Prologue
C'est les gens qui m'ont bousillé.
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Mon cœur faiblit sous la pression de l'accélération. J'ai chaud, beaucoup trop chaud pour comprendre le problème tout de suite, mais le véritable chaos se révèle être à tout juste deux kilomètres sur une petite route extirpé de la civilisation. Je suis épuisé, j'ai besoin d'un bon shoot de cognac et d'une femme prête à tout pour me faire vivre une bonne expérience, bien évidemment rien de tout ça n'est prévu dans le programme.
— Il y a quelqu'un au bord de la route, c'est peut-être un flic.
Il n'y a personne aux alentours, le silence est lourd, le paysage derrière la fenêtre révèle des grands arbres verdoyants et les collines vertigineuses où les lumières des habitations se déploient dans une image de carte postale.
Je suis en deuxième position et je me demande simplement en quoi cette fois sera différente des autres. Il ne me reste plus que deux points sur mon permis de conduire, alors dans tous les cas, qu'est-ce qui pourrait bien m'attendre de plus dramatique qu'un retrait imminent pour une simple course sans importance ?
— Stop, on arrête tout, maintenant !
Je me penche pour foutre mon téléphone en mode sourdine. En relevant le visage, des grands yeux brillent dans la pénombre et à la manière dont cette silhouette me regarde, je me dis que je suis en train de commettre la plus grosse connerie de ma vie. Mes sens sont en alerte, j'appuie sur le frein et pourtant la vitesse ne diminue pas plus qu'elle ne le devrait.
Mon cœur cogne à grands coups sourds dans ma poitrine en entrechoquant un obstacle. Même si ça n'a duré qu'une fraction, j'ai la cervelle en mille morceaux et du sang un peu partout qui coule dans mes cheveux. J'ouvre les paupières et me concentre sur le pare-brise recouvert d'impacts et à l'évidence sur la silhouette de cette jeune femme inconsciente.
— On rentre, ramène la bouteille c'est moi le grand gagnant.
Je secoue la tête pour me remettre les idées en place et compose immédiatement le numéro des urgences.
— Bonsoir, le service des urgences. Quel est le motif de votre appel ?
Mon interlocutrice semble être tellement calme a l'autre bout de la ligne alors que je suis à deux doigts de lui foutre une bonne injure à la gueule. Je l'imagine derrière son petit bureau en ronchonnant de ne pas avoir le temps de prendre sa pause café.
— Il y a un eut un accident sur la route..
Je cherche un indice sur notre localisation, mais putain j'ai les yeux qui me font un mal de chien et ma tête est prête à exploser.
— Je vous écoute ? Me dit-elle une nouvelle fois en laissant échapper un petit soupir.
— Sur la route 88 Highway a Manhattan, entre l'école primaire et le pont. Il y a une femme sur mon pare-brise, je crois qu'elle a perdu connaissance.
— J'appelle une équipe immédiatement.
Je descend du véhicule en grognant et raccroche automatiquement la conversation sans un remerciement pour cette mégère qui n'est pas vraiment vive d'esprit. Je m'avance lentement jusqu'à cette femme, recroquevillée sur elle-même, les yeux fermés. Elle est pâle et le sang ruisselle abondamment du haut de son crâne jusqu'à sa nuque. Bordel, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?
Je me concentre et cherche désespérément la veine jugulaire qui palpite généralement quand je suis vraiment en rogne. Il n'y a rien, pas le moindre pouls, pas le moindre signe de vie a l'horizon.
— Putain, respire..
Mon cœur s'est arrêté de battre en prenant conscience des dégâts. Je m'assois à côté d'elle sur le capot de ma bagnole et dépose délicatement l'arrière de sa tête sur ma cuisse. Son visage est tuméfié de blessures plus ou moins imposante et je constate même qu'un hématome violet se forme doucement sous son œil. Qu'est-ce que vont dire ses parents en apprenant qu'un putain de connard à clairement réduit en miette sa vie et la sienne pour une course stupide à plus de deux heures du matin ?
Les minutes s'égrènent lentement quand tout à coup, une pluie de gyrophares virevoltent dans la nuit étoilée. J'ai froid, je suis clairement en train de faire de l'hypothermie, mais je pense que cette petite brune a bien plus besoin de mon sweat-shirt que moi.
— Masque à oxygène et perfusion ! En place docteur Malek, dépêchez-vous.
Ma vison est trouble alors qu'une petite main s'agite sous mon nez.
— Monsieur ? Avez-vous mal quelque part ?
Je rassemble le peu de lucidité qu'il me reste et descend du capot en vacillant légèrement de gauche à droite.
— Non, occupez-vous plutôt d'elle.
Ma voix est sèche, pleine d'amertume. J'ai besoin de savoir qu'elle va bien et que sa vie n'est pas en danger.
— Nous la prenons en charge, mais j'ai besoin d'être certaine que vous ne faite pas une commotion cérébrale, ou une hémorragie interne. Me dit-elle en pointant du doigt un camion un peu plus loin.
J'ai envie de lui foutre mon poing dans la gueule, mais je me ravise en la suivant jusqu'à l'arrière du camion. L'ambulancière procède à une batterie complète d'examens tous les uns plus exaspérant que les autres et ma patience commence clairement à se réduire en miettes.
— Pouvez-vous me dire la date d'aujourd'hui, s'il vous plaît ?
Je fronce les sourcils en cherchant une putain de date sans aucune importance. Il fait vraiment froid, je considère donc que nous sommes plus proche de l'hiver que d'une éventuelle saison printanière.
— Deux novembre 2018.
Elle écrit sur un petit carnet toutes mes réponses en hochant machinalement de la tête.
— Votre prénom et votre âge ?
— Vous m'emmerdez avec vos questions, ça vous convient cette réponse ?
Elle me fusille du regard.
— Jared Lewis-Moore, 21 ans.
L'agitation devient de plus en plus palpable à l'extérieur de l'habitacle et j'ai vraiment besoin de connaître tout les détails. Est-ce qu'elle va bien ? Est-ce que d'autres personne sont au courant ?
— J'aimerais que vous me disiez exactement tout ce qui vous revient en mémoire sur le déroulement de cette collision.
Merde, merde, merde.
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