Chapitre 31
Yerim glissait ses doigts entre les pages du livre qu'elle feuilletait, enjoué par les beaux poèmes qu'elle y découvrait. Tous contaient de petites histoires, mignonnes ou tragiques, et toujours écrite avec une plume magique qui ravirait n'importe quel lecteur.
Habituellement elle ne lisait pas beaucoup, mais l'ennuie l'avait poussé à s'emparer de ce bouquin traînant sur le sol.
Un peu plus loin, dans ce salon rempli de jouet, Chenle et Jisung s'amusaient avec des dominos. Le plus jeune ne cessait de les faire tomber, provoquant des cris de frustration aigu chez le plus vieux. Yerim n'avait pas souhaité jouer avec eux, n'étant pas très habile elle aurait eut vite fait de détruire chaque petit chemin de domino, et ça serait sur elle que Chenle crirait.
Or elle refusait de se faire hurler dessus par lui, l'entendre de loin était déjà bien insupportable.
- Les garçons ? Les appela-t-elle au bout d'un moment.
Les deux têtes blonde, munit de bonnets blancs, se tournèrent vers elle avec des regards curieux. Elle leur fit signe d'approcher, et ils s'executèrent dans la seconde.
- Qu'y a-t-il Alice ? Tu as un problème ?
- Voyons Jisung, si elle avait un problème elle aurait l'air bien plus paniqué que ça !
- Ah oui ! Elle est calme ! Bon dieu que tu es intelligent Chenle ! Bien plus que moi !
- Je sais ! Je suis stupide comme une pâte au cacahouète !
- C'est ça ! Tu es intelligent comme un hérisson au printemps ! Et moi stupide comme une libellule en été !
- Exactement ! Je suis idiot comme un poisson de terre ! Et toi intelligent comme une écrevisse en feu !
- Bien entendu ! Je...
- Les garçons, vous voulez bien arrêter deux minutes ?
Il se turent dans la seconde après son intervention, et se mirent à la fixer avec de grands yeux curieux. Elle leur offrit un sourire, un peu exagéré, qui sembla leur faire grand plaisir au vu de leurs petites mines rougissantes.
Les jumeaux avaient tendance à être plus calme et obéissant en sa présence qu'avec d'autre personne. Elle s'était longuement posé la question sur cela, et c'est Haechan qui lui avait apporté un semblant de réponse quand elle lui avait fait part de ses doutes.
Le chat lui avait répondu qu'ils agissaient toujours ainsi en présence de filles, et que cela était peut-être dû au fait qu'ils recherchaient une présence maternelle. Le fait étant qu'ils étaient les seules à se rendre régulièrement à la maison de poupée, un lieu interdit et dangereux, pour rendre visite aux quatre comtesses qui y séjournaient. Et ils semblaient bien se plaire là-bas, en compagnie de ces sublimes femmes que Yerim n'avait l'occasion de voir qu'à de grands événements.
Elle ignorait si elle devait croire les paroles de Haechan, mais pour le moment elle se contentait de cette explication.
- Dîtes-moi, en quelle langues est ce poème ? Demanda-elle en pointant un texte illisible qu'elle trouvait sur le cahier.
Les phrases semblaient n'avoir aucun sens, les mots aucune logique et les lettres donnaient l'impression d'avoir été emmêlées sur elles même des heures durant. C'était l'unique poème du livre à se trouver ainsi, tout les autres étant parfaitement identifiable.
- Oh mais il est dans notre langue, seulement à l'envers, répondit Chenle.
- Exactement, on ne peut lire ce texte que s'il est présenté à un miroir. Ainsi les mots se remettront à l'endroit, enchaîna Jisung.
- Un miroir ? Oh c'est bien dommage qu'il n'y ai aucun miroir par ici.
Les jumeaux pencherent tout deux la tête sur le côté, comme s'ils ne comprenaient par bien ce qu'elle leur disait. Bien sûr elle ne s'aventura pas à leur expliquer, étant parfaitement consciente que l'absence de miroir en ce lieu avait une raison évidente.
Voir leurs reflets était une phobie puissante des deux blondinets, detestant avoir sous les yeux la preuve que leurs visages soient si différent.
- Mais tu sais nous on sait ce que raconte ce poème, veux-tu qu'on te le raconte ?
- Oh oui ! On connaît par cœur cette histoire ! On peut te la raconter hein ?
Yerim n'eut même pas le temps de réfléchir à cette proposition que, déjà, ils se lancèrent à parler sans plus s'arrêter, lui contant ainsi les phrases que renferme ce poème taillé à l'envers.
- "Survolant le ciel du pays des merveilles, existait autrefois un terrifiant monstre à l'allure d'un vicieu serpent ailé.
- Sa peau était rocailleuse, ses ailles gigangeste, ses yeux luissant et ses dents plus grandes et aiguisées que le plus fin des poignards.
- Il crachait du feu dit-on.
- Et dévorait la population.
- Ou alors détruisait simplement les villages et les récoltes.
- Il y a beaucoup de version de cette histoire.
- Le Jabberwocky. Voilà le nom de ce monstre qui terrifiait la population.
- Il apparaissait sans prévenir, terrassait tout sur son passage et disparaissait au plus vite.
- D'où il venait ? Ou est-ce-qu'il repartait ? Personne n'était capable de le savoir.
- De nombreux soldats et chasseurs l'ont traqué, sans jamais le capturer.
- Il était impossible à tuer, tout le monde le savait et craignait cette bête monstrueuse.
- Puis un jour, sans crier gare, la bête a disparu.
- Plus aucune trace d'elle.
- Nul part.
- Aujourd'hui encore nous ne savons pas d'où elle venait, ni où est-ce-qu'elle est partie.
- Mais elle reviendra.
- C'est ce que dis la légende.
Les jumeaux se turent sur ces mots, laissant Yerim dans une impression d'apeusenteur tellement elle avait été accroché à leur paroles.
N'y avait-il pas de suite à cette histoire ? Elle restait sur une horrible faim à combler, elle qui avait toujours été friante d'histoire de monstres magiques et fantastiques.
- Il reviendra ? Et c'est tout ? Il n'y a rien d'autre ? Demanda-t-elle sans masquer sa frustration.
Un sourire commun égaya le visage des blondinets, associé à des pupilles rendu soudainement brillante de joie et d'excitation.
Comme si tout deux avaient attendu qu'elle pose cette question, et se trouvaient donc bien satisfait de pouvoir y répondre.
- Oh ça ce n'est pas dit dans le poème, mais il fait évocation d'une vieille légende que beaucoup ont oublié et qui, pourtant, fait toute la beauté de cette histoire, expliqua Chenle en s'allongeant sur le sol.
Jisung le rejoignit sans attendre, et tout deux posèrent leur tête sur les genoux de Yerim. Celle-ci, attendri, se mit à caresser leurs cheveux avec tendresse, constatant agréablement la douceur de leurs lumineuses mèches.
- La légende est plus ancienne que le poème, elle a été dites par un oracle à ce qu'on raconte.
- Elle était transmise de génération en génération avant, mais les gens ont fini par l'oublier alors que le temps passait.
- La légende raconte, qu'un jour, une personne très spéciale viendra au pays, une personne capable d'atteindre le Temps.
- Une personne qui sera capable de donner la chaleur aux cœurs les plus froid.
- Une personne qui domptera le plus furieux des monstres.
- Sonnant ainsi le début d'une grande guerre.
- Quand cette personne viendra, le Jabberwocky refera son apparition.
- Et il perdra la tête.
- Et la reine verte pourra reprendre son trône.
- La reine verte ? Qui est-ce donc ? Les coupa Yerim.
Elle continuait de leur caresser les cheveux, mais sa curiosité la poussait à effectuer des gestes bien plus lent alors que son esprit s'ouvrait complètement aux mots que Jisung et Chenle sortaient.
Ces derniers fermerent les yeux, leurs lèvres esquissant toujours de gracieux sourires plein de malice.
- On dit que c'est la reine légitime du pays, celle qui ne pourra jamais être détrôné. Purement généreuse et inquiète de chacun, elle offrira la paix et la prospérité à ce triste pays, et personne ne ressentira jamais l'envie de s'opposer à elle.
Personne ne sait qui elle est, mais elle viendra avec le Jabberwocky.
- Elle lui tranchera la tête pendant la guerre.
Un soupir commun gagna les deux garçons alors qu'ils ouvraient des yeux toujours aussi pétillant, comme rempli des fantasmes de cette légende aux senteurs d'espoir.
- Le jour où le Jabberwocky apparaîtra, il semera le chao et la discorde qui sommeillent depuis trop longtemps au pays, souffla Chenle.
- Et la personne qui lui tranchera la tête deviendra la reine verte, termina Jisung.
Renjun s'eveilla d'un seul coup, avec la désagréable image d'un serpent ailé monstrueux dans la tête.
Ce rêve le comblait de frissons, tiré tout droit de cette histoire qui avait été raconté à Yerim et qui lui donnait froid dans le dos.
Un monstre ? Ça très peu pour lui, il avait toujours détesté les monstres. Surtout des monstres aussi effrayant que celui conté par les jumeaux.
Il chassa rapidement cette image de sa tête, prenant le temps de souffler et de pleinement s'éveiller. Son corps était tout engourdi et il se sentait faible, très faible. C'est à peine si ses paupières parvenaient à s'écarter convenablement, et son crâne tournait à chaque fois qu'il tentait d'effectuer le moindre mouvement.
Que c'était-il passé ? Pourquoi était-il dans un tel état ?
Il ne parvenait pas à penser, la seule panique de ne pas se relever remplissait l'entière place dans son esprit.
- Les gars, Junie est réveillé !
Une main se posa sur son visage, et une autre sur son dos afin de le redresser. Il parvient ainsi à s'assoir et, alors que le tourni brumait toujours autour de lui, ses yeux trouvèrent enfin la force de s'ouvrir complètement.
Face à lui se présenta le visage de Jisung, dont il avait reconnu la voix il y a quelques secondes, et qui lui souriait à pleine dent.
- Content de te voir réveillé ! J'ai cru que tu allais encore dormir des heures et qu'on allait devoir te porter encore longtemps. Bon tu n'es pas lourd à transporter, mais tu es moins drôle quand tu dors, lui confia le blondinet en lui attrapant les mains.
Renjun le fixa plus longuement, sans vraiment comprendre où il se trouvait, ce qui c'était passé et ce qu'il faisait là. La réalité se mélangeait un peu avec le rêve, si bien que pendant un instant il cru être assit dans la maison des jumeaux avec un livre de poème tout comme l'était Yerim dans ses songes. Mais il se rendit rapidement compte qu'il était assit dans de l'herbe, au milieu d'une forêt et qu'il n'était pas seul avec Jisung et Chenle.
C'est en voyant Jaemin et Jeno, posté derrière les blondinets et affichant des mines crispé et inquiète, qu'il compris qu'il n'était pas au chaud et en sécurité dans une maison paisible.
Et que, par la même occasion, les souvenirs revinrent dévorer ses pensées en un instant.
Tout se révéla à lui, telle les scènes d'un film que son esprit remettrait en boucle au plus profond de son regard.
Son insécurité par rapport à Haechan, dû aux révélations dans lesquels celui-ci trahissait cruellement Yerim.
Son refus de le suivre alors que des soldats de la reine se deversaient dans les rues à sa recherche.
La fureur et la déception qu'il avait lu dans les yeux du chat.
Les mots que ce dernier avait prononcé par la suite, dénonçant impunément Jaemin d'être à l'origine de tout ça.
La peur qui l'avait envahi, mêlé à un sentiments de déni et de trahison.
Jaemin l'avait trahi, depuis le départ son unique but n'était que de le vendre à la reine.
Jeno savait... Et il n'avait rien dit, rien fait..
Et Mark avait...
Mark...
- Où est-il ? Où est Mark !? Demanda-t-il en voulant se redresser d'un coup.
Tentative qu'il regretta immédiatement, car ses jambes encore trop faible se replierent aussi fragilement que des brindilles et il manqua de s'écraser stupidement sur le sol. Heureusement les jumeaux le rattraperent de justesse, mais ça il n'y preta pas grande attention et porta ses yeux sur les deux autres toujours debout et immobile devant lui.
Ses pupilles lachaient de francs éclairs, que Jaemin et Jeno distinguerent sûrement bien vite au vu des expressions blessées qu'ils affichaient.
- On a dû partir, ça devenait trop dangereux. Mais Haechan est resté avec lui, tenta Jeno d'une petite voix, bien inhabituelle de sa part.
- Où est-il ?! Répéta Renjun, encore plus sèchement.
La panique commençait à gripper en lui alors que le souvenir de la plaie, qui avait perforé le ventre de son ami, revenait à lui. Le sang avait coulé à flot, et il se souvenait avoir tenté de stopper l'hémorragie avec la force du désespoir.
Doucement, il baissa son regard à ses mains, toujours maintenu par celles de Jisung, et distingua des plaques de sang à demis séché qui tachaient ses doigts et ses paumes, allant même jusqu'à ses poignets.
Cette vision fit remontrer une quinte de nausée dans sa gorge et un affreux picotement à ses pupilles.
Mark avait été gravement blessé, si gravement même que ça pourrait être mortel. Et il ignorait parfaitement ce qu'il était advenu de lui, si même il était toujours en vie.
Cette idée sanglante le fit frissonner si fort qu'il eut presque un sursaut, avant de relever de nouveau les yeux sur Jaemin et Jeno.
- TOUT ÇA C'EST DE VOTRE FAUTE ! POURQUOI VOUS AVEZ INSISTÉ POUR PARTIR ? POURQUOI VOUS NE M'AVEZ PAS LAISSÉ AVEC LUI ?!
Les deux jeunes hommes échangerent un regard et, alors que le rosé baissait la tête, le noiraud se retourna sur le jeune Alice et tenta de lui répondre:
- Renjun on avait pas le choix, c'était trop dangereux, si on était resté tu...
- J'EN AI RIEN FOUTRE ! RAMENEZ-MOI LÀ-BAS ! JE VEUX VOIR MARK, JE VEUX LE VOIR !
Les larmes se déversaient sur ses joues alors qu'il continuait à crier, réclamant toujours plus fortement la présence de Mark auprès de lui. Il se débattait également, s'efforçant d'échapper à la prise forte des jumeaux pour se lever. Mais les deux blondinets ne lachaient rien, si bien qu'il ne pouvait pas quitter le sol et se contentait de hurler comme s'il était prit dans une puissante crise de folie dévastatrice.
Cela dura quelques temps, sans que personne ne sache vraiment quoi faire pour le calmer. Il s'egosillait à demander Mark et les insultait tous au passage, et tout ça en pleurant de plus en plus fort.
Puis, enfin quelqu'un se décida à agir et, sans retenu, le giffla si violemment que toute les paroles qui lui restait à prononcer se bloquerent d'un coup dans sa gorge, et le silence retomba en un instant.
Les jumeaux le lâcherent et reculerent vivement, les visages marqué par le choc et l'horreur face à ce qui venait de se passer.
La tête de Renjun avait dévié sur la droite, à cause de la force avec laquelle il avait été frappé, si bien que ses yeux restait fixé sur l'herbe sans qu'il ne parvienne à comprendre ce qui était arrivé. Il porta sa main à sa joue et la trouva brûlante et douloureuse, signe qu'il n'avait pas rêvé la violente claque qu'on venait de lui donner.
Il releva les yeux sur l'avant, et rencontra la figure crispé, tremblante et inondé de larme de Jaemin.
- Tu aurais voulu qu'on te laisse là-bas ? Qu'on te laisse pleurer dans son sang ? Ça n'aurait servi qu'à te faire tuer, c'est après toi que tout les soldats en avaient, clama le rosé avec une voix trop calme et trop rauque pour être parfaitement contrôlé.
- J'en ai rien à foute ! Mark était gravement blessé ! J'aurais dû rester avec lui !
- Pour quoi faire ? Tu voulais être là durant ses derniers instant ?!
- IL N'EST PAS MORT !
- ÇA ON EN SAIT RIEN ! MAIS SI JAMAIS ON T'AVAIT LAISSÉ LÀ-BAS ALORS ON AURAIT PLUS AUCUN DOUTE SUR LA QUESTION ! ON L'AURAIT VU CREVER SOUS NOS YEUX ! ET ON SERAIT SÛREMENT TOUS MORT AUSSI !
- FERME LÀ !
- NE ME PARLE PAS COMME ÇA !
Renjun avait réussi à se lever, malgré des jambes encore faiblarde, et s'était jeté sur Jaemin pour lui attraper le col. Cette action avait aussi bien pour but de se maintenir en équilibre que de faire comprendre au chasseur sa colère actuelle, et ce dernier le compris bien vite puisqu'il attrapa rapidement son haut comme s'il était près à le battre. Même si, en réalité, il semblait surtout le tenir comme pour l'empêcher de tomber.
Tout deux se fixaient dans les yeux, leurs pupilles résonnant d'une fureur venimeuse qu'ils s'envoyaient sans retenu.
Jeno s'était élancé vers eux et attrapa un bras de chacun, comme prêt à les séparer à tout moment. Pourtant il ne fit pas un geste de plus et parla seulement.
- Vous croyez vraiment que c'est le moment de se battre ? Calmez-vous bon sang !
Aucun des deux ne l'écouta, trop occupé à se fusiller avec une telle violence qu'on les croirait prêt à s'entre-tuer.
Pourtant, derrière la colère brillant dans leurs pupilles, Jeno dicerna de nombreux autres sentiments qu'il n'était pas bien étonné de voir ici. Entre l'amertume, la tristesse, la déception, le regret, la culpabilité et la peur, il y avait des émotions à n'en plus donner. Mais ce qui lui sauta le plus rapidement aux yeux était la manière presque désespéré dont les deux garçons se tenaient, comme si leurs corps souhaitaient s'affranchir de toute cette négativité pour s'accrocher passionnellement.
Et malgré son mal-être certain, cela rechauffa légèrement le cœur de Jeno alors que, lui-aussi, il s'aggripait désespérément à eux. La peur de les voir se séparer étant la plus dominante en lui.
- Je ne comprend plus rien, rien du tout, avoua Renjun sur un ton plus bas.
Le sentiment de tristesse et de déception gagna de la place dans ses yeux, s'ajoutant à une dose de questionnement qu'il dévoilait aux deux garçons dans pudeur.
- Tout ça... J'arrive pas à y croire. Le fait que Haechan soit peut-être un traitre ça... Ça déjà j'ai du mal à me l'admettre alors... Alors...
Sa voix se brisait au fil de ses paroles, et un brouillard de larmes noyait de nouveau ses yeux. Son corps tremblotait doucement, alors que ses doigts se crispaient sur l'habit de Jaemin.
Ses paupières se fermèrent un instant, avant de s'ouvrirent pour envoyer les pupilles voyager entre le visage de Jaemin et celui de Jeno.
Ce dernier, face à cette scène, sentit son ventre se serrer et sa poitrine devenir douloureuse. Il ne ressentait que la seule envie de tirer Renjun à lui pour le serrer dans ses bras, mais la peur d'un rejet le figeait sur place.
Jaemin, quant à lui, abordait un visage à l'apparence calmé et presque blasé, mais on pouvait toujours comprendre son profond tourment à travers son regard désespéré.
- Je n'arrive pas à me l'admettre... Ça paraît pourtant évident, plus qu'evident... En fait, c'est même logique quand on y pense...
Renjun renifla deux ou trois fois. Il semblait retenir les sanglots en lui, alors que les mots se déversaient à l'identique que ses pupilles folles vaguaient sur les faciès des garçons.
Après quelques secondes de latence, ses yeux se reposerent sur Jaemin et s'arrêterent net.
- Tu n'avais aucune raison de me suivre, d'être "gentil" avec moi, et de faire tout ce que tu as fait... Je suis con quand même... De ne même pas y avoir réfléchis...
Un affreux sourire naquit sur les lèvres de Renjun alors qu'il rire s'en échappait.
- Tout le monde a raison en disant que je suis idiot... Je suis juste trop stupide...
- Renjun...
Jeno ne prononça rien d'autre que son prénom, sentant que s'il disait autre chose alors il se mettrait à pleurer dans attendre. Il fut seulement capable de lever les yeux sur Jaemin pour réclamer un soutien silencieux, espérant veinement que celui-ci trouverait les bon mots.
Or il ne rencontra qu'un visage de marbre, et des yeux qui le ne regardaient même pas. Jaemin fixait désormais dans le vide, comme s'il ne voulait plus voir aucun des deux autres.
- Et puis ton frère est le roi de cœur... Rien qu'avec ça j'aurais dû comprendre que tu me livrerais à la reine... Vous êtes de la même famille après tout, continua Renjun.
- De la même famille...
En répétant cela, Jaemin aussi lâcha un rire. Le sien sonnait gravement sinistre, et ferait sûrement frissonner le plus robuste de tout les guerriers.
- Une famille, tu parles... Un frère qui ne sait même plus que j'existe et un beau-frère que tout le monde voit comme le pire des monstre. Quelle famille ai-je donc ? Je suis seul Renjun, complètement seul.
Enfin le rosé retira ses yeux du vide et les posa sur le plus petit. Ses paupières se plissaient étrangement, et ses lèvres tremblante ne cessaient de se relever et s'abaisser sans cesse dans une danse criante de folie.
- Je n'ai que Jeno, que toi...moi... Je n'ai plus que vous deux...
L'une de ses mains quitta l'habit de Renjun pour venir se poser sur le bras de Jeno, l'accrochant si fortement qu'il semblait vouloir s'y fondre.
Jaemin les tenait désormais tout deux lui aussi, tout comme le faisait le noiraud.
Renjun, lui, agit tout autrement, puisque ses mains se relâcherent petit à petit du col du chasseur.
- Tu allais me vendre à la reine, souffla-t-il en laissant une larme couler.
- Je ne le ferais pas, lui répondit Jaemin.
- Pourquoi ?
Leurs regards s'accrocherent plus distinctement, esclave des paroles que Jaemin s'apprêtait à prononcer.
Il avait bien conscience que ses mots determineraient le futur, leur futur, et qu'il ne devait donc pas se tromper.
Pourtant, à aucun moment il ne douta de ce qu'il devait dire, puisque c'était ses sentiments qui parlaient et rien d'autre.
- Parce que je t'aime.
Un silence immobile tomba après que sa voix se soit effacé, ne laissant que la résonance de ses paroles bercer leurs oreilles.
Contre toute attente, le premier à réagir face à cette déclaration fut Jeno. Ce dernier baissa soudainement la tête en laissant échapper un sanglot, le premier jusque là. Jaemin resserra sa prise sur son bras, s'appliquant à le caresser de son pouce dans un geste tendre et remplie d'affection.
Le chasseur restait de marbre, les pupilles plongé dans celles de Renjun, patientant à une réponse de la part de ce dernier. Il ne respirait même plus, de tout son corps il n'y avait plus que son pouce qui bougeait et attestait ainsi qu'il ne s'était pas complètement stoppé.
Renjun resta tout aussi immobile, durant un temps qui semblait interminable pour les deux autres. Jeno lachait de plus en plus de sanglot, et avait fini par plonger son visage sur l'épaule de Jaemin pour qu'aucun ne puisse le voir pleurer. Le rosé patientait et sentait son cœur être douloureusement picorer, prêt à se briser.
Enfin Renjun bougea, mais ce fut seulement pour desserrer lentement sa prise avant d'éloigner ses doigts du col de Jaemin.
- D'accord.
Il ne prononça que ce mot, le visage désormais fermé alors qu'il lançait un dernier regard aux deux garçons. Il effectua un pas en arrière, avant de se retourner et commencer à marcher.
Face à cela, Jaemin sentit le déchirement de son cœurs alors que sa main, qui tenait plus tôt le vêtement de Renjun, restait suspendu en l'air vers lui, comme désireuse de le rattraper. Mais, sans même pouvoir faire quoi que ce soit, il sentit ses jambes lâcher et tomba à genou au sol, le visage baigné de larme et le regard porté sur le corps du blondinet qui s'éloignait.
Jeno ne tomba pas au sol avec lui, puisqu'il s'empressa d'accourir vers Renjun pour l'attraper par la taille et le serrer contre lui.
- Reste là... Je t'en supplie ne part pas, sanglota-t-il en le maintenant entre ses bras.
Le corps de Renjun tremblotait contre lui, comme également électrifié de pleures. Il ne parla même pas, et posa juste ses mains sur celles de Jeno croisé sur son ventre.
- Pardonne-nous, s'il te plaît... Ne nous laisse pas...
- Je suis désolé.
Renjun se retourna vivement et ancra ses yeux dans les siens. Il lui tenait les mains qu'il était parvenu à desserrer de lui, et le fixait avec des traits tordu par la tristesse.
- J'ai besoin que vous me laissiez seul... Juste pendant un moment je... Je ne sais plus quoi penser de tout ça...
Il poussa doucement le noiraud loin de lui, et celui-ci ne trouva même pas la force de l'en empêcher.
- Je suis perdu Jeno, complètement perdu...
Et sur ses mots, et après avoir posé une dernière fois ses yeux sur les deux garçons qu'il croyait aimé, il lâcha les mains de Jeno et lui tourna le dos avant de reprendre sa marche.
Il se mit même à courir, de plus en plus vite, trop désireux d'éloigner son corps et son esprit de tout ça.
Il ne voulait plus penser, il avait mal à la tête.
Il était en train de se perdre.
Ils étaient en train de le perdre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top