Chapitre VII Le trou de fer
Je frappais à la porte de Gilles, et celui-ci m'ouvrit en souriant.
– Tu vas mieux ma belle ? me demanda-t-il en s'effaçant pour me laissé passer.
– Oui ça va.
– Coucou, murmura Mumu d'une voix rocailleuse.
Je me figeais sur place, son ventre s'était encore sérieusement arrondi.
– Waouh, à première vue, on pourrait penser que tu es enceinte de six mois au moins.
Elle sourit, mais était pâle. Quelque chose avait changé depuis hier.
– Tu n'as pas l'air d'aller bien Mumu !
– En effet, je ne me sens pas au mieux de ma forme. Je suis pressée d'accoucher.
– Et qu'en dit Logan ?
– Il n'est pas encore passé aujourd'hui, mais j'aimerais bien, qu'il trouve un médicament contre la douleur, ça me soulagerait pas mal.
– Et tu as mal où ? demanda Gilles.
– Un peu partout à vrai dire, j'ai l'impression d'être passée sous un bulldozer.
Gilles fronça les sourcils.
– Je vais appeler Logan, voir s'il peut venir de suite, Brad ira le chercher.
– Non, laisse le travailler mon cœur, j'attendrais mon tour, plaisanta-t-elle.
– Je ne plaisante pas Murielle, ah voilà Nick.
– Où ? demandais-je aussitôt, mais celui-ci franchit la porte en souriant.
– Bonjour mon amour, je ne pensais pas que tu te serais réveillée avant que je ne revienne.
– Où étais-tu ? demandais-je soulagée.
– À l'hôpital, j'ai été voir Logan.
– Il va venir ? demanda Gilles aussitôt.
– Oui, il doit ausculter Jenny.
– Ça tombe bien, il pourra voir Mumu, en même temps alors !
Nick acquiesça et me fit signe de le suivre. Je m'exécutais et on se dirigea vers la cuisine.
– Alors comment vont tes côtes ?
– Elles vont bien, plaisantai-je, mais je dois dire que je suis un peu malheureuse ce matin.
Nick, qui était entrain de prendre un bol dans le placard, me dévisagea.
– Qu'y a-t-il ? me demanda-t-il en venant à mes côtés.
– Je n'ai pas eu droit à mon bisou ce matin !
Il soupira, balança la tête de droite à gauche et m'embrassa tendrement.
– Ça va mieux ?
– Hum, je ne sais pas trop, tu devrais réessayer pour être sûr.
Il rigola et fondis sur mes lèvres en me serrant contre lui.
– Je crois que ça va mieux maintenant, mais ne t'éloigne pas trop, je risque d'avoir encore besoin de ton antidote.
– Ah, Jenny, si tu n'existais pas, on devrait t'inventer !
– Pourquoi m'as-tu abandonné ce matin ?
– Je devais voir Logan, pour lui demander quelque chose.
– Et c'est quoi ce quelque chose ?
– Tu verras tout à l'heure, mais pour l'instant il faut que tu prennes des forces, ce qui t'attend n'est pas de tout repos.
Une idée s'insurgea dans mon esprit immédiatement, Nick et moi, dans la chambre, à l'abri des oreilles indiscrète. Mon idée dû se lire sur mon visage, car Nick ajouta :
– Ce n'est pas ce à quoi tu penses.
– À oui et à quoi je pense ?
– À des choses pas très raisonnables vu ton état.
– Je vais bien, Nick. Donc si je me trompe c'est quoi alors la chose qui ne sera pas de tout repos ?
– Tu verras bien, alors prends ton petit déjeuner, Logan arrive.
– Pourquoi Logan ne viendrait-il pas habiter avec nous ? l'interrogeais-je.
– ÇA C'EST UNE EXCELLENTE IDÉE JENNY, hurla Brad de sa chambre.
Je pouffais, il est vrai que dans une maison remplie de vampire à l'ouïe si affinée, toute confidence relevait de la sottise.
– Moi je n'y vois pas d'inconvénients, ajouta Nick en haussant les épaules, au contraire un médecin à la maison, c'est plutôt rassurant.
– MOI AUSSI JE SUIS D'ACCORD, ajouta Gilles en beuglant.
– Et nous aussi sommes d'accord, lancèrent Dean et Marion en entrant dans la cuisine.
Celle-ci s'approcha et me fit une bise, tandis que Dean ébouriffait mes cheveux en riant.
– MOI, J'ÉMETS UNE RÉSERVE. J'ACCEPTE À CONDITION QUE VOUS VOUS ABSTENIEZ DE VOUS EMBRASSER DEVANT MOI, hurla Taylor.
– Génial, lança Nick.
– Qu'est-ce qui est génial ? demandais-je.
– IL ACCEPTE, répondit Brad à ma question.
– Oh, c'est cool, tant mieux.
Au bout d'un bon quart d'heure, Logan, entra à son tour dans la cuisine.
– Bonjour, alors à qui le tour ? plaisanta-t-il.
– Je crois que c'est à moi, déclarais-je en me levant, et celui-ci me fit la bise.
– D'accord, suis-moi Jenny, on va voir tout ça.
Nick, discutait avec Dean et j'en profitais pour attirer Logan vers la chambre pour l'interroger.
– Alors c'est quoi, le truc très fatigant que veut me faire Nick ? murmurais-je.
– Tu es trop curieuse mon amour, répliqua une voix derrière moi.
Je souris, m'apercevant que je ne l'avais en aucun cas dupé en essayant de sortir discrètement. Logan sourit également.
– Secret professionnel Jenny, mais je pense que tu vas bien aimer.
– Vous n'êtes vraiment pas sympas tous les deux, raillais-je.
– Alors, est-ce-que tu as encore mal ?
– Non, le sort de Nick a tout arrangé.
– Je vois ça, affirma-t-il en appuyant sur mes côtes.
– Je vais prendre ta tension et ta température.
Il fouilla dans sa valise et au bout de quelques minutes il annonça à Nick, qu'il avait son accord, à condition, que je ne fasse pas de gestes brusques.
– Tu sais Nick, toi ou un de tes frères et sœur devrait devenir médecin, avec vos dons, vous sauverez beaucoup plus d'humains que moi!
– Rébecca y a vaguement pensé, mais selon elle les études sont trop longues. C'est vrai que sept ans d'études pour une semi-immortelle c'est très long, plaisanta-t-il.
Logan sourit sans rien ajouter.
– Donc tout est bon Logan, il n'y aura aucun souci ?
– Non, mais s'il y le moindre problème, allonge là et appelle-moi, je viendrais illico.
– Très bien, merci Logan.
– Je t'en prie, à plus tard. Je file m'occuper de mon dernier patient de la matinée.
– OH SECOURS, DOCTEUR JE SOUFFRE LE MARTYR, hurla Brad en riant.
Logan pouffa et quitta la pièce pour rejoindre son amant. Nick, fouilla dans mes affaires et en retira un jogging, un teeshirt à manches longues et mes baskets blanches.
– Euh, tu comptes me faire rattraper le cours de sport que j'ai raté ? demandais-je sceptique.
– On peut dire ça comme ça, habille-toi mon amour.
Je m'exécutais curieuse de savoir ce qui se préparait.
– Nana est partie en cours ?
– Oui avec Benji. Et Rébecca prendra les cours pour nous.
– Génial, je devrais lui dire, que ça me plairait bien, qu'elle prenne en note mes cours plus souvent, afin d'avoir du temps libre avec toi.
– Hum, c'est tentant mais je ne suis pas sûr qu'elle accepte, pouffa-t-il.
– Je suis prête, déclarais-je.
– Ok, on y va mon amour.
Et il m'entraîna avec lui vers la sortie de la grotte.
– On va se balader ? demandais-je.
– Oui, je me suis dit qu'une balade te ferait du bien, en vue de ce qui nous attend demain.
– Qu'est-ce qui nous attend demain ?
– Je pense que je devrais ordonner à Logan, de vérifier si tu ne souffres pas d'Alzheimer ! Jenny, on est samedi demain, ajouta-t-il.
– Oh, soufflais-je en sentant mon estomac se nouer.
Il s'était passé tellement de chose durant la semaine, que j'avais complètement oublié, que demain, on devait aller annoncer à mon père que je me mariais dans maintenant trois semaines.
– Nick, j'avais oublié ça, murmurais-je en sentant un stress m'envahir.
– Jenny, tout se passera bien.
– Et s'il refuse que je me marie ? Ou s'il s'en prend à toi ? Ou s'il refuse de venir ? Ou s'il...
– Chut, Jenny, ne t'en fais pas, s'il t'aime il acceptera ton bonheur.
– Oui mais s'il n'est pas d'accord ?
– Dans ce cas, tu choisiras ce que tu veux faire, je ne te forcerais jamais Jenny, c'est toi qui vois.
– C'est toi que je veux, répliquais-je.
– Moi, je le sais, c'est à ton père que tu devras dire cela.
– Tu m'aideras ? Tu ne me laisseras pas parler toute seule ? Hein ?
– Jenny, souffle et respire un bon coup. Je serais à tes côtés, alors détends-toi.
Je respirais profondément et on recommença à marcher, dans la végétation humide. On entendait des petits bruissements de feuilles et les gazouillis des oiseaux.
– Tu t'es calmée ? me demanda Nick au bout d'un moment.
– Oui, je suis certaine de ce que je veux, alors s'il n'est pas d'accord tant pis.
– Non, Jenny, ne le prends pas comme ça. Je vais tout faire pour que ça se passe au mieux. Je ne veux pas que tu aies à choisir entre ton père et moi.
– C'est toi que je choisirais Nick et tu le sais très bien.
– C'est pour ça, que je veux que tu te contrôles, afin de n'avoir à choisir entre aucun de nous deux. Je veux qu'on fasse tous les deux partie de ta vie.
Je lui souris en approuvant d'un signe de tête. Il passa un bras autour de moi et on recommença à marcher de nouveau.
– Ta forêt est magnifique Nick !
– Ce sera bientôt la tienne aussi mon amour.
Je lui souris en resserrant mon étreinte autour de sa taille.
– Quand tu seras fatiguée de marcher, n'hésite pas à me le dire, je te porterais.
– Je crois que tu te fatigueras beaucoup plus vite si tu me portes chéri.
Il pouffa en levant les yeux au ciel. On marcha ainsi, pendant une bonne heure, puis on arriva sur une magnifique chute d'eau de plus de trois-cent mètres de hauteur.
– Waouh, soufflais-je ébahie par la beauté du lieu, je n'aurais jamais pensé qu'un trésor aussi magnifique, à part toi bien sûr, puisse se trouver au cœur de cette forêt !
– Je te remercie de me comparer à un trésor, ça me fait plaisir. Cette chute d'eau s'appelle le trou de fer !
– Dommage que je n'ai pas emmené un maillot de bain.
Il sourit et son regard pétilla en me fixant.
– Quoi ? Tu as apporté mon maillot de bain ? demandais-je avec espoir.
– Hum, non, mais je pensais que tu avais abandonné tes complexes vis-à-vis de moi, et je puis t'assurer, qu'il n'y a absolument personne sur des kilomètres à la ronde.
Je le dévisageais bêtement, ne voyant pas trop où il voulait en venir. Puis il se déshabilla intégralement et je souris en comprenant enfin l'allusion.
– Tu veux que je me baigne ici, nue ? Mais si quelqu'un arrivait ?
– Je le saurais Jenny, crois-tu vraiment que je laisserais quelqu'un d'autre que moi, te regarder nue ?
Je lui souris et me déshabillais en rougissant, puis il m'entraîna dans l'eau.
– Heu, Nick, j'espère que tu n'as pas oublié que je ne sais absolument pas nager.
– Ça ce n'est pas vrai, l'autre fois à la plage, tu y es parvenue.
– Simple coup de chance Nick.
– Je ne suis pas de cet avis et puis de toute façon ce n'est pas profond.
L'eau était tiède, et le bruissement de la chute d'eau était très agréable. Je me blottis contre Nick et l'embrassa tendrement. La vue de son corps nu si parfait déclencha en moi, une envie fulgurante. Mes lèvres embrassèrent son cou et il frissonna.
– Jenny, non ! Tes côtes sont fraîchement réparées, il n'est pas question que je te fasse mal.
– Tais-toi et fais-moi l'amour Nick Wall, susurrais-je à son oreille.
Il ne se fit pas prier et combla mes moindres désirs.
– Je t'aime Nick, haletais-je ravie.
– Tu es aussi têtue qu'une mule, mais j'adore ça.
Je lui souris et il me prit dans ses bras. Il m'emmena ensuite nager un peu. Mes vaines tentatives pour nager le faisaient rire mais trop comblée pour râler, je souris. On se rhabilla et il fit apparaître un délicieux repas du néant. Une fois rassasiés, on s'allongea à l'ombre des tamarins. Une mouche me titilla et je sursautais en m'apercevant que je m'étais assoupie contre Nick.
– J'ai dormi longtemps ? demandais-je d'une voix rauque.
– Deux heures à peu près.
– Quoi ? Mais tu aurais dû me réveiller !
– Pourquoi j'aurais fait ça, tu avais besoin de repos ma puce !
Je m'assis en essayant de reprendre pleinement mes esprits.
– À quelle heure on part demain ? Et comment va-t-on aller à saint-pierre ?
– À quelle heure je ne sais pas, il faudrait que tu appelles ton père pour lui demander. Quant à ta deuxième question, je pense qu'on ira par magie, et on lui fera croire qu'on est venu en taxi.
Il retira de sa poche son portable et me le fourra dans les mains.
– Vas-y appelle le, comme ça, on sera fixé.
Je respirais profondément avant de composer son numéro. Papa avait l'air enchanté de me voir, mais un peu plus réticent à la venue de Nick. Le rendez-vous fut pris pour 11h30 dans l'appartement de fonction. Je rendis à Nick son portable au moment même où un petit papier fendit l'air.
Nick s'en saisit et me le tendit « Nick, ramène Jenny tout de suite, s'il te plaît, Murielle est en pleine crise de larmes et je ne sais pas quoi faire. Excuse-moi encore de te déranger. Gilles ».
– Nick, ramène-moi s'il te plaît.
Celui-ci approuva, se leva et me prit dans ses bras. Le tourbillon dura quelques microsecondes et on arriva directement dans la chambre de Murielle et Gilles. Celui-ci était à ses côtés, avec Rébecca, Logan et Hélèna.
– Qu'est-ce qui ne va pas Mumu ?
– Jenny, sanglota-t-elle, il faut que je te parle !
– Je crois qu'on devrait les laisser seules, suggéra Rébecca.
– Moi je reste, affirma Gilles.
– Non, indiqua Mumu, s'il te plaît Gilles, je dois parler à Jenny, seule à seule.
Celui-ci approuva en soupirant et tout le monde quitta la chambre.
– Jenny, je n'arrête pas de faire des rêves où mon bébé meurt. Jenny, je ne veux pas le perdre !
– Calme-toi Mumu, si tu écoutes ce que te dit Logan et que tu ne stresses pas trop, tout ira pour le mieux. Tu n'es pas seule Mumu, on est tous avec toi. Allez arrête de pleurer je t'en prie.
– Excuse-moi, je suis un peu sensible depuis ma grossesse.
– Un peu, est un bel euphémisme.
Elle eut un bref sourire, et s'écroula sur son lit.
– Mumu, balbutiai-je en la secouant, pour qu'elle se réveille, Mumu, ce n'est pas drôle, réveille-toi.
– GILLES, LOGAN VENEZ VITE, hurlais-je en la secouant plus vigoureusement.
Gilles fut le premier à nous rejoindre et se précipita sur Mumu, suivi de près par Logan.
– Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qu'elle a ?
– Je ne sais pas, on parlait et elle s'est écroulée, bredouillais-je paniquée.
Logan prit le pouls de Mumu, et écarquilla les yeux, en déchirant le tee-shirt de celle-ci.
– Gilles, va chercher ma valise immédiatement.
Logan commença un massage cardiaque et sans un mot je compris que son cœur s'était arrêté de battre. Gilles était pétrifié sur place et je courus chercher la valise de Logan.
Aussitôt, tous les Wall, se regroupèrent dans la chambre de Gilles. Je ramenais la valise en sanglotant, imitée par Hélèna.
– Qui sait faire le massage cardiaque ici ? demanda Logan, d'une voix affolée, entre deux insufflations.
– Moi, répondit aussitôt Benji.
– Tu vas me remplacer, il faut que quelqu'un m'emmène immédiatement à l'hôpital, pour récupérer du matériel.
Nick se proposa immédiatement.
– Benji, prends ma place et n'interromps pas le massage cardiaque, trentes compressions abdominales et deux insufflations, compris ?
Benji hocha la tête en prenant le relais de Logan. Aussitôt celui-ci se volatilisa avec Nick.
– Murielle ! gémit Gilles.
– Dean, transforme-la.
– Je ne peux rien faire Gilles, son cœur ne bat plus pour l'instant.
– Mumu, je t'en prie reste avec moi, la tristesse avait déserté sa voix et la colère pris le dessus.
– Tu n'as pas le droit de m'abandonner Murielle, tu m'as promis que tu te battrais, reprit-il en la secouant violemment.
– Éloignez-le, souffla Benji, qui avait du mal, à exercer son massage cardiaque avec les secousses de Gilles.
Dean, Marion et Rébecca, retinrent leur frère afin de l'éloigner de ma meilleure amie. Celle-ci était blême et aucun signe de vie n'apparaissait, malgré les efforts de Benji. Nick, se matérialisa avec Logan, et divers instruments médicaux.
– Benji, je vais connecter le défibrillateur, tu ne t'arrêteras que quand je te le dirais.
Celui-ci ne répondit pas, concentré sur ce qu'il faisait. Logan, injecta un produit dans les veines de Mumu et positionna son défibrillateur.
– Il me faut de l'électricité ? beugla Logan, en regardant partout.
Taylor prononça une formule, et une prise murale, avec une multiprise apparurent aussitôt.
Logan, brancha, deux appareils, un qui mesurait le rythme cardiaque de Murielle et l'autre était relié à son défibrillateur. Le rythme cardiaque de Mumu, était nul, sur l'écran, seule une bande horizontale avec un bruit strident résonnait. Logan, remplaça Benji et au bout de longues minutes, qui parurent des heures, de petites courbes apparurent sur l'écran de contrôle, et Logan soupira.
– Ça y est son cœur a repris mais elle n'est pas assez forte pour cette grossesse accélérée, elle ne tiendra jamais jusqu'au terme.
– Qu'est-ce qu'il faut faire ? demanda aussitôt Gilles en se débarrassant de ses gardes du corps.
– On va devoir surveiller son rythme cardiaque, et à la moindre faiblesse, on devra la faire accoucher prématurément.
– Est-ce qu'elle va s'en sortir ?
– Gilles, je ne sais pas. On va attendre qu'elle reprenne connaissance, et on va surveiller l'évolution de son cœur. Il ne faudra plus la quitter une seule seconde, car il faudra avoir en permanence un œil sur l'appareil de contrôle. Si elle arrive à tenir au moins encore deux semaines, on pourrait essayer de sauver l'enfant, sinon, j'ai bien peur, que l'enfant ne soit pas assez fort pour être viable.
Gilles, se prit le visage entre les mains et s'effondra aux côtés de Murielle, en lui prenant la main.
– Logan, ne la laisse pas mourir, je t'en supplie, je ferais ce que tu voudras, mais ne l'abandonne pas.
– Je ferais tout ce qui est en mon possible pour la sauver, elle et son bébé. Mais son pouls est très faible Gilles, je ne peux rien t'assurer.
– Si on la transforme immédiatement, que se passera-t-il pour le bébé ?
– À mon avis, elle sera sauvée mais pas le bébé, le venin, le tuera.
Gilles, regarda Mumu avec tendresse. Je vis bien, qu'il n'arrivait pas à se décider, entre sauver sa bien-aimée ou sauver son enfant.
– On va attendre et surveiller son état mais si ça empire, on n'aura pas le choix, il faudra que tu prennes une décision. Quant à vous autre, j'aimerais vous apprendre le massage cardiaque, c'est important, car on va devoir se relayer à ses côtés.
– Apprends-moi, l'interrompit Gilles en se levant, de toute façon je ne la quitterai pas, une seconde.
– Ce n'est pas une bonne idée, tu es le seul, à qui je ne peux pas confier cette tâche. Tu l'aimes trop et dans la panique tu risques de faire un geste qui lui serait fatal.
– Je ne vais pas rester là, à la regarder mourir Logan ! s'emporta Gilles.
– Et du calme ! s'écria Brad, en intervenant entre son petit ami et son frère.
– Benji, tu restes aux côtés de Murielle, le temps que j'enseigne aux autres, les premiers secours, d'accord ?
Celui-ci acquiesça, et à tour de rôle, on pratiqua un massage cardiaque sur un mannequin.
Je fus surprise de voir, que tout le monde avait réussi à comprendre le système du premier coup. Même Hélèna se prêta à l'exercice.
– Il va falloir qu'on se relaye pour aller chasser, et il faut que vous puissiez emmener Gilles avec vous, c'est important.
– Il n'acceptera jamais, murmura Rébecca.
– Il n'a pas le choix, s'il ne chasse pas, il finira par s'en prendre à Murielle, même sans le vouloir consciemment.
Gilles, qui était resté en compagnie de Benji dans la chambre, rejoignit le groupe au salon.
– Je n'ai pas besoin de chasser Logan, et je ne m'en prendrai pas à elle.
– Tu dois chasser, fais-le pour elle et ton enfant.
– Logan, je n'irais nulle part.
– Gilles, je comprends ta situation, mais tu la mettrais en danger, pense à papa, ajouta Dean.
Celui-ci grimaça, apparemment Dean avait trouvé le bon argument, car Gilles accepta à contrecœur.
– Son état est stable pour l'instant, alors je propose que tu ailles chasser aujourd'hui avec quelqu'un d'autre, car plus le temps passe et plus son état va se dégrader, et je suppose que tu voudras être à ses côtés dans ces moments-là.
Gilles approuva.
– Elle va s'en sortir ?
– Je l'espère Gilles, je te promets que...
Logan, se figea.
– Oh non ! lâcha-t-il en se précipitant vers la chambre de Mumu.
– Quoi encore ? marmonnais-je, avec l'énergie du désespoir.
Aussitôt, tout le monde se précipita dans la chambre. Logan, avait à la main, une sorte de poche en plastique avec un masque qui était placé sur la bouche et sur le nez de celle-ci, et il appuyait à rythme régulier sur la poche tout en fixant l'écran de contrôle.
– Qu'est-ce qui ce passe ? demanda Gilles en regardant l'écran de contrôle à son tour.
Tout avait pourtant l'air normal, les courbes continuaient de se dessiner, irrégulièrement certes, mais elles se dessinaient quand même.
– Son cœur a encore faibli, expliqua-t-il en continuant d'appuyer sur sa poche en plastique.
– NON ! hurla, Gilles, en perdant le contrôle de ses nerfs.
Benji réagit aussitôt en lui jetant un sort et ses frères le firent sortir de la pièce. Ses hurlements résonnèrent comme une triste réalité, Murielle allait mourir. Je refusais d'y croire, pas elle, qui s'était toujours battue !
– Mumu, l'encourageais-je en lui prenant la main, tu m'as dit que tu voulais par-dessus tout cet enfant, alors bats toi pour lui, si tu meurs, il mourra aussi.
– Jenny, lança timidement Logan, je ne crois pas que ces paroles la réconforteront.
– C'est ma meilleure amie et personne ne la connaît mieux que moi. Mumu, tu m'entends, si tu veux sauver ton enfant, accroche-toi, bats toi, fais tout ce que tu veux, mais tiens le coup ! D'après Logan, dans deux semaines, il pourra déclencher l'accouchement. Courage Mumu, tu n'as pas le droit de m'abandonner, j'ai besoin de toi, Gilles a besoin de toi et ton bébé a encore plus besoin de toi.
– Jenny, regarde son rythme cardiaque, ça marche, continue à lui parler, murmura Logan, en retirant prudemment la poche en plastique du visage de celle-ci.
– Logan, dit que tu t'en sors bien, continue comme sa Mumu, je suis là, ne t'en fais pas.
– Tu crois qu'elle m'entend ? demandais-je à Logan.
– Oh, j'en suis certain, répliqua-t-il en souriant, comme s'il venait de faire une découverte incroyable.
Hélèna s'était réfugiée dans les bras de Benji, et Nick entra dans la pièce avec Gilles et ses frères.
– Comment elle va ? demanda Gilles, qui avait l'air de s'être calmé un peu.
Nick me prit dans ses bras et m'éloigna de Gilles, pour m'emmener à proximité de Benji et Nana.
– Jenny, a réussi à faire remonter son rythme cardiaque, en lui parlant.
Gilles me gratifia d'un regard de remerciement, mélangé à la douleur.
– Je dois aller régler quelque chose à l'hôpital, et je reviens de suite.
– Non, riposta Gilles aussitôt, s'il te plaît reste ici, si jamais son cœur flanche à nouveau ?
– Je reviens immédiatement Gilles, je vais poser mes congés, afin de pouvoir être à ses côtés 24 heures sur 24.
– Oh, Logan, souffla Gilles soulagé, merci, merci, merci. Je ne pourrais jamais assez te remercier.
– Qui peut m'emmener s'il vous plaît ?
Benji, se dévoua immédiatement, embrassa Nana et se volatilisa avec Logan. Nick alla aux côtés de son frère, et lui tapota l'épaule, pour essayer de le consoler.
–Elle va s'en sortir Gilles, elle se bat actuellement pour vous deux.
– Si elle ne s'en sort pas ma vie est finie, je ne supporterais pas de perdre à nouveau un être cher.
– Garde à l'esprit que vous serez bientôt trois.
Gilles serra son frère dans ses bras, et au même moment Benji réapparut avec Logan. Celui-ci évalua d'un regard, l'écran de contrôle et parut satisfait.
– Bon, j'ai réussi à prendre quatre semaines de congés, ce qui selon moi, sera largement suffisant pour l'accouchement, annonça-t-il en examinant Mumu.
– Quand est-ce qu'elle reprendra connaissance ? demandais-je.
– Je ne peux pas le savoir, ça va dépendre d'elle. Mais dans un sens il vaut mieux pour elle qu'elle soit inconsciente, la douleur de la grossesse sera moins insoutenable.
J'approuvais en sentant les larmes montaient. Je me rendis dans ma chambre, suivi bien évidemment de Nick.
– Nick, tu peux me laisser seule s'il te plaît ?
– Non, répliqua-t-il en refermant la porte de la chambre. Je dois te parler.
Je le dévisageais, son visage était inexpressif.
– Jenny, avec l'état de santé de ta meilleure amie, je comprendrais si tu veux qu'on reporte notre mariage.
– Nick, je ne veux pas annuler, car je suis certaine que Murielle va s'en sortir, affirmai-je en sentant mon estomac se contracter à l'idée qu'il n'en soit pas ainsi.
– Tu en es certaine ? Je te jure que je ne t'en voudrais pas mon amour.
– Oui, j'en suis sure, mais si toi tu préfères attendre, je comprendrais aussi Nick.
– Moi non plus je ne veux pas annuler Jenny, déclara-t-il en me prenant dans ses bras.
– Jenny ? héla Rébecca en ouvrant la porte de la chambre. Le repas est prêt.
– Merci Rébecca, mais je n'ai pas faim, c'est gentil à toi.
– Jenny, tu dois manger, Nana et Benji, t'attendent dans la cuisine.
– S'il te plaît, Rébecca, ne me force pas à manger, pas ce soir. Vraiment, je n'ai pas faim. Excuse-moi.
Celle-ci fixa son frère pour avoir son approbation.
– Merci Rébecca, elle mangera plus tard, si elle a faim.
Elle approuva et quitta la chambre.
– Tu es sure que tu ne veux pas manger ? Si tu veux, je peux t'emmener le repas dans la chambre ?
– Non, merci Nick, répondis-je en m'allongeant sur le lit.
– Quand tu dormiras j'irai chasser mon cœur. Je ne veux courir aucun risque avec ton père demain.
Je déglutis bruyamment.
– Nick, comment est-ce que je vais lui annoncer mon mariage ?
– Tu improviseras mon amour, ne te monte pas le bourrichon pour rien.
Le silence s'installa, et je voyais bien que Nick mesurait ses paroles, pour ne pas être responsable d'une nouvelle crise de larmes.
– Nick, je peux t'accompagner ce soir ?
Celui-ci s'étrangla à moitié en se redressant sur le lit.
– Jenny, tu es devenue folle ?
– Nick, je ne t'embêterais pas, je ne parlerais même pas, je te le promets.
Il écarquilla les yeux, en secouant la tête.
– Jenny, c'est impossible, je suis désolé.
– Nick, s'il te plaît ?
– Non, Jenny, répliqua-t-il plus fermement.
Je fis la moue, et me réfugia sous mes couvertures.
– Jenny, chérie, murmura-t-il en caressant mes cheveux.
Je refusais de lui adresser la parole à nouveau alors, je fis mine de dormir, même si j'entendais ces vaines tentatives pour me parler.
– Bon, bonne nuit mon amour, vu que tu ne veux plus me parler je vais au salon. À demain.
Et il s'en alla. Quand il quitta la pièce, j'eus l'horrible impression qu'il m'arrachait une partie de moi-même. Je m'assis sur le lit, en ramenant mes genoux contre ma poitrine afin d'atténuer le manque de sa présence à mes côtés. Au bout de seulement deux minutes, n'y tenant plus je murmurai son prénom. Je savais que je n'avais pas à élever la voix, car avec son ouïe sur-développée il m'aurait entendu.
Celui-ci ne me fit pas attendre, et rappliqua aussitôt un sourire accroché aux lèvres.
– Ne rit pas, grommelais-je.
Il pouffa, referma la porte et s'assit à mes côtés sur le lit.
– Tu es têtu mon amour, mais je n'y résiste pas, tu me fais craquer ma Jenny Wall.
Je lui fis un bref sourire et il m'embrassa si subitement que j'étouffais un cri sous son hilarité.
Je comptais bien en profiter au maximum de lui, s'il partait chasser dans la nuit, alors je resserrais mon étreinte autour de son cou et me colla à son torse au maximum.
– Nick ? m'exclamais-je en desserrant mon étreinte et en le poussant légèrement pour qu'il me regarde.
– Oui mon amour ?
– Epouse-moi.
Il pouffa en levant les yeux au ciel.
– Je crois que tu es vraiment fatiguée ce soir, ou peut-être un peu désorientée, c'est la deuxième bêtise que tu me sors en moins d'une heure.
– Non, grommelais-je, je ne veux pas attendre le six décembre pour devenir ta femme Nick. Je veux t'épouser, tout de suite, voire, demain au plus tard. Nick pourquoi attendre tout ce temps ? Je me moque de la fête, je me moque aussi des invités, je veux juste t'épouser et comme ça David ne sera pas au courant et ne pourra rien faire pour nous en empêcher.
– Waouh, Jenny, je ne sais pas si c'est un don chez toi, mais tu arrives toujours à me prendre au dépourvu. Et je crois que je n'arriverais jamais à te cerner.
– Mon amour, tu ne seras majeur que dans trois semaines, et je ne veux pas que tu précipites les choses sous prétexte qu'il y a David. Il ne touchera pas à un cheveu de ta tête ma puce.
– Je m'en fous de mes cheveux, grondais-je, je te veux-toi.
– Mais tu m'as déjà chérie, je me suis donné entièrement à toi, que faut-il que je fasse de plus, pour te prouver mon amour ?
J'hésitais un moment en le dévisageant et celui-ci fronça les sourcils.
– Un enfant, avouais-je en le regardant dans les yeux.
Il pouffa à nouveau et se leva du lit.
– Voilà qui monte à trois le nombre de bêtises de la soirée, tu as fait fort ce soir mon amour ! Je vais te laisser te reposer mon cœur, tu manques cruellement de sommeil je crois.
– Non, Nick !
Je me relevais du lit également et me planta devant lui.
– Je ne suis pas en train de perdre la tête, tu m'as posé une question et je t'ai répondu, c'est tout.
– Jenny, voir ta meilleure amie, lutter contre la mort ne te suffit pas ? Tu veux toi aussi tenter l'expérience ? Eh bien, je suis désolé mais il n'en est pas question.
– Nick, réfléchis une seconde.
– C'est toi qui devrais réfléchir Jenny!
– Ecoute-moi une minute, s'il te plaît. Logan, a pris ses congés pour quatre semaines, et tu m'as dit qu'une grossesse dure à peu près 1 mois, c'est l'occasion ou jamais Nick. Il sera là pour m'encadrer médicalement en même temps que Mumu.
Nick se prit le visage entre les mains et secoua la tête.
– Jenny, tu veux bien me rendre un service ?
Je le dévisageais, sans pour autant répondre à sa requête.
– Jenny, va dormir, et quand tu auras les idées plus claires on en reparlera d'accord ?
– Nick, j'ai les idées claires, arrête de me prendre pour une demeurée, fulminais-je.
– Jenny, je voudrais pouvoir t'apporter tous ce qui te comblerait de bonheur, mais hélas, je ne peux pas satisfaire tous tes désirs. Gilles a beaucoup de courage de pouvoir endurer tout ça, mais moi je ne pourrais pas. Rien que le fait de t'imaginer en train de souffrir ou encore pire de mourir met insoutenable Jenny !
– S'il te plaît Nick, réfléchis-y au moins, d'accord ?
– J'ai déjà réfléchi Jenny, et ma réponse est ferme et non négociable.
– Dis-moi une chose, tu ne veux pas que je souffre pendant ma grossesse ou bien tu ne veux pas d'enfant avec moi ? Je veux dire, qu'après tout, je n'ai rien...
– Jenny, Jenny, Jenny, si j'étais un homme je t'aurais mise enceinte de suite, si c'était ton choix, mais je ne peux pas. Ce n'est pas que je ne veux pas Jenny, je refuse de mettre ta vie en jeu.
– Mais si c'est ce que je veux Nick ?
– Dans ce cas, ce n'est pas avec moi que tu dois te marier Jenny, car ce n'est pas avec moi, que tu pourras assouvir ton désir de materner.
– Qu'est-ce que ça signifie Nick ?
– Qu'on adoptera si tu veux réellement un enfant, mais je ne peux pas t'offrir plus.
– Je ne veux pas d'un enfant d'une autre Nick, c'est le nôtre que je veux.
– Jenny, la discussion est close. Tu veux que je reste à tes côtés pour que tu t'endormes ou pas ?
– Nick, insistais-je.
– Jenny, j'ai dit non ! Je ne veux pas qu'on s'embrouille pour ça, mon amour, alors soit raisonnable.
– POUR ÇA ???? Je te parle d'un enfant, de notre enfant, et tu ne trouves rien d'autre à dire que « ÇA » ???
Il soupira et me prit dans ses bras. Je le repoussais fortement car trop vexée pour le moment, mais il ne desserra pas son étreinte et je me retrouvais prisonnière de ses bras.
– Calme-toi, ma Jenny.
Il me souleva du sol, s'assit sur le lit, et me plaça sur ses cuisses, comme si que je n'étais pas plus lourde qu'une poupée de chiffon.
– Lâche-moi, grondais-je, alors que je me sentais bien dans ses bras.
– Jenny, on en reparlera demain d'accord ?
– Tu me le promets ?
– Oui, chérie, on reparlera à tête reposée !
J'approuvais d'un signe de tête avant de fondre sur ses lèvres. Il m'allongea en douceur sur le lit, sans rompre notre baiser.
– Tu es ce qui m'est arrivé de plus beau Nick.
Il me gratifia d'un sourire et je me blottis dans ses bras afin de trouver le sommeil. Mon sommeil fut très agité. Mes deux plus grosses préoccupations étaient réunies au sein du même rêve.
David était de retour mais cette fois-ci, il s'attaquait à Mumu et l'avait tué. Mon propre cri me réveilla en sursaut.
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