Yuta survolait tranquillement le pays des merveilles, fier de présenter ses ailes de papillon à qui voulait bien lui jeter un bref coup d'œil.
L'état de chenille avait rapidement été bien lassant, alors il se trouvait plus qu'enjoué à l'idée d'être devenu un magnifique papillon aux ailes bleues. Toute les personnes qui levaient la tête pour l'observer paraissaient émerveillé, et il ne s'en retrouva que plus fier encore.

Oui, il était magnifique ainsi.

Il avait attendu longtemps, si longtemps avant d'enfin se métamorphoser. L'état de simple chenille lui avait collé à la peau pendant de très nombreuses années, et quand, enfin, il avait commencé sa transformation, le temps s'était subitement arrêté.
Quel genre de malédiction était-ce ? Il avait été si frustré que, pendant 10 ans, il n'avait fait que fumé sa pipe à longueur de journée.

Que pouvait-il faire d'autre ? Sa métamorphose avait été mise en pause et Sicheng, la personne qu'il préférait dans ce pays, avait tout bonnement disparu.
Enfin pas vraiment disparu, puisque le Lapin Blanc avait simplement rejoint le pays des humains pour y retrouver une nouvelle Alice, afin de remplacer Yerim.

Ça avait mit 10 ans. 10 ans où Yuta était resté seul à attendre le retour de son ami. 10 ans à se ne plus se sentir vraiment chenille, mais à ne pas être vraiment papillon non plus. 10 ans à fumer sans cesse pour éloigner tout ses tourments.

Ah, fumer.

Même s'il avait un peu honte de l'avouer, il avait adoré ça.

Se sentir flotter constamment, comme entre deux mondes, et voir des choses fantastiques que les autres de voyaient pas. Des éléments tout droit sortit de son imagination bien évidement, mais qui paraissaient si réel quand il était sous subtance.
Il se sentait voler, alors que ses pieds étaient toujours posé sur terre, ou sur une fleur, ou un champignon quelconque.

Mais, désormais, il n'avait plus besoin de ça pour se sentir voler, car le temps avait repris son court et que sa métamorphose s'était achevé pour lui offrir de belles ailes.
Elle s'était achevé quand il avait parlé à Alice.

Ah, qu'il était étrange ce garçon, tout petit, un peu stupide mais adorable. Bien différent de Yerim, mais avec une force de caractère qui semblait un peu similaire.
Yerim avait été une forte tête, et Yuta ne doutait pas que son successeur le soit également.

Quoi que, Hung Renjun paraissait peut-être un peu plus sensible qu'elle, mais ça ce n'était qu'un détail.

Un détail important quand on y réfléchissait, car Sicheng disait souvent que les émotions étaient ce qui manquaient à la dernière Alice.
Elle était forte et ne laissait jamais rien ni personne l'atteindre, en fait elle avait été très courageuse jusqu'au bout.

Renjun semblait un petit peu plus émotif qu'elle, un peu plus naïf et peureux aussi.
Mais c'était de bon augure, même si Yuta ignorait pourquoi.

En fait il ne savait pas grand chose, Sicheng ne lui disait pas tout.
Il lui en révélait déjà plus qu'il ne le devrait, alors Yuta n'en demandait pas davantage.

Même s'il est vrai qu'il restait curieux, en quoi La force de Yerim avait-elle été un défaut ?
Était-ce cela qui avait mené à cette finalité ? Celle où la catastrophe avait explosé ?

Sicheng disait souvent que Yerim n'avait pas été assez empathique envers certain et n'avait pas éprouvé les bons sentiments pour d'autres, et que c'était cela qui avait tout gâché.
Encore une fois, Yuta ne comprenait pas très bien, mais il ne posait pas plus de question.

Si le Lapin Blanc ne lui en avait pas dit plus, alors c'est qu'il ne voulait pas en révéler davantage.
Et il respectait ça, parce qu'il était un garçon respectueux.

- Mon dieu, je suis vraiment le meilleur des hommes, ricana-t-il un peu pour lui-même.

Il n'y avait pas de blague, ni la moindre ironie dans ce qu'il disait. Yuta était on ne peut plus sérieux, car il se considérait vraiment ainsi.

Son ego était gros, très très gros.

- Enfin non, je ne suis pas un homme, je suis un papillon... Un homme-papillon !

Un fou rire le prit alors qu'il esquivait habilement un pigeon qui volait un peu trop vite, sûrement pressé.

- Personne à part moi ne respecte le code de la route, c'est dingue... Ah mais non on a pas de code de la route ! On est dans le ciel voyons...

Il s'arrêta un instant, ses ailes battant derrière lui pour le maintenir sur place dans les airs.

- Y a-t-il un code du ciel ? Pour éviter tout problème quand on croise un pigeon trop pressé ? Oh, il va falloir que je me renseigne sur ça, Sicheng devrait savoir !

Ses ailes battirent plus rapidement, il repartit dans une élancé virevoltante qui l'amusa davantage. Il se sentait léger en volant ainsi, ne se souciant de rien d'autre que de sa propre personne, planant dans le ciel azur.

C'est ainsi que la silhouette du papillon bleu se fit de plus en plus petite, au fur et à mesure qu'il volait de plus en plus haut.
Peut-être que, quand il sera arrivé suffisamment élevé, il pourra distinguer le pays des merveilles dans son entièreté. Et ainsi, connaître chaque recoin du pays et savoir tout ce qui pouvait s'y passer.
Même les secrets les plus caché.

°°~~°°

Renjun trebucha plusieurs fois pendant sa course, manquant de finir le visage écrasé contre le sol ou déchiqueté par des ronces qui traînaient par là. Mais, sûrement grâce à une incroyable chance, il resta debout sur ses jambes tremblantes et pourtant bien plus rapide qu'il ne l'aurait pensé.
Il courait, sans s'arrêter, en suivant la silhouette aux cheveux roses qui s'élançait devant lui. Plus aucune pensée ne le traversait, pas même la moindre appréhension ou émotion sur un possible danger.

Rien.

Il était juste vide.

Son corps courait, comme enflammé par une tension si énorme qu'il avançait à une vitesse folle. L'adrénaline d'un instinct qu'il ne se connaissait pas le poussait à ne pas s'arrêter, alors que sa respiration se faisait alletante et qu'il était trempé de sueur et de sang provenant de coupure superficielle.

Il ne pouvait pas prendre de pause, pas même l'espace d'une seconde.
Déjà parce que tout son être savait que s'il s'arrêtait, son corps s'effondrerait sans qu'il ne puisse se redresser. Mais aussi parce que c'était une peur pure et intense qui immergeait en lui à chaque fois que l'idée de se stopper se criait dans sa tête.

Il ne pouvait pas s'arrêter.

Il ne devait pas s'arrêter.

S'il avait le malheur de le faire, alors la fin ne serait pas bonne.

Pas bonne du tout.

- N'est-ce pas une Alice que voilà ?

Cette voix, féminine et chantante, avait résonné autour de lui comme le chuchotement d'un esprit. Pourtant il n'y fit pas attention, gardant la tête vide et le corps nourrit d'adrénaline.

Mais, alors qu'il évitait des ronces qui se rapprochaient dangereusement de lui, d'autres voix similaire s'élèverent autour de lui.

- C'est Alice.

- Une belle Alice.

- Une Alice fatigué.

- Une Alice blessé.

- Une Alice troublé.

- Qu'est-ce qui te trouble petit Alice ?

- Qu'est-ce qui te fait si mal ?

- Ne souhaites-tu pas te reposer ?

- Viens donc près de nous.

- Nous t'offrirons le repos.

- Une étreinte.

- Le réconfort.

- Tu pourras pleurer près de nous.

- Viens donc te reposer dans nos bras.

- Nous te bercerons.

- Nous te protégerons.

- Précieux petit Alice.

- Délicat petit Alice.

Les voix dansaient ainsi autour de lui, et il posa ses mains sur ses oreilles afin de ne pas les entendre.
Il ne devait pas s'arrêter, même si son corps réclamait le repos qu'elles lui promettaient.

Une ronce lui griffa le poignet, et il gémi de douleur en venant attraper la blessure entre ses doigts.

- Arrête-toi donc.

- Ne soit pas si pressé.

- Parle avec nous.

- Laisse-nous t'enlacer.

- Nous te protégerons bien mieux que ces deux garçons.

- Nos bras sont bien plus doux que les leurs.

- Bien plus sur.

- Bien moins effrayant.

- Nous nous ne mentons pas.

- Pas comme celui au cœur brisé, lui il te ment constamment.

- Il va te briser.

- Te détruire.

- Ils se servent de toi Alice.

- Tout le monde.

- Tu n'es qu'un pion.

- Tu finiras comme les autres.

- Comme toute les autres.

Son pied se prit dans une racine et il tomba, un genou posé sur le sol alors qu'il s'était sauvé d'une chute douloureuse en se rattrapant avec ses mains.
Il souffla un peu, tremblant et la gorge si asséché qu'elle hurlait à la souffrance qui crepitait en lui.

Les voix continuaient de lui tourner autour, lui donnant presque mal à la tête.

- Ne pense pas être différent.

- Tu subiras le même sort.

- La reine te capturera toi aussi.

- Comme toute les autres.

- Tu ne rentreras jamais chez toi.

- Jamais.

- Aucune Alice n'est jamais rentré chez elle.

Il releva la tête, interpellé par cette dernière phrase qui le fit frissonner sans qu'il ne comprenne pourquoi.
Face à lui, ornant les murs verdoyant de ce labyrinthe plongé dans la nuit, des centaines de roses le fixaient avec des pupilles sombres et des sourires aussi doux qu'effrayant.
Toute ces plantes rouges, brillant dans le noir, avaient des visages humains qui faisaient froid dans le dos.

Les paroles des jumeaux lui revinrent en tête:

"Oh oui les roses rouge sang sont magnifique, mais qu'est-ce-qu'elles sont vicieuse !"

Alors c'est dont de ces roses qu'ils parlaient ?
Des roses étrangement doté de parole, et qui semblaient tenter de l'envouter avec de douces sérénades.

- Aucune Alice n'est rentré chez elle ? Répéta-t-il avec une voix rauque.

Les roses se mirent à rire, créant un orchestre de voix cristallines provocant une chair de poule supplémentaire.

- T'a-t-on raconté que les Alice rentraient chez elles au bout d'un certain temps ?

- Que de mensonge.

- Elles ne partent pas.

- Jamais.

- Jamais.

- Jamais.

- Jamais.

Il se redressa, et flancha légèrement sur ses jambes qui lui semblèrent être faites de papier.

- Mais... Pourquoi ? Et où sont-elles dans ce cas ?

Un nouveau rire gagna les roses, encore plus moqueur et effrayant que le précédent.

- Ce n'est pas à nous de te le dire.

- Les Alice te le diront bien mieux.

- Demande à la dernière Alice.

- Elle, elle n'a pas été capturé.

- Elle saura t'expliquer.

- Peut-être que tu pourras échapper à la capture ?

- Peut-être que tu pourras échapper à la reine ?

- Peut-être que tu pourras devenir la reine du jeu ?

- Mais pour cela tu dois tuer le monstre.

- Ça ne sera pas facile.

- Personne n'a jamais réussi.

- Personne.

- Jamais.

- Et c'est pour ça que les Alice ne partent pas.

Il ouvrit la bouche, prêt à questionner les roses sur toute ces informations qui assaillaient son crâne. Il sentait que des éléments important lui étaient dévoilé, et il se devait de tous les retenir afin de compléter le puzzle dont il peinait à trouver les pièces depuis son arrivé dans le pays.

Mais un hurlement le coupa dans sa lancé. Un hurlement qui empestait la rage et qui ne semblait pas si lointain que ça.
Reconnaissant la personne qui avait crié, il se remit subitement à courir malgré la voix des roses qui le priaient de rester auprès d'elles. Il voyait les bras épineux qui se tendaient vers lui, l'accueillant avec la tendresse de leurs épines empoisonnées qu'il ne souhaitait pas rencontrer. Et il les ignorait donc, repoussant les branches qui s'approchaient de trop pour courir dans la direction du hurlement.

Il arriva plutôt rapidement à sa cible, et rencontra une scène qui fit monter l'anxiété en lui.
Jaemin et Jeno étaient là, tout les deux debout et tenant des poignards qu'ils tendaient en direction de Hendery. Aucun des trois n'étaient immobile, car l'As tentait de diriger le canon de son arme vers Jeno et ce dernier, avec l'aide de Jaemin, le repoussait avec des gestes vifs.

Les deux garçon semblaient doué et habile au combat, ils bougeaient rapidement et semblaient avoir esquivé deux balles qui s'étaient figé dans la vitre derrière eux. Ils se battaient avec un travail d'équipe des plus performant, ne se gênant pas l'un l'autre, bien qu'il était clair que Jaemin repoussait sans cesse Jeno en arrière pour qu'il n'affronte pas le danger.

Malheureusement, malgré leur agilité impressionnante, Hendery performait à un niveau bien supérieur.
Jaemin était un chasseur, habitué à manipuler et à assassiner discrètement et habilement. Mais l'As, lui, était un soldat, un combattant, un tueur... Il était en plein dans son élément, tandis que le rosé semblait un peu plus handicapé.
Sûrement qu'une balle toucherait bientôt l'un des deux garçons, car même s'ils tentaient d'avoir l'air serein, la difficulté et une certaine forme de panique se lisait sur leurs traits.

Renjun prit le temps de deglutir, un peu douloureusement, avant de se décider à agir.

Sans même réfléchir à un plan, il s'élança et sauta sur Hendery qui, se trouvant dos à lui, ne semblait pas avoir capté sa présence.

- Qu'est-ce-que...

L'As ne termina pas sa phrase et commença à se débattre pour retirer la présence qui lui avait grimpé dessus. Renjun ne perdit pas de temps et posa ses mains sur les yeux du garçon, l'empêchant ainsi de viser sa cible. Il s'accrochait du mieux qu'il pouvait, enroulant ses jambes autour de la taille de Hendery afin de l'empêcher de le projeter.
Face à eux, Jaemin et Jeno affichèrent des mines déconfites, entre la surprise et l'incompréhension. Ils avaient cessé tout mouvement, comme si leurs cerveaux peinaient à comprendre la scène qui se déroulait face à eux. Aucun des deux ne s'attendait à voir le frêle petit Alice sauter sur le dos de leur ennemi, encore moi pour lui bloquer le regard tout en s'accrochant férocement à lui.

Hendery continua à se débattre, tentait de repousser, de frapper et même de griffer Renjun pour que ce dernier le lâche. Il poussa des cri de rage tout en tirant à l'aveugle, ses balles volant dans un vide sombre sans jamais atteindre qui que ce soit. Au final, au bout d'un combat qui sembla prendre une éternité, mais qui ne dura en réalité que quelques secondes, il parvient enfin à arracher le petit blond pour le projeter contre les murs de bois.
Renjun parvient à griffer le visage de son ennemi avant de heurter la surface dur. Son dos frappa violemment contre le mur et une douleur sourde frissonna en lui. Mais il n'eut pas le temps d'y penser car Hendery tandis rapidement son arme dans sa direction.

Sans réfléchir, il se redressa dans la seconde et écarta la crosse du pistolet juste avant que son propriétaire ne presse la détente. La balle devia et, au lieu de se planter en plein dans son front, elle se figea sur un tronc d'arbre.

- Petit emmerdeur, souffla Hendery en tentant de le viser de nouveau.

Renjun tient bon durant une ou deux secondes, maintenant la pointe de l'arme loin de sa personne, mais l'As était bien plus fort que lui et ne tarda par à le projeter une nouvelle fois violemment contre le mur.
C'est à ce moment là que Jaemin et Jeno semblèrent reprendre leurs esprits et repartirent à l'assaut. Le chasseur se jetta sur Hendery afin de prendre le relais du combat. Il joua de son poignard vers son ennemi, parvenant simplement à érafler son visage tout en esquivant les tirs de celui-ci.
Le violoniste, lui, arriva près de Renjun et lui attrapa le visage afin d'ancrer son regard dans le sien. Le blond était légèrement sonné et ne parvenait pas bien à le regarder, si bien qu'il le secoua un peu pour l'empêcher de s'évanouir.

- Renjun ? Renjun tu restes avec moi OK ?

Le petit Alice hocha mollement la tête, essayant tant bien que mal de reprendre tout ses esprits.

- Ça va... Je vais bien, souffla-t-il en grimaçant face à la douleur qu'il ressentait dans tout l'arrière de son corps.

Jeno lui lança un regard un peu inquiet, mais se rassura petit à petit en captant les yeux de moins en moins sonné du blondinet.
Sans vraiment réfléchir, il se pencha et déposa un baiser sur son front avant de se redresser, brandissant son poignard avant de rejoindre Jaemin dans son combat.
Renjun se retrouva de nouveau à la place de spectateur, fixant ses deux camarades qui se battaient en duo contre Hendery. Son intervention avait été brève, très brève même, sûrement le temps de quelques minutes. Mais il n'en était pas déçu, car au fond il sentait que ces quelques minutes avaient été importante.

Il ne savait pas d'où lui venait cette impression, mais une chaleur rassurante se mêlait à sa poitrine pour calmer la peur et le stress.
C'est comme si sa foireuse intervention avait permis de gagner du temps, un temps qu'il espérait précieux et qui pourrait, peut-être, faire tourner la chance dans leur direction.

- Ce n'est pas toi que je veux tuer, lacha Hendery en frappant la crosse de son pistolet contre la poitrine de Jaemin.

Ce dernier, le souffle légèrement coupé, perdit l'équilibre et s'effondra lourdement sur Renjun. Dans la seconde, Jeno plongea sur l'As et parvient à le désarmer l'espace d'une seconde avant que Hendery ne rattrape son pistolet.

- Putain, gémi Jaemin en essayent de se redresser.

Il semblait épuisé, et empestait la sueur et le sang. Renjun s'enquit à lui venir en aide en le poussant pour qu'il se mette debout sur ses jambes. Mais, au même moment, il repera une blessure qui semblait plus grave que les autres sur l'épaule du garçon. Finalement un tir de Hendery l'avait atteint, perçant sa peau jusqu'au sang.

- Jaemin tu...

Le chasseur lui fit signe de se taire avec un regard sévère, et il ferma la bouche tout en posant des yeux inquiet sur lui. La blessure semblait douloureuse, et il ignorait comment Jaemin faisait pour se battre avec cette cascade de sang sur son épaule.
Mais il repartait déjà au combat, se mettant encore et toujours devant Jeno afin de l'éloigner un maximum des attaques d'Hendery.

Renjun se sentit attendri par cette vision, de même que peiné. En les voyant ainsi, il pouvait clairement voir tout l'amour que Jaemin portait envers Jeno. Le rosé était prêt à faire de son corps à barrage et à essuyer lui-même les coups pour protéger l'être aimé. Il le faisait sans hésitation, comme si cette pulsion provenait d'une nature profonde de son être et qu'il était incapable d'agir autrement. Pourtant il semblait épuisé, son visage ruisselait de sueur et il perdait encore pas mal de sang depuis sa blessure. Il semblait presque à deux doigts de l'evanouissement, mais il se battait encore avec férocité.

Il était réellement amoureux de Jeno.

Et Renjun commençait à se demander si ses sentiments à lui pouvaient vraiment être considéré comme légitime.
Certes, il était encore trop tôt pour affirmer qu'il était amoureux de l'un, l'autre ou des deux garçons. Mais il avait désormais pleinement conscience d'être attiré par eux.
Quel genre de monstre était-il pour se mettre au milieu d'une relation aussi forte que la leur ? Alors que, cette relation, il n'en connaissait même pas l'histoire ?

Jouait-il avait la facilité ? Se contentant des sentiments incontrôlés de Jeno pour sa personne ? Après tout, le noiraud était "programmé" à l'aimer, en jouer était cruel.
Ne devait-il pas faire ses preuves lui-aussi ? Se battre pour eux de la même manière que Jaemin le faisait ?

Ou était-ce encore pire d'agir ainsi ?

Il n'en savait rien, les réflexions se melangeaient en lui et embrouillaient sa tête.

La seule et unique chose dont il était sûr, c'est qu'il ne devait pas rester immobile à les observer ainsi.

De ce fait, alors qu'il tremblait toujours terriblement, il se redressa et arracha une branche du mur de bois. C'était une arme bien ridicule, et même inoffensive, mais il n'avait rien de mieux à se mettre sous la main. Puis, animé d'un courage qu'il ne se connaissait pas, il accouru vers le combat et s'empressa de frapper Hendery avec son arme de fortune.

L'As esquiva in-extrémiste, lui lâchant un regard blasé qui, pourtant, semblait brûlant de colère.

- Vous battre à trois contre un, ce n'est pas très loyal, lâcha-t-il sans exprimer la moindre émotion.

- On est pas là pour être loyal, juste pour sauver notre peau, lui répondit Jaemin.

Ce dernier joua de son couteau et parvient à blesser l'ennemie au torse. Il regarda Hendery reculer légèrement, avec une expression fatigué et victorieuse sur le visage.

- Moi il n'y a que l'un de vous trois que je dois tuer, les deux autres peuvent partir.

- C'est justement ça la question, pourquoi veux-tu t'en prendre à Jeno ? Demanda le rosé.

Un rire sans joie glissa sur les lèvres de l'As alors qu'il affichait un sourire vide d'émotion.

- Réfléchis un peu, Na Jaemin, et tu devrais rapidement comprendre pourquoi.

Jaemin ne répondit pas, déjà répartit dans sa prochaine attaque. Il ne voulait pas laisser le moindre répit à l'ennemi, car à tout moment celui-ci pouvait lever son arme et tirer un coup sec sur Jeno.
Ce dernier, d'ailleurs, rejoignit bientôt le rosé et Renjun l'imita rapidement. Ils s'attaquèrent à trois à Hendery qui, malgré qu'il soit seul, les repoussait un peu trop facilement.

Tout ça dura un petit moment, ou ils esquivèrent et attaquèrent dans une certaine harmonie.
Renjun se faisait sans arrêt repousser en arrière par ses deux camarades, et Jaemin se mettait également devant Jeno dès qu'il en avait l'occasion. Si bien que, au bout d'un moment, le blondinet et le noiraud se retrouvèrent tout deux projeté vers l'arrière et le chasseur fut seul face à l'ennemi.

Tout se passa en quelques secondes, de lente secondes où Renjun avait sentit son souffle se couper.

Après avoir pousser Jeno, Jaemin s'était retourné vers Hendery et celui-ci, dans un acte un peu déloyal, avait frappé son épaules blessé avec la crosse de son arme. Le rosé poussa un hurlement strident, évocateur de sa souffrance et de la gravité de sa blessure, et posa une main sur la plaie.
Mais, alors qu'il relevait la tête vers son ennemi, ce dernier, dans un geste vif, pointa le canon du pistolet juste sur son front.

La détente s'apprêtait à être pressé, et Jeno et Renjun poussèrent un cri commun en comprenant qu'ils n'avaient plus le temps d'intervenir et de venir en aide à Jaemin.

Puis tout se stoppa.

Un vent violent se leva et leur passa dessus, floutant les paysages sombre et verdoyant du labyrinthe.

Renjun ferma les yeux puis, quand il les reouvrit, il fut surpris de voir qu'il était de retour dans le petit jardin des jumeaux.

Jeno se tenait toujours à ses côtés, Jaemin toujours en face, et Hendery pointait toujours son arme sur son crâne.
Mais, alors qu'il tourna la tête vers la droite, il eut la surprise de constater les présence de Jisung, Chenle, Mark et Haechan.

Ce dernier brandissait une petite souris qu'il tenait par la queue, une expression fier et amusé sur le visage. La petite bête couinait sans s'arrêter, et un flot de larme se deversait sur le sol.

- Le jeu est fini, et j'ai gagné, affirma le chat alors que son sourire s'accentuait sans s'arrêter.

- Dommage, je reviendrais une prochaine fois, répondit Hendery en rangeant son arme et en faisait demi-tour, comme si tout était parfaitement normal.

Renjun cligna plusieurs fois des yeux, ne comprenant pas bien ce qu'il se passait. Il était totalement perdu, et resta un long moment à zieuter toutes les personnes autour de lui alors que son souffle, qu'il avait coupé jusqu'ici, se faisait un chemin dans sa gorge irrité.
La seule et unique chose qui le ramena à la réalité fut Jaemin qui, soudainement, pencha légèrement d'avant en arrière comme s'il était en train de perdre connaissance. Renjun fronça un peu les sourcils, avant de se faire la réflexion que le rosé avait sûrement épuisé toute les forces qu'il avait en lui.

Jeno aussi sembla l'avoir remarqué, puisque tout deux se jetèrent subitement en avant pour rattraper Jaemin qui chuta dans une inconscience totale.