Nick nous prit la main et on tourbillonna jusqu'au salon des Wall. Les exclamations ne se firent pas attendre. Mumu et Rébecca se précipitèrent sur elle pour l'embrasser. J'entraînai Nana avec moi et frappai à la porte de Benji. Pour ne pas changer il ne répondit pas. J'ouvris la porte et j'ai bien cru qu'il allait s'étouffer en voyant Nana derrière moi. Il se releva du lit et la dévisagea perplexe. Nana quant à elle baissa les yeux sur ses pieds. Je fermai la porte et attira Nana près de Benji. 

– Bonjour, murmura timidement Benji. 

Mais ce simple mot suffit à faire fondre Hélèna en larmes. Elle se précipita sur la porte pour partir. Je la rattrapais avant qu'elle ne touche la poignée. 

– Non, Hélèna, vous allez vous parler tous les deux. Ça a assez duré comme ça ! 

Nana était inconsolable, elle en avait gros sur le cœur. Je l'ai prise dans mes bras et fis les gros yeux à Benji qui se trouvait derrière Nana, pour qu'il se bouge un peu pour prendre le relais. Il hésita et posa ses mains sur les épaules de Nana. Celle-ci se mit à trembler comme une feuille et Benji la fit pivoter vers lui. J'ai bien cru qu'Hélèna allait s'effondrer, et Benji dut sentir la menace car il la fit s'asseoir sur le lit. 

– Hélèna, pardonne-moi, j'ai été un imbécile. Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi. Je ferai tout ce que tu veux, j'arrête de prendre des décisions à ta place. Épouse-moi et si tu veux materner je te donnerais un enfant. Mais reviens-moi Hélèna. Je n'existe plus sans toi, tu es mon oxygène ma puce. Reviens vivre avec moi. 

Il s'agenouilla à ses pieds pour implorer son pardon. J'étais un petit peu gênée, et aurait bien voulu quitter la pièce illico pour les laisser dans l'intimité. 

– Tu... es... sérieux ? 

Elle sanglotait toujours. 

– Mon amour, je n'ai jamais été aussi sérieux de ma vie. 

Elle se leva du lit et donna la main à Benji pour qu'il se relève. 

– Je veux me marier avec toi Benji, mais je ne veux pas aller à l'église, je veux juste que toi et moi ce soit officiel, à la mairie. 

– Chérie on ira demain matin si tu veux ? Mais finis tes études avant pour ce qui s'agit des enfants. 

Elle approuva discrètement et j'en profitai pour m'éclipser sans un bruit. J'avais la main sur la poignée quand Hélèna me héla. Et merde, je n'étais pas si discrète que ça finalement ! 

– Jenny, tu veux bien être mon témoin ? me demanda Hélèna.

 – Bien sûr Nana, mais je n'ai pas eu le temps d'acheter une belle robe ! 

– Ce n'est pas grave Jenny, je ne veux rien de grandiose. On pourra même tous y aller en jeans et teeshirt, la décontraction sera le maître mot de notre mariage. Du moins si tu es d'accord ? 

Elle se retourna vers Benji, et un spasme la parcourut de la tête aux pieds. Celui-ci la serra dans ses bras. 

– Je t'ai rendu si malheureuse que tu en trembles encore, je suis vraiment désolé ma puce. Et je m'en fous du thème, de la tenue et de ce qui va avec. Je te veux juste toi. 

Elle souriait enfin. 

– Dans ce cas d'accord, je veux bien être ton témoin Nana et je me ferai un plaisir de m'habiller en jean ! 

Sur ces belles paroles, je les laissais tranquilles et quittai la chambre en souriant. 

– Alors ? me demandèrent les Wall, quand je regagnai le salon.

 – Vous n'avez pas entendu ? 

– Non, Benji a un sort d'isolation permanent sur sa chambre. 

– Ils vont se marier demain ! lâchai-je avec mon plus beau sourire. 

– QUOI ? 

Rébecca se leva brusquement du canapé et je savais que ce qui l'inquiétait ce n'était pas que notre frère épouse Nana demain, mais le fait qu'elle n'ait rien pu prévoir pour la cérémonie et la robe. 

– Rébecca calme-toi, le thème de leur mariage c'est la décontraction, autrement dit, jean-basket. Et ils ne veulent pas passer à l'église, juste à la mairie. 

Nick pouffa et Rébecca se renfrogna en se précipitant dans la chambre de son frère. Quant à moi, je m'installai auprès de mon mari, en le bombardant de tendres baisers. En quelques secondes il me plaqua sous lui en m'allongeant sur le canapé.

 – Mais ça ne va pas du tout ça ! grommela Rébecca de retour au salon. Vous ne pouvez pas aller faire ça dans votre chambre ? 

Elle était contrariée, ça se voyait. Je repoussai Nick en souriant et une pensée me traversa l'esprit. 

– Où sont mes enfants ? demandai-je à Nick en retrouvant mon sérieux. 

– Ils dorment à poing fermés mon amour, ne t'inquiète pas comme ça. 

La pression de mon estomac se dissipa et je regardai Rébecca faire les 100 pas dans le salon pendant une bonne minute. 

– Bon, Rébecca, qu'est ce qui ne va pas ? 

– Ils ne veulent rien entendre ! grommela-t-elle en continuant ces 100 pas. 

– Qui ? Benji et Nana ? 

– Oui, franchement célébrer un mariage en jean ? C'est n'importe quoi ? Et ils ne veulent même pas de repas de cérémonie. 

– Si c'est leur choix Rébecca, et s'ils sont heureux comme ça. Ne leur gâche pas leur bonheur. Mais ne t'en fais pas, pour ton mariage avec David, je mettrai la main à la pâte pour tout organiser ! 

David souleva un sourcil sceptique. Apparemment le mariage n'était pas pour dans l'immédiat, mais Rébecca semblait avoir repris du poil de la bête.

 – OK, tu as raison, c'est leur problème après tout. 

Puis elle haussa les épaules et alla se pelotonner contre son David. Avant de se relever subitement en écarquillant les yeux.

– Jenny, il faut que je te parle. 

Elle m'arracha des bras de mon mari pour se précipiter dans la salle de bain, qui était la pièce la plus proche de nous. Elle isola la pièce des oreilles indiscrètes. 

– Avec ta grossesse, on n'a pas eu le temps d'organiser ta lune de miel, et je pense ne pas me tromper en disant que Nick, n'a certainement pas pu retirer la jarretière de ta robe de mariée ce soir là non ? 

J'éclatai de rire. 

– Je suis sérieuse Jenny. 

– Mais Rébecca, je n'ai besoin d'aller nulle part ailleurs. Je suis très bien ici, entourée de ma famille, de mon mari et de mes enfants. 

– Je ne te laisse pas le choix Jenny. Tu partiras en lune de miel quelque part et on s'occupera des petits en votre absence. 

– Rébecca, une lune de miel c'est pour ceux qui n'ont pas encore goûté au plaisir charnel avec leur partenaire ! 

– Jenny, je vais m'énerver, et je ne veux pas m'énerver contre toi, car je t'adore. Alors tu partiras demain en lune de miel, et je vais également organiser celle de Benji et Nana. 

– Demain ? Mais non Rébecca je ne peux pas laisser mes petits, c'est trop tôt, je suis désolée. 

– Tu as confiance en moi et en ma famille ?

 – Bien sûr, mais là n'est pas la question Rébecca. 

– Si tu ne pars pas demain soir avec Nick en lune de miel, je crois que je ne te le pardonnerai jamais. S'il te plaît, fais les choses bien jusqu'au bout, ça me ferait extrêmement plaisir. Seulement deux nuits si tu ne veux pas t'attarder, et pourquoi pas à l'île Maurice c'est la destination la plus proche de chez nous. Où Rodrigues ? 

Je soupirai.

– Il faut que j'en parle à Nick d'abord ! 

– Non, fais-lui la surprise Jenny, il sera très heureux je te le jure. 

– Bon d'accord, mais je préférerais l'île Rodrigues, c'est moins touristique et plus naturel. Je sais qu'il y a beaucoup de végétation, au moins Nick ne sera pas dépaysé. 

– OK, je m'occupe de la réservation. 

Elle en trépignait presque d'impatience. 

– Rébecca, je vous confierai mes deux amours et... 

– Ne t'inquiète pas Jenny, tu crois vraiment qu'on pourrait leur faire du mal ? Ou qu'on les laisserait mourir de faim ? 

– Non, mais c'est la première fois que je me séparerai d'eux. Ils sont si petits. 

– Ne t'en fais pas, on t'enverra des nouvelles fréquemment, d'accord ? 

J'approuvai. 

– Bon motus et bouches cousues. Tu n'en parles pas à Nick et ne craque pas ! ajouta-t-elle aussitôt. 

– Ok, soufflai-je en m'apprêtant à quitter la salle de bain. 

– Attends Jenny, je mettrai dans ta valise, ta robe de mariée et tout ce qui va avec. Tache de la porter demain soir ! 

Je pouffai et je quittai cette fois-ci réellement la pièce. 

– Je vais me coucher Nick, mais tu peux rester ici si tu veux. 

Peine perdue, il se leva aussitôt pour aller se coucher avec moi. La porte n'était même pas encore fermée qu'il commença à m'interroger. 

– Qu'est-ce qu'elle voulait ? 

– Mais dis donc monsieur Wall, ça ne te regarde pas du tout. Elle a bien le droit de discuter en privée avec sa belle-sœur quand même ? 

Il me dévisagea sceptique. 

– Je connais ma sœur, mieux que je ne te connais toi. Et la manière dont elle t'a arraché à moi, ne pouvait signifier que quelque chose d'urgent. 

Je l'embrassai de peur de vendre la mèche. Il me rendit mon baiser en m'étreignant contre lui. Ses lèvres descendirent sur mon cou en me faisant frissonner. 

– Pas ce soir chéri, je suis fatiguée. 

– Ah non ! Tu m'as promis ce matin, que tu te donnerais à moi ce soir. J'ai attendu ce moment avec impatience toute la journée. Tu n'as pas le droit de me faire ça ! 

– Mon cœur je me rattraperais je te le promets, en pensant notamment à la lune de miel du lendemain, mais pas ce soir, juste pas ce soir trésor ! 

Il paraissait déçu mais n'insista pas. Du moins pendant quelques minutes, car une fois sous les draps, il m'attira à lui. 

– Jenny tu es sure ? Juste un peu mon cœur. 

– Non, Nick pas ce soir, je suis vraiment fatiguée. Et puis il y a le mariage de notre frère demain, il faut qu'on soit en forme. 

Celui-ci laissa ses mains expertes vadrouiller sur mon corps. 

– Nick, mais tu es vraiment têtu comme vampire toi ! 

– Mon amour, j'ai l'impression que plus je fais l'amour avec toi et plus je deviens accro. 

– Hé bien, fais une cure de désintoxication, ça te calmera un peu. 

– Oh t'es dure Jenny !

Il se plaça sur moi en m'embrassant le cou. Je sentais une partie de son anatomie prête au combat. 

– Nick, je ne vais pas te supplier toute la nuit. Je n'en ai pas envie, du moins si j'en ai envie mais pas ce soir. 

Il soupira et s'allongea à une bonne distance de moi sur le lit. Au bout de quelques minutes je sentis le lit bouger. 

– Je vais prendre une douche mon amour, passe une bonne nuit, je t'aime. 

– Une douche froide ? demandai-je en essayant de ne pas sourire. 

– Tu me tortures Jenny, mais je ne te forcerai pas si tu ne veux pas de moi. 

Puis il quitta la pièce en caleçon. Je fus prise de remords, car ayant connu les fameuses douches froides durant ma courte séparation avec Nick, je savais exactement ce qu'il pouvait ressentir. Néanmoins la fatigue l'emporta et je m'endormis avant qu'il ne réapparaisse dans la chambre. Nana me réveilla en fanfare à sept heures du matin, ma fille dans les bras. 

– Debout debout debout, s'écria-t-elle en me secouant vigoureusement. 

– Allez dépêche-toi, tu dois te préparer et préparer ma filleule. Nick s'occupe déjà d'Enzo. 

Je me redressai en baillant, enfilai mon peignoir et pris ma fille dans les bras de sa marraine. 

– Comment veux-tu que je l'habille ? 

– En jean comme nous tous ! 

– Je n'ai pas de jean pour bébé Nana, je vais voir avec Nick s'il peut en faire apparaître par magie. 

– Non, je vais voir, toi commence à la préparer, j'arrive. 

Et elle quitta la chambre. 

– Bonjour mon amour ! Eh bien oui marraine va se marier, tu te rends compte ? Oui c'est vrai tu ne dois pas vraiment t'en rendre compte, mais c'est un jour magique pour eux. 

Jessica me dévisageait, ses petits yeux bleus rivés aux miens. Je l'embrassai tendrement avant de la serrer contre ma poitrine. Sa petite bouche cherchait mon sein, elle avait faim. Je fis descendre ma nuisette sur mon sein droit et je la laissais téter. Hélèna revint cinq minutes plus tard avec tout ce qui fallait pour habiller la petite. 

– Tu es vraiment obligée de la nourrir maintenant ? 

– Mais elle a faim Nana, répliquai-je en lui souriant. 

– Bon, dépêche-toi et en profite aussi pour nourrir Enzo, sinon tu vas perdre du temps. 

Nick entra dans la pièce à ce moment-là et je lui souris en voyant mon petit prince, habillé en jean et basket. Le regard de Nick fixait mon sein et il déglutit. 

– Nana, va te préparer je m'occupe des petits et dès qu'elle a fini je l'habille d'accord ? 

Elle approuva et quitta la pièce guillerette. Nick fit glisser l'autre côté de ma nuisette tout en me caressant. Sa main s'attarda sur mon sein, puis il plaça Enzo dans mon bras gauche pour qu'il puisse téter également. Une fois le repas terminé, j'habillai ma fille avec les vêtements qu'Hélèna m'avait rapportés tandis que Nick s'amusait avec son fils sur le lit. Une fois les enfants prêts, je pris ma douche et je m'habillai à la cool. Quand je quittai la salle de bain, Rébecca me toisa avec un regard malicieux puis elle leva le pouce discrètement dans ma direction. Je compris aussitôt, qu'elle avait réussi à réserver ma lune de miel pour Rodrigues. Et je lui souris en secouant la tête. A 8h45, tout le monde était prêt. Rébecca prit Enzo dans ses bras pour se transporter avec David. Nick, Jessica et moi nous sommes alors transportés jusqu'à la mairie et tous les autres suivirent. Je fus surprise de voir devant la mairie, Taylor, mon père et Chelsy, ainsi que les parents d'Hélèna, que je n'avais jamais rencontrés jusqu'à présent. Ils avaient tous suivi à la lettre le thème jeans basket et je crois bien que c'était la première fois que je voyais Taylor en jean. Papa et Taylor se précipitèrent sur leurs petits-enfants pour les embrasser. Benji avait choisi Nick et Rébecca comme témoins et Hélèna opta pour Brad et moi. La cérémonie se passa très bien et après avoir signé le registre des unions, le maire déclara : 

– Très bien, mademoiselle Hélèna Bertille et Monsieur Benji Varès, je vous déclare mari et femme. 

Hélèna rayonnait et je versai une petite larme devant tout ce bonheur simpliste. Une séance photo s'imposa après la mairie et un déjeuner dans un petit restaurant scella le mariage. Au milieu de l'après-midi, je réussis à m'isoler un moment avec mon amie. 

– Félicitations madame Varès. Tu deviens officiellement ma belle-sœur maintenant ! 

Elle regarda autour d'elle pour s'assurer qu'on était suffisamment loin des oreilles indiscrètes. 

– Tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse. 

– Oh, crois-moi, je sais ce que sais ! 

Elle pouffa. 

– Alors pour toi c'est Rodrigues ? murmura-t-elle d'un son presque inaudible. 

J'approuvai d'un hochement de tête. 

– Mais que deux jours et toi ? 

– On part ce soir également mais nous on va à Majorque pour une semaine. J'ai réussi à trouver une excuse pour l'école. 

– Benji est au courant ? 

– Rébecca voulait que je tienne ma langue, alors je ne lui ai rien dit. 

– Je crois qu'ils ne vont pas comprendre ce qui leur arrive ce soir ! 

Benji s'approcha de nous et on changea de sujet. Rébecca avait préparé toutes nos valises et l'heure du départ arriva. 

– Bon ! lança Rébecca subitement. Nick, Jenny, Benji et Hélèna, j'ai une surprise pour vous. Alors on se retrouve à la maison dans trente secondes. 

Nick me prit dans ses bras et on se transporta. A peine étions-nous arrivés que les exclamations de surprises de nos époux respectifs ne se firent pas attendre. Ils bombardèrent Rébecca de questions. Puis ils se tournèrent lentement vers Nana et moi. 

– Vous êtes dans la confidence n'est-ce-pas ? C'est pour ça que vous ne posez aucune question ? 

Je rougis jusqu'aux oreilles et Hélèna fit comme si elle n'avait rien entendu. J'embrassai mes petits à tour de rôle et puis je fis la bise à tout le monde. Hélèna fit de même, mais nos maris encore sous le choc, ne dirent au revoir à personne. 

– Bougez-vous ! cria Rébecca, en revenant dans la pièce avec les valises. 

Nick et Benji écarquillèrent les yeux surpris. Nick embrassa ses enfants et fit un bref signe de mains aux autres. Nick me prit à nouveau dans ses bras pour se transporter jusqu'à l'aéroport. J'avais déjà le cœur gros, de laisser mes petits derrière-moi. Rébecca nous fourra un billet d'avion dans les mains avec nos pièces d'identités. Elle nous serra dans ses bras avant de nous laisser passer le contrôle des douanes, afin qu'on aille chacun dans nos avions respectifs. 

– On part vraiment pour Rodrigues ? demanda Nick en lisant le billet d'avion. 

Je lui souris mais ne dit rien. Le vol dura une petite heure et demi, et à 20H30 on atterrit à l'aéroport de Rodrigues. Un homme avec une pancarte à notre nom nous attendait à la sortie. Rébecca avait décidément tout bien planifié.