Chapitre 2 - Vis ma vie

Média : Bachelorette – Björk

29 juillet 2019

Comme Antonio l'a fait avec Alessandro à son arrivée dans la Joaillerie, je vais travailler pendant une courte période avec chaque collaborateur présent dans l'entreprise. Selon mon père, ce parcours d'intégration permet de comprendre et maîtriser toutes les facettes de notre activité. Je pourrais ainsi mieux comprendre mon rôle au sein de notre société.

Je suis assez enthousiaste par cette immersion dans le monde professionnel que j'affectionne. Moi qui suis d'un naturel curieux, je prends ce « vis ma vie » comme un voyage initiatique. Même si j'ai grandi dans ce milieu, j'ai encore plein de choses à découvrir.

En tant que future designer de la joaillerie Armanini, il est apparu évident que je commence par la fabrication des bijoux. Antonio et Alessandro étant retournés vaquer à leurs occupations, je traverse le hall pour rejoindre l'atelier. Je rentre dans la vaste pièce où chaque artisan est déjà à son poste. L'équipe est composée d'un bijoutier-joailler, d'un polisseur, d'un sertisseur et d'un gemmologue. Je devrais plutôt dire une gemmologue, puisqu'il s'agit de ma mère, Angela.

Je les salue un par un et me dirige vers ma mère qui ne m'a pas vue entrer. Elle est face à sa table de travail, l'œil rivé sur son microscope et discute avec un homme. Ils me tournent tous les deux le dos. Je me racle la gorge et prononce d'une voix un peu plus forte que la normale :

— Bonjour Angela !

Aussitôt, ma mère se retourne et me saute dessus pour me serrer dans ses bras en s'exclamant :

— Oh bonjour ma pu...Annabella, se ressaisit-elle.

Tandis qu'elle maintient son étreinte, je découvre le jeune homme qui conversait avec elle à mon arrivée. C'est un beau brun ténébreux à la peau mate. Il a de grands yeux noirs ornés de longs cils qui lui donnent un regard doux et espiègle à la fois. Il me semble plus jeune que moi mais sa barbe de trois jours lui confère un côté viril. Il est relativement grand, son costume met en valeur sa carrure, et lui donne une allure mâture.

— Moi aussi je suis contente de te voir, déclaré-je en repoussant gentiment ma mère. 

Le jeune homme me regarde attentivement en souriant, amusé par la situation. Angela en profite pour faire les présentations :

— Anna, je te présente Mickael. Il sera ton chauffeur et garde du corps lorsque tu devras déplacer des pièces de grande valeur.

J'aimerais qu'il fasse davantage que garder mon corps, pensé-je en ne pouvant empêcher des idées coquines d'envahir ma tête.

Mickael fait un pas en avant et, avec un sourire charmeur, me tend la main.

— Enchanté, déclare-t-il d'une voix suave.

Je saisis sa main en répondant à son sourire. Sa poigne est chaude et douce à la fois. A son contact, mes pensées mutines se propagent dans mon esprit lubrique et je sens ma chaleur corporelle augmenter. 

— Vous n'aviez pas encore été présentés car Mickael est rentré hier du Mexique. Il a passé quelques jours de vacances avec sa fiancée, en profite pour ajouter ma mère.

Fiancée, ce mot me fait un électrochoc. Je relâche brutalement la main de Mickael et fait un pas en arrière pour mettre de la distance entre nous et de l'ordre dans ma tête. Mickael a perdu son sourire et me regarde mi énervé, mi gêné.

— Très bien, les présentations sont faites. Maintenant je peux me mettre au travail. À plus tard Angela, annoncé-je en me dirigeant vers l'établi du bijoutier afin de m'extraire du regard insistant de Mickael.

C'est tout moi ça, il suffit qu'un mec me plaise pour qu'il soit déjà casé, soupiré-je en m'éloignant.

Nous sommes déjà vendredi, je n'ai pas vu la semaine passée. Il faut dire que j'ai été captivée par mon immersion au poste de bijoutier-joaillier. Même si mes études à l'Ecole des Beaux-arts option bijoux me permettent d'avoir des bases, assister un orfèvre dans la fabrication d'un joyau est une expérience indéfinissable. Je mesure toute l'importance qu'auront mes futurs dessins et croquis.

Je n'ai pas recroisé Mickael depuis notre première entrevue. Ma mère et lui sont partis en Russie pour réceptionner une commande de diamants. Et cela n'a pas été un mal car sa façon de me regarder m'a troublé au point que je me suis méprise sur ses intentions à mon égard.

Il est 17h30 et l'atelier s'est vidé, les artisans terminent plus tôt le vendredi. Je remonte tranquillement les quatre étages qui me séparent de l'appartement de mon frère. Depuis mon retour à New York, je suis venue habiter chez lui plutôt que de retourner vivre chez mes parents. Je devais me chercher une location pour m'installer chez moi après mon tour du monde. Mais suite au décès d'Armando, mon père m'a proposé de récupérer son petit appartement de Greenwich Village. J'ai immédiatement sauté de joie car j'ai toujours adoré le logement de Papino. Mes parents s'activent de le vider de tout l'ancien mobilier pour que je puisse récupérer les clés fin de semaine prochaine. Je pourrai ensuite lui faire un bon coup de rafraîchissement avant d'aménager mes affaires. En attendant, je n'ai pas à me plaindre, mon frère a un superbe duplex avec terrasse et il m'a mis à disposition une chambre avec salle d'eau. Jusqu'à présent la cohabitation se passe très bien.

J'arrive dans l'appartement, le salon est vide. Alessandro est encore au bureau, il avait encore quelques dossiers à boucler avant le week-end. Comme il fait beau, je vais en profiter pour aller m'aérer en faisant un footing. Je monte dans ma chambre, j'enfile mon pantalon de running, mon sweat à capuche et mes baskets. Je prends mon brassard de sport et positionne mes écouteurs Bluetooth aux oreilles. J'allume mon téléphone, choisis une playlist au hasard et c'est sur les notes douces de « Cherry blossom girl » que je descends les escaliers en petites foulées.

Je sillonne les rues jusqu'à Rockefeller Park au rythme de la musique qui se diffuse dans ma tête. Je laisse mon esprit vagabonder, oscillant entre le bonheur de parcourir les trottoirs de ma ville et la confusion provoquée par le sourire ravageur d'un bel hidalgo. Après plus d'une heure de course, je rentre dans l'immeuble et me dirige vers l'ascenseur. Je suis fatiguée et en sueur, je n'ai pas le courage de monter les cinq étages à pieds. Arrivée dans le hall de l'appartement, des voix masculines et des éclats de rire me parviennent aux oreilles. Je vais pour me diriger vers les escaliers pour monter discrètement dans ma chambre quand mon frère m'interpelle :

— Et alors la sauvageonne, on ne dit pas bonsoir !

A sa façon de parler, je devine qu'il a bu de l'alcool et qu'il commence à être légèrement éméché. Je me retourne pour lui en faire la réflexion lorsque je remarque la personne qui lui tient compagnie. Mickael me regarde avec ses grands yeux noirs. Il me fait un sourire laissant apercevoir ses belles dents blanches.

— Bonsoir Annabella, me dit-il de sa voix charmeuse.

— Mickael a ramené une bonne bouteille de Mezcal du Mexique. Tu viens boire un verre avec nous ?

Mickael m'observe de la tête au pieds avec un sourire en coin. Je réalise soudain que je rentre de mon footing et que je me tiens devant lui toute transpirante dans en pantalon tellement moulant qu'on dirait une seconde peau. Je me détourne sans dire un mot, rouge de honte, et monte en courant dans ma chambre.

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