Tu manques à mon dos

Tu manques à mon dos. Il aimait bien tes mains. Tu manques à ma nuque. Elle aimait bien tes lèvres. Tu manques à mes cheveux. Ils aimaient bien tes caresses. Tu manques à mes yeux. Ils aimaient bien tes yeux. Mais non, tu ne me manques pas. Absolument pas. Tu manques à certaines parties de mon corps parce qu'elles se sont accoutumées. Mais le corps présente de remarquables facultés d'adaptation, j'en suis certaine. Tes mains. Tes lèvres. Un jour, d'autres mains, d'autres lèvres. Tu finiras par ne plus leur manquer.

Je sais que cette tirade ressemble à un discours qui serait destiné à me convaincre d'une vérité qui, au fond de moi-même, me laisserait sceptique. Mais qui aime bien châtie bien... Je me répète ce discours comme on marmonne un chapelet pour s'absoudre de ses péchés. Tu finiras bien par ne plus me manquer.

Ce qui est indissoluble dans ma mémoire, ce n'est pas ton image, c'est le sentiment que j'éprouvais en ta présence, un sentiment qui ne vient ni du cœur ni du corps, un sentiment qui vient d'ailleurs, les mots sont trop étriqués pour pouvoir le décrire, ni une extase ni une tristesse, comme si lorsque tu étais là, je pensais déjà au moment où tu n'y serais plus, comme l'impression de t'avoir déjà perdu alors que tes mains massaient mon dos, alors que tes lèvres embrassaient ma nuque et mes cheveux, alors que tes yeux reflétaient tout le contraire d'un départ. Mais j'éprouvais cette nostalgie, comme si nous nous connaissions depuis longtemps et que je t'avais déjà perdu mille fois, cette nostalgie qui rend le moment vibrant d'émotion tant l'on a conscience de sa rareté.

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