Chapitre 36

- Joy !

Yerim courait entre les branches, un sourire se dessinant sur ses lèvres alors que son regard semblait pétiller sous le soleil.
Ses joues paraissaient humide, mais ses cheveux blonds volaient si furieusement autour d'elle qu'il était difficile de réellement le distinguer.

Face à elle se tenait une femme, qui se retourna en entendant son cri.
Cette femme possédait un regard sévère, contrastant avec un petit sourire attendrie qu'elle adressait à la nouvelle venue. Elle était grande, de long cheveux noirs pendaient dans son dos et elle était vêtu simplement, d'un Jean associé à un tee-shirt blanc. Cela changeait des vêtements rouges et chic qu'elle abordait tout le temps, mais Yerim ne la trouva que plus belle encore.

- Tu m'as manqué ! S'exclama-t-elle en se jetant dans les bras de la comtesse.

Cette dernière l'y accueilli avec plaisir, et laissa même entendre un doux rire joyeux. Ce dernier parut comme la plus belle musique aux oreilles de Yerim, qui ne se blottit que d'avantage dans les bras de la plus grande.

- Tu m'as manqué aussi Yerim, le temps paraît toujours si long quand nous ne nous voyons pas. Qu'est-ce-qui t'occupait à ce point pour que tu déclines tout nos rendez-vous ? Demanda Joy en la faisant reculer, afin de pouvoir poser un regard autoritaire sur son visage.

La jeune Alice laissa tout de suite retomber son sourire, et la comtesse perdit de sa splendeur en constatant le visage baigné de larme de celle qu'elle tenait dans ses bras. Une mine inquiète se dessina sur ses traits alors qu'elle se mit à essuyer les perles salé qui retombaient en un flot.

- Oh Joy tu dois m'aider, je ne sais pas quoi faire. Tout a dérapé, ce n'était pas ce que j'avais prévu et maintenant je vais mourir, s'affola Yerim en attrapant vigoureusement les mains de la comtesse.

Son regard se faisait désespéré, toujours accompagné par des pleurs incessant. Elle deblaterait rapidement, tellement que ses paroles en devenaient incompréhensible.
Joy ne savait plus où donner de la tête, ne comprenant pas un mot de ce que la plus jeune lui lâchait. Elle prit alors la décision de l'embrasser, sans prévenir, afin de la faire taire.
Cela marcha, puisque la blonde ne parla plus et la fixa simplement avec un air gêné et le rouge colorant ses joues

- Ma Yerim, que s'est-il passé ? Pourquoi penses-tu mourir ? Tu sais très bien que je tuerais de mes propres mains n'importe qui te menacerait.

La jeune fille secoua la tête, un léger sourire se formant sur son visage à l'entente de ce que la plus vieille lui disait. Ces paroles lui rechauffaient le cœur, faisant monter en elle une brûlure d'amour qui sommeillait continuellement quand Joy était dans les parages.
Elles ne s'aimaient pas ainsi depuis bien longtemps, Yerim ayant mit du temps à se déclarer, mais leurs sentiments à chacune étaient née depuis leur première rencontre. Et c'était désormais une relation forte qui les liait, bien dissimulé aux yeux de tous.

- J'ai fait une bêtise, vraiment une grosse bêtise et... Et Taeyong va me tuer, Jaemin aussi... Tout le monde va me tuer, lâcha-t-elle entre deux petits sanglots.

- Ne t'affolle pas, ça ne peut pas être si grave que ça. Et puis Jaemin est ton ami non ? Il ne te ferait pas de mal. D'ailleurs, qui voudrait du mal à une personne aussi adorable que toi ?

En demandant cela, Joy déposa ses mains d'une part et d'autre du visage de Yerim. Elle caressa doucement ses joues, tout ne posant sur elle un regard rempli de tendresse.

- Non, tu ne comprend pas. J'ai parlé à Taeil et... Et il m'a dit que j'allais me faire tué à cause de ce que j'ai fait. Je dois trouver une cachette si je veux survivre, c'est ce qu'il a dit.

- Le Loire t'a dit cela ?

- Il m'avait prévenu pourtant, il nous avait prévenu moi et Doyoung que ce que nous faisions était mal et que ça nous retomberait dessus. On a pas voulu écouter et voilà où nous en sommes, le sort a échoué et je vais me faire tué.

- Quel sort ? Qu'as-tu fais Yerim ?

La jeune Alice se remit à pleurer de plus belle et se cala contre son aimé. Cette dernière l'accueilli de nouveau dans ses bras, et la berça en attendant qu'elle parle.

- Je voulais l'aider... Le libérer... Jaehyun est mon ami, et je l'aime tellement... Et Doyoung... Doyoung est tellement amoureux de lui. Il ne voulait pas se déclarer et il cache ses sentiments, parce qu'il ne veut pas blesser Taeyong... C'est son ami... Mais Taeyong est mauvais, il n'apporte que le malheur et détruit son entourage... Je voulais aider Jaehyun à être heureux... Et Doyoung aussi alors... Alors je l'ai convaincu que ça serait mieux pour Jaehyun si on... Si on lui faisait oublier Taeyong...

- Par une poupée de porcelaine ! Tu as ensorcelé Jaehyun ?

Yerim hocha la tête, reniflant et masquant son visage crispé de honte contre le torse de la plus grande.

- Je voulais l'aider et c'était le seul moyen... Jaehyun est fou amoureux de Taeyong, tellement qu'il en devient aveugle... Je devais le libérer et puis... Puis ça aidait aussi Taeyong, lui qui est si obsédé par Jaehyun, au point même de ne plus dormir, il va finir par en mourir j'en suis certaine...

- Yerim, tu n'avais pas le droit de faire ça.

Tout en parlant, Joy écarta de nouveau la blonde pour la regarder en face, lui dévoilant des yeux autoritaires comme ceux qu'on offrait à une petite fille ayant fait une bêtise.

- Tu ne peux pas choisir pour les autres, c'est infâme ! La reine aime le roi et le roi aime la reine, l'un sans l'autre ils vont tout les deux perir. Tu dis vouloir les aider mais ton geste est purement égoïste.

- Je sais, je... Je m'en suis rendu compte quand on m'a appris que le sort... Que le sort avait mal tourné...
Mon dieu Joy je dois trouver une cachette, ils vont bientôt me tomber dessus et... Et je n'y survivrais pas.
Je sais que j'ai fait une énorme bêtise, mais je t'en pris tu dois m'aider.

La comtesse parut peiné en entendant cela, et se remit à caresser les joues de Yerim. Cette dernière lui lançait un regard implorant, se démenant à attiser sa pitier et titiller son amour pour obtenir de l'aide.

- Ma Yerim, j'aimerais t'aider mais... Oh je voudrais tant te cacher auprès de moi, dans la maison de poupée, mais je ne peux pas t'y faire rentrer si tu n'as pas la clé.

- Ne peux-tu pas faire une exception ? Je sais que personne ne peut pénétrer dans la maison de poupée, mais je ne suis pas n'importe qui pour toi. Irene-unnie, Seulgi-unnie et Wendy-unnie comprendront, non ?

Joy secoua la tête, l'air dépité et attristé. Les espoirs qui sommeillaient en Yerim se tarissaient au fil des secondes et la panique s'emplifiait.

- Tu sais bien que c'est impossible, tu dois trouver une clé si tu veux pouvoir entrer. Trouve-en une, et tu pourras te cacher parmi nous sans craindre d'être découverte.

- Mais où veux-tu que je trouve une clé ? J'ai déjà cherché, même dans la maison du lapin blanc, et je n'en ai jamais trouvé une seule, s'indigna la plus jeune, désespéré.

Une lueur d'hésitation passa dans les pupilles de Joy. Elle fixa un instant la plus jeune, semblant peser le pour et le contre d'une difficile décision.
Puis, après un bref moment de silence, elle se pencha et vient cueillir les lèvres de sa petite-amie. Le baiser ne dura pas bien longtemps, juste le temps d'une union apaisante pour les deux.

- Un voleur a prit une des clés, il la garde dans son butin. Je ne sais pas comment il s'appelle, mais il me semble qu'il traîne souvent autour du palais de cœur, confia la comtesse dans un souffle.

Les yeux de Yerim s'illuminèrent subitement, source d'une révélation en elle.
Un voleur qui passait son temps autour du palais de cœur, il ne pouvait d'agir que d'une seule personne.

Et ce garçon, elle était persuadé qu'elle arriverait à le convaincre de lui donner cette clé.

- C'est parfait ! Parfait !

Elle embrassa Joy entre deux exclamation, le sourire venait faire lumière sous les larmes qui sechaient sur son visage.

- Je vais allez chercher cette clé ! Et je viendrais ensuite te trouver ! Attend-moi, je viendrais à la maison de poupée, quoi qu'il arrive.

Sur ces mots, lâché avec toute la détermination du monde, elle serra une dernière fois la plus grande dans ses bras avant de faire volte-face, et de s'enfoncer dans la forêt.





































Le garçon ouvrit les yeux, si soudainement qu'il avait presque l'impression d'être prit d'un sursaut. Et, un sursaut, il y en a bien un qui le prit alors qu'un visage se révélait juste au-dessus du sien.
Un homme, au sourire gigantesque et muni d'un incroyable haut-de-forme se trouvait penché vers lui.

- Oh tu es réveillé ! Je suis content ! Ça faisait longtemps petit asticot ! Il s'en ai passé des choses depuis la dernière fois, beaucoup de chose si je comprend bien.
Dis-moi, petit asticot, pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ?

Il cligna plusieurs fois des yeux, pas totalement réveillé et ne comprenant pas bien qui était la personne qui lui parlait, ni les mots qu'il lui disait. Enfin si, cet homme lui disait bien quelque-chose, mais il ne parvenait pas à s'en souvenir.

- Lucas, veux-tu bien le laisser tranquille ? Il se réveille à peine et tu lui pose déjà des questions. Discute donc avec tes amis plutôt que d'embêter Alice, s'enerva un autre garçon, muni d'oreilles de lapin grises, approchant pour tirer le premier en arrière.

Le jeune Alice se redressa par la suite, constatant qu'il se trouvait allongé sur un lit dans une pièce qui, même si elle lui semblait familière, ne lui disait pas grand chose. Dans cette chambre se tenait l'homme au chapeau et son acolyte aux oreilles grises, le second rouspetant sur le premier. Un troisième inconnu dormait sur un fauteuil dans un coin, ronflant doucement.
Ten et Sicheng se tenaient là également, et il fut soulagé de les voir. Ils étaient les deux seuls qu'il connaissait dans cet environnement, même si leur rencontre remontait à peu.

- Tu as bien dormi Renjun ? Tu somnolait sur le chemin alors Sicheng t'as prit sur son dos et on t'a couché ici en arrivant. Tu sembles avoir eut un sommeil agité, tes rêves étaient instructifs ? Lui demanda Ten en approchant.

Il vient passé une main dans les cheveux du nouvellement éveillé, le recoiffant avec une douceur presque maternelle. Ce contact eut pour bénéfice de ramener notre hero dans la réalité, puisqu'il se remémora ce qu'il s'était passé récemment.
Il avait effectivement voyagé au côté de Ten et Sicheng, afin d'allez retrouver l'un de leurs amis, un certain Lucas. Les deux jeunes hommes devaient réformer tout leur groupe de l'époque, puisque, maintenant que Ten était libéré du temps, le Jabberwocky allait bientôt réapparaître.
Jusque là il comprenait un peu la situation.

- Où sommes-nous ? Demanda-t-il en frottant l'un de ses yeux, encore peu habitué à la lumière.

- Mais chez moi ! Tu es déjà venu ici, et tu as même dormi dans cette chambre. Tu ne t'en souviens pas ? Tu étais bourré et tu ne voulais pas lâcher Jaemin, alors il est allez dormir avec toi, et Jeno et mon petit Dodo sont venu aussi parce qu'ils étaient inquiet. Ah c'était une soirée amusante, il faudra qu'on remette ça n'est-ce-pas ? En fait, pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ? S'exclama l'homme au chapeau.

Les paroles du chapelier lui embrouillèrent l'esprit, et il lui semblait que quelques étincelles de souvenirs petillaient en lui à l'évocation d'une certaine soirée.
Il baissa les yeux sur la place libre à côté de lui dans le lit, se faisant la réflexion sur cette situation lui était en effet de plus en plus familière.

"Ne t'excuse pas, j'ai bien dormi contre toi Renjun... En fait je crois que ça faisait longtemps que je n'avais pas aussi bien dormi...
Ou dormi tout cours ? Je ne sais plus trop...

Cette phrase lui apparu sans trop qu'il ne sache qui l'avait prononcé, mais la voix ne lui était pas inconnu.

- Renjun tu as déjà rencontré Lucas, tu t'en souviens ? C'est lui qui t'as demandé de venir me chercher, lui expliqua Ten, toujours en lui caressant les cheveux.

Il reporta son regard sur le chapelier qui, au fond de la pièce, lui faisait coucou avec une grand sourire. Il semblait un peu stupide ainsi, et Alice ne savait pas bien ce qu'il devait en penser.
Pourtant ce visage, ce haut-de-forme et cette attitude transpirant de joie folle lui était tout sauf étrangère.

- L'homme au chapeau... C'était un homme au chapeau qui m'a demandé de vous trouver et... Ah ! Mais oui c'est lui ! La question ! Il m'avait déjà poser cette question ! S'exclama-t-il en se redressant.

- Une question ? Répéta Sicheng.

- Le machin du Corbeau et du bureau, il m'a déjà demandé ça la dernière fois.

Tout en se redressant plus, il se mit à étudier Lucas plus attentivement. Mais ses yeux vaguerent également sur l'homme aux oreilles de lapin grises qui se tenait à côté de lui, puis sur le dernier homme endormi dans un fauteuil. Il les reconnaissait tous, et se souvenait avoir partagé un petit déjeuner avec eux autour d'une table pleine de nourriture.
Ça semblait remonter à il y a longtemps, mais c'était à ce moment là qu'on lui avait demandé de trouver le temps.

Mais pas seulement.

"Le bègue, le chasseur et le violoniste. Ils sont des protagonistes d'il y a 10 ans. Ne leur demande pas directement, ils ne te diront rien, soit subtil, stratégique, calculateur, manipulateur... Et alors tu obtiendras d'eux les informations que tu souhaites."


Et il y avait d'autre personne ce jour-là, autour de cette table, il n'arrivait pas à se souvenir de leurs visage. Mais penser à eux provoquait d'étrange tremblement sur son cœur, aussi chaleureux que douloureux.

Il préféra laisser ça de côté pour le moment, jugeant qu'il avait plus important à penser.

- Ce monsieur est l'un de vos amis ? L'un des garçons morts dans l'histoire que vous m'avez raconté ? Demanda-t-il en se retournant vers Sicheng.

- Exactement, c'est Lucas, celui maudit à devenir le plus fou de tout les fous.

- Mais... Vous disiez que tous avait perdu la mémoire, non ? Comment pouvait-il savoir qu'il fallait m'envoyer chercher le Temps ?

Sa question provoqua un rire du chapelier, et un froncement de sourcil commun de la part de Ten et Sicheng.

-  Ça c'est ce qu'on essaye de comprendre, mais Lucas ne nous donne pas d'explication, ronchonna le lapin blanc en jetant un regard sombre à son ancien ami.

Ce dernier continuait de rire, tout en jouant avec les oreilles grises de l'homme se trouvant près de lui.

- Je suis constitué de folie, un fou a-t-il besoin de s'expliquer ?

"la folie, c'est bien le mot pour décrire tout ça"

Le jeune Alice sursauta quand cette phrase, prononcé par une voix au goût d'un contraste familier et inconnu, résonna dans sa tête.

- Je suis étrange après tout ! Alors je demande des choses qui n'ont aucun sens, la folie est la seule coupable, dîtes merci à cette folie car mes mots de fou ont visé juste ! Continua Lucas en levant les bras au ciel, comme implorant on ne sait quel dieu.

Son visage se crispait également sous une joie effrayante, car suante de cette folie qu'il décrivait. Et pourtant, il posait des yeux brillant de lucidité sur notre jeune hero.

"Moi j'aime ce qui est étrange, car ça ne m'est pas inconnu. La folie est étrange, je suis fou, alors je suis étrange."

Toujours des paroles dont il ne connaissait pas le contexte, qui s'allumait dans sa tête pour lui apporter des souvenirs oubliés. Il en avait presque mal au crâne, et commençait aussi à croire que toute les paroles et actions du chapelier semblait réveillé ses souvenirs.
Que-ce-que cet homme savait vraiment ? Son excuse sur une folie chanceuse ne tenait certainement pas la route, pas besoin d'être un geni pour le deviner.

- Mais assez parlé de moi ! Même si j'aime parler de moi, je suis quand même le plus bel homme de ce pays. Tu es d'accord avec moi Jungwoo ? Je suis le plus bel homme de ce pays n'est-ce-pas ?

Tout en posant sa question, le chapelier se mit à secouer le bras du garçon aux oreilles de lapin grises. Ce dernier leva les yeux au ciel, mais ne pouvait pas dissimuler le petit sourire qui naissait sur ces lèvres.

- Mais oui tu es beau Lucas, maintenant arrête de me tirer le bras et dis ce que tu as à dire, lâcha Jungwoo en s'arrachent à la prise du chapelier.

- Oh oui ! C'est vrai je voulais dire un truc. Mais... Qu'est-ce-que c'était déjà ? Pourquoi une corbeau ressemble à un bureau ? Oh non ça je l'ai déjà dit, même si personne ne m'a répondu et c'est très méchant ! Oh ! Si je me souviens ! Toi !

Lucas s'avança subitement vers le jeune Alice, tout en sortant un bout de papier de sous son chapeau. Il le lui tandis fièrement, et le blondinet le saisi d'une main hésitante.

- Un petit soldat de cœur est venu nous l'apporter tout à l'heure, en disant que c'était à destination d'un certain "Bébé-Junie". Je ne sais pas qui est ce "bébé-Junie" mais je te le donne à toi, parce que tu as une tête de bébé, expliqua le chapelier.

Ce raisonnement paraissait stupide, et pourtant le jeune Alice resserra ses doigts autour de la lettre.
Ce surnom, "bébé-Junie", lui disait vaguement quelque-chose. Et bien qu'il ne pense pas qu'il s'agisse de son nom, il était presque persuadé que ce morceau de papier lui était bien destiné.

- On va te laisser à ta lecture, nous on doit discuter avec Lucas, lâcha Ten en passant une dernière caresse dans ses cheveux.

- C'est ça ! Allons tous discuter devant une bonne tasse de thé ! Oh ! Alice, pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ?

Après avoir posé sa question, le chapelier n'attendait pas de réponse et se dirigea vers la porte, suivi de près par Jungwoo, Sicheng et Ten. Le dernier homme, celui qui dormait dans le fauteuil, se leva également avec une air peu éveillé. Il se tourna tout de même vers le jeune Alice et lui accorda un petit sourire, avant de dire d'une voix endormi.

- Tu ne t'appelles plus Alice, mais Huang Renjun. Tu es Renjun, juste Renjun, et tu ne seras jamais personne d'autre.
Lis cette lettre en tant que Toi, juste Toi.

Et l'homme quitta la pièce, laissant le blondinet seul face à sa lettre et aux mots qui résonnaient dans sa tête.

"Renjun"

Ce prénom se répétait en lui alors qu'il dépliait le bout de papier, pour y découvrir un long texte semblant avoir été écrit avec empressement.


"Mon Bébé-Junie.

Comment vas-tu ? Bien j'espère, ça m'attristerais de te savoir malheureux. Pour ma part je t'avoue avoir connu des jours bien meilleurs. Je suis en prison vois-tu, avec mon chère Mark d'amour. Il se remet de ses blessures d'ailleurs, mieux que je ne le pensais. Ça me soulage, même s'il est encore très faible.
Bientôt il sera jugé parce-qu'on t'a protégé. Pas moi, juste lui. Sais-tu pourquoi ? Parce-que je suis du genre insaisissable. Je peux disparaître et apparaître à tout moment, alors m'enfermer, me juger, me mettre à mort... Personne ne peut faire ça. D'ailleurs je ne suis pas vraiment en prison, je m'y suis enfermé car je ne pouvais pas laisser Mark seul. Tu comprend n'est-ce-pas ? Tu as bien vu que je l'aimais ? Oh, sinon cela ferait bien longtemps que je t'aurai rejoin, pour t'aider comme je l'avais promis. On est toujours allié toi et moi, non ? C'était toi qui disais que j'étais le seul à être véritablement sincère avec toi, et je suis vraiment heureux que tu me porte une telle confiance, même si j'avoue t'avoir caché de nombreuses choses.
D'ailleurs tu te rappelle de moi j'espère ? Je me doute que tu as certainement dû te perdre, ne plus te souvenir de rien et même de ton nom. Désolé, j'avoue t'y avoir légèrement poussé. La prophétie, le Jabberwocky, la reine verte... moi ça fait bien longtemps que je suis au courant de tout ça. Je veux que cette prophétie se réalise, voilà mon seul et unique objectif (en plus de protéger mon Mark, mais ça tu l'avais déjà compris).
Depuis notre première recontre, et même longtemps avant, j'ai toujours tout fait dans ce but.
Je ne suis donc pas réellement désolé de t'avoir en quelque-sort manipulé, mais j'espère que tu me comprendras et me pardonneras. Je n'ai pas menti sur tout, je suis vraiment attaché à toi Bébé-Junie.
Et donc, de ce fait, je pense que je te dois des explications. Non, en fait je ne te dois rien, mais je veux te donner ces explications, car tu es mon ami (j'espère que tu me considéres comme le plus précieux de tes amis, sinon je vais me vexer).
Chenle et Jisung t'ont raconté une partie de mon passé, de notre passé à moi et Mark. Je ne sais pas exactement ce qu'ils ont dit, mais sûrement ont-ils parlé d'une effroyable trahison que j'aurais faite il y a 10 ans, à Yerim, Doyoung et surtout Mark. Tout cela est faux, et la vérité je ne l'ai jamais dit à qui que ce soit. Tu seras donc le premier, j'espère que tu es content parce que je ne fais pas un honneur pareil à n'importe qui (ne prend pas la grosse tête non plus, je préfère toujours Mark à toi).
Il y a 10 ans, Yerim et Doyoung ont fui au royaume blanc, car la reine de cœur avait envoyé son armée contre eux. Ils pensaient pouvoir trouver refuge là-bas, car Doyoung était l'un des rares à connaître l'emplacement de cet endroit et avait convaincu Yerim de s'y rendre avec lui. Moi, quand j'ai appris cela, j'ai demandé à Mark de me révéler l'emplacement du royaume blanc, ça il s'agissait d'un des seuls lieu que je ne pouvais pas rejoindre en un claquement de doigt. Mais je ne voulais pas connaître cette information pour les dénoncer, loin de moi cette idée. Yerim était mon amie tu sais, et j'ai grandi chez Doyoung, alors jamais je ne pourrais leur faire le moindre mal. Je devais me rendre là-bas, pour trouver Yerim et la mettre en garde contre la reine blanche. Elle est mauvaise cette reine, ne t'en approche jamais bébé-Junie c'est clair ? Si tu le fais je viendrais te botter les fesses, et je suis très sérieux là !
Bref, j'y suis allez pour dire à Yerim qu'elle ne devait pas rester là, et qu'il fallait rapidement qu'elle quitte cet endroit. J'ai bien fait, car elle m'a avoué que, à la base, ce n'était pas là qu'elle voulait se cacher et qu'elle sentait que cet endroit était malsain. C'est Doyoung qui a insisté pour qu'elle y aille. Elle a donc décidé de fuir, mais c'est à ce moment là que les soldats de cœur, et surtout Jaemin, ont tous débarqué. Je ne sais pas qui leur a révélé l'emplacement du royaume blanc, mais ce n'est pas moi.

Renjun, ce qu'il va se passer maintenant est très grave, et j'espère qu'avec les révélations que je viens de te faire tu déciderais que tu peux me faire entièrement confiance. Mark va bientôt être jugé, et un jugement au royaume de cœur amène toujours à une exécution. Moi je ne pourrais rien faire, à par mourir avec lui. De plus, le Jabberwocky va s'éveiller et une guerre va éclater.
La reine verte est une Alice, j'en suis sûr et certain. Tout les indices mènent à cette hypothèse, alors ça ne peut pas être autrement.
La reine blanche veut être cette Alice, celle qui deviendra reine verte, mais il ne faut jamais que ça arrive, tu comprend ? Tu es le seul à pouvoir faire quelque-chose pour empêcher cela. Tu dois trouver Alice, Renjun, rentre ça dans ta petite tête et réfléchi à tout ce que je te dis. Je sais que je dis tout le temps que tu es idiot, mais je suis sur que tu peux être un peu intelligent, alors creuse-toi les méninges et trouve Alice.
Tu sais moi je ne lâche pas des paroles en l'air, alors je compte vraiment sur toi, et toi tu dois comprendre que tu peux compter sur moi. On est allié, alors fais-moi confiance.
Et pour l'amour du ciel, maintenant que tu as trouvé le Temps, arrête d'être perdu et réconcilie-toi avec Jaemin et Jeno. Ils t'aiment vraiment beaucoup tout les deux, s'en est presque écœurant. Ça ne sert absolument à rien que tu leur fasses la tête pour une chose qu'ils n'ont pas fait, et qu'il ne feront jamais. J'ai grandi avec eux, je les connais par cœur, et je sais qu'ils sont prêt à risquer leurs vies pour toi et qu'ils sont si stupidement amoureux qu'ils vont finir dépressif sans toi. La prochaine fois que je te vois, je veux que tu sois accompagné de ces deux idiots c'est clair ?

Bref, j'espère qu'on se reverra bientôt, et que cette histoire se finira bien.

Ton meilleur ami, l'incroyable, le magnifique, l'extraordinaire, Haechan."

- Le corbeau et le bureau ne se ressemble pas, en aucun point.

Renjun sursauta violemment, et tourna la tête vers la personne qui lui avait parlé. Il venait à peine de lever les yeux de la lettre, et se sentait encore plus dépaysé qu'avant.
Les souvenirs remontaient en lui et hurlaient dans son crâne pour qu'on leur accorde un peu de visibilité.
Notre jeune hero ne savait pas s'il était prêt à affronter ça de nouveau, ayant peur qu'une douleur l'assaille, alors il les taisait encore difficilement en lui.

Son regard se posa sur l'entrebaillement de la porte, où se tenait Jungwoo les bras croisé sur le torse. Ses oreilles lapines étaient légèrement abaissé, et semblait presque flotté autour de son visage.

- Lucas pose cette question tout le temps, à toute les Alice, mais aucune ne trouve jamais la réponse qui lui ait propre.
Est-ce-que tu te souviens que, la première fois que tu es venu ici, il t'as dit que la réponse à cette question dépendait de chacun ?

Renjun hocha la tête, sans même vraiment chercher dans sa mémoire, car les paroles de l'homme résonnaient en lui comme logique. Le souvenir de ce matin-là, quand il s'était réveillé dans cette chambre, commençait à se frayer un chemin dans son esprit.

- Moi ma réponse est qu'il n'y a aucune ressemblance, et que ça ne sert à rien de chercher. Qu'est-ce-que même ça nous apporterait de trouver une ressemblance ? Si deux êtres veulent s'associer, même s'ils sont différents en tout point, alors qu'ils le fassent. Qu'ils aient ou non des points commun ça ne change absolument rien.

Tout en parlant, Jungwoo s'approcha doucement. Renjun restait immobile à le fixer, se repassant ses paroles en boucle dans l'esprit.
Pourquoi est-ce-que tout les gens de ce pays parlaient en énigme ? Il devait passer son temps à déchiffrer le moindre le leur mot. S'en était fatiguant.

- Pourquoi nous nous associons à une personne ? Pourquoi nous restons près d'elle ? Pourquoi nous l'aimons ? Toute ces questions n'ont aucun sens à mes yeux, nous restons juste parce-que nous le voulons, et nous n'avons pas besoin d'expliquer cela à qui que ce soit. Les gens trouveront chacun des réponses différentes de toute façon, alors il n'y a pas de vérité objective dans leurs paroles et, de ce fait, leurs avis ne sont pas important pour nous.
Ce que les gens nous disent de faire n'importe pas, on ne peut faire confiance qu'à ceux qu'on aura choisi de considérer comme des alliés. Il n'y a que les paroles de ces gens-là qui comptent. Tant pis si les autres nous font douter d'eux, l'importance c'est ce qu'on ressent.

- Vous avez lu la lettre ? Demanda Renjun, surpris de constater que les paroles de son vis à vis collaient avec celle de Haechan.

- Peut-être, qu'importe. Toi, tu sais qui sont tes alliés, non ?

- Vous êtes en train de me pousser à retrouver mes souvenirs ?

Jungwoo lui offrit un sourire, à la sonorité presque innocente.

- Tes souvenirs tu les retrouve tout seul, moi j'essaye juste de te faire comprendre que tu es bien bête de douter de ceux qui te suive dans ton voyage depuis le commencement, et qui se sont même mit en danger pour toi.

Le lièvre posa une main sur l'épaule du plus jeune, un geste à la fois étrange et rassurant.

- Tu sais, moi je reste auprès d'un grand idiot qui se traite constamment de fou, et qui me cache tellement de chose que ça en serait presque insultant. Mais, au final, je suis la personne la plus proche de lui, et rien que ça ça me rend heureux.
Toi tu as peut-être peur qu'ils te trahissent, et peut-être qu'ils vont le faire ou alors non, j'en sais rien moi. Mais, la question la plus importante, c'est est-ce-que Lee Jeno et Na Jaemin te rendent heureux ?

- Oui.

Il avait répondu sans même réfléchir, tout son corps ayant fait résonner ce "oui" comme une évidence.
Ses yeux se mirent à picoter, et sa gorge s'embrumait tellement qu'il ne savait plus s'il parviendrait à parler.

"Tu ne t'appelles plus Alice, mais Huang Renjun. Tu es Renjun, juste Renjun, et tu ne seras jamais personne d'autre"

Quel idiot il était, un bel et stupide idiot.
Le plus idiot de tout les idiots même.

Tout les souvenirs éclataient en lui, par centaine, perçant son crâne d'aiguilles si douloureuse qu'il ne savait plus comment il devait penser.
Les anciens, les nouveaux... Toute les informations qu'il avait enfoui en lui, égaré en lui, pour se sentir mieux.

Il s'était perdu par peur de devoir affronter tout ça, parce qu'on l'avait poussé à être un lâche.
Et il se retrouvait, doucement, douloureusement, et constatait ainsi l'étendu de son idiotie.

Son regard passa sur la lettre de Haechan, et un sourire dépité vient bercé ses lèvres alors qu'il sentait ses yeux se brouiller.

- Pourquoi faut-il que cet imbécile ait toujours raison, souffla-t-il en serrant la lettre dans son poing.

Puis, tout en lâchant un petit sanglot étouffé, il releva la tête et se présenta droit face à Jungwoo. Il regarda un instant les yeux doux et fier de son vis à vis.

Il n'avait jamais été aussi certain et incertain de ce qu'il devait faire maintenant, et pourtant, une chose est sur, il devait prendre une décision.

Soit il agissait et essayait d'être un peu courageux.

Soit il se jetait sous les draps du lit, s'y cachant tel un enfant ayant peur des monstres de la nuit.

Se cacher ou agir, c'était une décision compliqué. Une décision qui, pourtant, fit sonner en lui la réponse qu'il cherchait depuis un long moment maintenant.

"Tu dois trouver Alice"


- Est-ce-que vous savez où je pourrais trouver la clé de la maison de poupée ? Demanda-t-il en attrapant vivement les mains du lièvre de mars.

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