seulement accessible par l'arrière du bâtiment. C'était une toute petite pièce qu'on lui avait attribué, pas très loin de la prison et de l'échafaudage. Yangyang s'insurgeait souvent de voir que son ami n'avait droit qu'à un trou si misérable alors qu'il travaillait si dur, mais Xiaojun semblait s'en contenter.

- Pourquoi on part ? Je n'ai pas le temps de partir en vacance, j'aurais du travail dans quelque-temps en vu du procès qui se prépare et...

- On va pas en vacance, on fuit le palais et on y remet jamais les pieds.

Les paroles du voleur se firent sèche, implacable et rempli d'un frémissement de peur.

Ses mains tremblaient de plus en plus alors qu'il balançait les affaires de son ami dans le sac.

- Yang, qu'est-ce-qu'il se passe ? Calme-toi enfin.

Il n'arrivait pas à se calmer, la peur grandissait en lui à une vitesse si folle qu'il se sentait presque mourir.

Mourir.

Encore.

Pourquoi encore ?

Pourquoi est-ce-qu'il avait si peur ?

Il ne savait pas, mais les images d'un monstre, semblable à un immense serpend ailé, brûlaient son esprit et ses pensées.

Il voyait des corps, plein de corps, baignés dans un sang lugubre qui empestait. Il voyait les regards sans vie, les larmes dans chaleur, les bouche ouverte sans voix.

Il voyait la mort, partout la mort.

Pourquoi de telles images venaient à lui ? Qu'étaient-elles, ces images ?
Il n'avait jamais vécu ça, alors pourquoi avait-il une sensation de souvenir en les voyant dans sa mémoire ?

Pourquoi, parmi les cinq corps étendu, mort, il y avait Xiaojun ?

- Yangyang, calme-toi Yangyang !

Son ami le secouait, semblait essayer de le faire entrer dans la réalité.

Mais il n'y parvenait pas, les images continuait d'affubler en lui.

"Reste calme Yangyang, tout va bien, je suis là"

C'était des souvenirs, ses souvenirs ?

Pourtant il n'avait jamais vecu cette vie là, ou du moins il ne s'en souvenait pas.

Avait-il vécu cette vie-là ?

Était-ce ses souvenirs ?

"Je suis encore là Yangyang, ne t'inquiète pas, je suis encore là"

Et cette voix, cette personne qui parlait, ce souvenir qui parlait.

C'était qui, cette personne ?

Il les voyait tous, cinq corps, cinq garçons, mort les unes après les autres. Tué par un monstre, un monstre énorme et effrayant.

Xiaojun était là, et il les connaissait, les autres.

Et il en restait un, un garçon vivant, près de lui.

Un garçon qui lui criait de ne pas perdre la tête, de rester calme.

"Hyung... il n'y a plus que nous... Ils sont tous mort... Hyung..."

"Tu n'es pas seul Yangyang, je suis là. Tout va bien se passer, tu verras"

- Il a menti...

- Yang, qu'est-ce qu'il se passe ?

Le visage de Xiaojun apparut devant lui, le ramenant à la réalité. Il était bien là, vivant, Xiaojun était vivant.

Et pourtant il avait été mort.

Yangyang le savait, il l'avait vu mourir.

Il les avait tous vu mourir.

Ten avait menti, ce jour-là, tout ne s'était pas bien passé.

- J'ai entendu... Dans les prisons ils ont dit que... Le Jabberwocky... Ça va recommencer... Mourir... On va encore mourir...

La malédiction se levait, elle quittait le jeune voleur.

Et il se souvenait, doucement, du passé oublié.

De cette guerre déjà mené, cette guerre contre le monstre.

Cette défaite.

La chute de 7 garçons, 7 soldats qui se battaient pour leur reine.

Qui sont mort pour leur reine.

- Le monstre... Tout les 7... On était trop faible pour le battre... À l'époque..

Yangyang y a assisté, à cette chute, à cette défaite, à ces morts. Il avait tout vu, tout.

- Tu es mort le premier... Xiao... C'était toi le premier à partir, murmura-t-il.

Xiaojun avait toujours son visage près du sien, l'air paniqué, inquiet et en même temps perplexe. C'était comme si les mots de son ami venait de percuter quelque-chose en lui, gonflant sa gorge au point de l'étouffer.

- Ça c'est passé si vite, tu es mort si vite... Sur le coup je n'y croyais même pas... Tu n'as rien du sentir, tu es mort si vite...

- Yang...

- Puis après c'était Kun... Je me souviens, il s'est mit devant moi et Lucas... C'était un bon Hyung... Il s'est sacrifié pour nous sauver...

Les Larmes commencèrent à inonder son visage et ses lèvres dessinèrent une grimace qui était l'étrange mélange entre un sourire et un chagrin.
Ses jambes venaient de le mener au sol, et il entraina Xiaojun dans sa chute. Ce dernier le fixait sans rien dire, la bouche et les yeux grand ouvert, buvant ses paroles comme singlante d'un précieux message.

Comme le fruit de ses souvenirs perdu à lui aussi, et d'une histoire qu'il n'avait pas entièrement connu.

Il était mort en premier... Après tout.

- Hendery aussi est parti en héros... Il a prit le coup à la place de Ten... C'était horrible... Ten pleurait tellement... Il n'arrêtait pas de lui dire à quel point il l'aimait... Mais Hendery ne pouvait déjà plus répondre... Ni même entendre... Ni même sentir le baiser que Hyung lui donnait...

Xiaojun commença à pleurer lui aussi.

Les souvenirs de ses amis revenaient à lui, la douleur du manque avec.

La malédiction se levait.

- Puis Sicheng... Oh Sicheng il est...il est pas mort tout de suite... Il a du souffrir... Sa blessure était si grave et... Lucas lui criait dessus... Mais il ne pouvait plus répondre... Moi je n'arrivait pas à regarder.... Je savais qu'il allait mourir, mais je ne pouvais pas regarder... Je n'ai même pas vu Lucas se faire tuer... Je l'ai juste entendu hurler et... Quand je me suis retourné il était mort lui aussi...tout près de Sicheng...

Ils partagèrent un sanglot, Yangyang revivant la scène comme s'il y était, et Xiaojun la découvrant pour la première fois.

- Ten n'arrêtait pas de me dire que tout allait bien se passer... Que je n'étais pas seul...

"Je suis encore là Yangyang, tout va bien... Tout va bien"

- Il mentait...

Ten pleurait en parlant, il n'avait pas arrêté de pleurer.

C'était d'ailleurs la dernier chose que Yangyang avait vu, le visage baigné de larme de son ami.

- Mais on est vivant... Yangyang, on est tous vivant.

Il n'arrivait pas à stopper ses larmes, et Xiaojun les lui essuyait tendrement.

- Tu n'es pas seul Yang, on est tous vivant. Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais on a survécu.

Une chaude étreinte se fit autour de lui, et le jeune voleur sentit ses sanglots se changer en une résonance de bonheur alors que son ami ajoutait:

- Ten ne t'a pas menti, tout ira bien.

La malédiction s'envola.


























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Jeno releva la tête quand la porte de la chambre se rouvrit, laissant entrer Renjun. Un sourire égaya le visage du violoniste à la vision du garçon, bien que ce dernier le fixait avec une mine légèrement inquiète mais tout de même soulagé.

- On était sur le point d'allez te chercher, ça ne nous rassurait pas trop de te savoir seul dans cet endroit, déclara-t-il en tendant la main, invitant ainsi le nouveau venu à le rejoindre dans le lit où il était assit.

Renjun saisi l'invitation et monta sur le matelas, constatant par la même occasion que Jaemin y était étendu les yeux ouvert.

- On savait que tu étais avec Yerim, Irène est venu nous le dire, mais on était inquiet quand même. Une minute de plus et on serait venu vous rejoindre, ajouta le chasseur.

Alors que Renjun tentait de se caler entre leurs deux corps prenant toute la place, le rosé se redressa pour venir se coller à lui. Jeno se contenta de garder sa main dans la sienne, tout en lui souriant toujours tendrement.
Le blondinet était silencieux, bien trop au goût des deux garçons qui devinèrent bien vite que quelque-chose venait de se passer. Malheureusement ils ne purent poser la moindre question puisqu'enfin Renjun se mit à parler.

- Ça peut allez vous deux ? Demanda-t-il avec une toute petite voix, bien trop basse pour lui être naturel.

Jaemin et Jeno échangèrent un regard, conscient qu'un élément troublait la conscience de celui qu'ils considéraient comme un membre à part entière de leur relation amoureuse.

- Pas vraiment, mais ce n'est pas le moment d'être triste. On a beaucoup trop de chose à faire pour s'appitoyer sur notre sort, répondit le noiraud dont la voix cassé prouvait ses tourments encore bouillant.

Renjun hocha la tête, avant de se laisser tomber sur lui. Il entraîna ainsi Jaemin dans sa petite chute et tout trois se retrouvèrent étalé les uns sur les autres. La situation pouvait sembler comique, mais aucun n'y trouva le moyen de rire. Des sourires se forgèrent bien sur leurs trois visages, synonyme de la consolation qu'ils trouvaient dans cette proximité.

- Yerim à accepté de venir avec nous au palais de cœur, annonça-t-il au bout de quelques secondes de silence.

Aucune autre parole ne survient, le temps d'un tour d'horloge sûrement en vu des nombreux cliquetis que le cadran mural fut resonner. Puis Jaemin se décida enfin à répondre.

- Vous avez parlé longtemps, elle était dur à convaincre ?

- Un peu, elle déteste toujours autant Taeyong. Enfin elle ne me l'a pas dit clairement, mais ça se sentait dans sa voix quand elle parlait de lui. Et puis ça lui fait peur, cette histoire de bataille.

- Ça nous fait peur à tous, mais c'est pour le mieux n'est-ce-pas ?

Renjun hocha la tête, puis vient caler son visage tout prêt de celui de Jeno. Son menton reposait dans le cou du plus grand et son front contre sa peau. Ce contact semblait lui faire du bien puisque ses traits s'apaisèrent davantage, et la pression de l'étreinte de Jaemin rendait ce médicament contre la tristesse encore plus puissant.
Il aurait aimé rester là pour toujours, calé contre leur deux corps dans un silence quasi-nuageux. La terre aurait pu s'arrêter de tourner, ce pays aurait pu exploser, qu'il n'aurait même pas eut le moindre sursaut. Le sommeil lui tombait presque sur les paupières mais il les garda ouverte, faisant danser ses pupilles entre les visages des deux garçons.

Pourquoi avait-il l'impression que son esprit s'efforçait à graver leurs traits dans sa mémoire ? Comme si son cerveau admettait l'idée que lui refusait de voir comme une réalité.
Bientôt, peut-être qu'il ne pourrait pu les voir, ces visages.

- Je vous aime, murmura-t-il au bout d'un ou de plusieurs nouveaux tours d'horloge.

- Châton, il s'est passé quelque-chose ?

La réponse tardait un peu à venir, car Renjun retenait les larmes qui roulaient au font de ses yeux et le sanglot qui nouait son cœur, lui donnant l'impression de remonter dans sa gorge telle une vive nausée.
Il ne devait pas pleurer, sinon les mensonges ne marcheraient pas. C'était cruel de sa part de ne pas leur dire la vérité, mais s'il l'a leur partageait alors tout deviendrait tellement plus compliqué.

Jaemin et Jeno étaient déjà prit dans de lourds tourments, leur en rajouter un supplémentaire les briserait.

- Non, il ne s'est rien passé de spécial.

- Ta voix tremble Renjun, fit remarquer Jeno.

- C'est la peur... J'ai juste très peur de tout ce qui va suivre.

Ils ne le serrèrent que davantage contre eux, ne sachant pas s'ils devaient le croire ou non. Bien sûr qu'il était effrayé, ça aurait étrange qu'il en soit autrement, mais c'était comme si un nuage sombre planait sur eux, près à cracher une substance dont ils ignoraient encore le contenu.
Seraient-ils bercé de pluie ? De grêle ? De neige ? D'une lourde tempête ? Ça impossible de le savoir. Il n'y avait pas que la peur, Jaemin et Jeno le sentaient.
Mais ils ne le forceraient pas à en parler, car c'était lui prouver leur confiance que d'attendre qu'il vienne à eux.

- HUANG RENJUN, JE VAIS TE TUER !

Ce hurlement les fit sursauter et se redresser en un bon alors que la porte de la chambre s'ouvrait dans un violent claquement. Si violent d'ailleurs qu'une parti du battant se fissura, créant un second sursautement.
Joy venait de rentrer en furi dans la pièce, suivit de prêt par Yerim qui tentait en vain de la retenir, puis des trois autres qui avançaient calmement, comme s'il s'agissait d'une évènement tout à fait ordinaire. La grande brune tenait une épée à la main, prête à s'en servir à tout moment. Elle semblait d'ailleurs bien décider à trancher, et l'aurait certainement fait depuis longtemps si Yerim ne l'a retardait pas dans son action.

Jaemin fut le premier à réagir et, dans des gestes à la rapidité inné, il degaina son poignard tout en poussant Jeno et Renjun derrière, hors du lit. Les deux garçons tombèrent à la renverse sur le sol, légèrement dépaysé et ne parvenant pas à comprendre ce qu'il se passait.

- Tu t'approches et je te plante ! S'exclama le chasseur, désormais debout sur le matelat.

- Si tu ne bouge pas c'est moi qui te plante Na Jaemin, rétorqua Joy sans perdre la rage dans ses yeux.

- Unnie s'il te plaît calme-toi, ne vous battez pas !

Yerim essayait de se mettre entre eux, espérant sûrement que son petit corps ferait un barrage suffisant.

- Qu'est-ce-qu'il se passe au juste ? Demanda Jeno qui avait soigneusement tirer Renjun derrière lui, bien que ce dernier ne semble pas être d'accord avec ça et tentait de revenir se planter à ses côtés.

La tension montait encore alors que Joy essayait d'avancer en dégageant sa petite-amie et que Jaemin, avec des gestes vif, faisait danser son poignard pour l'inciter à rester immobile.
Derrière, les autres comtesses gloussaient, on pouvait même entendre Wendy s'extasier devant la manière dont le jeune homme maniait la lame.

- Il se passe que vous êtes ici pour emmener MA Yeri au palais de cœur ! Vous comptez la sacrifier pour votre propre petit plaisir ! Pesta Joy.

- Mais ils ne comptent pas me sacrifier ! Enfin Unnie ne te fait pas des idées pareilles !

- Ils veulent que tu te confrontes avec un type qui veut ta mort, tout ça pour sauver leur ami ! Moi j'appelle ça un sacrifice !

- On ne veut pas la sacrifier, on veut tout arranger, intervient Renjun.

Il avait réussi à échapper à la protection de Jeno et s'était levé pour confronter la comtesse du regard. Joy le fixait avec un air meurtrier et semblait prête à lui sauter dessus à tour moment. Bien sûr Jaemin et Yerim se tenaient toujours entre eux, mais il sentait qu'à tout moment elle pourrait bien glisser entre leur doigts et venir lui enfoncer son épée dans le ventre.

- On veut que Taeyong et elle puisse parler, sans qu'elle ne soit mise en danger. Ça pourrait arranger tout les conflits créé il y a 10 ans à cause de plein de non-dit, expliqua-t-il sur un ton posé qui l'étonna lui-même.

- Il a raison, je dois arrêter de me cacher et réparer mes bêtises. Peut-être qu'on ne me pardonnera pas, mais je dois au moins m'excuser auprès de Jaehyun et Taeyong pour tout ce que je leur ai fait, enchaîna Yerim.

Une étincelle de lucidité passa dans les yeux de Joy, ça Renjun le distingua parfaitement étant donné qu'ils se fixaient toujours. La jeune femme le regarda encore un instant, le visage criblé de colère, puis glissa ses pupilles jusqu'à Yerim alors que ses traits se detendaient légèrement.
En réalité la fureur se mutait simplement en frayeur.

- D'accord, je comprend que tu veuilles réparer ce que tu as fait. Mais et cette histoire de Jabberwocky, tu y a pensé ? C'est très grave ce qui se passe, tu pourrais dispa...

- On parlera de ça après, ne t'inquiète pas j'ai un plan. Enfin Renjun et moi on a un plan et il va marcher, la coupa Yerim en profitant de la colère apaisé pour lui prendre l'épée des mains.

Renjun hocha la tête, bien qu'en réalité ils n'aient aucun réel plan pour empêcher leur départ très prochain de ce pays. Ils y réfléchissaient encore et, pour le moment, il avait simplement demandé à Yerim de cacher cette information à Jaemin et Jeno.

- Un plan pour quoi ? Demanda le rosé, dont le poignard était toujours pointé vers la jeune femme.

- Pour trouver la reine Verte, mais nous n'avons pas le temps d'en parler pour le moment. On a du chemin à faire jusqu'au palais de cœur et nous devons partir au plus vite, répondit Yerim avec empressement tout en lançant un regard un peu paniqué en direction de Renjun.

Il lui renvoya un petit sourire crispé, essayant de lui signifier qu'elle n'avait pas trop mal masqué la vérité. Certes cela restait sûrement suspect, mais avec un peu de chance l'empressement pousserait les garçons à ne pas trop réfléchir là-dessus.

Yerim et lui n'avaient pas de plan, seulement une angoisse et un vide certain sur leur futur. Ils en avaient parlé, longtemps, de ce retour forcé chez eux à la fin de cette histoire. Renjun n'avait pas voulu y croire, clamant sans cesse qu'il devait y avoir une autre solution, qu'ils allaient trouver une solution. Mais la jeune fille secouait la tête, encore et encore, en affirmant qu'ils n'auraient pas le choix.

Leur seul moyen de rester était de devenir personnage de ce monde, de quitter leurs rôles d'Alice pour un autre.

Et leur seule option était celle de la reine Verte.

Seul l'un d'eux pourrait rester, celui qui doublerait la reine Blanche et couperait la tête du Jabberwocky.

Celui qui tuerait Park Chanyeol.

Renjun ne voulait pas faire ça, il était bien incapable de faire du mal à qui que ce soit.

Son regard passa sur Jeno, puis sur Jaemin. Il les dévisagea un instant, ne voyant en eux que deux êtres d'une beauté si éclatante que ses yeux refusaient de s'y détacher.
Donc ça y est ? Il était bel et bien amoureux au point d'être aveuglé et de se bercer de l'illusion qu'ils étaient parfait ? Qu'ils étaient les plus splendides créatures du monde ? Les plus gentilles ? Les plus attentionné ? Que sans eux il ne serait rien, rien du tout ?
Le voilà donc devenu l'un de ses idiots en besoin constant d'amour.

Est-ce-que grâce à ses sentiments il se verrait devenir plus fort ? Plus courageux ?
On disait que l'amour faisait ressortir tout les plus sombres travers de nos âmes. Mais lui serait-il capable de tuer par amour ?

À ses yeux ça n'était pas une action courageuse. Tuer le Jabberwocky était un meurtre, quoi qu'on en dise.
Ne serait-il pas la plus grande des ordures s'ils assassinait un innocent juste pour combler son bonheur égoïste ?

Renjun ne sera pas reine Verte.

Jamais.

Il allait trouver une autre solution. Il y en avait bien une, de solution.

- Ah en fait ! Tant que je parle de réparer mes bêtises ! S'exclama subitement Yerim.

Tout le monde avait semblé partir dans ses pensées, pour des réflexions et songes bien différentes. Ça n'avait duré que quelques secondes, mais l'intervention de la jeune fille fit sursauter l'ensemble des personnes présente.
Enfin non, pas les trois plus âgées des comtesses qui restaient calme dans leur coin, analysant la situation avec des airs amusé.

Elles étaient effrayante ces trois-là, c'est comme si elles savaient tout ce qui se tramait dans l'esprit de chacun mais gardaient le silence la-dessus.

Un frisson gagna Renjun a cette idée et il se colla instinctivement à Jeno. Ce dernier le regarda curieusement, sûrement prêt à le questionner sur ce qui le faisait frémir ainsi. Mais son attention fut capté par Yerim qui, doucement, s'avança vers Jaemin. Elle le fixait avec un air un peu timide, si ce n'est craintif, et cela était peut-être dû au fait que le chasseur n'avait toujours pas rangé son poignard.

- Jaemin, je te l'ai déjà dit la dernière fois où ont s'est vu mais ce n'était pas une situation vraiment adapté et donc... Je voulais te faire des excuses sincères. Je suis désolé d'avoir jeté ce sort à Jaehyun, même si j'ignorais qu'il t'oublierait ça ne change rien au fait que j'ai agit égoïstement. Je m'excuse d'avoir fait de toi la victime de mes conneries et de mes agissements égoïstes, je ne m'attend pas à ce que tu me pardonne mais sache que je suis profondément désolé et... Excuse-moi de t'avoir fait tant de mal alors que tu es l'un de me plus précieux ami.

Ces paroles créèrent un nouveau blanc alors qu'elle s'inclinait devant lui, afin de lui prouver la sincérité de ses paroles. Même Joy n'intervient pas et les comtesses arrêtèrent de glousser être elles.
Yerim avait parlé avec une voix tremblantes. Chargé d'émotion ? De peur ? Ça impossible de le dire, mais on pouvait sentir qu'il n'y avait pas le moindre mensonge dans son discours.

Jaemin resta silencieux, le visage impassible, à la regarder. Il était impossible de determiner ce qu'il pouvait ressentir à cet instant, s'il était même triste ou bien haineux. Il ne tremblait pas, ses yeux ne dégageaient pas la moindre émotion.

Il regardait Yerim avec une froideur telle qu'elle ferait frissonner le plus robuste des soldats.

- Effectivement, je ne te pardonne pas, je ne pourrais jamais pardonner ça, répondit-il sèchement, tellement qu'un vent glacial semblait s'être installé dans la pièce.

Il lui en voulait encore, malgré qu'il soit resté calme tout ce temps, la rancœur le rongeait encore profondément.

Mais comment ne pas le comprendre ? Elle lui avait arraché son grand-frère.

Avec un hochement de tête, Yerim releva le visage. Elle comprenait elle aussi.
Malgré toute les excuses du monde, jamais elle ne retrouverait la relation fusionnelle qu'elle avait avec lui auparavant. C'est un fait, car elle avait touché à l'unique chose qui pouvait faire basculer le jeune homme dans la folie la plus pure.
Croyant vouloir son bien, elle s'en était prise a Jaehyun, elle lui avait fait du mal. Et il n'y avait personne ne ce monde que Jaemin n'aimait plus que son frère.

- Même si le sort avait fonctionné, même si Jaehyun avait oublié Taeyong au lieu de moi, je t'en aurai voulu. Peut-être même plus encore. Que ce soit mon frère, ou encore mon beau-frère, il n'y a rien que je déteste plus en ce monde que le fait qu'on puisse s'en prendre à eux.
Alors tâche de leur offrir des excuses convenables. Jaehyun te pardonnera, je le connais, mais moi je vais continuer à t'en vouloir à sa place.

Jaemin rangea son poignard, fit volte-face et descendit du lit. Il se planta devant Jeno et Renjun et promena un instant ses yeux sur eux, peut-être pour s'assurer qu'ils n'avaient pas été blessé par leur précédente chute.
Ses pupilles gagnèrent des couleurs d'humanité, quittant la froideur de sa folie profondes pour un éclat de sentiment quand il croisa leur regard.

- Mais merci, de t'être excusé, termina-t-il sans même tourner le visage vers Yerim.

Ses yeux restèrent planté sur les deux garçons, et il leur offrit un petit sourire.

Il n'avait plus rien à dire, ça ils l'avaient compris et lui prirent la main. Sûrement que ça n'avait pas été simple de sortir tout ça, cette rancœur glacé qui demeurait toujours dans sa poitrine.
Sur cette emplacement, constamment douloureux.

"Moi aussi j'ai mal"


Jaemin monta la main de Renjun jusqu'à sa poitrine et la déposa à l'emplacement de son cœur. Les battements se faisaient fort sous sa peau, mais calme et presque doux.
Ils n'étaient plus tambourinant, ils avaient perdu de cette cadence folle et déchirante qui lui fracassait la chaire.

Renjun se mit à sourire, étendant sa paume afin de mieux sentir le cœur du rosé.
Il avait compris, compris une chose que personne ici ne pouvait voir à par lui.

- Ça ne fait plus aussi mal, n'est-ce-pas ? Demanda-t-il dans ce qui semblait un murmure, mais qui aurait pu être similaire à un cri tellement le silence était grand et les murs étroits.

Jaemin ne répondit pas, mais ses yeux et son sourire parlèrent pour lui.
Personne ne pouvait comprendre de quoi il était question, pas même Jeno. Mais aucun des deux n'ajouta quoi que ce soit pour s'expliquer. Ils étaient juste heureux, pour des raisons d'ordre quasi-mystique que n'importe que ne pourrait pas comprendre.

Jaemin était libéré d'un poid, d'une parole qu'il aurait aimé prononcer avant et qui le faisait souffrir depuis. Il était en quelque sorte libéré de cette haine et de cette rancœur qui l'avait fait basculer dans la folie et avait brisé la chaleur de son humanité.
Son cœur ne faisait plus aussi mal, la torture cessait et laissait place a un vide bienveillant.

Un sentiment de plénitude le gagnait, de bonheur également. Et ça Jeno sembla le capter puisque, même s'il n'avait pas tout compris à ce qu'il venait de ce passer, il fut capable de voir qu'un changement venait de s'opérer. Son regard s'illumina et se mit à étinceller, comme si des éclat de larmes venaient exploser dans ses yeux.
Devant lui, le sourire au lèvre et le regard chargé de tendresse, il avait l'impression que Jaemin était soudainement devenu différent.

Qu'il avait retrouvé une part du Jaemin d'autrefois.

Un part du Jaemin qu'il avait tant aimé.

Avec qui il avait toujours tout partagé.

Une part de son Jaemin.

Sans prononcer quoi que ce soit, ni même chercher à questionner, il s'avança soudainement et déposa ses lèvres sur le sourire du rosé.
Tout s'opéra sans surprise ni hésitation, puisque cette sensation ils l'a connaissaient par cœur. Le froissement de leurs lèvres, la danse de leurs langues, les mouvements de leur mains qui s'accrochaient à l'orée de leurs nuques, puis les caresses qui s'esquissaient par la suite. C'était presque nostalgiquement qu'ils plongeaient dans la douceur de ce baiser, leurs lèvres se trouvant comme de vieilles amantes qu'on aurait séparé de force.
Était-ce vraiment leur premier vrai baiser depuis tout ce temps ? Comment avaient-ils supporté l'absence de cette sensation ? Ils s'aimaient tellement, leurs deux corps le hurlaient sans fin alors que, même à bout de souffle, ils ne se détachaient pas.
Ils se retrouvaient enfin réellement, puisque la haine glacial qui les avait séparé ne demeurait plus une pointe dans le cœur du rosé. Les deux enfants qu'ils avaient été, qui s'étaient tant aimé, s'aimaient toujours follement. Et même si une troisième âmes se faisaient voir sur leur tableau amoureux, cela ne minimisait pas les sentiments qu'ils se portaient l'un à l'autre. Cette troisième source d'amour rendait simplement cette relation plus forte encore, apportait un bonheur de plus à partager et les comblait sans débordement.

Renjun s'était doucement éclipsé pour rejoindre Yerim qui, en s'énervant par chuchotement, essayait de faire sortir ses amies de la pièce. Les comtesses semblaient intrigué par ce baiser, Seulgi les regardant avec un air époustouflé et Wendy ne cessant de demander s'ils n'allaient pas finir par s'étouffer mutuellement comme ça. Étrangement, elle trouvait cette façon de mourir amusante.
Irene leur lançait des regards dégouté, clamant qu'elle ne voulait pas les voir se sauter dessus dans sa maison. Quand à Joy, elle ventait que la qualité de ses baiser avec Yerim était bien meilleure que la leur.

- On va toute allez vite préparer nos affaires et nous partirons dans la foulée, il n'y a pas de temps à perdre, murmura Yerim qui avait enfin réussi à pousser ses aînées hors de la pièce.

- D'accord on... J'attend qu'ils finissent et on vous rejoint.

- Tu veux peut-être venir avec nous ? Les filles vont choisir les armes qu'elles emmeneront, je sais pas si ça t'intéresse mais... Mais comme ça tu n'aura à les attendre, ça peut-être un peu gênant pour toi.

- Ne t'inquiète pas, on vous rejoin au plus vite.

Yerim s'appreta à repliquer, mais finit par se rétracter et afficha un petit sourire. Ce n'était pas une expression heureuse ou même mignonne, loin de là. Son sourire ressemblait à ceux que faisait Haechan quand il avait une idée mesquine derrière la tête.

- Je vois, amusez-vous bien. Mais ne tardez pas trop.

Elle n'ajoura rien et partit en gloussant, prenant soin de fermer rapidement la porte derrière elle. Renjun resta un instant figé, sans vraiment comprendre.

Pourquoi est-ce-qu'elle avait sourit comme ça tout à coup ? Il avait dit quelque-chose de drôle ?

- Elle croit vraiment qu'on va faire ça dans un moment pareil ? Même après 10 ans elle a toujours les idées aussi mal placé celle-là, clama Jaemin avec une voix légèrement essoufflé.

Renjun se retourna et constata que les deux garçons avaient fini par se détacher. Ils se tenaient toujours derrière le lit, main dans la main, les joues et les yeux légèrement rougies. Jaemin affichait un air agacé, les sourcils légèrement froncé et un rictus sur le coin des lèvres. Jeno, lui, laissait apparaître un petit sourire amusé tandis que ses yeux se plissaient adorablement.

- Faire quoi ? Demanda Renjun en penchant la tête sur le côté.

Il ne comprenait toujours pas le changement d'expression de la jeune fille, ni même son sous-entendu ou encore les paroles de Jaemin.
Les deux garçons face à lui échangèrent un regard et semblaient soudainement se retenir de pouffer.

- Et bien, elle pensait que tout les trois on allait...

- Ne lui dit pas Jeno, regarde-le il est tout mignon avec son air perdu ! Bon sang, je ne le pensait pas aussi pur notre chaton ! S'exclama Jaemin en posant ses doigts sur la bouche du noiraud.

- Hein ? Mais...

Renjun n'eut pas le temps de parler qu'il compris soudainement. Le rouge lui monta aux joues et ses paupières s'ecarquillèrent.
Comment est-ce qu'on pouvait penser à de telles choses dans un moment aussi sérieux que celui-ci ? Comme s'il allait consommer son amour maintenant ! N'importe quoi !

Le visage désormais semblable à la peau d'une tomate mûre, la faute aux images qu'il tentait de sortir de sa tête, il se retourna vers la porte et s'appreta à sortir.

- Oh mon chaton est tout gêné ? S'exclama Jaemin en arrivant dans son dos.

- Pas du tout ! C'est dingue que ici je sois le seul qui ait le sens des priorités, alors que c'est même pas mon pays !

Il posa sa main sur la poignée, prêt à rapidement fuir cette chambre qui le mettait presque mal à l'aise. Après tout, le temps n'était pas aux blagues ou à quoi que ce soit d'autre de léger, ils s'apprêtaient à entrer en guerre !
La suite des événements seraient sûrement bien pire que tout ce qu'ils avaient connu jusque-là, et peut-être que tout le monde ne s'en sortirait pas indemne.
Ce moment était sûrement le dernier instant calme qu'ils connaissaient avant que tout ne soit à feu et à sang. Ils avaient tellement à faire, ils devaient sauver Mark, sauver le couple royal, empêcher la reine Blanche d'arriver à ses fins, tuer un monstres...

Et Renjun risquait de disparaître à la fin de tout ça.

C'était le dernier instant de paix.

Le dernier... Définitivement ?

Un éclair passa en lui, le ramenant à un présent qu'il n'avait pas prit en compte dans toute ses réflexions.

Il allait disparaître, alors aujourd'hui, maintenant, là, tout de suite, c'était peut-être la dernière fois qu'il se trouvait avec eux dans un cadre aussi calme et paisible.

La dernière fois qu'il était seul avec les deux garçons qu'il aimait.

La dernière fois qu'il pouvait le leur prouver, qu'il les aimait.

Il lâcha la poignée et se tourna de nouveau vers eux. Ils étaient maintenant tout deux près de lui, des sourires amusé sur les lèvres et sûrement prêt à l'embêter encore un peu, comme ils aimaient si bien le faire.
Mais il ne leur laissa pas le temps de dire ou de faire quoi que ce soit qu'il leur attrapa les mains et, prenant un air sérieux ajusté à un petit sourire, déclara:

- J'ai envie d'être embrassé, moi-aussi.

Ils perdirent leurs sourires, comprenant qu'il n'y avait pas la moindre blague dans ses paroles.

C'était la dernière fois qu'il pouvait être avec eux, alors il allait en profiter.

Parce qu'il les aimait, il les aimait à en devenir fou.

Aussi fou que le plus fou de ce pays.

Et c'est tout ce qui résonnait dans sa tête, encore et encore, alors qu'il se laissait entraîner par la sérénade savoureuses et pleine d'ivresse de leurs étreintes. Et que leurs baisers et leurs "je t'aime" glissaient sur sa peau, avec un goût doux et amer à la fois.

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