Partie Unique

Annyeong ! Je précise juste : le début est en SMS, mais c'est très court, après c'est écrit "normalement" ^^. Si vous êtes là, vous seriez adorables d'aller lire ma note de fin ! <3

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Elles étaient si importantes que ça, tes études, ChimChim ?  Elle comptait autant pour toi, cette école de  danse ? Au point de changer de pays de pays, de changer de vie, de me quitter ? Je sais bien que oui. Danser, c'était tout pour toi, ça l'a toujours été, et ça le sera toujours.


20 août, 20h02 :

Jiminie ! Tu es bien arrivé aux Etats-Unis ? Tu t'es bien installé ? Je sais que tu m'as dit qu'il valait mieux qu'on se reparle pas, qu'une relation longue distance c'était trop dur pour toi, je sais que j'ai dit oui, je t'ai laissé partir, mais je peux pas ChimChim. Je te demande pas de me dire que tu m'aimes même si moi je t'aime à la folie, je te demande rien d'autre, juste de me donner de tes nouvelles, de temps en temps, histoire que je sache que tu vas bien. D'accord ?

22 août, 19h31 :

Jiminie... Tu me réponds même pas ? :( Tu comptes vraiment couper les ponts, comme ça, plus de nouvelles, plus de messages, plus rien ? Après deux ans de relation ? S'il te plaît... Je sais que tu vas bien, j'ai vu tes photos facebook, mais j'aurais au moins aimé que tu me le dises de toi-même...

25 août, 03h12 :

Encore une nuit où j'arrive pas à dormir. Je pense à toi, encore, toujours. Toi tu profites pleinement de ta nouvelle vie à New-York, j'en suis sûr. Je suis désolé, je t'empêche de tourner la page comme il faut et de vivre pleinement ton rêve à force de t'envoyer des messages. Je respecte ta décision. Elle me déchire de l'intérieur, mais c'est bon, j'ai décidé, je te laisse partir, je t'enverrais plus de messages. J'espère que tu vas réussir, que tu seras heureux. Sache que malgré tout moi je t'aime, et ça, ça changera jamais.

02 septembre, 05h04 :

Jimiiiiiiiiiiiiin ! Jimiiiiiiiiin t'es un putain de bâtaaaaard, à m'abandonner comme ça, c'est ça casse-toi, vas danser, 'toute manière j'en vaux pas la peine, t'as bien fait de m'abandonner, je suis qu'une merde. 

02 septembre, 05h06 :

ChimChim... Tu veux pas rentrer ? Je t'aime trop, je t'aime tellement... Rentre, s'il te plait, je t'en veux pas, t'as bien fait de partir, mais tu peux rentrer maintenant d'accord ?

02 septembre, 05h07 :

JIMIIIIIIIIIIIIIN

02 septembre, 05h08 :

PUTAIN JIMINIE JE T'AIME !!!!!!!!!!!

03 septembre, 14h09 :

Désolé pour hier soir, j'étais bourré. Oublie ce que j'ai dit, oublie-moi, je vais t'oublier aussi. Bisous, bonne rentrée, sois heureux.


25 octobre.

Se lever, se doucher, s'habiller, petit-déjeuner, faire son sac. C'est facile, c'est répétitif, je le fais tous les matins, je n'ai pas à réfléchir. 

Passer faire un coucou à ma mère qui dort encore dans sa chambre, lui envoyer un bisou, ça aussi c'est facile. Quitter la maison, aller prendre le bus, me rendre au lycée. Et puis, retrouver Taehyung, sourire, avoir l'air heureux, épanoui. Ça, c'est plus difficile. Beaucoup plus difficile. Tae me connaît bien, depuis le jardin d'enfants, il sait toujours quand je vais mal, quand je suis triste. Mais pas cette fois. Plus maintenant. Pour Taehyung, pour tout le monde, je m'en suis remis, je suis passé à autre chose. Alors chaque matin je met mon masque, je peins un sourire sur mes lèvres. Je vais bien, j'aime ma vie. Et le soir, avant d'aller dormir, ce masque se craquelle, se fissure, il menace de tomber. Et j'essaie de tenir bon, je lutte, chaque jour est un combat. Ne pas perdre la face, ne pas abandonner, se battre pour réussir à se lever le matin, se battre pour réussir à manger, pour suivre une conversation, pour ne pas baisser la tête, courber le dos. 

Et c'est comme ça, depuis le 19 août, ce jour où il est parti, où il a quitté ma vie. 

 - Yo ! 

J'appelle Taehyung, je vais lui taper dans la main.

 - Yo Kookie ! Bien dormi ? 

- Comme toujours, j'ai maté des dramas toute la nuit.

C'est faux, c'est un mensonge. Je ne regarde plus de dramas. Quand j'en regarde, je repense à sa moue boudeuse quand il me disait qu'il détestait ça mais que j'essayais de le forcer à en regarder. Je repense à ces disputes incessantes où il voulait regarder un film d'horreur et que je faisais tout pour le persuader de regarder mes épisodes avec moi. A cette fois où il a craqué et où on s'est regardés tous les épisodes de Protect the Boss en une nuit, jusqu'à ce que je m'endorme sur ses genoux. Depuis ce jour là c'est devenu le plus grand fan de dramas, encore pire que moi, et tous les soirs il me harcelait pour en regarder un autre. On en a passé, de ces nuits blanches, devant mon ordinateur portable, à manger des pizzas sur mon lit. Alors, depuis son départ, je ne peux plus. Comment pourrais-je en regarder à nouveau, comme s'il ne s'était rien passé ? Comment ?

Mais c'est une bonne excuse. Je me sers de cette excuse, car elle justifie toutes ces fois où j'arrive avec des cernes monstrueuses sous mes yeux. Oui, car il m'arrive encore tellement souvent de ne pas trouver le sommeil à force de repenser à nos souvenirs ensembles, ou encore de m'éveiller en sueur après un cauchemar où il me dit qu'il est parti car il ne me supportait plus.

 - Ah ouais ? T'es tellement accro ? Ça craint mec, tu vas finir par t'endormir en cours, se moque gentiment Taehyung alors qu'on traverse la cour pour gagner notre salle de classe.

 - Faut croire, je dis, avec un haussement d'épaules désabusé. 

On commence par anglais ce matin, avec notre professeur principal, Monsieur Kim. 

Il était nul en anglais, mon amour. Encore pire que moi. Je me rappelle de cette fois, où nous étions partis en sortie tous les trois, avec Taehyung, et où ils avaient confondu les mots "Beach" et "Bitch". Qu'est ce qu'on avait pu rire ce jour-là...

 - Kookie ?

 - Mh ?

Je sors de mes pensées et me tourne vers Taehyung.

 - Pourquoi tu rigolais tout seul ?

 - Oh, pour rien...

La cloche sonne et nous entrons en classe. 

 - Bonjour les enfants, nous dit Monsieur Kim avec un grand sourire, il adore nous appeler comme ça alors qu'on est en terminale. Ce prof passe sa vie à embêter ses élèves.

 - Bonjour Monsieur Kim, on répond tous en cœur. 

Il s'amuse à laisser planer le silence pendant plusieurs minutes avant de nous dire : 

 - Vous pouvez vous asseoir. 

Nous prenons place, et le cours commence, il nous lit un poème de Shakespeare, c'est monotone, ça m'ennuie. Mon regard se perd à travers la fenêtre, je fixe sans les voir les feuilles marron des hauts platanes dans la cour de récréation. J'étais bon élève avant, j'avais d'excellentes notes, un des meilleurs de la classe. Je participais bien, les profs m'aimaient beaucoup. Mais les cours ne m'intéressent plus. Je n'arrive plus à y voir aucun intérêt, à y trouver un quelconque sens. 

Les arbres sont en train de mourir, l'hiver arrive à grands pas, tuant tout sur son passage, végétaux, insectes. SDF, aussi, qui vont crever de froid dans la rue sans que personne ne les remarque.

Depuis combien de temps je vois tout en noir ? Depuis combien de temps plus rien n'a de goût, plus rien n'arrive à me faire sourire sincèrement ? Quand me suis-je perdu dans cet engrenage, dans ce labyrinthe de couleurs sombres, de rêves brisés et d'espoirs fanés ? Quand ? Un avion, un départ, une date. Un chiffre, un simple putain de chiffre sur le calendrier. Le 19 août.

 - Monsieur Jeon ?

Je détourne la tête de la vitre pour regarder mon professeur, je ne comprends pas pourquoi il m'appelle. Et puis je vois tous ces visages tournés vers moi, et le regard de Taehyung, inquiet. 

 - Vous allez bien ? reprend Monsieur Kim. Vous souhaitez aller à l'infirmerie ?

Pourquoi me demande-t-il ça ? Oh... C'est moi ou mes joues sont mouillées? Je passe ma paume sous mes yeux. Et merde. Je pleure. 

Inspire, Kook'. Inspire, expire. 

 - Non, merci Monsieur, tout va bien. 

Il me jette un dernier coup d'œil soucieux et reprend son cours. Je ne sais même plus ce qu'on est en train d'étudier. 

Je m'en veux de m'être laissé aller comme ça, ma peine, je dois savoir la contrôler, mes émotions, ils faut que je les contienne, que je garde tout à l'intérieur. Je passe les manches de mon pull sous mes yeux pour éponger les larmes, et puis je ferme mes paupières durant quelques instants. Quand je les rouvre, je me suis repris. Je vais bien, j'aime ma vie, je peux sourire.

 - Kookie ? me souffle Taehyung.

 - Oui Tae ?

Je me tourne vers lui, lui fait un petit sourire. Voilà, j'en suis capable. C'est pas compliqué.

 - Tu vas bien ?

 - Mais oui t'inquiète pas, j'avais juste une poussière dans l'œil. 

Il ne me croît pas, ça se voit, mais c'est pas grave, ce genre d'incident ne se reproduira plus, plus jamais, alors il va vite oublier.

La journée de cours se déroule lentement, les heures passent et se ressemblent, indéfiniment.

Se lever, aller au lycée, copier des leçons sans intérêt, manger la nourriture insipide du self, rentrer chez moi, faire mes devoirs, aller me coucher.

Je ne sais plus quel jour on est, je ne sais plus combien de temps est passé, ma vie est cyclique, tout est toujours pareil, rien ne change, si ce n'est mon humeur; toujours plus sombre. Paradoxalement, j'arrive de mieux en mieux à donner le change. J'arrive à participer en cours comme si ça m'intéressait, je ris aux blagues de Taehyung, je m'investis dans ma relation avec ma mère. Aux yeux de tous, je suis un adolescent normal, épanoui, mais le soir, quand je ferme la porte de ma chambre, je clos les volets et j'éteins toutes les lumières. Dans ce noir absolu je m'allonge par terre, à même le sol, et je ne bouge plus. Je reste là, des heures durant. J'attends que le temps passe, j'attends que ma vie s'écoule, je ne pense à rien si ce n'est aux minutes de ma vie qui enfin s'en vont, que je n'aurais plus à supporter.

Voilà comment je vis, comment je survis. On dit qu'en passant, le temps cautérise les plaies et guérit les blessures, mais moi, même le temps m'a trahi. Plus il passe et plus je me sens mal, je sombre, je me noie, je ne sais pas comment m'en sortir. 

Décembre

J'ai besoin d'une chose, d'une seule chose, d'une personne, mais je ne vous dirais pas son nom. Non, je ne le dirais pas. Je ne remémorerais pas le son de sa voix, je ne repenserais pas aux traits de son visage, à toutes ses petites expressions. Non, je ne le ferais pas.

Janvier

De qui parlez-vous ? Jimin ? Qui ça ? Connaît pas. Non, je n'ai jamais été en couple. Moi, gay ? Vous rêvez. Je suis on ne peut plus hétéro.

Février 

 - Monsieur Jeon.

Assis face au bureau de Monsieur Kim, je sais qu'il me regarde, mais moi je fixe l'horloge, ces aiguilles qui tournent, trop lentement. J'aimerais qu'elles tournent plus vite, beaucoup plus vite, toujours plus vite, que le temps file sans s'arrêter. Les heures passeraient, les jours, les semaines, les mois. Je serais adulte, et puis les années continueraient de s'écouler. Je serais vieux, et je mourrais. Comme ça. Une vie qui s'écoule en un battement de seconde, en un clignement de paupière. 

 - Monsieur Jeon !

Il me fait chier, il peut pas me laisser ruminer, tout seul ?

Je me tourne vers lui, réticent, et le fusille du regard.

 - Quoi ?

Il soupire.

 - Jungkook, il faut que tu te reprennes. 

Je fronce les sourcils.

 - Pourquoi ? Je suis sage comme une image.

J'a un sourire railleur, je me fous de sa gueule et il le sait. Il fait une petite moue.

 - Là n'est pas le problème, Jungkook, et tu le sais.

 - Alors il est où le problème ?

Il commence à me gaver, sérieusement. 

Il pose ses coudes sur la table, croise ses mains et cale son menton dedans, et puis il me regarde lentement, dans les yeux. Ses prunelles sont soucieuses, les miennes sont vides.

 - Je sais que ça ne me regarde pas vraiment, mais tu as changé Jungkook, depuis quelques mois. Tu essaies de le cacher, mais je le vois, tu n'es plus le même que l'année dernière. Je suis ton professeur depuis bientôt trois ans maintenant, Jungkook. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ta vie, mais maintenant tu as l'air de détester et de mépriser tout le monde. La manière dont tu me parles, tu ne te le serais jamais permis l'an passé. J'ai l'impression que tu es en train de sombrer, et en tant que ton professeur principal, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter.

Il est qui pour se mêler de ma vie ? Il est qui pour s'inquiéter pour moi ? Pourquoi il se même pas de son cul ? Merde quoi, ça me casse les couilles, qu'il me foute la paix et s'occupe de sa propre vie !

 - Je m'en bat les couilles, je réponds alors. Inquiétez-vous si ça vous chante, mais je vous préviens, je m'en bat les couilles.

C'aurait été un autre prof, j'aurais déjà fini avec quatre heures de colle, où j'aurais été renvoyé. Mais pas avec Monsieur Kim. Ça me casse le cul en fait, ç'aurait été plus simple que je me fasse renvoyer après réflexion, au moins j'aurais pu passer mes journées enfermé dans ma chambre, dans le noir, à ne rien faire.

 - Je suis désolé que tu le prennes comme ça...

Parle mon beau, parle, ton discours, je me le carre dans le cul, mais alors bien profond. 

 - Le truc, Jungkook, c'est que c'est maintenant qu'il faut choisir ce que tu veux faire l'année prochaine. Tous tes camarades ont déjà au moins formulé trois voeux chacun, tous, sauf toi. 

 - Et alors ?

 - Alors il va falloir que tu te décides sur une formation, une école. Tu veux aller à la fac ? Ou tu préfères une formation professionnelle ?

Ok, donc il a vraiment décidé de me faire chier jusqu'au bout aujourd'hui.

 - Tu veux faire quoi plus tard, Jungkook ?

 - Rien.

 - Pardon ?

 - Rien. Je veux rien faire à part qu'on me foute la paix.

 - Mais enfin, tu dois bien avoir un rêve, même inaccessible...

Ouais, qu'il revienne. 

Putain. De. Bordel. De merde. Fuck, je suis passé à autre chose ! Pourquoi j'ai pensé à ça ? A lui ? BORDEL DE MERDE !!

Je me lève brusquement, ma chaise s'écrase au sol avec un grand bruit.

 - Tu veux que je te le dise, mon rêve, Ducon ? Mon rêve c'est que vous creviez tous ! Que vous creviez comme des merdes et que vous me foutiez définitivement la paix !!!

Je quitte la salle, le plantant là. Demain, je ne viendrais pas en cours. Je ne quitterais pas ma chambre.

***

J'y suis retourné, la semaine d'après. J'ai fait comme si de rien n'était, et Monsieur Kim aussi. Taehyung ? Il est toujours à côté de moi, fidèle, il me lâche pas, alors que ça fait des semaines que je lui ai pas adressé un seul mot. L'époque où je me forçais à sourire pour leur faire plaisir à tous, elle est loin derrière moi. Maintenant, je pense qu'à ma gueule, et osef des autres, osef du reste.

Mars

On a une heure de permanence, alors Tae et moi, on est assis sur un banc derrière le bahut, enfin, lui, il s'est perché sur le dossier.  Je le regarde pas, je lui parle pas. Non, j'assassine  du regard une colonie de fourmis qui passe près de mes pieds. Elles me font chier, elle aussi.

 - Kook' ? 

Je réponds pas, j'ai pas envie, il va bien finir par abandonner.

Mais non, il est pas foutu de me lâcher.

 - Eh, dis Kookie ?

 - Quoi ?!

Je lui crie presque dessus et tourne ma tête vers lui, excédé.

 - Je veux devenir chanteur.

 - Tu me l'as déjà dit, et je t'ai déjà dit que j'en avais rien à foutre. 

Je comprends pas pourquoi il s'obstine à toujours vouloir traîner avec moi alors que je le calcule pas. Je m'étais pas rendu compte qu'il était aussi con, les années précédentes.

Il saute par terre et vient se placer devant moi. Je pousse un soupir déchirant, il me veut quoi encore ?

- Eh Kookie... Pourquoi tu t'inscrirais pas avec moi à l'école de chant ? 

 - Chanter ? C'est pour les taffiolles.

Je ramasse mon sac et je me casse, le laissant tout seul.

Avril

 - Les enfants ! 

 - Oui Monsieur Kim ?

 - Aujourd'hui, c'est votre dernière chance pour formuler vos voeux pour l'année prochaine ! Je vais appeler vos noms un à un et il faudra me dire le premier, ce que vous aimeriez vraiment faire.

Merde, je fais quoi moi ? J'voudrais bien dire "rien" mais le bahut va pas me lâcher après. 

 - Choi Bo Ram.

  - La fac de lettres Séoul Sud, Monsieur.

Merde, c'est bientôt à moi...

 - Jeon Jungkook ?

 Putain, je dis quoi ? Mais je m'en fous de l'année prochaine, moi ! Y'a rien qui m'intéresse !

 - La même école de chant que Taehyung. La Bangtan Music Academy, ou un truc du style.

Gros blanc.

Putain, mais pourquoi j'ai dit ça, moi ?!

Juin

Je sais pas ce que je fous là. Sérieusement, je comprends pas. Tae est en train de s'entraîner à côté de moi, il chauffe sa voix en faisant des vocalises, moi je suis assis, les bras ballants, le regard dans le vide, à me sentir carrément con, au milieu de tous ces petits prodiges du chant.

Une dame en tailleur-talons hauts arrive dans la salle.

 - Jeon Jungkook ?

C'est moi qu'elle appelle ? Je fais quoi ? Je l'assomme et je me casse en courant ?

 - Fighting Kookie ! s'écrie Taehyung. 

Il vient me donner une grande tape sur l'épaule.

 - Tu vas voir, on va la passer cette audition, c'est du gâteau !

Il dit ça plus pour se rassurer lui-même, ça se voit comme les yeux au milieu de la figure qu'il stresse à mort, mais je sais pas pourquoi, ça me fait du bien. 

Alors je suis la dame.

 Et vous savez quoi ? Eh bah ouais, je l'ai passée, cette audition, et haut la main. Le jury était sur le cul. Je savais même pas que je pouvais chanter.


Quatre ans plus tard


 - Tae, Kookie, bougez vos culs, on va être en retard !

Jin nous hurle dessus depuis l'extérieur des toilettes, Tae me regarde, je le regarde, on explose de rire ensemble, sans raison. On est encore à la bourre, comme d'habitude.

 - Putain les gars, c'est quand que vous prendrez votre job au sérieux ? On est des idoles, pas des branleurs, merde !

 - On arrive, on arrive !  hurle Taehyung.

- Oui oui, laisse-nous juste trente secondes ! je renchéris.

On arrive à entendre son soupir même à travers la porte, ce qui nous fait exploser de rire à nouveau. Bordel, avec tout ça, notre maquillage a complètement coulé... Comment Tae ressemble à rien avec son eye-liner plein les joues !

 Je hurle de rire.

 - Comment t'es moche, sérieux !

 - Yaaaah t'as vu ta gueule ? Tu ressembles à un panda périmé depuis trois siècles !

 - Bougez-vous merde !!! 

 - On arriiiiive Eomaaaaaa !!!!

                                                                                   ***

Les cris de la foule nous entourent, elle finit d'applaudir le groupe qui est passé en première partie, l'acclamant en hurlant et en tapant des pieds. Le public est bien chaud ce soir.

 - Les garçons, tenez-vous prêts, c'est à vous dans cinq minutes, nous dit Bang Si Hyuk, notre manager.

 - Bangtan Boys fighting ! nous encourage Namjoon, notre leader, qui est en réalité notre ancien professeur d'anglais, Monsieur Kim, qui a eu une reconversion professionnelle plutôt surprenante.

 - Fighting ! on répète tous en cœur. 

J'ai ce petit stress au cœur avant chaque concert, tout s'est toujours bien passé pourtant, les fans nous adorent, mais je ne peux pas m'empêcher d'angoisser, c'est plus fort que moi. 

 - C'était qui en première partie ? je demande distraitement à à Taehyung sans vraiment écouter, pour me changer les idées.

 - 'Chais pas, un duo de danseurs je crois.

Des danseurs... Ça me fait repenser à Jimin, une petite pointe de nostalgie vient m'enlacer. J'ai accepté son départ et notre séparation il y a bien longtemps maintenant, mais je n'ai pas oublié. Comment aurais-je pu ? Quelqu'un comme lui, ça ne s'oublie pas. C'est le chant qui m'a permis de cicatriser, en réalité. Toute cette haine, cette colère, cette rancœur, j'ai appris à les canaliser pour en faire des chansons; tous ces sentiments que je ne m'autorisais pas à ressentir, je les ai exprimé en vers. D'après notre manager, je suis celui qui ai la voix la plus profonde, celle qui touche le plus le cœur des fans. Probablement parce qu'en chantant j'ai retranscrit tout mon amour perdu pour Jimin.

Je ne lui en veut pas, il a fait ce qu'il fallait, il a tout lâché pour partir à la poursuite de son rêve, et il lui a sans doute fallu beaucoup de courage pour ça, je ne l'ai réalisé que trop tard. Lui aussi m'a aimé, je le sais, mais il a préféré me laisser partir, plutôt que de nous emprisonner dans une relation longue distance qui n'aurait pas pu fonctionner.

Je n'ai jamais repris de ses nouvelles, je n'ai jamais cherché à savoir s'il a réussi, mais je suis certain qu'il est devenu un danseur connu. Il n'a jamais cherché à me recontacter non plus, même s'il m'a probablement déjà vu à la télé ou sur internet. Je ne m'occupe pas des autres stars, des autres groupes, si je suis avec les Bangtan Boys, c'est pour chanter et c'est tout, tout ce qu'il se passe dans le monde de la Kpop, honnêtement, je m'en fous. J'aime ce que je fais, et j'aime les autres membres du groupe. J'ai retrouvé le bonheur. Il y a toujours une part de moi triste et mélancolique, comme un vide au fond de mon coeur, mais j'arrive à ne plus trop y prêter attention.

En revanche, je n'ai jamais eu d'autre copain après Jimin. Je n'ai jamais pu. Il y a bien eu un ou deux mecs qui me plaisaient, mais je n'ai jamais réussi à m'engager dans une relation avec eux. Au moment de les embrasser il y avait quelqu'un chose en moi qui m'en empêchait, et j'ai toujours fini par les repousser. Je crois qu'il y a toujours ce morceau de moi qui aime Jimin, je l'aimerais toujours, mais aujourd'hui il représente uniquement des souvenirs, de très beaux souvenirs que je chérirais pour toujours. Je lui serais éternellement reconnaissant de ces deux années que nous avons vécu ensemble, mais je sais qu'un jour, peut-être dans quelques années, j'arriverais à aimer à nouveau, pas comme lui, c'est impossible d'aimer comme je l'ai aimé, mais d'une manière différente, une manière qui n'appartiendra qu'à mon futur petit-ami et à moi. Pour le moment toutefois, je n'en ressens pas le besoin. J'ai un métier que j'adore, des amis géniaux et une mère aimante, je n'ai besoin de rien de plus.

 - Les garçons, trente secondes ! s'écrie notre manager. Allez, faites les rêver !

 - Oui manager ! nous nous écrions tous de concert, motivés.

On va offrir à nos fans des moments inoubliables ce soir.

 - Eeeeeet ! C'est à vous !

On se tape tous dans la main, on s'encourage, et puis on quitte le vestiaire. Les hurlements du public sont encore plus forts d'ici, ils scandent nos noms, c'est grisant. On va tout déchirer.

On arrive aux escaliers qui montent à la scène alors que dans ma tête résonne les "BTS ! BTS !" des fans en folie, j'ai hâte de commencer à chanter, je vais tout donner, tout ce que j'ai, toutes mes tripes.

Namjoon monte en premier, suivi de Jin, puis de Taehyung et de Yoongi, je passe en dernier. On croise les deux danseurs en montant, je les regarde sans les voir, leurs tenues brillantes, leurs visages dégoulinant de sueur.

Le premier me fait un sourire pour m'encourager et me dépasse rapidement, le deuxième me sourit aussi, et puis soudain, il s'arrête.

Il me regarde, je ne le vois pas bien, je suis ébloui par le feu des projecteurs, toutes ces lumières bariolées. Je distingue des cheveux roux vifs et des joues rondes, et... Et puis plus rien.

Le temps s'arrête, je n'ai plus conscience de rien. Je n'entends plus les fans, je ne vois pas Yoongi qui me fait signe de me dépêcher. Je ne suis plus là, dans cette salle de concert. Je suis perdu dans ses yeux noirs qui ne me lâchent pas, je me noie dans ces prunelles si familières et inconnues à la fois.

Au milieu d'un concert dans le Séoul Dôme, dans les escaliers menant à la scène, éclairés par des faisceaux de lumières multicolores et sous les hurlements stridents des fans qui ne nous voient pas, nous nous regardons, ses pupilles dans mes pupilles. 

Les yeux de Jimin dans les yeux de Jungkook.

C'est lui. C'est Jimin. Devant moi.

Je ne sens plus rien, je ne vois plus rien, je n'entends plus rien. Où suis-je ? Je ne sais pas. Mais ses yeux... Ses prunelles noires si intenses, qui recèlent mille secret et émotions... C'est lui, c'est...

J'entends comme venu de très loin qu'on appelle mon nom, lentement je brise notre lien visuel et franchis les dernières marches, reprenant peu à peu mes esprits. C'était tellement improbable et pourtant je l'ai revu. Je peux passer à autre chose maintenant, définitivement, une bonne fois pour toutes.

Je pose un pied sur la scène, tout autour de moi j'entends scander mon nom, les "Jungkook ! Jungkook !" envahissent mes oreilles. Oui... Chanter... Ecoute-moi chanter Jimin, écoute ce que j'ai vécu durant toutes ces années. Ecoute bien, c'est mon dernier cadeau que je t'offre ce soir. Ce concert est mon cadeau d'adieu. Ce sera la dernière fois que je penserais à toi.

La batterie démarre et c'est Namjoon, alias Rap Monster, qui entame les premiers vers. La foule est en délire. Ça va être à moi. Adieu, Jimin. J'ouvre la bouche.

Et d'un seul coup, je me sens basculer en arrière, tiré par une poigne ferme sur mon poignet. Je bascule sur les marches d'escalier, me stabilise de justesse sans comprendre ce qu'il m'arrive. Des lèvres s'écrasent sur les miennes, un bras passe derrière mon cou, un autre contre mes hanches, me collant contre un torse chaud.

Je ferme automatiquement les yeux alors que la bouche de mon partenaire commence à bouger contre la mienne, d'abord doucement, tendrement, baiser manque et désespoir, baiser retrouvailles, il a le goût de nos larmes qui se mêlent. C'est un baiser qui a la saveur des rêves du passé brisé et celle d'un avenir où tout est encore possible, un baiser chimérique et pourtant tellement réel. Et puis ses dents viennent mordiller ma lèvre inférieure, je gémis et ouvre la bouche, une langue chaude se faufile dans ma cavité buccale et vient enlacer mon muscle rose. Une danse langoureuse commence, nos langues tournent autour l'une de l'autre. Nous nous embrassons comme si nous ne nous étions jamais quittés et à l'inverse comme si c'était la première fois. Nous sommes dans notre monde, notre bulle, inconscients du monde qui nous entoure. Et puis sa langue vient tendrement découvrir ma bouche, elle passe sur mes dents, caresse mon palais. Des étincelles s'allument dans mon ventre, le baiser se fait plus entreprenant, il me domine, nous nous abandonnons à la passion. Je passe mes mains dans ses cheveux, ses mèches si doux douces, je les caresse, je les tire. Une déferlante de sensations m'envahit, j'ai chaud, je sens mon coeur tambouriner dans ma cage thoracique comme s'il souhaitait se libérer. C'est son goût, c'est son odeur, c'est lui.

Et enfin nos bouches se séparent mais nous restons enlacés, le souffle court, collés l'un à l'autre, ses yeux dans les miens.

 - Jungkook...

 - Jimin...

  - Je t'aime...

Nous l'avons murmuré ensemble, d'une seule voix. Comme si nous n'étions qu'un.

Nous nous sommes retrouvés et plus rien ne nous séparera. Ensemble. Pour toujours et à jamais.


Love is so painful
Goodbyes are even more painful
I can't go on if you're not here
Love me, love me
Come back to my arms
Love is so painful
Goodbyes are even more painful
I can't go on if you're not here
Love me, love me
Come back to my arms

Love is not over, over, over


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Boooooon j'ai fini d'écrire cet OS à 6h du mat' et je me suis pas relue, j'espère qu'il est bien quand-même et qu'il vous plaira !

C'est aussi mon premier yaoi terminé il me semble, alors je suis émue ahah. Pour une perverse comme moi ça va j'ai réussi à faire un OS qui n'a rien de sexuel, je suis fière de moi.

J'espère qu'il est pas trop "cul-cul la praline"... La fin surtout :/

Bon comme vous pouvez le voir j'ai un peu beaucoup de mal avec mes autres fictions en ce moment, ça fait un petit bout de temps que j'ai pas publié, je suis vraiment, vraiment, désolée. 

Mais c'est pour ça que je vais me mettre à écrire des OS parce que j'arrive plus facilement à les terminer, je peux les écrire tout-de-go en quelques heures, c'est plus simple. Et puis toutes mes fictions longues sont hétéro, parce que j'y arrivais beaucoup mieux, mais à force de lire que des yaoi, je commence à avoir comme un blocage là :/

Du coup je suis désolée mais je vais les dé-publier pour le moment, peut-être que j'y reviendrais plus tard. Mais j'ai beaucoup d'inspirations pour de longues fictions yaoi, et elles, je vais me donner à fond dedans.

Merci à toutes/tous celles/ceux qui m'ont lue ( s'il y en a ^^' ) !! <3 

Et s'il y en a n'hésitez pas à voter ou à commenter, ça me ferait tellement, tellement plaisir !!!

Bisouuuuus



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