Chapitre 14

- J'y crois pas... J'espérais que tout ça soit faux... Jae tu... Comment peux-tu...

- Pousse-toi Jeno.

Yerim déposa une main tremblante sur le bras de l'homme qui marchait devant elle, les paroles qu'elle percevait l'ayant fait stopper tout mouvement.

- Dis-moi que ce n'est pas ça, dis moi que je me trompe ... Que tu ne comptes pas faire ce que je crois... Je t'en pris, dis-le moi...

Elle entendit la voix brisé de Jeno et ravala un sanglot, consciente qu'elle ne devait pas faire le moindre bruit.

Son ami se trouvait dans la pièce d'à côté, en pleine confrontation avec le chasseur. Elle était collé au mur, épiant cette conversation qui devrait sûrement rester intime.
Mais elle semblait être le sujet principal du conflit, alors elle ne pouvait pas partir sans savoir ce qu'il advenait des deux jeunes hommes.

Deux jeunes hommes qu'elle aimait plus que tout, et qui se déchiraient par sa faute.

- Yerim, on doit partir, lui chuchota Doyoung en lui tirant légèrement le bras.

- Attend je...

- DIS QUELQUE-CHOSE JAEMIN ! N'IMPORTE QUOI, S'IL TE PLAÎT, hurla Jeno.

Sa voix n'était plus seulement brisé, mais désormais résonnante de sanglots puissants et dévastateurs.
Yerim déposa une main sur sa bouche, étouffant ses propres larmes sous le regard inquiet de Doyoung.

- Pousse-toi, répondit simplement Jaemin.

- Non ! Pas avant que tu ne m'ais fourni une explication... Dis-moi la vérité Jae... Je veux la vérité...

- Arrête, ça ne te regarde pas Jeno.

- Ça ne me regarde pas ? Comment est-ce que tu peux dire une chose pareille alors que... Putain Jaemin, je suis si peu important à tes yeux ?

Un lourd bruit de coup résonna, comme si une violente gifle venir d'être offerte.
Cette idée horrifia Yerim qui voulut pénétrer la pièce, désireuse d'empêcher la moindre bagarre entre les deux garçons. Mais Doyoung la retient de force et les éloigna lentement malgré les débattements de la jeune fille.

- Comment peux-tu... Comment peux-tu dire une chose pareil ?!

La voix de Jaemin, jusqu'alors vide de toute émotion, se trouvait désormais aussi brisé que celle de Jeno.

- Est-ce que tu m'aimes au moins ? Putain Jaemin est-ce que tu as la moindre considération pour mes sentiments ?!

- Arrête tes conneries Jeno ! Tu ne sais même pas à quel point je suis fou de toi.... Tu ne peux même pas l'imaginer...

- Alors pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi... Pourquoi tu me fais ça ?

Un silence répondit au noiraud, un long silence qui sembla durer une éternité au yeux de Yerim.
Doyoung la tenait toujours contre lui, lui intimant qu'ils devaient rapidement partir.

Ils avaient déjà perdu trop de temps.

S'il ne partait pas maintenant, alors ça en serait fini d'eux.

Ils devaient partir, où on les tuerait.

La reine les tuerait.

Les soldats de cœurs les tueraient.

Jaemin les tuerait...

Et cette dernière option était bien la plus affreuse aux yeux de la jeune femme.

- REPOND-MOI !

Un choc sourd retentit suite à cet hurlement que poussa Jeno, le bruit d'un corps qu'on plaquait violemment à un mur.

Yerim et Doyoung ne voyaient pas la scène, ils l'entendaient seulement, mais cela était amplement suffisant pour qu'ils l'imaginent.
Jaemin venait sûrement d'être projeté sur le mur, la colère de son petit-ami étant trop puissante pour qu'il ne reste immobile.

- RÉPOND-MOI PUTAIN !! RÉPOND-MOI... REPOND... Jaemin putain...

Le déchirement perceptible dans la voix de Jeno n'était que trop flagrant. Il était facile de deviner son visage ravagé par les larmes, la tristesse et le sentiment de trahison trop intense.

Yerim sentait ses joues désormais complètement trempé alors que Doyoung la traînait doucement dans le couloir.
Bientôt les pleurs de son ami se firent de plus en plus lointain, bien trop effacé à son goût.

Elle avait l'impression de l'abandonner, de le laisser seul face à ses tourments et d'être la cause principale de ces derniers.

- On doit partir, lui répéta son camarade alors qu'ils avançaient lentement.

Elle hocha la tête, n'étant même plus capable de prononcer le moindre mot.

Elle fuyait, ne laissant que des morceaux brisés derrière elle.

Jouant les aveugles, se plongeant dans une fausse ignorance tout en faisant le vide dans sa tête.
Elle en oublia même ses deux amis, actuellement en train de détruire leur si belle relation.

Elle fuyait, elle brisait et laissait les morceaux au sol.

Elle avait brisé tant de monde, et même si tous ne cessait de lui répéter qu'elle n'y était pour rien, elle se savait l'unique fautive.

Elle brisait Jeno, elle brisait Jaemin.

Elle brisait leur couple, elle les avait brisé au moment même de leur première rencontre.

Yerim se sentait désolé.

Mais, désolé, elle ne le serait jamais suffisement...

Pas après avoir touché à la chose la plus précieuse et inestimable qu'on pouvait trouver au pays des merveilles, puis l'avoir brisé et effacé sans la moindre hésitation...








































Renjun ouvrit les yeux, les joues trempées et la respiration erratique .

Encore un rêve, un rêve similaire à une réalité, à un souvenir.

Encore cette même personne, cette Yerim dont il avait si souvent entendu le nom.

Était-ce un simple rêve ? Ou alors un souvenir ?
Cela ne ressemblait pas à un songe, les larmes qui avaient perlé sur ses joues étaient bien trop réelle.

Un nouveau sanglot barra sa respiration alors qu'il se redressait lentement, sa main passant tremblente au travers de ses mèches emmêlés.

Cette fois le rêve avait été différent du dernier. Il n'avait pas simplement été spectateur de la scène, mais bien l'un des protagonistes.
Il l'avait vécu comme s'il était Yerim, ressentant toute les émotions et les peines de la jeune femme.

Il avait ressentit sa peur, sa culpabilité et sa tristesse quand elle avait entendu les deux garçons se hurler dessus. Il avait senti les larmes quoi coulaient sur ses joues, ainsi que la poigne de ce Doyoung sur son bras.

Doyoung.

Ce type qu'il avait vu sur les photos, cet homme qui était comme un frère pour Jeno.

Ce Doyoung qui était mort, c'était lui, aucun doute là-dessus.

Mais que faisait-il dans son rêve ? Pourquoi avait-il rêvé d'une telle chose d'ailleurs ?

Ça ressemblait à un souvenir, l'affreux souvenir d'une personne qu'il n'était pas.

C'était un souvenir de cette fille, de cette Yerim.

Le souvenir de la dernière Alice.

Toutes ces pensées se mélangeaient en lui, des impressions et des évidences dont il ne connaissait pas la signification.
Il était persuadé que cette scène était une relique du passé, qu'elle c'était réellement produit il y a 10 ans

Commet le savait-il ? Ça il ne pourrait pas l'expliquer.

De toute façon, cela se trouvait étrangement le cadet de ses soucies.
Malgré toutes ses pensées virevoltantes de toute part, une seule restait réellement claire dans sa tête.

Jaemin et Jeno avaient été un couple, ils s'étaient aimé.

Et, si on prenait compte de leurs paroles, cet amour avait été incroyablement fort.

Mais tout avait été brisé, Yerim les avait brisé.

Et puis... Jaemin...

Jaemin avait...

Une nouvelle bouffé de panique le prit à la gorge, alors qu'il sentait que les sanglots remontaient. Rapidement, il les étouffa avec sa main et se leva lentement, voulant à tout prix éviter de réveiller Mark profondément endormi à ses côtés.

En tanguant un peu, il avança vers la porte et quitta rapidement la pièce avant de dévaler l'escalier avec la discrétion la plus poussé dont il était capable.
Son regard se brouillait de larme, les images de son rêves se répétaient en boucle dans sa tête. Les paroles que Jaemin et Jeno s'étaient hurlé ne cessaient de lui percer les tympans et il se sentait devenir presque nauséeux.

C'était un rêve, un rêve sans importance.

Il fallait que ça en soit un, il le fallait.

Car sinon... Jaemin... Il était...

Non, Jaemin ne pouvait pas être réellement un tueur...

Il ne pouvait pas avoir tuer ce Doyoung, ni Yerim.

Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ?

- Bébé-Junie ?

Renjun cessa sa course, la main toujours pressé sur sa bouche et la respiration erratique. Il ne tourna pas la tête vers la personne qui l'avait interpellé, n'ayant pas besoin de le voir pour deviner son identité.

Il n'y avait qu'une seule personne qui le surnommait ainsi.

- Tu pleures ? Pourquoi pleures-tu mon mignon bébé-Junie ?

Une main se posa sur sa joue, l'essuyant tendrement, alors que le visage de Haechan apparaissait face au sien.

- Je n'aime pas voir les Alice pleurer, vous semblez toujours si pitoyable. Et moi ça me rend faible, je suis faible face au gens qui pleurent.

Renjun hocqueta légèrement, sa main retombant lentement pour venir serrer les extrémités de son pull.
Ainsi il avait l'air d'un enfant tout droit sorti d'un mauvais rêve, ce qui était plutôt conforme à la réalité.

- Ça... Je... Ça ne sont pas... Juste mes... larmes...

- Oh, et à qui appartiennent donc ces larmes qui coulent depuis tes yeux ?

Haechan le fixait avec une telle tendresse qu'il dégageait un intense sentiment de sécurité. Renjun se sentait soudainement apaisé en compagnie du chat, et les caresses que ce dernier exerçaient dans ses cheveux y jouait pour beaucoup.

- C'est... Elle pleurait... Dans mon rêve... elle pleurait.

- Yerim ?

Renjun hocha doucement la tête, étrangement peu étonné que son camarade ait trouvé la réponse si vite.

- Je vois, je ne sais pas quelle scène tu as vu mais ça ne devait pas être plaisant. Peut-être es-tu tombé sur la pire de toute ? Dis-moi, que se passait-il dans ce rêve.

- Ils... Jeno... Et Jaemin... Ils se disputaient...

- Mais encore ?

- Yerim pensait... Elle pensait que Jaemin était là pour la tuer.

Haechan hocha doucement la tête. Un faible sourire éclairait son visage, simplement étiré de manière à paraître le plus doux possible.
Doucement, il retira ses mains des cheveux d'Alice et vient le tirer à lui afin d'offrir une tendre étreinte accentué de petits "chut" constant.

Renjun renifla un peu, se calmant petit à petit alors que son camarade le berçait silencieusement de droite à gauche.
Le corps d'Haechan était chaud, une chaleur réconfortante qui eût bien vite fait de stopper le flot de larme. Jamais le brun n'avait ressentit une chose comme cela, jamais il n'avait été câliné come cela.
Et ça lui faisait du bien, malgré que ce soit un personnage insupportable qui le cajolait, il ressentait presque l'envie de se fondre à jamais dans une étreinte de la sorte.

Il aurait bien aimer rester là le plus longtemps possible, dans le silence de la nuit.
Mais c'était sans compter sur la facheuse manie qu'avait Haechan à parler sans cesse.

- Et donc, tu as pleuré parce que Jaemin te fait peur ? Tu penses qu'il voudra te tuer toi aussi ?

Il secoua la tête de droite a gauche, son nez frottant légèrement contre le pull du chat.

- Tu penses que Yerim se trompait alors ? Qu'il n'était pas là pour la tuer ?

- Non... Elle était persuadé qu'il le ferait... Je ne sais pas comment... Et pourquoi... Mais elle savait que Jaemin la tuerait s'il l'attrapait.... Pourtant...

- Pourtant ?

Renjun souffla doucement, étouffant les émotions qui demandaient à refaire surface.
Elles n'étaient pas les siennes, ces émotions, mais celles de Yerim. Lui il les ressentait simplement et elles dechiraient son cœur, comme elles avaient déchiré le cœur de la jeune fille dans son rêve.

- Elle n'avait... Elle n'avait pas peur de lui...

- Ah oui ?

- Elle avait peur pour lui... Pour eux... Pour leur couple...

- Jaemin et Jeno ?

- Oui... Elles ne voulaient pas qu'ils se haïssent par sa faute et... Elle ne voulait pas se faire tuer par Jaemin parce que.... Elle ne voulait pas que Jeno le haisse...
Elle les aimait... Elle les aimait tellement...

- Renjun ?

Il releva doucement la tête, un petit reniflement accompagnant cette action. Son visage se trouvait à quelques millimètres des traits toujours si apaisant de Haechan.
Mais ça ne le perturba pas plus que ça, il fut bien plus surpris par le fait qu'il se trouvait désormais assit sur le canapé du salon. À aucun moment il n'avait senti l'autre le tirer vers le centre de la pièce pour venir s'y installer.

- Ce que tu as vu ce sont les souvenirs de la dernière Alice. C'est un phénomène normal, toute les Alice voient les souvenirs de celle d'avant, expliqua Haechan.

Il hocha la tête, déjà bien conscient que tout cela était loin d'être un simple rêve. Cela confirmait simplement sa pensée, alors que pourtant il aurait préféré s'être trompé.

Si tout cela s'était réellement passé, alors les conflits incessant entre Jaemin et Jeno étaient bien plus complexe qu'il ne le pensait.
De plus, le rosé était...

Il avait peut-être...

Non, pour le moment il ne voulait pas y croire, il devait y avoir une autre explication.

- Qu'est-ce-que tu comptes faire maintenant que tu as vu ça ? Prendre tes distances avec Jaemin ? Jeno ? Les deux ?

- Non.

Un nouveau hoquet perça sa voix, signe que les sanglots n'avaient pas encore dit leur denier mot.
Ses propres émotions et celles de Yerim se mélangeaient en lui sans qu'il ne sache comme les contrôler, créant une tempête trop intense pour être retenu ou appréhendé.

- Ah oui ?

- Yerim elle... Elle ne haïssait pas Jaemin... Elle n'avait pas peur de lui non plus... Non elle... Elle l'aimait comme... Tout les deux...

Haechan vient intercepter une larme qui glissait sur sa joue alors qu'il tentait de parler entre les sanglots qui lui brûlaient la gorge.

- Jaemin et Jeno... Elle les aimait comme s'ils...comme s'ils étaient ses petits frères et... Elle se sentait si désolé... Et... Oh!

Il tourna soudainement la tête, se rappelant d'un détail qui était passé outre à cause de son état second.
Son regard survola l'ensemble de la pièce, du canapé aux instruments de musique pour finir vers la cuisine.
Il retraça ce cheminement deux ou trois fois, fronçant les sourcil en constatant qu'il ne voyait pas la moindre trace d'un quelconque garçon aux cheveux roses.

- Ou il est ? Demanda-t-il avec une voix poisseuse d'essouflement.

- Qui ?

- Jaemin.

- Oh, il est sorti dans la nuit parce qu'il n'arrivait pas à dormir. Je lui ai bien proposé d'être son doudou mais ce crétin a refusé net.

- Ah.

Renjun vient doucement déposer sa tête sur l'épaule de son vis à vis, le souffle un peu calmé malgré les larmes qui coulaient toujours librement sur ses joues.

Il ferma les yeux, profitant de la chaleur apaisante que dégageait Haechan. Son cerveau tournait toujours à des millier de Kilometre/Heure, mais la présence de ce chat semblait légèrement calmer le feu grandissant dans sa tête.
C'était étrange, mais pas désagréable, si bien qu'il vient doucement se lover contre lui.

- Renjun ?

- Hum ?

- Qu'est ce que tu vas faire, maintenant que tu as vu tout ça ?

Il ne répondit pas, enroulant simplement ses bras autour du torse de son camarade en reniflant.

Aucune idée ne lui venait, il n'était pas encore en état de réfléchir.
Les émotions se calmaient petit à petit, son corps s'affairant à trier celles de Yerim de celles qui lui étaient propre.
Pour le moment il voulait simplement pleurer un peu, puis dormir, et profiter du réconfort sur lui procurait Haechan.

Juste ça, tant que tout était à peu près calme.

Haechan sembla le comprendre, puisqu'il revient doucement lui offrir quelques caresses dans les cheveux.
Cette fois il resta silencieux, et ça Renjun lui en fut plus que reconnaissant.
























































- Qu'est-ce-qu'il fait là ? Demanda Jaemin en refermant la porte derrière lui.

Haechan tourna la tête vers le chasseur, un grand sourire sur le visage alors qu'il s'affairait toujours dans de tendres caresses sur les cheveux de Renjun.
Ce dernier s'était endormi quelques temps plus tôt, le visage ayant glissé sur son torse et les bras toujours autour de son ventre. Haechan avait tenté de ne pas le réveiller alors qu'il le déplaçait de manière à ce qu'il se retrouve allongé sur le canapé, la tête reposé sur ses genoux.

- Bébé-Junie a fait un cauchemar, alors il est venu trouver réconfort auprès de moi.

- Auprès de toi ? C'est pas plutôt moi qu'il venait voir à la base ? Demanda Jaemin sur un ton moqueur.

Il approcha doucement, venant s'installer sur le fauteuil solitaire dans lequel Jeno avait prit place à la veille.
Le soleil se levait lentement dehors, éclairant les meubles de la maison d'une fine lumière orangé. Cette dernière s'associait parfaitement au visage du petit endormie, colorant sa peau laiteuse et la faisant briller à souhait.
Jaemin resta un instant à fixer les traits de Renjun, jusqu'à constater que l'étincelle qu'il avait décelé relevait d'une humidité contenu sur ses joues.

- Il a pleuré ? Demanda-t-il en déviant son regard vers Haechan.

- Oui, beaucoup même. Ce petit est sensible.

- Hum.

- Tout sensible, innocent et naïf. Paisiblement endormi au milieu de ceux qu'on nomme les plus grandes crapules de ce pays, n'est-ce-pas une scène des plus amusantes ?

- Je ne vois pas ce qu'il y a d'amusant là-dedans.

Le sourire de Haechan s'accentua, s'étirant à l'extrémité inhumaine que personne ne souhaitait voir face à soit.
Mais Jaemin ne s'en dérangea pas, se contentant de fixer son vis à vis avec toute la neutralité dont il était capable.

- Renjun, n'est-il pas adorable ? Demanda le chat en déposant un doigt sur la joue trempé du garçon.

- Toute les Alice sont adorables.

- C'est vrai, mais je sens que celui-ci va devenir mon préféré. Et toi ? Il va être ton préféré aussi ?

- Tu sais très bien que je ne serais jamais vraiment ami avec lui.

- C'est vrai, Taeyong m'a dit ce qu'il t'avait demandé de faire. Un plan bien cruel d'ailleurs, mais que tu ne sembles pas avoir vraiment envie d'appliquer.

- Comment ça ?

Haechan avança légèrement sa tête vers le visage de Renjun, ces doigts carréssant lentement les traits fin du jeune endormi.

- Vas-tu te contenter de gagner sa confiance pour simplement le livrer ? Pour laisser à quelqu'un d'autre le plaisir de lui trancher la gorge ?
Moi je te connais assez pour savoir que l'idée de le tuer toi-même t'es bien plus attirante. Est-ce que tu l'imagine ? Son corps baigné de sang avec une affreuse douleur qui crispe son adorable petite bouille ? Ça te rend fou n'est-ce-pas ? Cette image te rendrait fou de joie ?

La chasseur ne répondit pas, son regard restant fixé sur un Renjun toujours plongé dans de paisibles songes.
Il essaya de l'imaginer comme Haechan venait de le décrire, une scène qu'il avait d'ailleurs produite et reproduite sans cesse pendant 10 ans dans sa tête. Lui, en train de tuer sauvagement la prochaine Alice, qu'importe son visage, son sexe ou même son vrai prénom.

Mais, étrangement, il ne parvenait pas à imaginer le corps de Renjun soumit à son couteau. Comme si cette idée ne souhaitait pas s'implanter dans son crâne.

- Ou alors, peut-être que tu l'apprécie déjà ? Notre petit Junie. Peut-être que tu n'as plus envie de le livrer, ou même de le tuer ? continua Haechan.

- Je n'aime pas les Alice.

- Mais Yerim tu l'aimais.

Jaemin se rembruma, son regard passant de neutre à incroyablement sombre en l'espace d'une seule seconde.

- Je n'ai jamais ne serais-ce qu'apprécié cette fille.

- Ne te mens pas à toi-même Jaemin, elle était votre amie à toi et Jeno.

- Ne parle plus d'elle.

- Jeno pense que tu l'as tué.

- Arrête j'ai dit !

- Tout le monde pense que tu l'as tué.

- Haechan !

- L'as-tu vraiment tué ?

- FERME-LÀ !

Le cri que Jaemin poussa fut si puissant que Haechan eu un léger mouvement de recul, tandis que Renjun sursautait vivement et tomba violemment sur le sol. Il resta un instant contre le carrelage, comme sonné, alors que des bruits précipités se faisaient entendre à l'étage.
Leurs camarades venaient sûrement d'être coupé de leur sommeil, alerté par le hurlement dont ils ne connaissaient pas encore la provenance.

Jeno fut le premier à devaler les escaliers, le souffle court et les cheveux en bataille. Il était suivit de près par Sehun, qui baillait à s'en décrocher la mâchoire, et par un Mark à la mine paniqué.
Les trois s'arrêtèrent en bas des marches, survolant la scène de leurs yeux fatigués et emplies d'appréhension.

- Vous... On a entendu crier, souffla Jeno en s'accrochant au mur, comme si son corps n'était pas encore suffisamment éveillé pour le maintenir debout.

Haechan leva les yeux au ciel, une expression amusé sur le visage, alors que Jaemin le fixait toujours avec une colère palpable.
Au pied du canapé, Renjun se redressait lentement en massant sa tête, cette dernière ayant percuté le sol plus durement que prévu.

- Ce n'est rien, Jaemin et moi on discutait simplement, affirma Haechan en glissant du canapé pour offrir son aide à Alice.

Mark bouscula légèrement Sehun et Jeno afin d'approcher, sa mine inquiète laissant place à un regard un peu plus soulagé. Il se posta à côté de son fiancé, le regard sur Renjun qui frottait lentement ses yeux.

- Il a fait un cauchemar et est descendu il y a quelques heures, ne t'inquiète pas pour lui il va bien, affirma Haechan en offrant un bref baiser sur la tempe de Mark, ayant déjà deviné l'état de panique dans lequel son fiancé avait dû être plongé en se réveillant seul dans son lit.

- Non ça va pas... J'ai mal à la tête, gémit Renjun.

- Oh et il s'est cogné en tombant du canapé, peut-être qu'une petite poche de glace serait appréciable ?

En prononçant ces mots, Haechan avait doucement relevé la tête pour fixer Jeno et Sehun, les deux toujours posté en bas des escaliers.
Le plus vieux poussa un soupir agacé en prenant la direction de la cuisine, tandis que le second approchait à son tour, mais pour venir se poster face à Jaemin.

- Pourquoi tu as crié ? Demanda-t-il en croisant ses bras sur son torse.

Jaemin devia le regard, son visage reprenant une expression fermé dans une tentative, légèrement inutile, de ne pas laisser paraître la moindre émotion sur ses traits.

- Jaemin ? Pourquoi tu as crié ? Répèta le violoniste, visiblement irrité du manque de réaction de son camarade.

- J'ai pas crié.

- Si, on t'a tous parfaitement entendu.

- Ouais, on t'a tous parfaitement entendu, j'étais même aux premières loges, renchérit Haechan avec un petit rire.

Jaemin renvoya un regard noir au chat, ce dernier y répondant pas un petit cœur formé avec son pouce et son index.
À ces côtés, Mark levait les yeux au ciel tout en aidant Renjun à s'assoir sur le canapé. Le brun gardait une main posé sur le haut de son front, à l'endroit même qui avait percuté le sol un peu plus tôt. Il accepta volontier la poche de glace que Sehun lui tendit et grimaça en la déposant sur la zone douloureuse.

Son cerveau se trouvait un peu embrumé par le réveil trop brutal dont il avait bénéficié, si bien qu'il peinait un peu à totalement émerger dans le réalité. Une veine battait dans son front alors qu'il tentait de reprendre conscience, sentant qu'un vertige passagé rendait sa tête lourde et ses doigts tremblant.

- Ça ne v-va pa-pas ? Lui demanda Mark, visiblement inquiet de son état.

- Si si... Je crois.

Il battit une ou deux fois des paupières, chassant les points noirs pour une vision plus claire de la réalité.
Son oreille droite bourdonnait depuis son réveil, mais cela semblait doucement se calmer pour laisser place aux bruits du salon.

Et plus particulièrement aux voix de Jaemin et Jeno.

- Répond à la question, insistait le violoniste.

- Il ne s'est rien passé, arrête un peu ton cirque.

- Tu n'as pas pu crier sans raison, maintenant dis-moi.

- Oh et puis de quoi tu te mêles ?

Jaemin se leva lentement, ses yeux s'ancrant enfin dans ceux de Jeno. Cette fois il n'aborda pas de mine narquoise, saoulé ou même énervé. Il semblait juste fatigué, incroyablement fatigué.

Et triste aussi, du moins c'est ce que Renjun lisait sur son visage.

- Jae...

- Je vais vous attendre dehors, faite moi signe quand on reprendra la route.

Sur ces mots, Jaemin contourna doucement Jeno pour avancer vers la sortie.
Le violoniste leva un peu le bras, comme s'il voulait le rattraper. Sa main resta un instant en suspend, avant de finalement retomber le long de son corps alors qu'il détournait le regard. Sûrement se rappelait-il soudainement qu'il était censé détester le rosé, et que ces agissements n'étaient pas approprié à sa haine.

Jaemin traversa le salon sans un mot, ses yeux fuyant ceux de tout les autres, en particulier le regard satisfait que lui jetait Haechan. Il arriva bien vite dehors et referma derrière lui en soupirant, la tête penché en arrière comme s'il tentait de contenir une larme traîtresse.

Il ne pouvait tout de même pas pleurer pour une chose si stupide, ça serait serait le comble du ridicule.

Lui qui était si fort, il ne pouvait pas se montrer aussi vulnérable.

- Jaemin ?

Renjun apparut à ses côtés, la poche de glace toujours pressé contre son front et le visage barré d'inquiétude. Jaemin avait avancé jusqu'à l'arrière de la maisonné, et le plus petit l'y avait suivit sans qu'il ne s'en rende compte.

- Qu'est ce que tu fais là ? Jeno et Mark ne vont pas être content si tu restes seul avec moi...

- Je voulais voir si... Si tu allais bien.

Jaemin s'enquit à enfouir toute tristesse au plus profond de lui-même, se forçant à afficher cette expression mesquine qui ne le quittait jamais habituellement.

- Oh chaton, tu étais inquiet pour moi ?

Il avança sa main et vient ébouriffer les cheveux de son vis à vis, et lâcha un rire moqueur par la même occasion.

- Oui, j'étais inquiet.

Sa main se stoppa entre les mèches brunes tandis que son sourire dégringolait contre sa volonté. Renjun le fixait toujours aussi sérieusement, ses pupilles affichant une détermination sans faille qui formait une imagine plus mature que les traits de son visage ne le laissaient paraître.

Jaemin laissa ses doigts glisser sur les cheveux du garçon, jusqu'à atteindre la poche de glace qu'il délogea doucement du front.
Il admira un instant la trace rougeâtre qui tachait la peau d'Alice, toute dose d'amusement ayant désormais quitté son propre visage.

- Ça fait mal ? Demanda-t-il, en déposant un doigt sur la petite blessure.

- Un peu.

- Tu vas avoir une bosse.

- Sûrement oui.

- Tu seras moche, avec une bosse.

- Tant pis.

- Dis, est-ce que la douleur rend moche ?

Renjun pencha doucement la tête sur la gauche, ses traits désormais crispé sous l'incompréhension. Jaemin lâcha un petit rire face à cela, un nouveau sourire prenant place sur ses lèvres alors qu'il portait la poche de glace à sa poitrine.
Il la déposa à l'emplacement de son cœur, ses yeux prenant une teinte rougeâtre sans qu'il n'ai plus le moindre contrôle sur les foutus larmes qui lui piquaient la rétine.

- Moi aussi j'ai mal tu sais, il y a même des jours où la douleur devient insupportable. C'est comme si mon cœur était constamment broyé, comme s'il était constamment frappé ou déchiqueté avec tellement de violence que... Bon sang, je sais même pas pourquoi je parle de ça avec toi.

- Parce que je m'inquiète pour toi, et que ça te fais plaisir de savoir que quelqu'un s'inquiète pour toi.

- Qu'est ce que tu en sais ?

- Pas grand chose, sans doute.

- Alors pourquoi tu...

Jaemin n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit de plus, ni même de faire le moindre geste.
En réalité il n'eut même pas le temps de comprendre ce qu'il se passait que sa tête reposait déjà sur l'épaule de Renjun. La main de ce dernier s'affairait à masser ses mèches roses, tandis que le second de ses bras glissait derrière son dos afin de lui offrir une étreinte.

Le chasseur resta un instant immobile, n'osant pas bouger, ni même respirer. Il écouta simplement Renjun, qui se remit à parler:

- Ne demande pas pourquoi je fais ça, moi même je ne sais pas trop quoi penser... Il y a encore trop d'émotion dans ma tête.

Le vent vient doucement les effleurer, comme désireux d'entrer dans cette douce étreinte infligé par Alice.
Mais Jaemin ne laissa pas la moindre brise s'inviter, il laissa tomber la poche de glace et vient entourer l'autre de ses bras, le serrant désormais si fort qu'il pourrait presque lui briser un ou deux os.

Ainsi Renjun était si vulnérable, seul et sans défense. S'il le voulait, Jaemin aurait vite fait de sortir son poignard pour le planter dans la peau laiteuse d'Alice.
Ça serait si facile, il ne faudrait que quelques secondes pour qu'une marre de sang ne vienne recouvrir l'herbe verte.

Si facile, ça devrait l'être.

Mais ça ne l'était pas.

Une occasion comme celle-ci ne se reproduirait peut-être pas, ça Jaemin en avait conscience.

Il redressa légèrement la tête, sans pour autant quitter l'étreinte, et ses yeux embrumés tombèrent sur le visage de Jeno.
Ce dernier se tenait un peu en retrait, ayant sûrement suivit le plus petit lorsque celui-ci avait quitté la maison.
Une expression indéchiffrable barrait visage. Il ne semblait pas vraiment énervé, ni même surpris ou inquiet.

Peut-être triste ? Ou autre-chose ?

Jaemin s'osa un sourire, un faible sourire que le noiraud ne pouvait même pas voir à cause de l'épaule qui le masquait.

Oui, il pourrait tuer Alice.

Ce moment y était propice, tout était propice.

Excepté un détail, un minuscule détail.

Renjun était vulnérable, certes.

Mais cette fois, juste cette fois.

Jaemin se trouvait encore plus vulnérable que lui.

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