Chapitre 1 - Bienvenue chez Armanini
Média : Beautiful Day - Venus
29 juillet 2019
— Allez Annabella ! Dépêche-toi de te lever ! C'est ton premier jour de travail et papa n'acceptera pas de retard, me hurle mon frère en tambourinant à la porte de la chambre.
Même si je le maudis à cet instant, mon frère n'a pas tort, j'ai déjà décalé trois fois l'alarme de mon réveil. Ce n'est pas de ma faute, je n'ai jamais été du matin. Alors me lever à 6h30 pour arriver à la boutique avant tout le personnel est tout simplement un cauchemar pour moi.
Mais j'ai promis à mon père que je serais présente avec mon frère Alessandro pour assister au rituel du lundi matin. Donc je ne peux plus repousser l'échéance, il faut vraiment que je m'active. Je m'assois sur le rebord du lit, allume mon enceinte Bluetooth et choisis une playlist sur mon téléphone. La musique se lance pendant que j'ouvre les volets. Le soleil inonde la pièce en même temps que les premières notes du titre « Beautiful days ». Je souris, c'est en effet une belle journée pour commencer ma nouvelle vie.
Cela fait deux semaines que je suis rentrée précipitamment à New York pour assister à l'enterrement de mon grand-père Armando, lui dire un dernier au revoir. Grand-père était le pilier de notre famille, notre Papino. C'est grâce à lui, à son ambition et son dur labeur que ma famille prospère aujourd'hui. Il avait repris la petite bijouterie de ses parents immigrés italiens. Fervent admirateur de Frank Sinatra, il a eu la chance de croiser sa route et de se lier d'amitié avec lui. Le chanteur ayant détecté le talent de mon grand-père, il a fait créer les alliances de ses différentes femmes par son ami. La notoriété du crooner a lancé la carrière de mon aïeul, et ainsi est née la Joaillerie Armanini.
Aujourd'hui, je rejoins l'entreprise familiale. Je suis excitée et en même temps, j'appréhende de travailler avec mon père et mon frère. Alessandro est le bras droit de mon père. Il a terminé ses études il y a quatre ans, un MBA à Columbia pour épauler Antonio et reprendre le flambeau de cette fastueuse boutique. J'adore ma famille mais mon père comme mon frère sont des caractères forts, fonceurs et autoritaires. Je ne suis pas de nature faible, mais je suis une artiste dans l'âme, une rêveuse qui a besoin d'évasion. Ce n'est pas pour rien si à la fin de mes études, j'ai entrepris un tour du monde avec Nina, mon amie d'enfance, et notre compère de fac Nathaniel. Même si j'ai dû écourter mon périple pour les obsèques de mon grand-père, ce voyage m'a permis de m'ouvrir l'esprit et sera source d'inspiration dans ma vie professionnelle.
Je sors de ma rêverie et regarde ma montre. Il est déjà 7h25. Vite, plus que cinq minutes si je ne veux pas être en retard. J'enfile mes escarpins en claquant la porte puis dévale les escaliers des quatre étages qui me séparent des bureaux de la Joaillerie. Je sais que c'est risqué de courir dans les escaliers avec des chaussures à talon mais je déteste les ascenseurs. Donc dès que je peux, je les évite.
— Bonjour papa, dis-je en faisant une entrée fracassante dans le bureau de mon père. Pile à l'heure ! Souligné-je fière de moi en leur montrant mon poignet.
Mon père et mon frère me jettent un regard mi amusé, mi blasé. Ma maladresse les a toujours agacés.
— Bonjour Bella, me répond mon père. Ici, je préfère que tu conserves une certaine distance et m'appelles par mon prénom, comme le fait Alessandro.
Devant ma mine circonspecte, celui-ci surenchérit :
— Ne le prends pas mal ma puce mais le personnel me respecte. Je ne peux pas me permettre de familiarités si je veux maintenir un climat de travail sérieux.
Bienvenue chez Armanini, pensé-je.
Une fois cette mise au point effectuée, Antonio, puisqu'il faut que je l'appelle par son prénom, et Alessandro attaquent le rituel du lundi matin : point sur les créations en cours, les commandes en attente, les événements mondains de la semaine et les rendez-vous à prévoir.
Mon cerveau est embrumé, j'ai du mal à assimiler autant d'informations de bon matin. J'ai besoin d'un grand café pour que mes synapses se remettent en action. Je me masse les tempes pour stimuler ma concentration.
Une question d'habitude, c'est juste une question d'habitude, me répété-je tel un mantra pour me redonner de la motivation.
— Un café et on attaque ? nous propose Antonio.
On attaque, parce qu'on fait quoi depuis plus d'une heure ! pouffé-je
Je soulève la tête et mon sourire disparaît automatiquement en apercevant deux paires d'yeux courroucés qui m'observent. Il va vraiment falloir que je fasse des efforts sur mon comportement et sois moins spontanée.
— Avec plaisir Antonio, réponds-je avec enthousiasme pour détendre l'atmosphère.
Alessandro se dirige vers la cafetière à dosette et fait couler deux expressos. Puis, il attrape un mug et me prépare un café allongé, comme je les aime. Il me tend ma tasse en me faisant un clin d'œil. Son attention me rassure, c'est sa façon de me souhaiter la bienvenue et de me prouver que je suis à ma place à leurs côtés.
Après cette pause-café, nous sortons du bureau d'Antonio. Elisabeth, l'assistante de l'entreprise, nous accueille avec un grand sourire.
— Bonjour, quel plaisir de vous voir tous les trois ce matin.
Puis, elle se tourne vers moi et ajoute en me prenant dans ses bras :
— Annabella, je te souhaite la bienvenue parmi nous. Je suis vraiment heureuse de pouvoir enfin collaborer avec toi.
Elisabeth a rejoint l'entreprise il y a maintenant dix ans. Elle me connaît pour ainsi dire très bien. Lorsque j'étais plus jeune et venais rejoindre mon père, elle m'offrait à chaque fois un chocolat chaud. Elle me prêtait une de ses revues de mode ou de décoration d'intérieur qu'elle aime regarder pendant sa pause déjeuner. « Ça donne des idées, disait-elle toujours ». Puis je m'installais sur le canapé qui fait face à son bureau et dégustais ma boisson chocolatée en feuilletant le magazine. Elle avait raison car, en plus de l'environnement créatif dans lequel j'ai grandi, ces revues m'ont donné envie d'enjoliver le monde, d'apporter ma pierre précieuse à l'édifice de la mode.
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