5

Depuis que Remus avait fondu en larmes en plein cours, Sirius n'avait pas pu se défaire de l'inquiétude qui l'envahissait. Toute la journée, il avait ressenti un profond malaise. Il était triste de ne plus voir le sourire habituel de son ami et de constater qu'il les évitait délibérément. Les yeux de Remus, d'ordinaire pétillants de malice, semblaient désormais ternes et fatigués, comme si quelque chose d'insupportable pesait sur ses épaules. 

Ce soir-là, lorsqu'il était venu se coucher, il n'avait même pas pris la peine de leur adresser un regard. Sirius était certain que Remus leur cachait quelque chose. La nuit était tombée, et bien que ses amis aient sombré dans un sommeil profond, Sirius restait allongé, incapable de trouver le repos. Des pensées tourmentées tournaient en boucle dans son esprit, toutes centrées sur le comportement étrange de Remus. Que se passait-il exactement ? 

Soudain, un bruit léger attira son attention dans le dortoir. Un bruit à peine perceptible, mais suffisant pour faire battre son cœur plus vite. Il provenait du lit de Remus. Sirius entendit distinctement le grincement du matelas, puis les pas feutrés de son ami qui se levait en silence et quittait la pièce sur la pointe des pieds. L'inquiétude de Sirius ne fit que grandir. Il ne savait pas quoi faire, mais une chose était certaine : il ne pouvait pas laisser Remus affronter cela seul. Lorsqu'il fut certain que Remus était suffisamment loin, il se leva à son tour et se précipita vers le lit de James.

— James ! Réveille-toi ! Remus est parti ! chuchota-t-il d'une voix urgente en secouant son ami. James, encore à moitié endormi, se redressa rapidement, les cheveux en bataille et les yeux embrouillés de sommeil.

— Qu'est-ce que tu racontes ? demanda-t-il en se frottant les yeux.

— Remus ! Il est parti du dortoir. Il y a quelque chose qui cloche, je le sens ! répondit Sirius, sa voix trahissant son anxiété. James ne perdit pas de temps. Il sortit de sous son oreiller le vieux morceau de parchemin, et murmurala celebre incantation. En un instant, la carte magique se déploya, révélant les moindres recoins du château et les noms de chaque personne s'y trouvant.

— Regarde, il est là, devant l'infirmerie, dit James après quelques instants de recherche, en pointant du doigt un petit point qui portait le nom de Remus Lupin.

— Il doit simplement être allé voir Madame Pomfresh parce qu'il ne se sentait pas bien, suggéra James d'un ton rassurant, tout en haussant les épaules. Il bailla largement et se recoucha aussitôt, laissant Sirius seul avec ses préoccupations.

Mais pour le jeune Black, cette explication ne suffisait pas. Quelque chose clochait profondément, et il n'était pas du genre à ignorer son instinct. Sans perdre de temps, il prit une décision : il devait suivre Remus. Il fouilla dans les affaires de James et en sortit la précieuse cape d'invisibilité. Ce n'était pas la première fois qu'il l'utilisait pour de telles escapades nocturnes. Il s'emmitoufla dans la cape et sortit silencieusement du dortoir, puis de la salle commune des Gryffondors.

En arrivant devant l'infirmerie, Sirius vit Remus assis par terre, la tête entre les mains, semblant attendre quelque chose ou quelqu'un. L'air grave, l'infirmière, Madame Pomfresh, ouvrit la porte.

— Vous allez bien, Mr Lupin ? demanda-t-elle avec douceur.

— Oui, répondit Remus d'une voix basse, presque inaudible.

Sirius, caché sous la cape d'invisibilité, les suivit prudemment. Ils sortirent du château et traversèrent le parc silencieux, se dirigeant vers un lieu que Sirius connaissait bien : le Saule Cogneur. Un frisson lui parcourut l'échine. Le Saule Cogneur n'était pas un simple arbre ; ses branches redoutables pouvaient infliger de terribles blessures à quiconque osait s'en approcher sans précautions. Pourtant, Remus s'avança résolument vers le tronc. Madame Pomfresh toucha une racine particulière, et à la surprise de Sirius, l'arbre cessa de bouger. Remus se glissa alors dans un passage secret au pied du tronc. Sirius hésita un instant, puis décida de suivre son ami. Il se glissa lui aussi dans le passage sombre et humide. L'air y était lourd et chargé d'une odeur de terre et de bois pourri. Sirius entendait les pas de Remus résonner devant lui, mais il gardait ses distances pour ne pas se faire repérer. 

Après plusieurs minutes de marche dans ce tunnel étroit et sinistre, ils débouchèrent finalement dans une vieille bâtisse délabrée. Sirius reconnut immédiatement l'endroit : c'était la célèbre Cabane Hurlante, connue pour être l'un des lieux les plus hantés de Grande-Bretagne. Des meubles renversés et brisés jonchaient le sol, et des marques profondes de griffes étaient visibles sur les murs. L'endroit tout entier semblait témoigner d'une violence inouïe.

Remus, toujours aussi pâle et tremblant, s'arrêta au milieu de la pièce, le souffle court. Ses épaules étaient affaissées sous le poids d'une souffrance que Sirius ne comprenait pas encore pleinement. Des larmes silencieuses glissaient sur ses joues. Voyant cela, Sirius ne put rester à l'écart. Il ôta la cape d'invisibilité et s'avança vers son ami.

— Remus ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi tu pleures ? demanda Sirius d'une voix douce, brisée par l'inquiétude. Remus sursauta en entendant sa voix. Ses yeux étaient écarquillés de terreur lorsqu'il vit Sirius approcher.

— Sirius ?! Non, tu ne devrais pas être là ! Il faut que tu partes ! MAINTENANT ! s'exclama Remus, son ton paniqué trahissant une terreur profonde.

— Remus, je ne partirai pas sans toi. Dis-moi ce qui se passe, insista Sirius.

— Pars, je t'en supplie ! cria Remus, le regard désespéré. Il poussa Sirius vers la porte, de plus en plus affolé. Je ne veux plus te voir ici ! Dégage ! DÉGAGE, SIRIUS !

Sirius, complètement déconcerté, tenta de protester, mais son regard fut attiré par la fenêtre. La pleine lune brillait haut dans le ciel, argentée et impitoyable. Remus jeta un coup d'œil à son tour, et aussitôt, son corps fut secoué par une douleur intense. Il tomba à genoux, hurlant alors que son corps commençait à se tordre et se transformer d'une manière épouvantable. Le processus fut rapide, mais terrifiant. Les cris de Remus résonnaient dans la cabane tandis que ses os craquaient, se brisaient, et changeaient de forme. Sa peau pâle se recouvrit de poils épais, ses mains se transformèrent en pattes griffues, et son visage s'allongea, prenant l'apparence d'un museau bestial. Sirius, horrifié, se figea devant la transformation brutale de son ami en loup-garou. Terrifié mais réalisant enfin l'ampleur de la situation, Sirius se précipita hors de la pièce. Il claqua la porte derrière lui, la verrouillant d'un coup sec.

 À l'intérieur, il pouvait encore entendre les hurlements déchirants de Remus, ainsi que le bruit des meubles fracassés sous les coups de ses griffes. Sirius s'adossa contre la porte, le cœur battant à tout rompre. Il était sous le choc. Remus, son meilleur ami depuis trois ans, était un loup-garou. Cela expliquait tout : ses disparitions fréquentes, ses blessures mystérieuses... Comment n'avait-il pas vu les signes plus tôt ? Pourquoi Remus n'avait-il rien dit ?

Les heures passèrent. Sirius resta immobile, à se poser mille et une questions, à se demander comment il allait gérer cette nouvelle réalité. Enfin, épuisé, il décida de retourner au dortoir. Il remit la cape d'invisibilité et sortit discrètement de la Cabane Hurlante.De retour dans le dortoir des Gryffondors, il réveilla James et Peter.

— Réveillez-vous ! J'ai quelque chose de très important à vous dire ! s'exclama-t-il, encore bouleversé.

— Quoi ? C'est vraiment urgent ? demanda Peter, à moitié endormi.

— Oui ! Remus est un loup-garou ! Je l'ai vu se transformer dans la Cabane Hurlante ! Suruis cria presque, il ne voulait pas être seul impliqué là dedans et avait besoin d'en parler à quelqu'un.

James le regarda, les yeux écarquillés de surprise, tandis que Peter blanchissait de peur.

— QUOI ?! UN LOUP-GAROU ?? s'exclama James, la voix tremblante d'incrédulité.

Il fixait Sirius, les yeux écarquillés, la bouche ouverte, comme s'il avait du mal à assimiler ce qu'il venait d'entendre. Le choc était palpable sur son visage, ses sourcils froncés trahissant à la fois l'inquiétude et la confusion. James, habituellement plein de répartie et de confiance, semblait pour une fois à court de mots. Sa respiration était plus rapide, et il se redressa vivement dans son lit, comme si la gravité de la révélation l'avait électrisé.

— T-tu es sûr, Sirius ? Remus ? Un... un loup-garou ? articula-t-il, sa voix se brisant légèrement. Peter, quant à lui, était figé de terreur. Le teint pâle et les yeux agrandis par la peur, il tremblait visiblement, ses mains se crispant sur les draps de son lit. Il semblait incapable de détourner le regard de Sirius, cherchant désespérément un signe qu'il s'agissait d'une mauvaise blague, une farce comme ils en faisaient souvent. Mais le sérieux dans les yeux de Sirius lui coupa toute illusion. Ses lèvres se mirent à trembler alors qu'il murmurait avec difficulté :

— Les gars... Vous vous rappelez de ce que le professeur a dit en cours de Défense contre les Forces du Mal ? Il... il ne faut jamais approcher un loup-garou. Ce sont des... des monstres ! Des créatures incontrôlables... dangereuses, bégaya Peter, sa voix faiblissant au fur et à mesure que ses pensées s'assombrissaient.

Il recula instinctivement contre le mur, comme si l'idée même de Remus représentait soudainement une menace. Son corps tout entier semblait habité par une peur viscérale, profonde, qui s'enracinait au plus profond de lui. Il avait toujours eu un certain penchant pour la prudence, mais là, c'était une terreur pure et simple qui le dominait. Ses yeux fouillaient le visage de Sirius, cherchant du réconfort, une explication qui pourrait apaiser cette angoisse grandissante.James, remarquant l'état de panique de Peter, tenta de reprendre le contrôle de la situation. Sa voix, bien que plus posée, trahissait toujours une certaine nervosité.

— Peter, attends... calme-toi. Remus n'est pas un monstre. C'est... c'est toujours le même, d'accord ? On parle de Rem', notre ami. On n'a pas affaire à un loup-garou sauvage sans conscience... n'est-ce pas, Sirius ? Sirius hocha la tête, bien qu'il ait du mal à y croire lui-même. 

Il se repassa en boucle la scène où Remus, hurlant de douleur, se transformait sous ses yeux. La peau se déformait, les os craquaient, le visage humain de son ami disparaissait pour laisser place à un museau couvert de fourrure grise. Cette image cauchemardesque ne le quitterait probablement jamais. Et pourtant, il ne pouvait pas réduire Remus à cela.

— Oui, James a raison... répondit-il d'une voix grave, cherchant à rassurer autant ses amis que lui-même. Ce n'est pas comme dans les histoires d'horreur. 

- C'est toujours Remus... Il n'a jamais fait de mal à personne. Et ça, ça veut dire quelque chose, non ?Mais malgré ses efforts pour rassurer le groupe, Peter semblait plus effrayé que jamais. Il secouait la tête frénétiquement, incapable d'accepter la réalité.

— Mais... mais il peut se transformer à n'importe quel moment ! On ne sera jamais en sécurité ! Vous avez entendu ce que disait le prof : un loup-garou perd toute humanité une fois qu'il se transforme. Il pourrait nous attaquer sans même le vouloir !, répliqua Peter, la voix tremblante de panique.

Sirius sentait son propre cœur s'alourdir sous le poids de la vérité. Il ne pouvait pas nier les faits. Remus, leur Remus, le garçon timide et intelligent qu'ils connaissaient, devenait bien une bête féroce lors des nuits de pleine lune. Il l'avait vu de ses propres yeux, et il avait senti cette terreur instinctive le submerger à ce moment-là. Mais tout en lui se refusait à traiter Remus comme une menace.

— Je sais que ça fait peur, Peter, commença Sirius, sa voix plus douce mais ferme. Mais tu l'as vu, non ? Remus fait tout pour nous protéger de ça. Pourquoi crois-tu qu'il nous l'a caché tout ce temps ? Il ne voulait pas qu'on ait peur... qu'on le voie autrement. Il a toujours été là pour nous, pour ses amis. Ça n'a jamais changé.

James, l'air plus sérieux que jamais, posa une main sur l'épaule de Peter, tentant de le ramener à la raison.

— Écoute, Peter... Remus est notre ami. On ne peut pas juste le laisser tomber maintenant qu'on sait. Et si ça avait été toi ou moi, hein ? Tu penses qu'il nous aurait abandonnés ?Peter, malgré la terreur qui l'étreignait, commençait à réfléchir aux paroles de James. Il jeta un regard à Sirius, puis baissa les yeux, visiblement déchiré entre la peur et la loyauté.

— Je... je ne sais pas, murmura Peter, la voix à peine audible. J'ai tellement peur, les gars. 

Sirius soupira, comprenant la réaction de son ami, mais déterminé à ne pas laisser la peur dicter leur amitié. Il se rapprocha de Peter, le regardant droit dans les yeux.

— On a déjà traversé tellement de choses ensemble, Peter. On est plus forts que ça, tous les quatre. On peut trouver un moyen d'aider Remus. Il y a forcément une solution. James, se redressant complètement dans son lit, frappa du poing dans sa paume, un air de détermination éclairant son visage.

— Sirius a raison. On est les Maraudeurs, pas vrai ? Si quelqu'un peut trouver une solution, c'est nous. Remus n'a pas à affronter ça tout seul. On trouvera un moyen de l'aider, même les nuits de pleine lune, promit-il avec conviction.

Un long silence s'installa entre eux, la tension palpable. Peter semblait toujours en proie au doute, mais l'assurance de James et Sirius commençait à lui donner un peu d'espoir. Ils étaient les Maraudeurs, après tout. Ils avaient toujours trouvé des solutions créatives pour contourner les règles et affronter les dangers. Pourquoi cela serait-il différent cette fois-ci ?

— D'accord... mais il faut vraiment être sûrs que tout le monde sera en sécurité, hein ? répondit finalement Peter, à voix basse, en reniflant légèrement. Parce que... je veux bien aider, mais je ne veux pas finir... comme une de ses victimes. James sourit légèrement, bien que l'inquiétude ne l'ait pas totalement quitté.

— On sera en sécurité, Peter. Je te le promets, dit-il d'une voix plus calme.

Sirius regarda ses deux amis, reconnaissant pour leur loyauté envers Remus malgré la peur. Ils n'avaient aucune idée de comment ils allaient s'y prendre, mais une chose était claire : ils ne laisseraient pas Remus affronter cette malédiction seul. Ensemble, ils trouveraient un moyen. Sirius ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine fierté. Malgré tout ce qui venait de se passer, malgré la révélation terrifiante qui avait bouleversé leur monde, leur amitié tenait bon. Remus avait peut-être une malédiction sur les épaules, mais il avait aussi ses amis à ses côtés, prêts à tout pour l'aider.

★ 30 Août 2024 - 25 Août 2016

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top