Média : Cornflake Girl – Tori Amos

Mercredi 2 septembre 2020

Lola a fini sa séance de yoga et nous arpentons les rues en direction de Greenwich Village. Elle est plutôt sympa et rigolote. Elle me parle de son boulot de coach sportive et on voit qu'elle aime ce qu'elle fait. Ses clients, des nanas pleines aux as ou des mannequins réputés, sont bien lotis avec ce petit bout de femme dynamique et pleine d'humour. Moi j'avoue que c'est plutôt sa plastique athlétique et son côté fonceur que j'ai envie de connaître davantage.

— Ah ça y est on est arrivés. Je te conseille le coco-banana c'est une tuerie, s'écrit-elle en se léchant les lèvres.

Elle est tellement enjouée qu'elle ne se rend même pas compte que juste avec ce petit mouvement de langue, elle me donne envie de déguster bien autre chose que son jus de fruit.

— Ok madame la connaisseuse, je vais tester, la taquiné-je. 

— Tu verras, tu vas adorer.

Elle passe commande et comme un con je me rends compte que je n'ai plus d'argent pour l'inviter. Lola se marre et demande au serveur de mettre les boissons sur son compte. Elle doit vraiment être une habituée pour que la maison lui fasse crédit. Il pose nos gobelets en carton sur le comptoir, je les attrape et me retourne à la recherche d'une terrasse mais je ne vois aucunes tables ni chaises, même pas un mange-debout.

— On s'installe où ? la questionné-je.

Lola éclate de rire. Décidément, je vais finir par croire que je suis un grand comique aujourd'hui.

— On va chez moi ! J'habite la prochaine rue.

J'acquiesce avec un petit sourire. Cette nana est pleine de surprises, elle m'invite déjà chez elle, je me demande ce qu'elle me réserve d'autre. Tandis que nous avançons en direction de son logement, je marque un temps d'arrêt.

— Tu habites dans cet immeuble.

— Oui, mon appartement est au troisième étage par contre il n'y a pas...

— D'ascenseur, terminé-je à sa place.

— Tu es déjà venu ?

— Je suis un ami de ta propriétaire.

— Ah ! Tu connais Annabella ?! Trop cool ! Le monde est petit dis-donc, ajoute-t-elle guillerette.

Ne m'en parle pas, je ne peux m'empêcher de penser en la suivant dans le hall. Le destin a décidé de s'acharner contre moi, on dirait. On arrive sur le palier et je ressens une certaine appréhension au moment où Lola ouvre la porte. La dernière fois que je suis venu ici, c'était chez Bella et j'ai peur d'être parachuté dans des souvenirs que je n'ai pas envie de revivre à cet instant.

Elle m'invite à entrer en faisant un « tadam » théâtral digne de Netflix. Je ne peux me retenir d'éclater de rire. Cette nana est vraiment une bouffée d'oxygène. Elle ne se rend même pas compte du bien qu'elle me fait à ce moment rien qu'en me faisant marrer. Elle est spontanée et naturelle en plus d'être très jolie. Je balaye l'appartement du regard, et contrairement à ce que je craignais, si les murs sont restés dans les tons neutres que j'ai connus, la décoration et le mobilier de Lola donnent un look complètement différent au logement. Je dirais qu'il est à son image gai et vif. Elle n'a pas hésité à marier les couleurs flashys pour donner du peps à son intérieur. Même l'odeur est différente, en entrant dans la pièce principale, je sens un mélange d'encens et d'épices plutôt agréable.

— Fais comme chez toi, m'invite-elle en me montrant le salon de la main. Je reviens tout de suite.

Je la suis du regard tandis qu'elle se dirige vers la salle de bain. J'ai l'avantage de connaître les lieux pour en avoir plusieurs fois fait le tour avec la propriétaire. Je m'assois sur le canapé jaune canari et regarde les tableaux assez ethniques pendus aux murs, ça me rappelle la décoration de notre maison au Mexique.

— Ça te plaît ? me surprend Lola en pointant sa tête juste au-dessus de mon épaule.

— Heu...oui, c'est vivant. Tu es mexicaine ?

— Oui de Mérida. Une fille du sud !

Vu son tempérament de feu, je m'en serais douté. Sa ville natale est juste à côté de Cancún, la station balnéaire la plus réputée au Mexique pour faire la bringue de jour comme de nuit. La jolie brunette vient s'installer à côté de moi et me demande en saisissant son gobelet :

— Alors coco-banana, tu en penses quoi ?

— Je n'ai pas goûté, je t'attendais.

— Oh c'est gentil ça. Et bien, à notre rencontre sportive, enfin je ne t'ai pas encore vu beaucoup forcer, me chambre-t-elle en me mettant un petit coup de coude dans le ventre.

J'attrape mon verre pour déguster ma boisson et je dois reconnaître que c'est très bon et rafraîchissant.

— Tu t'entraînes où alors pour avoir un corps aussi bien travaillé, s'enquiert la petite curieuse.

— Chez moi, je me suis fait un programme et j'essaye de m'y tenir en faisant trois séances d'une heure par semaine.

— Tu as de la volonté, c'est bien. Si tu manques de motivation ou besoin de conseils, tu n'auras qu'à m'appeler, propose-t-elle avec un clin d'œil en me tendant une carte de visite aussi colorée que son intérieur.

— C'est comme ça que tu démarches tes prospects ? la questionné-je en rangeant la carte dans l'étui de mon téléphone.

Lola explose encore une fois de rire, et comme dirait mon père c'est un son doux et sincère que je prends plaisir à écouter tellement il est communicatif.

— Mais non que tu es bête, tu m'as juste intriguée, charmant et mystérieux en même temps. J'ai eu envie de te connaître. Mais puisqu'on en est aux confidences, Micky tu es un homme marié qui enlève son alliance pour draguer ou bien un jeune divorcé ?

Machinalement je passe mon doigt sur mon annulaire à l'endroit où hier encore j'avais ma bague. Je regarde ma main et je vois la belle empreinte blanche à l'emplacement de l'anneau. Quel con, c'est vrai qu'on est en été et que forcément j'ai la trace de bronzage. Elle est observatrice cette coquine.

— En cours de divorce, avoué-je.

Lola est sympa et je n'ai plus envie de mentir.

— Oh donc tu es presque libre, en déduit-elle avec une moue craquante.

Je regarde sa bouche joliment dessinée qui s'entrouvre pour dévoiler ses magnifiques dents blanches.

— Micky, ne me regarde pas comme ça, m'intime-t-elle en me fixant avec ses yeux malicieux.

Je me mords la lèvre inférieure pour contenir l'envie très forte de lui sauter dessus. Mais je n'ai pas le temps de me poser davantage de questions que Lola m'enlève le gobelet des mains pour le poser sur la table basse et se met à califourchon sur moi.

— T'es trop sexy pour résister à la tentation, déclare-t-elle avant de poser sa bouche sur la mienne pour m'embrasser voracement. 

Tandis que ses doigts viennent fourrager dans mes cheveux, nos langues se mêlent et se lient dans une salsa buccale endiablée qui me met en ébullition. Mes mains enserrent son dos que je caresse puis parcourent la bande de peau dénudée entre sa brassière et son pantalon de sport avant de les laisser glisser vers son fessier musclé comme je me l'étais imaginé cet après-midi en l'observant. Cette nana est en train de me rendre dingue, si elle ne se calme pas tout de suite, je ne répondrai plus de rien. Je tente de la canaliser en prenant son visage entre mes paumes pour lui expliquer que je ne pourrai rien lui offrir de plus que de la baise sans lendemain mais cette chipie m'attrape le pouce et se met à le suçoter de façon suggestive. Tant pis, on discutera plus tard. Cette fois, elle l'aura voulu, je ne peux plus contenir le désir que j'éprouve pour elle. J'empoigne ses fesses pour coller son corps contre le mien. Lorsque son intimité se retrouve plaquée contre mon érection, elle pousse un long gémissement sensuel contre ma bouche. Qu'est-ce qu'elle est excitante et réceptive. Je ne résiste plus et me lève en la tenant fermement serrée contre moi.

— On va prendre une douche ? lui proposé-je en la portant en direction de la salle de bain.

— Tu connais le chemin, acquiesce la petite mutine en me butinant le visage.