Média : Familiar Feeling – Moloko

Samedi 31 août 2019

Ce matin je suis réveillée par un appel téléphonique d'une Nina surexcitée, son débit de paroles déjà rapide en temps normal est un flot ininterrompu de mots abstraits dans mon cerveau ensommeillé. Pour couper court au décryptage qui menace de me donner un début de migraine, je les invite à venir boire un café chez moi avec Nate.

Le breuvage noir coule à peine dans ma tasse que la sonnette retentit. J'ouvre la porte, surprise par leur arrivée si rapide.

— Salut ma poulette, pas encore habillée ? me taquine mon amie en me sautant au cou.

— Bonjour Nanou, réponds-je en l'enlaçant. J'ai à peine eu le temps d'aller aux toilettes que vous êtes déjà là. Café ? leur proposé-je en embrassant Nate pour le saluer à son tour.

— Ok mais après tu t'habilles et on sort, on a quelque chose à te montrer, trépigne Nina en tapant dans ses mains d'enthousiasme.

Je la regarde faire en souriant, on dirait une gamine devant l'entrée de Disneyworld. Je l'adore mon rayon de soleil avec cette énergie débordante dès le matin, moi j'ai d'abord besoin de ma dose de caféine pour me donner un bon coup de fouet.

Mes deux tartines avalées, je laisse mes amis se disputer l'enceinte Bluetooth qui dégénère en bataille de chatouilles sur le canapé pour aller rapidement dans la salle d'eau me préparer. J'enfile un jean avec un top en soie beige et des sneakers, une tenue passe partout pour leur promenade surprise. Comme nous sommes la veille de mon anniversaire, je peux m'attendre à tout avec eux. Après un lavage de dents, une mise en beauté expresse, un trait de crayon khôl et du mascara, me voilà prête.

Visiblement leur bagarre est terminée puisque le calme est revenu et que j'entends juste un fond musical se répandre dans le salon. Lorsque je m'approche d'eux, je retrouve Nina assise à califourchon sur les genoux d'un Nate aux anges, échangeant un baiser langoureux.

— Eh, ce n'était pas la peine de venir me réveiller pour assister à vos préliminaires ! les chambré-je.

— T'es prête ? Alors on y va ! bondit Nina telle un pantin sortant de sa boîte.

Je noue un carré de soie autour de mon cou, prend un gilet et mon sac cabas et nous sortons de mon appartement.

Arrivés en bas de mon immeuble, je les interroge :

— Bon alors, on va où ? On appelle un taxi ?

— On va marcher un peu, il fait beau alors autant en profiter, suggère Nate en nous attrapant chacune par la taille.

Nous déambulons ainsi tous les trois dans la rue en direction de Washington Square Park. Je pense que nous allons flâner dans le parc à regarder les joueurs d'échecs ou écouter les musiciens et autres saltimbanques qui se côtoient de ce lieu bohème que j'affectionne tant. Mais alors que le square se situe vers la gauche, nous bifurquons sur la droite. Étonnée par ce changement de direction, je questionne mes amis qui échangent un regard complice. Nous nous arrêtons bientôt au pied d'un immeuble qui fait l'angle.

— Et voilà, on est arrivés ! s'exclame Nina.

Ne comprenant toujours pas où ils m'emmènent, je les suis dans le vaste hall carrelé puis nous pénétrons dans l'ascenseur qui nous déposent au cinquième étage. Nate sort fébrilement un trousseau de clés de sa poche et ouvre la porte qui comporte le numéro 19 comme seule indication.

— Bienvenue chez nous, s'écrient-ils en cœur en me faisant une haie d'honneur pour m'inviter à entrer.

C'est émue par leur surprise que je découvre leur futur appartement. L'endroit est presque vide pour le moment mais il est vaste et je vois directement tout son potentiel. Ce logement de standing leur a été trouvé par Martin. Il a enregistré ce bien à louer dans son agence hier et l'a proposé en primeur à son cousin et à Nina.

Nina me fait visiter chaque pièce en me détaillant l'agencement qu'elle a déjà déterminé. Face à la porte d'entrée, se trouvera le salon qui dessert deux grandes chambres, comme le souhaitaient mes amis pour leur colocation. Je rigole intérieurement car vu comme ils sont partis, ils feront plus souvent chambre commune que lit séparé. A gauche, la cuisine ouverte est déjà aménagée avec de beaux meubles gris anthracite qui contrastent avec le carrelage blanc style métro de la crédence.

Nous avançons vers une jolie verrière et je découvre avec émerveillement un ravissant balcon. L'espace se trouvant devant la fenêtre est surélevée d'une marche, Nina y installera son bureau pour dessiner ses créations. Nous nous dirigeons vers le couloir qui donne accès à la petite terrasse, la vue n'est pas exceptionnelle puisqu'elle est orientée sur l'intérieur de l'immeuble mais ce sera quand même très agréable de profiter de cet extérieur.

Dans le couloir, il y a deux portes dont l'une cache une jolie salle de bain assez spacieuse avec une baignoire et un meuble à double vasque, et dans l'autre les toilettes. Cet appartement est très bien pensé et sera parfait pour mes amis. Mais surtout, le gros point positif c'est que nous habiterons à moins de dix minutes à pieds. Pour une ville comme New York, c'est une chance inouïe.

Après avoir fini le tour du propriétaire, mes amis décident de manger dans le petit restaurant italien qui se situe au pied de leur immeuble, il a apparemment très bonne réputation. Pour ma part, je n'ai pas très faim comme j'ai pris mon petit déjeuner tard cependant une salade de roquette avec des tomates séchées, de la coppa et de la mozzarella me tente bien.

Pendant le déjeuner, nous discutons de leur emménagement à organiser pour lundi comme c'est un jour férié, on va en profiter pour installer le plus gros de leurs affaires. Ils me font également part de l'avancée de leurs projets professionnels, Nate a eu ses premiers contacts avec des clients de l'agence immobilière de Martin, quant à Nina, elle prépare activement le démarchage qu'elle s'apprête à faire pendant la Fashion Week pour présenter son book de créations.

Tandis que nous buvons notre café en terrasse, Nina déclare :

— Bon alors ce soir, tu viens chez Sandro à dix-neuf heures, c'est moi qui prépare à manger. Et ensuite, on sort faire la bringue. Tu ne pensais tout de même pas qu'on allait oublier de fêter ton anniversaire, vingt-cinq ans ma Loulette, ça s'arrose ! s'exclame-t-elle en se serrant contre moi.

J'accepte avec enthousiasme sa proposition. Je me doutais que mon amie ne ferait jamais une telle omission. J'essaye de sonder son regard afin de deviner quelle autre surprise elle me réserve. Mais je retrouve bien là ma chipie qui lève les yeux au ciel avec son sourire charmeur comme lorsque nous étions petites. Personne ne peut lui résister et elle le sait. Nate craque le premier en l'attrapant par le cou pour lui embrasser les cheveux.

Une fois nos cafés terminés, nous profitons du soleil pour marcher tranquillement jusqu'à Washington Square Park. Nous nous installons sur un banc et passons un bon moment à nous taquiner et à plaisanter comme nous avons l'habitude de le faire tous les trois. C'est tellement bon de profiter de mes amis et de se laisser porter par notre insouciance légendaire après les émotions de la semaine et la prise de recul dont j'ai dû faire face sans défaillir.

En fin d'après-midi, nous nous séparons pour rentrer nous préparer pour ma soirée d'anniversaire.