Chapitre VIII: Virée nocturne


Le réveil fut difficile, non par manque de sommeil mais à la pensée que je ne le verrais probablement pas avant ce soir ou demain selon la durée de leur chasse. Je me relevai en soupirant. Hélèna était à la salle de bain alors j'attendis mon tour assise en silence sur mon lit.

Une fois la toilette effectuée, habillée d'un chemisier beige et de mon incontournable jean, je rejoignis les filles à la cafétéria.

__ Bonjour, Jenny, ça va ? me demanda David, en me rattrapant dans la file.

__ Oui et toi ?

__ Bien, je voulais savoir si tu étais partante pour venir avec nous en ville demain ? Pour me faire pardonner, ajouta-t-il en baissant la tête.

__ Demain ? Mais on a cours non ? interrogeai-je sceptique.

__ Demain soir, après les cours, il y a une soirée nocturne et tous les magasins resteront ouverts tard. Hélèna et Ted viendront aussi, allez, dis oui, me supplia-t-il.

__ Mais comment va-t-on aller là-bas ? questionnai-je.

__ En voiture bien sûr !

__ Tu as une voiture ? demandai-je épatée.

__ Oui, une vieille Chevrolet, mais elle fonctionne encore très bien, répondit-il.

__ Waouh ! Pourquoi tu ne m'as jamais dit que tu avais le permis et une voiture ?

__ Parce que tu ne me l'as jamais demandé Jenny !

Effectivement, une soirée en ville me paraissait une très bonne idée. D'une part c'était un bon moyen de laisser Nick tranquille pendant une soirée, car j'avais peur qu'il finisse par me trouver trop envahissante à la longue et d'autre part cela me permettrait de lui dénicher un cadeau d'anniversaire.

La journée se déroula doucement, les cours se déroulèrent bien dans l'ensemble, même si le professeur de mathématiques nous donna trois exercices difficiles pour le jeudi.

Hélèna était toute excitée à l'idée de cette sortie prévue pour le lendemain.

__ Comment vais-je m'habiller ? me demanda-t-elle enjouée.

__ Euh... Nana tu es toujours belle, et de toute façon Ted t'aime comme tu es, donc...

__ Je sais, m'interrompit-elle, mais ce n'est pas souvent qu'on sort, et que tous les quatre ensemble en plus.

__ Oui, bredouillai-je en essayant de montrer un peu de joie.

__ Et si on s'habillait de la même couleur ? proposa-t-elle en se précipitant vers ma valise.

__ Euh.... Je n'ai rien de spécial à part mes jeans.

Ce qui me fit penser qu'il faudrait que je me déniche quelque chose de potable pour samedi.

Elle fit la moue, mais n'insista pas.

__ Hélèna, demain tu voudrais bien m'aider à trouver une belle tenue ainsi qu'un cadeau masculin ?

Elle sourit, et ses yeux s'illuminèrent de curiosité.

__ Vous comptez sortir en amoureux avec Nick ?

__ Pas exactement, il m'a invitée à son anniversaire et celui de ses frères samedi, et je n'ai rien de bien à me mettre !

__ Bien sûr que je t'aiderai, quelle question ! Il a des frères jumeaux ?

__ Oui, il a quatre frères, une sœur jumelle ainsi qu'un demi-frère, répondis-je.

__ Waouh, des sextuplés ?

J'acquiesçai.

__ Oh la vache ! Ça doit faire drôle non ? s'interrogea Hélèna.

__ Pour l'instant je n'ai rencontré que son demi-frère Benji, qui au passage te trouve vraiment belle, rajoutai-je.

__ Ah oui ? Quand est-ce qu'il t'a dit ça ? demanda-t-elle en rougissant.

__ Hier, il t'a aperçue avec Ted, et il m'a dit que tu étais vraiment ravissante.

Elle rougit, et on se rendit ensemble à la cafétéria.

Au dîner, il y eut de la saucisse et de la purée. Comme à mon habitude, je me dépêcha de manger pour rejoindre la chambre avant les filles, de façon à appeler Nick. Cela ne donna rien, il ne devait certainement pas être encore rentré de sa partie de chasse, soupirai-je.

Je me couchai et ma main frôla quelques chose de froid sous l'oreiller, je me redressai brusquement en allumant la lumière et je vis un petit mot sous l'oreiller.

« J'espère que je ne te manquerai pas trop. Fais attention à toi. Je rentrerai dès que possible. Nick »

Je souris bêtement, si heureuse qu'il ait pensé à moi avant de partir. Le cœur plus léger, je m'assoupis avant même le retour des filles.

Le lendemain, je me levai la première et m'habillai d'un jean et d'un tee-shirt blanc légèrement décolleté.

Je fus l'une des premières à la cafétéria, suivie de près par Hélèna qui était d'excellente humeur, probablement à cause de la sortie de ce soir, pensai-je.

Les cours de la matinée se passèrent bien hormis les réprimandes que David reçut à plusieurs reprises au cours de biologie. Il s'était lancé dans de grands monologues sur ce qu'il aimerait acheter ce soir et une Nintendo DS était au programme.

Au déjeuner, il y avait du riz à la cantonaise. Par inadvertance, je renversai du yaourt sur mon pull, et je décidai à aller le changer avant de rejoindre les autres à la salle commune.

En poussant la porte de la chambre, j'étouffai un cri car trois personnes s'y tenaient. Une blonde magnifique, si belle qu'un seul regard sur elle, suffisait à vous complexer pour des années. Elle était habillée d'un pantalon moulant de couleur blanc, d'un haut décolleté plongeant rouge et chaussait de magnifiques chaussures à talons blanches. Elle était debout près de la fenêtre, telle une sculpture digne des plus prestigieux monuments.

À côté d'elle se trouvait Benji, assis sur l'un de ses sempiternels tabourets en bois. Il était vêtu d'un jean et d'une chemise noire qui jurait à merveille avec ses cheveux blonds. Mais tout cela n'était rien, même rien du tout comparé au mannequin qui était allongé sur mon lit, un sourire radieux accroché aux lèvres. Il me dévisageait, ses beaux cheveux bruns ébouriffés. Il portait une chemise blanche aussi étincelante que ses dents blanches.

__ Euh... bonjour, murmurai-je après les avoir dévisagés bêtement pendant plusieurs secondes.

__ Bonjour, murmurèrent-ils à l'unisson.

__ Tu veux rester accroché à la porte mon cœur ? me demanda Nick en se levant du lit.

Réalisant juste que j'avais toujours la main sur la poignée de la porte, je lâchai celle-ci.

__ Tu es rentré ? murmurai-je soulagée.

__ Oui, cela fait à peu près deux heures que nous sommes rentrés Jenny.

Il se plaça face à moi, prit mon visage entre ses mains et m'embrassa tendrement, si passionnément, que je priai pour que cela ne s'arrêtât jamais. Mais des raclements de gorges et des gloussements nous firent revenir à la réalité. Nick me fit un clin d'œil et me prit par la main pour m'inciter à le suivre en direction des deux autres personnes.

__ Je te présente Rébecca, ma sœur.

__ Rébecca, je te présente Jenny.

Elle s'avança vers moi avec un grand sourire, me prit la main que ne tenait pas Nick et me lança :

__ Je suis ravie de faire enfin ta connaissance ! J'étais pressée et pour dire vrai j'étais tellement impatiente que j'ai réussi à convaincre Nick de me laisser te rencontrer avant samedi. Même s'il a préféré prendre des précautions, ajouta-t-elle en jetant à Nick un regard noir.

Je fronçai les sourcils en regardant Nick à mon tour.

__ Je l'ai forcé à chasser avant de venir te voir.

__ Mais je suis certaine que je ne lui aurais fait aucun mal ! répliqua sa sœur pour se défendre.

__ Je ne doute pas de toi Rébecca, mais je n'aurais pas été tranquille si tu ne l'avais pas fait.

Elle lui tira la langue, me lâcha la main et me lança :

__ Nous serons de bonnes amies Jenny, je le sens.

Elle huma l'air et je sentis Nick et Benji se figer à mes côtés.

__ Oh ça va bougons protecteurs ! Si on n'a plus le droit de s'amuser un peu, détendez-vous, soyez zen, clama-t-elle en souriant.

Elle se tourna vers moi.

__ Tu m'as l'air vraiment sympathique, même si tu ne parles pas beaucoup.

__ Merci répliquai-je, tu es ...

Mais les mots me manquèrent et j'appelai Nick au secours du regard.

__ Chiante et vraiment têtue ? suggéra-t-il la moue hilare.

__ Non.

Sa réplique me donna de l'assurance.

__ Tu es vraiment ravissante, époustouflante même.

__ Merci ! Oh mais j'oubliai de te dire que je suis extrêmement ravie que tu partages notre secret. Je n'ai quasiment pas d'amis et je sais qu'en tant que future belle-sœur, on s'entendra comme ça !

Elle croisa les doigts.

__ Et permets-moi de te dire que tu es très belle aussi, même si je ne suis pas sûre que le yaourt soit très à la mode en ce moment.

Elle fixa, mon pull, et je me rappelai soudain pourquoi j'étais revenu dans la chambre. Mon pull de la veille traînait sur le rebord du lit. Je le pris, enlevai l'autre et mis le nouveau.

__ Voilà qui est mieux, murmura Rébecca.

Benji prit pour la première fois la parole et s'écria :

__ La dernière fois, tu étais, comment dirais-je ? Plus expressive !

Je le fusillai du regard ce qui le fit rire. Je savais qu'il avait en tête ma dispute avec Nick.

__ On peut se voir ce soir ? me demanda Rébecca avec espoir.

__ Oui...euh non, désolée mais j'ai déjà prévu quelque chose. Demain soir si tu veux ?

Elle fit la moue, puis haussa les épaules.

__ C'est mieux que rien, donc je compte sur toi pour demain ? insista Rébecca.

__ Oui, promis.

__ Très bien, dans ce cas, on va vous laisser !

Elle lança un regard à Benji.

__ Lepidus lança celui-ci et son tabouret disparut aussitôt.

Nick s'assit sur le lit et me tira vers lui en douceur.

__ Benji peux-tu rester s'il te plaît ? s'exclama Nick en m'admirant tendrement.

__ On en a déjà parlé tout à l'heure Nick. Tu as chassé de plus tu l'aimes trop pour t'en prendre à elle, le rassura Benji.

__ Benji ! grogna mon Adonis en se retournant vers son frère.

__ Nick, intervint Rébecca, je suis sûre que Jenny souhaiterait rester un peu seule avec toi, n'est-ce pas Jenny ? me demanda-t-elle en me lançant un regard malicieux rempli de sous-entendus.

__ Oui, bredouillai-je en rougissant.

Nick secoua la tête mais ne dit rien.

__ Appelle-moi si ça ne va pas, j'ai confiance en toi. Allez Rébecca on s'en va, s'écria Benji en prenant la main de sa sœur avant de disparaître dans un souffle.

Je me sentis soudain gênée par cette proximité, ne voulant pas le brusquer ou le mettre en colère.

__ Tu nous as prévu quoi pour ce soir ? demanda Nick en souriant.

__ Euh... en fait David, Hélèna et Ted m'ont invitée aux nocturnes en ville ce soir et j'ai accepté mais je vais de suite annuler, bredouillai-je en me perdant dans ses yeux sombres.

__ Non, Jenny, profites-en, il faut que tu sortes un peu avec tes amis, assura Nick.

__ Mais toi ? demandai-je peinée.

__ Je serai là à ton retour si tu le souhaites Jenny.

__ Bien sûr, mais tu ne voudrais pas venir avec nous ? proposai-je.

__ Ce n'est pas une bonne idée mon cœur.

__ Mais tu as chassé ! Et si tu es avec moi, je sais que tu ne leur feras pas de mal, affirmai-je.

__ Le problème n'est pas là Jenny ! Je n'ai pas envie de te créer de nouveaux ennuis avec David alors qu'il te rend si heureuse.

__ Non, attaquai-je sur la défensive.

__ Je voulais dire que tu es en équilibre avec lui dans ta vie. C'est ton meilleur ami, enfin tout comme, reprit-il en souriant.

__ Oui, mon meilleur ami, c'est tout ! Et oui, tu as raison, je n'ai pas envie de me disputer à nouveau avec lui. Mais viendras-tu un jour avec moi et Hélèna en ville ? repris-je aussitôt.

__ Je te le promets ma puce, si cela peut te rendre heureuse.

__ En effet, cela me ferait plaisir, affirmai-je.

__ Au fait, entre Ted et Hélèna c'est du sérieux ? demanda Nick avec un sourire en coin.

__ Je ne sais pas. Pourquoi ?

__ Hum, parce que, ne le répètes pas, mais Benji commence à m'énerver avec elle. Il parlait même ce matin de jeter un sort à Ted pour qu'ils se séparent, m'expliqua-t-il.

__ Quoi ? m'exclamai-je scandalisée en me redressant du lit.

__ Ne t'inquiète pas, il ne ferait jamais ça car il sait qu'Hélèna est heureuse avec Ted.

__ Mais pourquoi ne viendrait-il pas lui parler ? Je veux dire amicalement, proposai-je.

__ Oui, je le lui dirai. Prépare-toi, murmura-t-il en me prenant dans ses bras.

Mon cœur battait si fort que ça en devenait douloureux.

__ Me préparer à quoi ?

Mais avant d'avoir eu la réponse, j'entendis Nick prononcer Onerariam et je sentis nos corps tourbillonner comme une tornade. Quelques secondes plus tard, nous étions dans l'ombre de la forêt.

__ Je t'avais dit de me prévenir quand tu faisais ça ! grondai-je en reprenant mon souffle, et pourquoi sommes-nous partis ?

__ Je t'ai prévenue mon amour, je t'ai dit « prépare-toi », lâcha Nick en souriant.

Je secouai la tête mais il ajouta :

__ Quant à ta deuxième question, David était devant la porte et s'apprêtait à l'ouvrir.

__ Sans frapper ? demandai-je surprise.

__ Je suppose, lança Nick en haussant les épaules.

__ Hum, et cela ne te dérange vraiment pas que je sorte sans toi ce soir ? l'interrogeai-je.

__ Non, au contraire, j'en suis très heureux.

Sa réplique me taillada le cœur et je grimaçai face à cette douleur épouvantable.

__ Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta-t-il, en regardant tout autour de nous.

Je ne répondis pas, abasourdie par ma douleur. Il me prit par les épaules et me secoua.

__ Jenny qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il avec des accents de panique dans la voix.

__ Tu en as déjà marre de moi ? bredouillai-je la respiration haletante.

__ Quoi ? s'exclama-t-il ahuri.

__ Tu as dit que tu souhaitais que je sorte sans toi, qu'au contraire ça te plaisait. Cela veut dire que tu te lasses de moi ?

En secouant la tête je poursuivis :

__ C'est bien ce que je pensais, je t'étouffe trop et tu commences à suffoquer.

Il me dévisagea pendant de longues secondes avant d'éclater d'un rire franc.

__ Ça te fait rire ? répliquai-je vexée et les larmes aux yeux.

Il me fixa de nouveau, stupéfait de voir des larmes couler sur mes joues.

Il se rapprocha, releva mon menton de façon à ce que nos regards se croisent et essuya mes larmes avec son pouce. Il sourit à nouveau en me lançant :

__ Tu pleures vraiment ?

__ D'après toi ? répondis-je furieuse en m'éloignant de lui.

__ Jenny, excuse-moi, je n'aurais pas dû me moquer de toi mais tes paroles m'ont déstabilisé.

Je le fixai d'un regard féroce et il acheva.

__ Je pensais que tu plaisantais, Jenny rien ne m'importe plus que ton bonheur.

__ Tu mens, fulminai-je, tu as dit que ça te rendais heureux que je m'éloigne de toi.

Il écarquilla les yeux et m'embrassa si tendrement que je perdis pied. J'aurais très bien pu succomber à cet océan de plaisir et de bien-être. Il retira doucement ses lèvres en me murmurant :

__ Je t'ai dit qu'au contraire je serais ravi que tu puisses sortir sans moi et non pas que tu me saoules ou autres balivernes de ce genre-là. Si je suis heureux que tu sortes sans moi c'est parce que je sais qu'être auprès d'Hélèna et de David te fait du bien, et je suis heureux que tu puisses te passer de moi une soirée pour profiter des choses de la vie ma puce.

__ TU es ma vie, répliquai-je soulagée.

__ Mais toi aussi mon amour, tu es trop sensible !

Et il me sourit avec un petit air moqueur.

__ J'ai cru que tu... bredouillai-je.

__ Chut, me murmura-t-il en mettant son index sur mes lèvres. Tu comptes plus que tout au monde pour moi. J'étais dégoûté, terrifié et complexé de notre existence, de mon existence et toi tu as su me redonner l'envie de sourire. Tu m'as accepté comme je suis alors que je suis la personne la plus dangereuse au monde. Tu m'as ouvert ton cœur alors que je ne pouvais décemment prétendre à pareil sacrifice. Être loin de toi, quand tu es en cours ou avec tes amis, m'insupporte, mais je sais au fond de moi que c'est une bonne chose pour toi, pour ton équilibre personnel.

Je le dévisageai, cherchant l'ironie ou la plaisanterie dans ses mots, en vain.

__ Oh Nick tu as tout faux, lançai-je en me fourrant dans ses bras.

Il fronça les sourcils.

__ C'est moi qui ne te mérite pas, je ne suis rien pour mériter quelqu'un comme toi, affirmai-je en desserrant mon étreinte pour le regarder.

__ Encore une fois tu te trompes ! Tu es tout pour moi. Ton visage, ton odeur, ton parfum, ta voix. TOI, et toi seule es gravée au plus profond de mon être, expliqua-t-il.

__ Toi aussi, tu es tout pour moi, Nick.

__ S'il y a une seule chose que je ne supporte pas et que je ne supporterai jamais, c'est de te voir pleurer et malheureuse. Si je te rends triste dis-le-moi, je me retirerai sur le champ et je te promets que je ne t'importunerai plus jamais Jenny.

__ Non ! bégayai-je horrifiée à cette idée. Tu es mon cœur, un organe vital, si tu pars je mourrai. Comment pourrais-je vivre sans mon cœur ? Sans toi ? Je sais que ton emprise sur moi est démesurée mais c'est comme ça, on ne peut plus rien y changer, je t'aime et ce pour l'éternité.

Il m'embrassa de nouveau et murmura à mon oreille :

__ Si tu es rassurée maintenant, tu devrais te dépêcher de retourner en cours.

Les cours m'étaient complètement sortis de la tête.

__ Tiens-toi bien, je te ramène à l'entrée du sentier car Hélèna et Ted sont dans la chambre, m'expliqua-t-il

__ Comment sais-tu ça ?

__ Trop long à expliquer, répondit-il avec un sourire ravageur.

__ Promets-moi de venir me voir ce soir avant que je parte ? suppliai-je.

__ Dès que tu auras fini tes cours, dépêche-toi de venir dans la chambre, je t'y attendrai.

La mine réjouie, je m'agrippai à lui en l'embrassant dans le cou.

__ Onerariam, prononça-t-il et on tourbillonna à nouveau jusqu'à l'entrée du sentier.

__ À ce soir mon amour, travaille bien en cours.

__ Et toi que vas-tu faire ? demandai-je.

__ Hum, disons que je vais penser à toi et peut être même t'espionner !

__ Quoi ? beuglai-je.

__ Je plaisante Jenny. Ne t'en fais pas et dépêche toi tu es déjà en retard.

__ Je dirai que c'est de la faute d'un vampire, plaisantai-je en haussant les épaules.

__ Hum, je ne pense pas qu'ils te prendront au sérieux ma puce.

__ Non, tu crois ? lançai-je avec ironie en me précipitant dans la chambre. Je pris mon sac de cours et me mis à courir jusqu'à mon cours de français.

Le professeur avait déjà commencé son cours.

__ Merci de nous honorer de votre présence mademoiselle Clins, le cours est commencé depuis...

Madame Rog regarda sa montre et repris en grommelant : dix minutes.

Rougissante je gagnai ma place en vitesse.

Je sortis mes affaires, et dans mon classeur je trouvai un mot dont, bien sûr, je connaissais l'émetteur.

« Tu me manques déjà ! Je t'avais bien dit de ne pas tomber amoureuse d'un métissé vampire-sorcier, mais tu ne veux pas m'écouter et à cause de moi tu es en retard ! À ce soir. Nick »

Je souris bêtement et rangeai aussitôt le mot dans mon sac avant de donner à madame Rog une nouvelle raison de me réprimander devant toute la classe.

Aussitôt fini mon dernier cours de l'après-midi, je fourrai à la hâte mes affaires dans mon sac avant de courir un sprint jusqu'au dortoir. Nick m'attendait, assis sur mon lit. Il regardait la couverture d'un de mes CD qui s'avérait être celui de Béyoncé.

__ Tu n'entres pas ? me demanda-t-il en détachant ses yeux de la pochette de disque.

__ Euh...si, je pensais que tu ne m'avais pas entendue arriver.

Il gloussa, se leva et me rejoignis à la porte.

__ Hum, disons que ton odeur m'avait averti depuis un petit moment que tu arrivais ! De plus, ton cœur bat la chamade, on pourrait l'entendre à des kilomètres. Quand je t'ai dit de te dépêcher pour me rejoindre, je ne t'ai pas dit de frôler la crise cardiaque, ajouta-t-il avec un sourire moqueur.

__ Merci pour ton mot de tout à l'heure, cela m'a fait très plaisir, même si je continue à affirmer que tomber amoureuse de toi est la plus belle chose qui me soit arrivée, affirmai-je.

__ Ça, c'est un point qui est fort discutable, mais je ne veux pas perdre les quelques minutes qui nous restent à te convaincre que tu fais une erreur, susurra-t-il en m'embrassant sur le front.

__ En effet, je connais quelques moyens d'occuper notre temps libre, murmurai-je en souriant.

__ Moi je pensais plutôt à discuter Jenny !

__ Eh bien pas moi !

Je le pris par le cou et l'entraînai vers moi.

__ Doucement mon cœur, me sermonna-t-il.

__ Non, je t'aime et je veux que tu le saches, expliquai-je fermement.

__ Mais je le sais mon amour, ce n'est pas une raison pour te montrer imprudente. Tu n'as rien à me prouver. C'est exactement le genre de comportement à éviter si tu tiens à rester en vie samedi, m'indiqua Nick.

__ Je n'ai pas l'intention d'embrasser ou de serrer tes frères dans mes bras. Tu me suffis largement, ripostai-je.

__ Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire !

__ Alors qu'as-tu voulu dire ? Car apparemment je n'arrive pas du tout à te comprendre ?

__ Je voudrais simplement que samedi et même tout le temps d'ailleurs tu fasses preuves d'un peu plus de prudence. C'est pour ta propre sécurité et tu sais très bien à quel point tu m'es précieuse Jenny.

Je rougis.

__ Ils arrivent déjà, soupira-t-il.

__ Qui ? demandai-je sans comprendre.

__ David, Ted et Hélèna, ils te cherchent. Fais attention à toi pour moi, chuchota-t-il.

__ Toi aussi fais attention à toi.

__ Ne t'en fais pas pour moi.

Et il se volatilisa à la seconde même où Hélèna ouvrait la porte.

__ Pourquoi es-tu partie en courant ? me demanda-t-elle en me jetant un regard perplexe.

__ Toi...lettes, bredouillai-je.

__ Ah d'accord ! On peut y aller maintenant ? Ted et David nous attendent dans le couloir.

__ Oui, trente secondes !

Je pris dans ma valise mon portefeuille beige et le fourrai dans ma poche. Nana prit son sac à main et m'emboîta le pas.

__ Alors, Jenny prête pour la ville ? s'exclama David enthousiaste.

__ Oui, on peut y aller.

On traversa la cour jusqu'au parking où se tenaient une dizaine de véhicules. David se dirigea vers une Chevrolet assez vieillotte de couleur verte et nous fit signe de monter.

David et Ted s'installèrent à l'avant tandis qu'Hélèna et moi prîmes place à l'arrière.

Au bout d'une bonne demi-heure de route, je demandai à David où se trouvait la ville car nous roulions déjà depuis assez longtemps.

__ Nous y serons d'ici dix minutes à peu près, j'avais oublié de te préciser que nous n'allions pas dans la ville de Salazie, qui se trouve pas très loin de l'école mais à Saint-Denis, il y a plus de magasins, m'expliqua-t-il.

__ Ah, d'accord, répondis-je en regardant par la fenêtre.

David conduisait bien et Hélèna parla durant tout le trajet. Je finis même par me demander si elle n'allait pas avoir mal à la bouche à force de parler.

On arriva enfin et j'avais hâte de me dégourdir les jambes. Il nous fallut marcher dix minutes avant de rejoindre les premiers magasins.

David et Ted s'arrêtèrent dans un magasin de jeux vidéo et Hélèna et moi poussâmes un peu plus loin dans un magasin de maquillage et de parfumerie.

Hélèna trouva son bonheur et sortit de la boutique avec deux rouges à lèvres, un rouge et un marron, un parfum qui sentait trop fort à mon goût et un gloss transparent.

Quant à moi seul un crayon noir à paupière m'a intéressée.

__ Jenny ? s'exclama Hélèna.

__ Oui ?

__ Pourrai-je te maquiller et te coiffer pour ta sortie samedi ? me supplia-t-elle.

__ Non, Hélèna, c'est gentil à toi mais je préfère... commençai-je.

__ S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît !

Elle se mise à sautiller sur place en clignant inutilement des paupières.

Je souris devant son attitude ridicule et acceptai à contrecœur.

Nous entrâmes dans un magasin de vêtements super-branché selon Hélèna, mais leurs habits me paraissaient beaucoup trop courts pour moi.

Hélèna remarqua une robe blanche à bustier, légèrement gonflée en bas et me força à l'essayer. Sachant que le combat était perdu, je l'essayai.

Devant le miroir je me trouvai totalement ridicule.

« Cela aurait convenu à merveille à Rébecca, la sœur de Nick », songeai-je.

Un coup d'œil sur l'étiquette m'apprit que la robe valait quatre-vingt euros.

__ Tu es waouh ! s'écria Hélèna les yeux exorbités.

__ Waouh ? Repris-je. Raison de plus pour ne pas porter ça samedi.

Mais Hélèna n'était pas de cet avis.

_ Je te promets qu'il va adorer, fais plaisir à Nick, ce sera son cadeau d'anniversaire ! Mets-toi sur ton trente et un pour l'impressionner et faire grandir un peu plus la flamme de votre amour.

Elle avait touché un point sensible, l'amour de Nick.

__ Tu es sûre que je ne fais pas trop « cloche » ? demandai-je en m'examinant à nouveau dans le miroir, ne voyant pas du tout ce qu'Hélèna pouvait me trouver dans cette robe.

__ Cloche ? Tu rigoles ou quoi ? Fais-moi confiance, je m'occupe de toi pour samedi, répliqua celle-ci toute guillerette.

__ Tu me fais peur là !

__ Non arrête, Jenny ! Donne-moi carte blanche s'il te plaît et tu ne le regretteras pas, je te le promets, me supplia-t-elle.

Je soupirai. Je n'étais pas de taille à refréner l'excitation d'Hélèna et j'acquiesçai.

Elle sauta sur place et m'embrassa sur la joue, en criant « oh merci, merci, merci je t'adore ! »

__ Mouais, j'espère bien, après le massacre que tu comptes faire de moi samedi, ironisai-je.

__ C'est ce que tu penses ? murmura-t-elle peinée par ma réflexion.

__ Je plaisante, mentis-je.

Elle sourit, pas très convaincue.

__ Allez, enlève-là, sinon tu risques de la salir. Donc il ne manque plus que les chaussures et des bijoux. Le maquillage j'en ai, donc je pourrai t'en prêter.

__ Hélèna, je n'ai pas beaucoup les moyens, et j'ai envie d'offrir un cadeau à Nick.

__ Ne t'inquiète pas, on va prendre des bijoux en plaqué, il n'en saura rien si tu ne le lui dis pas, déclara-t-elle en souriant.

À quelques mètres à peine se trouvait une bijouterie, mais les prix affichés nous firent vite sortir du magasin. Une autre bijouterie se trouvait à proximité. Elle était beaucoup moins classe que la précédente mais les prix y étaient beaucoup plus abordables.

Je craquai pour une parure en argent : c'était un collier raz du cou avec une petite chaînette qui descendait au niveau du creux de la poitrine. Une petite fleur blanche se trouvait à l'extrémité ainsi qu'une paire de boucles d'oreilles pendante qui contenait également une petite fleur blanche au bout.

__ Elle ira à merveille avec ta robe, s'écria Hélèna avec enthousiasme.

Et pour une fois j'étais d'accord avec elle.

_ À combien est cette parure s'il vous plaît ? demandai-je au vendeur en pointant mon index vers la vitrine ou se trouvait l'ensemble.

__ Soixante-huit euros, le tout, répondis le vendeur d'une voix las.

Je fis la moue car je n'avais pas suffisamment d'argent pour tout prendre.

Je fis un autre tour dans le magasin afin d'y dénicher quelque chose d'un peu moins cher, en vain.

Finalement, je trouvai deux chaînes en argent avec deux pendentifs, contenant chacun une moitié de cœur. Son prix était de trente-neuf euros les deux.

__ Je prendrais les deux s'il vous plaît, dont un avec un emballage cadeau, indiquai-je au vendeur.

Il prit les colliers en vitrine, et me demanda :

__ La parure, vous n'en voulez pas ?

__ Je suis désolée, mais je n'ai pas les moyens de tout prendre.

__ Écoutez mademoiselle, je vous fais la parure pour soixante euros, c'est mon dernier prix.

Je lui souris, ravie de son geste commercial, cependant je refusai sous peine de devoir porter des baskets avec ma robe.

David et Ted nous rejoignirent au magasin.

__ Alors, vous dévalisez la boutique ? plaisanta David en s'approchant de nous.

__ Non, on négocie, répondit Hélèna.

__ Je ne vais vous prendre que les colliers avec les pendentifs, tant pis pour la parure.

__ Quelle parure ? s'écria David.

Hélèna lui montra la parure, tandis que je payais les trente-neuf euros que valaient mes achats, puis nous sortîmes tous les quatre du magasin.

Hélèna m'emmena ensuite dans un magasin de chaussures. De magnifiques paires y étaient exposées, mais je n'étais pas sûre de ne pas succomber au vertige perchée sur certains de ces modèles.

__ On vous attend au fast-food, qui se trouve un peu plus bas dans la rue, on est passé devant tout à l'heure, m'expliqua David, qui en avait sûrement assez de nous voir essayer des chaussures.

J'acquiesçai.

Au bout d'une bonne demi-heure à essayer et enlever des chaussures, j'optai pour une paire de chaussures blanches à talons assez hauts, mais qui selon Hélèna iraient parfaitement avec la robe.

Je retirai les chaussures et Hélèna s'excita de nouveau. Elle se tenait près de la caisse et me fit signe de me dépêcher de la rejoindre.

Je soupirai, me demandant vaguement ce qu'elle avait encore pu trouver.

__ Regarde ça !

Elle tenait entre ses mains deux barrettes à cheveux en argent, ornées de faux diamants à six euros l'unité.

__ Comme tu n'as pas pu avoir la parure, cela compensera un peu, expliqua-t-elle devant mon regard perplexe.

Les chaussures et les deux barrettes me coûtèrent quarante-deux euros.

On rejoignit les garçons au fast-food. Ils commençaient visiblement à s'impatienter.

On passa commande avant de s'installer sur une table au fond du fast-food, à l'écart de la foule.

__ Alors qu'as-tu trouvé de bien ? demandai-je à David alors qu'il mordait à pleines dents dans son hamburger. Après avoir avalé sa bouchée, il me répondit :

__ Un jean, deux chemises et ma Nintendo DS. Et toi ? me demanda-t-il aussitôt.

__ Une robe, une paire de chaussure, deux barrettes à cheveux, un crayon à paupière et deux colliers, énumérai-je.

__ Ah oui, celui avec les deux pendentifs en cœur ? m'interrogea-t-il en fixant son plateau.

__ Oui, répondis-je en rougissant.

__ Vous êtes toujours ensemble ? C'est bien ! lança-t-il mais son ton n'était pas convaincant.

__ Oui Nick et moi sommes toujours ensemble, mais j'espère que ça ne gâchera plus rien entre nous ? déclarai-je, bien décidée à mettre les choses au clair.

__ Non, je te le promets. Je sais à présent que tu ne seras jamais mienne, et je suis content s'il te rend heureux, affirma-t-il.

__ Merci, répondis-je soulagée.

__ C'est pour lui faire une surprise, la robe, les chaussures... ?

Préférant être honnête, je lui avouai que c'était pour l'anniversaire de Nick samedi.

__ Jenny, tu voudrais bien me permettre de te voir samedi avant que tu n'ailles le retrouver ? me demanda-t-il.

__ Bien sûr David !

Une fois nos ventres rassasiés, nous regagnâmes la voiture afin de retourner à l'école.

Hélèna semblait fatiguée car elle ne parla pas beaucoup au retour. Une fois arrivé, Hélèna et moi remerciâmes David pour la sortie et regagnâmes notre chambre. Elle s'écroula sur son lit en bâillant.

__ Bonne nuit, me murmura-t-elle pour ne pas réveiller Diana et Sarah.

__ Bonne nuit Hélèna, je vais à la cafétéria me chercher une bouteille d'eau, murmurai-je à mon tour.

Évidemment la cafétéria était vide à cette heure-là. Je glissai ma pièce dans le distributeur et appuyai sur la touche pour une bouteille d'eau, mais au moment où je me penchai pour récupérer celle-ci, une autre main se glissa dans le réceptacle et en retira la bouteille. C'était Nick.

Je poussai un cri et il plaqua sa main sur ma bouche, afin de me faire taire et d'éviter de réveiller tout le dortoir.

__ Que fais-tu là ? Tu m'as fait peur, murmurai-je le cœur battant la chamade.

__ Excuse-moi mon amour, je voulais m'assurer que tu étais bien rentrée et que tu t'étais bien amusée.

__ C'était génial, il ne manquait que toi.

Je le serrai dans mes bras, ravie qu'il soit là.

__ Je ne te retiens pas car demain tu as cours.

J'acquiesçai tristement.

__ N'oublie pas ta soirée avec Rébecca demain, me rappela-t-il.

__ Faut-il que je vienne dans la forêt ? demandai-je.

__ En effet, ce serait préférable.

__ D'accord ! Dis-lui que je serai là à dix-huit heures, à l'entrée du sentier.

__ Pourquoi ce délai ? questionna-t-il en fronçant les sourcils.

__ J'ai l'intention de prendre ma douche avant de la rejoindre, expliquai-je.

__ Ah ! Bonne nuit mon amour, me murmura-t-il.

__ Attends, je ne te verrai pas demain ?

__ J'ai promis à Rébecca que je la laisserais seule avec toi, mais je viendrai te faire un coucou avant que tu n'ailles dormir.

J'acquiesçai et il m'embrassa sur le front en prononçant Onerariam avant de disparaître.

__ Nick ! appelai-je à nouveau.

Il se matérialisa de nouveau, un sourire moqueur accroché aux lèvres.

__ Je veux un vrai baiser.

Il rit et m'embrassa fougueusement avant de disparaître derechef.

Je bus de longues gorgées d'eau et me rendis dans ma chambre. Je m'endormis rapidement mais le réveil fut très difficile.

Hélèna et moi durent nous motiver mutuellement pour arriver à nous lever.

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