Wolf in Sheep's Clothing
Jeonghan s’enfonça dans le canapé, les yeux rivés sur la télévision. A l’écran la photo de ses voisins (un couple et deux enfants) et une capture d’écran floue d’un homme portant une sweat pingouin étaient affichées ; les victimes et le meurtrier présumé.
Les voisins n'étaient pas les premières victimes de l'homme à capuche. Il y avait aussi un petit jeune qui vivait de l'autre côté de la ville ; la vieille dame qui gagnait chaque année le concours du plus beau jardin ; et cette mère célibataire et ses deux enfants.
C'était une petite ville sans histoire donc Jeonghan ne comprenait pas comment et pourquoi le serial-killer avait décidé de s'attaquer à eux.
Il ne pouvait qu'espérer qu'il ne s'en prendrait pas à eux.
La porte d'entrée s'ouvrit et il quitta brièvement l'écran des yeux. C'était son cousin, Wonwoo et l'un de leur nombreux colocataires, Mingyu avec qui il avait fait les courses.
« Tu fais quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Wonwoo en rangeant des barquettes de viande dans le réfrigérateur.
Il lut la bande informative qui défilait en bas de l'écran et sa curiosité laissa place à une expression plus sombre. Il échangea un regard inquiet avec son cousin et reprit le rangement.
« On est trop nombreux, il ne nous attaquera pas. » dit-il simplement en levant les épaules.
« Il pourrait isoler l'un d'entre nous... » répondit Jeonghan avec un ton de reproche qu’il n’avait pas voulu utiliser.
Mingyu, inconscient du danger qui rodait, continuait de ranger les courses en chantonnant. Wonwoo lui tendit la dernière barquette de viande et passa sous l'eau les quelques légumes qui restaient pour les mettre dans des saladiers.
« On devra en parler ce soir. » rajouta le blond avec finalité. Son cousin se contenta d’hocher la tête. Il ne voulait pas que l’un d’eux se fasse attaquer alors il devait prévenir tout le monde. Et étant plutôt beaucoup, il ne pouvait profiter que de ce diner pour en parler.
Ils étaient cinq dans cet appartement et quatre dans l’autre ; les quatre derniers (qui étaient plus des connaissances que de réels amis) vivaient un étage au-dessus.
Jeonghan était le plus âgé dans cet appartement. Il vivait avec Wonwoo, Mingyu le meilleur-ami de celui-ci, Jihoon et son petit-ami Soonyoung. Tous sortis il y a peu des études supérieures et à la recherche d'emplois stables.
Dans l'appartement d'à côté, il y avait les meilleurs-amis de Jeonghan : Jisoo et Seungcheol, ainsi que Seungkwan et Hansol. En bas, il restait les étrangers fraîchement arrivés Junhui et Minghao ainsi que le jeune Chan et Seokmin, le gamin dont les parents tenaient le seul bar de la ville.
« Je vais envoyer un message à Seungcheol ! » prévint Mingyu tandis que Wonwoo allait dans sa chambre. « C’est fait, hyung ! » s’exclama-t-il. Il posa le téléphone et se mit au fourneau.
Mingyu était un excellent cuisinier. Il pouvait tout préparer et connaissait beaucoup de recettes par cœur ; il avait fait le gâteau d’anniversaire de Jeonghan et il pouvait dire avec certitude que ça avait été son préféré ; ou presque.
Jeonghan se reconcentra sur l'écran de la télé.
« Faites bien attention à vous. » dit la présentatrice avant d’enchainer sur un autre sujet.
Tout ça n'avait rien de bon, pensa-t-il alors que le petit pingouin animé d’une pub promettait une propreté incroyable dans la salle d'eau si on utilisait son produit nettoyant.
*
« Je veux juste que vous fassiez attention à vous. » finit Jeonghan en reprenant sa fourchette.
Chan, le plus jeune de leur groupe, fit la moue. Il n’aimait pas quand Jeonghan faisait ce genre de meeting, il lui rappelait trop son père ; c’est ce qu’il lui avait dit un jour mais le blond n’en avait rien à faire.
« J’vois pas pourquoi je devrais attendre Hansol et Seungkwan après le boulot, ils finissent toujours après moi. Et puis, je ne suis pas
faible.
- Cet homme a tué une famille entière à lui tout seul, Chan ; tu ne pourras rien contre lui. » gronda Jeonghan en ignorant l’anxiété qui lui obstruait la gorge. « C'est valable pour vous tous.
- Jeonghan a raison. » intervint Seungcheol « Ne restez pas seuls. »
Tous les garçons hochèrent la tête. Le silence se fit jusqu'à ce que Mingyu revienne de la cuisine, un tablier noué autour de sa taille et une spatule en bois dans la main.
« Le dessert est prêt ! » s'exclama-t-il.
양의 탈을 쓴 늑대
Jeonghan travaillait en tant que serveur dans un petit fast-food à l'entrée de la ville. Les gens avaient tendance à s'y arrêter pour prendre un casse-croûte avant de repartir en direction de leur destination finale ; personne ne s’arrêtait jamais chez eux.
Il soupira d’ennui.
S'il était un personnage dans une série, il serait probablement la belle blonde qui travaille dur et est très intelligente mais qui serait coincée dans une ville minable si le beau personnage principal ne l'avait pas arraché à son quotidien monotone.
Le beau personnage principal serait probablement (ou du moins, il l'aurait voulu) Seungcheol.
Parce que Seungcheol était ce type parfait qui était à la fois très intelligent et sociale, populaire au lycée et joueur phare de l'équipe de basketball. Il était beau, gentil et toujours soucieux des autres.
La clochette au-dessus de la porte d’entrée retentit et Jeonghan se redressa, collant son sourire commercial sur ses lèvres. Ses yeux s’ouvrirent avec choc quand il se rendit compte que Seungcheol était là.
Quand on parle du loup…
« Salut Hannie. » dit-il en s'asseyant au comptoir. Jeonghan, encore un peu surpris de le voir ici, prit du temps à répondre.
Cela amusa Seungcheol qui rigola doucement, caché par le menu. « Je prendrai des œufs brouillés et des frites. »
Jeonghan hocha la tête et parti se réfugier en cuisine.
Il aimait Seungcheol.
Il l’aimait depuis longtemps maintenant et il se serait confessé à plusieurs reprises s'il n'avait pas eu peur de détruire leur amitié.
Ils se connaissaient depuis tout petits et étaient amis depuis aussi longtemps mais c'était quelque part étrange puisqu'ils étaient très différents l’un de l’autre.
« Merci. » murmura le brun en recevant sa commande. « Mr. Jung fait toujours un aussi bon boulot. »
Il mangea en silence, Jeonghan l'observant faire.
Ils étaient très différents. Seungcheol faisait toujours les choses avec honnêteté tandis que Jeonghan calculait à l’avance tous ses actes et paroles. Seungcheol était toujours très heureux et vivait sa vie pleinement ; Jeonghan se contentait d’observer les autres le faire. La seule chose qui réchauffait vraiment le cœur de Jeonghan, c’était les fossettes de Seungcheol ; et celui-ci… Tout réchauffait son cœur, des enfants aux papillons du printemps, tout était une source de bonheur.
Parfois, Jeonghan se disait que c’était parce qu’ils étaient si différents qu’ils ne pourraient être rien d’autre qu’amis.
« Au fait... » reprit Seungcheol en poussant son assiette vers le blond ; ses yeux pétillaient toujours. « Je suis invité à une fête pour Halloween, tu veux venir ? »
Hein ? Jeonghan se mit à triturer son collier -le cadeau qu’il avait préféré pour son anniversaire cette année ; cadeau que Seungcheol lui-même, lui avait fait. Il ne savait pas s’il voulait y aller. Il n’était jamais vraiment à l’aise entouré de monde.
Il leva les yeux vers Seungcheol. Le brun l’observait avec beaucoup d’espoir.
« Moui... pourquoi pas ? » se résigna-t-il.
« Super ! » Seungcheol se leva. « On se voit ce soir ! ».
Et il partit aussi vite qu’il était arrivé.
양의 탈을 쓴 늑대
En tant que cousin et meilleur-ami, Wonwoo et Jisoo savaient pour les sentiments de Jeonghan. C’est pourquoi, quand il leur annonça en rentrant que Seungcheol l’avait invité à une soirée, ils se donnèrent comme mission de faire de lui le plus bel homme de cette fête.
« Et si tu te déguisais en l'homme-pingouin ? » proposa Soonyoung qui les observait d’un coin de la chambre.
Jeonghan lui fit un regard noir.
« Trop tôt... » murmura le plus jeune pour lui-même en s'enfonçant dans le canapé, ses joues rouges de honte.
Cela faisait une semaine qu'aucun meurtre n'avait eu lieu et beaucoup avait commencé à oublier. Mais pas Jeonghan. Il savait que l'homme à capuche en forme de tête de pingouin prenait juste une pause. Ils le faisaient tous pour que les esprits oublient et que les gens redeviennent inattentifs et insouciants.
« En loup-garou ? » proposa Wonwoo et Jeonghan lui fit un regard blasé.
« Sérieusement ? »
Wonwoo ricana et le blond leva les yeux au ciel « Vous savez quoi ? » il tapa dans ses mains « Je vais me déguiser en loup-garou.
- En loup-garou... sexy ? » Soonyoung lui fit un clin d’œil très suggestif. Jihoon le tapa derrière la tête, n’appréciant guère le voir flirtait avec quelqu’un d’autre que lui.
« Non.
- Mais –
- Non. J'ai dit non. »
Même Jihoon sembla déçu.
양의 탈을 쓴 늑대
Parfois, quand Jeonghan travaillait jusque tard, Mr. Jung lui donnait tous les restes de la journée pour qu'il puisse nourrir tous ses petits copains et lui-même (comme disait le vieil homme). Il finissait toujours avec un peu moins d’une dizaine de petits plats en polystyrène.
Il n'aimait pas travailler tard mais il aimait les sourires de ses amis quand il posait la multitude de sacs plastique sur la table du salon donc il ne voyait pas d'inconvénient à rentrer tard.
« Bonne nuit, Mr. Jung ! » Il posa les sacs au sol devant le siège passager de sa voiture et s'appuya sur le véhicule. Il faisait frais mais son manteau lui tenait assez chaud pour qu’il profite du calme de la nuit un instant.
La boutique fermée, seul un lampadaire éclairait la rue et il trouvait cela plutôt agréable.
Il sortit de son manteau un briquet et un paquet de cigarettes.
Il observa la fumée monter dans le ciel noir avec fatigue.
Il se rappela sa pensée de l'autre jour et il se rendit compte à quel point il avait été ridicule de s'imaginer pouvoir quitter cette ville ; il était définitivement coincé i -
« Qui est là ?! » il tourna la tête vers la forêt. Il l'avait entendu, cette branche craquer et il l'entendait, ce souffle calme et maitrisé -si bas qu'il aurait pu croire qu'il s'agissait de celui d’un petit animal.
Il plissa les yeux mais il faisait trop noir pour qu’il puisse distinguer quoique ce soit. Il était cependant sûr qu’il y avait quelqu’un. Cette personne était cachée parmi la végétation. Elle s'était faite repérée et pourtant restait parfaitement calme. C'était impossible. Et surtout très inquiétant.
« Qui. Etes. Vous ? Sortez ! » aboya Jeonghan.
Il se rendit compte qu’il était une proie facile, là, sous le seul lampadaire du coin et isolé du reste de la ville.
Une autre branche craqua et il bondit.
Il n’avait entendu aucun mouvement avant cela et il ne s’était rendu compte de rien un peu plus tôt. C’était impossible : Jeonghan était quelqu'un de particulièrement alerte, il l’aurait tout de suite remarqué en temps normal.
Click.
Son oreille tressauta au bruit mécanique.
Cours.
Il lâcha sa cigarette. Avant même qu'elle n'atteigne le bitume, il avait démarré sa voiture.
Il fonça dans la rue, jetant des coups d’œil apeuré dans son rétroviseur. Et c’est là qu’il le vit, l’homme-pingouin. Il se tenait là où était Jeonghan juste un peu plus tôt, dans la même position comme s’il voulait s’imprégner de lui, son odeur, son être.
Ce soir-là, Jeonghan grilla trois feux rouges et n’arrêta son véhicule qu’une fois devant l'immeuble.
Il monta les escaliers quatre à quatre et entra dans le premier appartement qu'il reconnut : celui que partageaient Jisoo, Seungcheol, Seungkwan et Hansol. La porte étant ouverte, il n’attendit pas d’être invité pour entrer.
Il n'y avait personne dans le salon ; il n'y avait personne nulle part, s'il se fiait à son ouïe.
Personne... sauf Seungcheol, il semblerait.
« … Jeonghan n’est pas comme ça. » entendit-il si doucement qu’il hésita un instant à croire ses propres oreilles.
Très silencieusement, se dirigera vers la chambre de Seungcheol et Jisoo. La porte était entre-ouverte, le brun était assis de dos, son portable rouge flamboyant collé à son oreille et sa jambe sautant avec agacement.
« Je l'aime ! Et je sais qui il est. Essaye pour voir. Tu ne pourras rien y faire ! » Il se tut longuement. « Tu mens ! »
Puis il raccrocha et Jeonghan se rendit compte qu’il venait d’espionner une discussion très privée et que si Seungcheol en serait très déçu s’il venait à s’en rendre compte. Donc il partit en marche arrière jusqu’à la porte d’entrée, la main sur le cœur.
Il prit une profonde inspiration.
« Seungcheol ? Tu es là ? » dit-il bien fort en faisant mine de retirer ses chaussures.
Le brun ne tarda pas à apparaitre.
« Hanie ! » sa voix était beaucoup plus douce que quand il était au téléphone.
A qui pouvait-il bien parler ? Et est-ce que Jeonghan avait bien entendu ce qu’il avait dit ? Est-ce qu’il l’aim…
« Attend, je te débarrasse. » Seungcheol prit les sacs et les posa sur le comptoir de la cuisine. « M’sieur Jung t’a encore gâté. »
Jeonghan fit un rire gêné.
« Il sait que j’aime la viande et en profite un maximum pour ne pas à avoir des restes sur les bras.
- Je crois surtout qu’il sait que tu es quelqu’un qui mérite d’être gâté. » Il fit un sourire charmeur et le blond baissa les yeux sur ses mains vides.
Il avait complétement oublié ce qu’il s’était passé plus tôt.
« Oh. Je t’ai acheté un truc ce matin. Attend ! »
Seungcheol partit aussi vite qu’il était arrivé et Jeonghan s’assît sur le canapé. Seungcheol avait toujours un truc à lui offrir. Ça avait commencé par une paire de chaussettes et le dernier qu’il avait reçu était un casque de marque (et neuf en plus !). Il ne serait pas surpris si le brun revenait avec un lapin (Jeonghan en avait toujours voulu un) ou quelque chose comme ça ; tout ce que Jeonghan ne pouvait permettre de s’acheter, Seungcheol le faisait pour lui.
« Voila ! »
Seungcheol posa une boite noire devant Jeonghan. Celui-ci ne se fit pas prier pour l’ouvrir. C’était…
« Un rouge à lèvres ? Seungcheol, je… »
Le brun éclata de rire. Il prit avec délicatesse le bâton de rouge à lèvres et retira le bouchon.
« C’est une bombe lacrymogène. Je sais que tu as peur de l’homme-pingouin alors je l’ai vu en magasin et je me suis dit que ça te rassurait de l’avoir avec toi. Et j’ai aussi pris ça. » il rendit la bombe à Jeonghan et sortit une peluche de pingouin de sa poche.
« Une peluche ? De pingouin ? Tu te moques de moi, c’est ça ? » Il n’y avait rien de drôle mais Jeonghan gloussa quand-même (peut-être parce qu’il commençait à se rappeler doucement de ce qui lui était arrivé un peu plus tôt et qu’il valait mieux rire que pleurer).
Seungcheol fit une grimace, regardant Jeonghan ans les yeux comme s’il avait très bien saisit son mal être.
« C’était le dernier modèle qui restait, désolé. » Il attrapa la tête de l’oiseau et tira dessus ; elle se détache du corps et révéla une lame.
« Seungcheol ! » s’exclama le blond, outré. « Où est-ce que t’as trouvé ça ?! C’est super dangereux !
- Je sais ! Je sais ! Mais… S’il venait à t’arriver quoique ce soit, je… »
Il soupira et posa la peluche.
Il attrapa les mains de Jeonghan et les frotta avec ses pouces.
« Tu es si doux et fragile et j’ai envie de te protéger. Mais je ne peux pas toujours le faire et ça me fait peur. »
Seungcheol était un amour. Mais Jeonghan n’avait pas besoin de ça. Il savait se protéger lui-même ; il était fort, solide et tenace. Il avait fui plus tôt dans la soirée parce qu’il savait que son adversaire était trop dangereux. Mais l’homme-pingouin ne l’était pas.
C’était un humain. Un simple humain.
« Seungcheol…
- S’il-te-plait, Hanie… »
Les yeux de Seungcheol ? Définitivement le point faible de Jeonghan. C’est pourquoi la peluche trouva une place sur le tableau de bord de sa voiture et le spray dans sa boîte à gants.
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Jeonghan n’avait jamais eu une vie bien brillante. Sa mère l’avait prévenu très tôt.
« Peu de personnes t’aimeront. Ils se méfieront de toi, te regarderont de travers et éviteront de te parler. Alors celles qui veulent se lier d’amitié avec toi, qui riront et mangeront en ta présence… Il faudra que tu les gardes près de toi et dans ton cœur. Parce qu’elles seront rares. »
C’était un truc de famille. Personne ne les aimait. Son grand-père disait toujours qu’une sorcière les avait maudits bien avant l’ère Joseon et que cette malédiction ne prendrait fin qu’avec la disparition de leur famille. Malheureusement, ils étaient plutôt beaux garçons donc cela était tâche difficile.
Quoiqu’il en soit, Jeonghan avait écouté sa mère. Donc quand sa professeure de Coréen lui avait mis un zéro parce qu’il avait soi-disant perturbé le cours en ramassant sa trousse qui était tombée et que Seungkwan avait pris sa défense, il n’avait plus lâché celui-ci. De même pour la fois où Jihoon s’était jeté dans une bagarre avec lui alors qu’ils ne se connaissaient même pas. Ou quand Mingyu lui avait offert la moitié de son repas quand il avait oublié le sien à la maison.
Il avait trouvé des personnes en or mais malgré tout, son quotidien persistait à être difficile.
« Bonjour! Bienvenue chez Jung's dishes ! » s'exclama Jeonghan avec entrain. Il posa un menu devant chaque membre de la famille qui s'était assise à une table. « Vous voulez quelque chose à boire? »
Aucune réponse.
Cette famille était la famille Lee et elle détestait Jeonghan depuis que Jihoon avait cassé le nez du fils ainé pour le protéger ; il n'y avait donc rien d'anormal au fait qu'elle l'ignore.
« Je vais vous chercher de l'eau plate.» dit-il finalement. Quand la carafe en métal se posa sur la table et qu'il croisa le regard outré de Mr. Lee, il sut que les choses ne se finiraient pas bien.
« Jung ! » cria le quinquagénaire. Le propriétaire débarque en courant, l'air affolé.
Il se posta à côté de Jeonghan, tout ouïe.
« Tu sais à quel point ton serveur est mal polie ?! Il ne nous a pas demandé si nous voulions à boire et il nous sert de l'eau de robinet ! On est quoi ? Des chiens ?!
- Je... Je vous ai demandé si- »
Monsieur Jung pose sa main sur l'épaule du blond. Celui-ci se tut instantanément.
Sentant la pression de la poigne s'intensifier, Jeonghan s’inclina face à la famille. Il tenta d'ignorer la honte qui lui gelait le corps et les larmes qui menaçaient de tomber sur ses joues chaudes.
« Je vous demande pardon pour mon attitude. » dit-il en fermant les yeux.
M. Jung l'envoya ensuite en cuisine; la dernière qu'il entendit fut les ricanements du fils ainé et cela lui suffit pour se mettre à pleurer.
Il était habitué à ce genre d'humiliation publique mais ce n'était pas arrivé depuis un moment et sa petite bulle de bonheur avait éclaté si violemment que ça lui avait fait un choc.
Parce que depuis qu'il se savait aimé il avait l'impression que le monde était moins gris.
Pathétique, pensa-t-il en se roulant en boule dans un coin de la cuisine.
La porte s'ouvrit et il cacha encore plus sa tête dans ses épaules; M. Jung l'avait déjà vu dans cet état, il ne dirait rien.
« Jeonghan ? » appelait-il. Il fit quelques pas. « Ah. Il est là.
- Merci beaucoup monsieur. » Une grande main se posa sur le haut de sa tête et se mit à le caresser. « Hanie... »
C'était Seungcheol.
Les pleurs du blond redoublèrent. « Oh non... Allez, viens là. » chuchota le brun en serrant Jeonghan contre lui « Ça va aller. Tu verras, un jour tous ces gens ne seront que passé. »
Jeonghan prit une profonde inspiration et se gorgée les narines du parfum de Seungcheol.
Un jour, un jour on partira loin, loin, loin d'ici.
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Finalement, Jeonghan avait fait dans la simplicité.
Il avait emprunté une chemise rouge à carreaux blancs à Mingyu et un jeans déchiré de partout à Jisoo ; il avait mis ses bottes noires et pour compléter Wonwoo avait mis la main sur une paire d'oreille de loup à barrette et une queue à nouer à la taille.
« Tout comme un vrai ! » dit Wonwoo en faisant un clin d'œil à Jeonghan.
« C'est pas mal ! Je suis sûr que Seungcheol va adorer. » rajouta Seungkwan du pouf où il était assis. Il fit un clin d’œil au blond puis retourna à ses réseaux sociaux.
« Arrêtez... » bougonna Jeonghan en rougissant. Wonwoo et Seungkwan se mirent à l’imiter. Il les fuit en sortant de sa chambre.
Seungcheol serait là d'un moment à l'autre et Jeonghan ne voulait pas le faire attendre.
« Le maquillage ! » s'exclama Mingyu en entrant dans le salon avec une boite noire à paillettes. « Un peu de rouge à lèvres et de blush le rendra dingue.
- Vous savez que ce n'est pas un rendez-vous, n'est-ce pas ?
- Il aurait invité Jisoo aussi si ça n’avait pas été un rencard ! Tu fais battre son cœur et briller ses yeux, hyung. Il t’aime, d’accord ? »
Jeonghan se rappela de la déclaration indirecte qu’il lui avait fait quelques jours plus tôt et ses oreilles se mirent à chauffer violemment.
« Tu as rasé tes jambes ? » demanda Wonwoo en posant sa main sur le genou découvert de son cousin. Il jugea avec mépris les poils qui dépassaient.
« Ouais mais ça a déjà repoussé.
- C'est toujours comme ça... Pourquoi t'utilises jamais mes huiles essentielles ?
- L'odeur est trop forte.
- Mais c’est efficace. »
Jeonghan haussa les épaules et Mingyu soupira d'agacement ; il bougeait trop.
« Fini ! Et pile à temps. » dit-il alors qu'on toquait à la porte.
Seungcheol, en bon Seungcheol qu'il était, avait choisi de se déguiser en joueur de basketball professionnel. C'était étrange parce que l'un à côté de l'autre, ils ressemblaient à l’harceleur et à sa victime qu'on trouve toujours dans les séries.
« Bonsoir tout le monde ! » Soonyoung vint lui faire leur poignée de main secrète et Jihoon récupéra son petit-ami en faisant un sourire d’excuse à Jeonghan. « Hé, Hanie... J'adore te tenue. »
Et bien qu’il s’agît d’un compliment, il sonna plutôt déçu. Jeonghan paniqua.
« La tienne est pas mal ! » s'exclama-il en retour. SA réaction embla amuser Seungcheol qui ricana.
« Bon hé bien… On va y aller, nous.
- A plus tard tout le monde. Verrouillez bien la porte ! » dit Jeonghan en fermant la porte. Seungcheol lui attrapa la main et le guida vers le hall d’entrée.
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Jeonghan conduisait très mal. Son père disait que c’était parce qu’il n’était pas assez instinctif ; lui pensait que c’est parce qu’il l’était trop. Sa voiture faisait toujours des bruits bizarres et il calait souvent ; qu’il ait son permis était un miracle.
Contrairement à lui, Seungcheol conduisait à merveille. Jeonghan se retrouvait toujours à s’endormir quand il était au volant. Donc, cette fois-ci ça n’avait pas loupé.
C’est une main sur sa cuisse qui le réveilla.
« On est arrivé ? » demanda-t-il de suite.
Seungcheol rigola doucement.
« Non, je voulais d’abord te montrer un truc. » Il sortit de la voiture et Jeonghan en fit de même.
Ils étaient en plein milieu de la forêt. Il n’y avait rien, pas même un lampadaire. La seule chose qui les éclairait était la demi-lune au-dessus d’eux.
« Seungcheol ? » appela Jeonghan en frissonnant. Il n’aimait pas du tout ce cadre. Il attrapa la main du brun et regarda à plusieurs reprises derrière lui.
« Qu’est-ce qu’on fait ici ?
- Détends-toi. J’ai trouvé un coin sympa l’autre jour et je me suis dit qu’il serait sûrement sublime sous cette lune. Je suis sûr qu’il te plaira. »
Ils s’enfoncèrent dans les bois jusqu’à ce que même la voiture soit cachée par la branche.
« Pourquoi pas être venu avec quelqu’un d’autre ? » geignit Jeonghan en resserrant sa prise sur la main de Seungcheol.
Celui-ci s’arrêta et aida le blond à passer par-dessus une grosse branche. Ils se retrouvèrent dans une petite clairière au milieu de laquelle trônait un jeune chêne.
« Parce que tu es le seul avec qui je veux venir ici. » murmura le brun en serrant Jeonghan à la taille. Il se mit à danser doucement et le blond suivit le mouvement.
C’était si paisible. Jeonghan ne s’était jamais sentit aussi bien qu’en cet instant. La chaleur de Seungcheol contre son corps, les battements de son cœur contre son oreille, la douceur de sa main dans son dos… Il n’y avait nul autre endroit où il rêvait d’être.
« Pourquoi moi ? »
Pourquoi l’avoir emmené ici ? Pourquoi avoir pris autant soin de lui ? Pourquoi l’aimait-il ?
« Parce que c’est toi. Et que je…Tu m’es très précieux, c’est tout.
- Je vois… Tu m’es très précieux aussi. »
Jeonghan trouva le courage de lever la tête et fit un sourire timide à Seungcheol. Celui-ci ne répondit pas de la même manière. Il eut plus l’air désolé.
« On devrait retourner à la voiture ou on va être vraiment en retard. » il déposa un baiser sur la joue de Jeonghan puis se sépara de lui. Et quand Jeonghan essaya de prendre sa main pour le retour, il l’esquiva.
Ils remontèrent dans la voiture en silence. La radio se lança automatiquement au redémarrage et aucun d’eux ne dit quoique ce soit.
Jeonghan, qui avait décidé de ranger sa peine dans un coin de sa tête, ne tarda pas à somnoler.
BOUM PCHHH
La voiture tressauta d’un coup et Seungcheol jura. Il pila sur le frein et força l’embrayage en même temps. Le véhicule se déporta dans l’herbe du bas-côté et percuta un arbre.
« Aïe… » Jeonghan posa sa main sur sa tempe. Juste un peu de sang. Ça ne serait pas grave longtemps. Par contre…
« Seungcheol, oh mon dieu ! »
Il se tourna précipitamment vers le brun qui avait les deux mains fermement serrées sur le volant et la tête posée sur celui-ci. Immobile.
« Seungcheol ! » hurla à nouveau Jeonghan, les larmes obstruant sa vue.
Le brun grogna et le blond se tut. Il se redressa et passa une main sur son front ; comme s’il vérifiait qu’il n’avait pas de blessure ce niveau-là. Il se tourna ensuite vers Jeonghan avec la même panique que celui-ci un peu plus tôt.
« Hanie, tu vas bien ? Ton front…
- T’inquiète, ça va aller pour moi. On devrait appeler une ambulance.
- Pas de réseau ici. » soupira le brun en reposant sa tête sur le volant. Il soupira un bon coup. « C’est probablement une roue qui a éclaté. Allons voir. »
Seungcheol sortit de la voiture et Jeonghan se hâta de faire de même. Il avait beau avoir peur d’être dans cette partie de la forêt à cette heure-ci, il avait encore plus peur que Seungcheol fasse un malaise.
« Alors ? »
Il avait raison. C’était la roue. La pauvre était déchiquetée.
Seungcheol s’activa immédiatement et pendant un quart d’heure ils devinrent un mécano et son assistant.
« Hanie ?
- Oui ?
- Pourquoi… » il soupira, posa la roue de rechange et attrapa les mains de Jeonghan comme il avait l’habitude de le faire quand il voulait parler de quelque chose d’important. « Dis-moi la vérité.
- Q-quoi ?
- Est-ce que je peux t’aimer ? Parce que je t’aime mais j’ai peur d’être blessé. »
Quoi ?
« Tu… Tu m’aimes ?
- Tellement. » Malgré la saleté sur les mains de Jeonghan, il les embrassa quand-même. « Mais j’ai peur.
- De quoi ?
- De ce que tu pourrais t’avérer être vraiment. »
Jeonghan ferma les yeux. Oh non… Seungcheol savait.
« Je t’aime. » geignit-il. « Seungcheol je t’aime. » une larme coula le long de sa joue et le brun la cueillit sur son doigt.
« Je t’aime au… »
Crac
Jeonghan ouvrit les yeux.
Il était là.
« S-Seungcheol, debout. » dit-il en parcourant du regard la forêt. « Va dans la voiture et n’en sors pas temps que je ne te l’ai pas dit.
- Attend, qu-
- MAINTENANT. »
Un sifflement perça les oreilles de Jeonghan qui sauta sur Seungcheol pour le protéger. Il jeta un regard derrière son épaule. Une flèche était plantée dans un tronc.
Le blond poussa le brun sous le véhicule et se redressa.
« MONTRE-TOI ! » rugit-il. Ses yeux devinrent rouges et ses dents laissèrent place à des crocs. Ses oreilles s’affinèrent et un duvet sombre poussa sur celles-ci. Il n’eut aucun mal à entendre la prochaine flèche.
Il l’attrapa et la brisa en deux.
Une minute s’écoula. Puis une deuxième.
« Jeonghan ? »
Il se tourna vers Seungcheol et s’agenouilla à ses côtés pour chercher ses possibles blessures.
« Ça va ? » murmura-t-il.
Seungcheol baissa les yeux et s’écarta du blond.
La respiration de Jeonghan se coupa. Seungcheol avait peur de lui.
« Seungcheol… je t’aime, ne l’oublie pas. » Il posa sa main griffue sur le genoux du brun et ouvrit la portière. « Entre te mettre à l’abris. Je ne le laisserai pas te faire du mal. »
Il tendit son oreille et fronça les sourcils.
Leur assaillant s’enfuyait. Il n’allait pas laisser ça arriver.
Il grogna profondément et il entendit le cœur de son ennemi tressauter.
Il ne lui fallut qu’une minute pour repérer l’homme-pingouin entre les arbres. Il contournant plusieurs d’entre eux et prit l’assassin par surprise en bondissant sur lui.
L’individu tenta de lui asséner un coup de poignard mais Jeonghan l’esquiva de peu. Il s’éloigna de l’homme par sécurité.
« Saleté de clebs ! » hurla l’homme en sortant une seconde lame de la poche intérieure de son sweat-shirt. « Je vais te tuer. »
Jeonghan grogna.
« Tu as tué beaucoup trop des miens pour que je me contente de mourir s’en t’emmener avec moi. »
La famille de Jeonghan avait été chassée pendant des générations et même si les chasseurs s’étaient fait de plus en plus rare, tous les enfants de la famille avait appris à se défendre et Jeonghan était particulièrement bon avec ses crocs.
C’est pourquoi il s’élança vers l’homme-pingouin. Leurs deux corps se percutèrent. Il lui asséna un coup de griffes au travers de la figure puis mordit dans sa gorge. L’hurlement de l’homme se finit en bruits gutturales, sa bouche se remplissant de son sang.
Jeonghan se détacha du corps gigotant comme un asticot et s’assît dans l’herbe.
C’était fini ? Cet homme qui avait tué une famille entière avait cédé si facilement.
Le blond voulut se relever mais une forte douleur à son flanc droit l’en empêcha.
Il avait été poignardé.
« Chier… »
Il serra les dents et retira la lame d’un coup sec.
« Ah ! »
Il devait retourner à la voiture. Seungcheol était seul là-bas.
Il fit demi-tour en titubant, laissant le corps derrière lui.
La voiture éclairait toujours la route quand il revint sur ses pas. Il réalisa en grimaçant que tout le sang sur sa chemise devait être beaucoup plus visible que dans la nuit noire de la forêt.
« Seungcheol ? » appela-t-il. Il aperçu la silhouette du brun. Il était vivant ! « Seungcheol ! » Il contourna le véhicule et ouvrit la portière.
« Seung– » Jeonghan baissa ses yeux vers son torse. La tête de la peluche que Seungcheol lui avait offerte était enfoncée dans son cœur. « Cheol. »
Il leva les yeux vers le brun.
Seungcheol n’avait pas l’air aussi doux que d’habitude, ses grands yeux étaient sombres, ses lèvres pincées, sa mâchoire tendue ; il avait l’air dangereux.
Il ricana.
« Je t’aimais tellement. J’ai tué tous ces gens pour te protéger. »
Jeonghan voulut attraper Seungcheol mais son corps refusa de lui obéir.
Poison.
Seungcheol le poussa lentement de la pointe des doigts et il tomba sur le dos.
« Mais il fallait que tu sois l’un d’entre eux. Un monstre. Si tu me l’avais dit plus tôt… »
Il s’assît sur le buste de Jeonghan qui se mit à pleurer.
« Je... je ne suis pas un monstre. »
Seungcheol posa ses lèvres sur celle de Jeonghan.
« Plus dans quelques secondes. »
CRAC
×××
Joyeux Halloween 🎃
Ceci était un défi entre SaliaEtDalion et moi-même. Nous devions écrire une nouvelle de 1 000 mots au moins, inclure le mot "pingouin" trois fois et être dans le thème d'Halloween.
J'espère que cette nouvelle vous a plus, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.
Et allez lire la nouvelle de Dalion, Night of the Mermaid dans son recueil Dalion Sanctuary !
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