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Ce fut grâce à un rayon de soleil perçant les rideaux que Remus se réveilla doucement ce matin-là. La lumière dorée filtrait à travers les rideaux légèrement entrouverts, illuminant le dortoir de Gryffondor d'une lueur chaleureuse. Le mois de septembre avait filé à toute vitesse, et voilà qu'un mois s'était déjà écoulé depuis la rentrée à Poudlard. Remus Lupin, comme chaque matin, avait pour mission de réveiller ses amis, une tâche qu'il accomplissait non sans un brin de malice. Le jeune homme, malgré son apparence calme et posée, avait toujours un sens de l'humour qui émergeait dans ces moments de la journée.

Il se leva et se dirigea vers les lits de ses compagnons de chambre. Avec un sourire malicieux, il prononça un sortilège de chatouilles. Les rires incontrôlables et les cris de surprise des trois autres occupants du dortoir ne se firent pas attendre. James Potter, Peter Pettigrew, et Sirius Black furent réveillés en sursaut, se débattant dans leurs lits comme des enfants en pleine crise de rire. Peter et Sirius se retrouvèrent bientôt à terre, se tortillant sur le sol, les yeux pleins de larmes dues aux éclats de rire, implorant Remus de mettre fin à leur supplice. Remus, secoué de rire lui aussi, finit par lever le sortilège. Il les laissa se doucher et se préparer pour la journée, soulagés de ne plus craindre de nouvelles chatouilles.

Cependant, Sirius, toujours soucieux de son apparence, mit plus de temps que les autres pour se préparer. Depuis la rentrée, il avait nourri un projet secret : séduire une jeune Serpentard qu'il croisait régulièrement dans les couloirs depuis un mois. Sa fascination pour la jeune fille, aux cheveux noirs et aux yeux perçants, avait commencé à agacer légèrement Remus. Bien qu'il ne le montrât pas ouvertement, il préférait ignorer les discussions de Sirius sur cette jeune Serpentard et se concentrer sur ses propres préoccupations.

Finalement, le petit groupe descendit vers la Grande Salle pour prendre le petit-déjeuner. Sirius, comme prévu, se dirigea vers la table des Serpentards, où l'attendait la mystérieuse fille. Remus, observant cette scène depuis la table des Gryffondors, ressentit une sensation étrange : un pincement au cœur, un nœud dans la gorge. Il tenta d'ignorer ce malaise, préférant discuter avec James et Peter des cours à venir. Mais son esprit revenait sans cesse vers Sirius, accaparé par cette fille qui semblait monopoliser toute son attention.

« Salut ! » fit une voix douce derrière lui. Remus se retourna et reconnut la jeune Serdaigle qui s'était assise près de lui dans la calèche lors de leur arrivée à Poudlard.

— Salut, euh... répondit-il en esquissant un sourire timide.

— Je suis Louisa, de Serdaigle, se présenta-t-elle en lui tendant la main.

Remus la serra, toujours embarrassé. Il ne savait pas vraiment comment réagir face à elle, ni ce qu'elle attendait de lui. Un silence gênant s'installa, et Remus rougit légèrement. James et Peter, eux, observaient la scène en ricanant discrètement dans leur coin.

Sirius quand t'as lui , s'était dirigé vers la table des Serpentards avec une anticipation palpable. La présence de Maria, avec ses longs cheveux noirs et ses yeux en amande d'un marron clair, avait capté toute son attention. Elle appartenait à la maison qu'il détestait le plus, mais il ne pouvait nier qu'elle était belle et charmante. Chaque rencontre avec elle, même les plus banales, semblait lui apporter un frisson d'excitation.

Cependant, alors qu'il conversait avec Maria, une image persistante s'imposa à son esprit : celle de Remus. Il ne comprenait pas pourquoi il ne parvenait pas à se défaire de la pensée de son ami. Il jeta un coup d'œil vers la table des Gryffondors et le vit discuter avec une fille de Serdaigle, Louisa. Un sentiment étrange le traversa, comme une vague d'inquiétude mêlée de curiosité. Il avait envie de se lever et d'aller rejoindre Remus, de lui parler, mais il se força à rester concentré sur Maria, bien que cette pensée le troublât.

Louisa elle continuait de lui sourire, et Remus lui rendit son sourire, mais sans grande conviction. Il n'avait aucune idée de ce qu'elle attendait de cette conversation. L'atmosphère entre eux était chargée d'une gêne palpable.

«Je... je vais aller à la bibliothèque.» balbutia-t-il finalement, cherchant une excuse pour échapper à cette situation embarrassante.

«Je viens avec toi !» s'exclama Louisa en se levant aussitôt.

«Non, non, c'est bon, merci...» répondit-il précipitamment, avant de quitter la Grande Salle à grands pas, sous les rires moqueurs de James et Peter et le regard surpris de Louisa.

Il courut jusqu'à la bibliothèque, espérant qu'elle ne le suivrait pas. Une fois sûr qu'elle n'était plus derrière lui, il se détendit un peu et se dirigea vers son cours de Défense contre les Forces du Mal. Essoufflé, il entra en dernier dans la classe, où Sirius l'avait réservé une place à côté de lui. Remus rougit légèrement en prenant place.

«Tu étais où, Moony ?» demanda Sirius dès que Remus s'assit.

«À la bibliothèque» murmura-t-il en réponse ne voulant pas se faire prendre par leur professeur.

«Ah, et cette fille de Serdaigle, alors ? Vous avez l'air proches...» dit Sirius d'un ton légèrement taquin, mais avec un éclat dans les yeux que Remus ne parvint pas à déchiffrer. Il releva la tête si brusquement qu'il en eut mal au cou.

«Qui t'a dit ça ?» demanda-t-il, surpris.

«James et Peter... Alors, c'est vrai ?» insista Sirius, un peu hésitant. Remus soupira intérieurement, rassuré, tout en observant la tristesse passagère qui traversait le regard de Sirius.

«Non, il n'y a absolument rien entre nous.» répondit-il. «Elle est juste venue me parler, c'est tout.» À sa grande surprise, il vit Sirius soupirer de soulagement.

«Mr Lupin et Mr Black, on vous dérange ?» lança la voix sévère de Monsieur Fart, leur professeur de défense.

Celui-ci leur lança un regard noir derrière ses petites lunette rectangulaire. Depuis que James avait malencontreusement écrasé un insectes rares rapporté en classe l'année dernière, Monsieur Fart saute sur le groupe à la moindre occasion.

C'est alors avec un mélange de gêne et de leur que les deux acolytes se turent immédiatement, et le cours reprit son cours normal.

«Comme je le disais avant que ces deux zigotos ne nous interrompent, aujourd'hui, nous allons aborder un nouveau chapitre, les loups-garous. Ouvrez vos livres à la page 394, s'il vous plaît.»

Le cœur de Remus se serra à l'entente de ces mots. Il baissa les yeux vers sa feuille, se sentant de plus en plus mal à l'aise. Monsieur Fart poursuivit son exposé sur les loups-garous, dépeignant ces créatures comme des monstres incontrôlables, incapables de reconnaître leurs proches sous la pleine lune.

« Ils attaqueront sans hésiter leur propre famille ou leurs amis. On devient loup-garou soit en se faisant mordre, soit en naissant ainsi, expliqua-t-il. Mais quoi qu'il en soit, il faut à tout prix éviter ces bêtes sanguinaires. »

À ces mots, Remus serra son crayon si fort qu'il se brisa en deux. Le craquement sonore passa inaperçu pour la plupart des élèves, sauf pour Sirius, qui le regardait avec inquiétude. Bien sûr, M. Fart n'avait aucune idée qu'un véritable loup-garou se trouvait dans sa classe. Seuls Dumbledore, McGonagall et Madame Pomfresh connaissaient son secret. Remus aurait tant voulu en parler à ses amis, leur expliquer pourquoi il avait constamment des cicatrices et des blessures. Mais la peur de leur réaction, la peur qu'ils l'abandonnent ou révèlent son secret à tout Poudlard, le retenait toujours.

« Ça va pas, Moony ? » murmura Sirius d'une voix inquiète. Remus prit une grande inspiration, tentant de dissimuler sa détresse. Il se sentait incroyablement pâle, presque transparent.

« Oui... oui, ça va » mentit-il.

« Regardez maintenant l'image du loup-garou à la page 394 » poursuivit M. Fart. « Remarquez la différence entre un loup normal et cette créature. »

Sirius ouvrit son livre et se plongea dans la lecture, mais Remus ne pouvait même pas poser les yeux sur l'image. La simple idée de regarder cette représentation le terrifiait. D'autant plus que la prochaine pleine lune approchait, dans seulement deux jours. Chaque mention de ces créatures lui rappelait sa propre malédiction, et l'anxiété montait en lui comme une vague. Le professeur posa quelques questions à la classe, mais Remus n'y prêta plus attention, priant simplement pour que ce cours se termine au plus vite.

«Mr Lupin ?» appela M. Fart.

Remus avait du mal à respirer. Chaque mot que M. Fart prononçait semblait résonner douloureusement dans son esprit, comme un marteau frappant sur une enclume. La simple mention des loups-garous suffisait à faire remonter en lui des souvenirs qu'il tentait désespérément d'enfouir. Tout son être se contractait sous le poids du stress. Son cœur battait si fort dans sa poitrine qu'il craignait que ses camarades puissent l'entendre. Alors, quand M. Fart prononça son nom d'une voix impérieuse, cela le tira brutalement de ses pensées, comme un plongeon dans une eau glacée.

« Ou-oui ?» bégaya-t-il d'une voix à peine audible, sa gorge nouée par l'anxiété.

Les regards de ses camarades se tournèrent vers lui. C'était comme si le monde entier s'était figé, le silence devenant insupportable. Remus pouvait sentir l'attention pesante sur ses épaules, chaque paire d'yeux braquée sur lui, le jugeant sans savoir. M. Fart le fixa un instant, attendant une réponse, et posa une question qui, bien que clinique et académique, toucha Remus plus profondément que n'importe quelle autre question aurait pu le faire à cet instant.

« Y a-t-il un remède pour les loups-garous mordus ? » demanda-t-il d'une voix calme, presque détachée, comme s'il s'agissait d'une simple curiosité.

Remus sentit sa gorge se serrer encore plus. Il aurait voulu crier. Dire que non, il n'y avait aucun remède. Que peu importe à quel point il luttait, peu importe combien il espérait, cette malédiction était une prison sans issue, un cauchemar duquel il ne pouvait jamais se réveiller. Sa main tremblait alors qu'il cherchait désespérément à ne pas laisser paraître son désarroi. Pourtant, malgré lui, une larme solitaire glissa lentement le long de sa joue. Il la sentit rouler sur sa peau brûlante, laissant derrière elle une traînée humide. Ses mains se crispèrent sur le bois de son bureau, ses jointures devenant blanches sous la pression.

Il ne pouvait pas craquer maintenant. Pas devant toute la classe. Pas sous les regards de ses amis qui ignoraient tout de son fardeau. Il devait rester fort, faire comme si de rien n'était, comme il le faisait chaque jour, comme il l'avait toujours fait. Alors, d'une voix rauque, presque brisée, il parvint à articuler un seul mot. Un mot qui, pour lui, portait le poids de toute une vie de douleur et de solitude.

« Non. » répondit-il d'une voix éteinte.

Le professeur acquiesça, ne remarquant ni la tension palpable dans la voix de Remus ni les larmes qui menaçaient de déborder à tout instant.

« Exact. Deux points pour Gryffondor. » répondit-il avec désinvolture, avant de poursuivre son cours comme si de rien n'était, inconscient de la tempête émotionnelle qui grondait à l'intérieur de son élève.

Remus s'efforça de respirer calmement, de retrouver un semblant de contrôle. Mais chaque mot de M. Fart sur les loups-garous résonnait dans sa tête comme une vérité accablante. "Des bêtes sanguinaires... des monstres incontrôlables... incapables de reconnaître leurs proches..." Ces descriptions, bien que purement académiques, le blessaient profondément, car elles résonnaient avec sa propre réalité. Chaque pleine lune, il devenait ce monstre dont parlait le professeur, ce prédateur dont personne ne pouvait se rapprocher sans risquer sa vie.

Lorsque la cloche sonna enfin, mettant fin au cours, Remus se leva précipitamment. Il rassembla ses affaires d'une main tremblante, évitant les regards de ses camarades, notamment ceux de James, Sirius, et Peter. Il savait qu'ils allaient vouloir des explications. Qu'ils se demanderaient pourquoi il avait failli éclater en sanglots en plein cours. Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas affronter leurs questions, leurs inquiétudes. Pas maintenant. Pas quand son esprit était aussi fragile qu'un fil tendu au bord de la rupture.

Sans attendre ses amis, Remus quitta la classe à grandes enjambées, son cœur battant encore la chamade. Il ne savait pas exactement où aller, mais ses pas le menèrent automatiquement vers un lieu où il savait qu'il pourrait trouver un peu de solitude : les toilettes désertes, au fond d'un couloir peu fréquenté. Là, dans le silence, il pourrait enfin laisser tomber le masque qu'il portait chaque jour.

★ 26 Août 2024 - 16 Août 2016

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