Média : Hallelujah – Jeff Buckley

Mercredi 18 novembre 2020

Nous nous dirigeons en taxi vers SoHo qui sera bientôt notre futur quartier. Grâce à Robin, nous avons obtenu l'immeuble que Lola et moi avions repéré pour concrétiser nos projets d'avenir. Le mari de Bella a été d'une efficacité remarquable, comme il nous l'avait promis dès lundi il a fait le nécessaire et nous avons pu récupérer les clés hier auprès de l'ancien propriétaire. Robin nous a bien sûr au préalable envoyé sa proposition de contrat d'engagement. Et on ne pouvait pas trouver meilleur investisseur que lui pour nous lancer sans nous surendetter avec un prêt usurier.

A présent, nous avons rendez-vous avec Nate sur place pour qu'il puisse nous aider dans les travaux à réaliser. Les choses vont vite mais en même temps cela rend le projet encore plus réel et j'ai vraiment hâte de voir ce que mon ami va nous proposer comme idées pour rendre notre école de danse exceptionnelle. Nate est un architecte remarquable et j'ai vraiment une confiance aveugle en lui. Il a cette finesse et cet esprit créatif qui lui permettent en un coup d'œil de voir le potentiel d'une surface.

Lola est lovée contre moi, la tête posée sur mon épaule pendant que je lui caresse tendrement les cheveux. Depuis samedi soir, elle n'est pas en grande forme. Elle pense avoir mangé un truc qui ne passe pas, mais cette tête de mule ne veut pas consulter de médecin. Elle préfère boire ses tisanes de plantes. Cependant ce n'est pas suffisamment efficace, elle n'arrive pas à bien manger et le peut qu'elle avale, elle le recrache souvent aux toilettes. Elle a réussi à maintenir quelques séances de yoga avec des clientes qu'elle ne voulait pas laisser tomber par sympathie. Mais le reste du temps, elle s'est reposée et j'ai pris soin d'elle. Elle aime beaucoup mes massages qui dévient souvent d'ailleurs. Car malgré son manque de tonus, sa libido, elle, est toujours très active.

Nous arrivons en avance au pied de l'immeuble. J'aperçois une pharmacie un peu plus loin, au coin de la rue. Nate n'étant pas encore arrivé, je réussis à y traîner ma petite chipie à contre cœur. Je ne veux pas aller contre ses idéaux vegan mais il lui faut un traitement plus efficace et je fais cela pour son bien.

Lola explique ses symptômes à la préparatrice.

— Vous avez eu vos règles quand pour la dernière fois ? l'interroge cette dernière.

— Je dirais un mois, mais j'ai des règles irrégulières alors je ne me rappelle plus exactement.

Lola me regarde embarrassée. Je réfléchis et j'avoue que depuis qu'on ne met plus de préservatifs, je ne me souviens pas de la dernière fois qu'elle a eu ses menstruations. Je hoche la tête pour confirmer son estimation.

— Vous prenez un moyen de contraception.

— Oui, commence à s'impatienter ma petite brunette. Vous voulez aussi connaître la fréquence de nos rapports, parce qu'avec Micky...

— C'est bon Lollipop, la coupé-je en lui massant les épaules. Du coup, vous lui conseillez quoi comme traitement le plus naturel possible, demandé-je à la pharmacienne, parce que la sauge, le thym ou la menthe même tous mélangés, ça ne fonctionne pas.

— Commencez par un test de grossesse, nous balance la pharmacienne.

Je sens Lola s'affaisser dans mes bras. Nous n'avions pas pensé à cette éventualité. A vrai dire, on n'a même jamais abordé le sujet des enfants. Notre relation est récente et on ne vit pas officiellement ensemble. Même si tout se déroule à merveille entre nous et que nous avons des projets communs, là tout suite, nous avons du mal à accuser le coup. J'accompagne ma chérie pour qu'elle s'assoit sur un fauteuil et je paye le test que je glisse dans mon blouson. 

J'aide Lola à se relever et à marcher, je la sens tellement abasourdie qu'elle avance tel un zombie. Nous sortons de l'officine et j'aperçois Nate au loin qui nous a vu et nous attend avec le sourire.

— Ça va aller Lollipop ? m'inquièté-je, ou tu veux qu'on reporte la visite.

— Je suis désolée Micky, se met-elle à pleurer. T'imagines, si c'est ça. Ça va tout faire foirer.

C'est la première fois que je la vois fondre en larmes et cela me fend encore plus le cœur. Elle est habituellement tellement sûre d'elle et optimiste que je suis triste de la voir se mettre dans cet état. Je m'arrête et la prend dans mes bras. Je fais un signe de la main à mon pote pour lui demander de patienter un petit instant.

— Hey Lollipop, regarde moi, lui intimé-je doucement en relevant son menton pour river mon regard au sien, j'ai besoin qu'elle puisse lire dans mes yeux ce que me dicte mon cœur. Pour le moment, on n'est sûrs de rien. Tout ce qu'on construit aujourd'hui on le fait ensemble et quoiqu'il arrive, on s'adaptera, je suis là Lollipop. Notre avenir sera que du bonheur, j'en suis certain. Je t'aime Lola.

— Ohh mon Micky, je t'aime si fort, me saute-elle au cou pour m'embrasser avec une fougue retrouvée.

Elle se remet de ses émotions et son magnifique sourire égaye de nouveau son beau visage.

— Alors on va le construire cet avenir ? me demande-t-elle avec sa frimousse espiègle si craquante.

— A vos ordres Madame, plaisanté-je.

— Ohh Micky ne joue pas à ça sinon on va rentrer à la maison plus vite que prévu !  

— Je vois que Madame a retrouvé de l'énergie, continué-je pour la taquiner.

— Tu ne perds rien pour attendre toi ! me tire-t-elle la langue tandis que nous arrivons vers Nate.

— Salut les amoureux ! Vous avez l'air en forme, se marre mon pote.

— Salut Nate ! Comment va Nina, s'inquiète Lola.

— Comme une femme sur le point d'accoucher, elle râle, elle a mal de partout et elle se traîne entre le canapé et le frigo toute la journée ! Bon alors, vous me montrez votre futur nid d'amour pour qu'on regarde ce qu'on peut en faire de chouette, nous invite-t-il alors que Lola et moi échangeons un regard mêlé de joie et d'appréhension quant à notre avenir plus qu'incertain à cet instant.

Lola et moi rentrons dans son appartement après avoir étudié de fond en comble chaque étage de l'immeuble qui accueillera prochainement notre école de danse et notre logement. Nate est très emballé par le potentiel que nous avions nous aussi décelé et doit nous faire parvenir des projets d'aménagements courant de la semaine prochaine.

Ma jolie brunette enlève son manteau et se laisse tomber sur le canapé. Elle est éreintée. Je retire mon blouson et sort le carton contenant le test de grossesse de ma poche. Je le pose sur l'îlot de la cuisine et part m'installer à côté de ma petite chérie. Je lui passe un bras par-dessus ses épaules et l'attire tendrement à moi. Elle pose sa tête contre mon torse et soupire d'aise.

— Madame voudrait un massage, minaude ma petite mutine.

— À vos ordres Madame. Mais, tu n'as pas envie de savoir avant ? demandé-je en faisant allusion au test.

— Si, mais en fait j'ai peur, m'avoue-t-elle.

Je la sens si vulnérable que j'ai encore davantage envie de prendre soin d'elle. Je lui embrasse délicatement le front et la serrant un peu plus contre moi.

— Ce qu'il doit arriver, arrivera. Au moins, on sera fixé Lollipop, tu ne crois pas ?

— Tu as raison Micky. Je reviens.

Elle prend l'emballage cartonné et se dirige vers la salle de bain. Je suis tenté de la suivre mais je dois me montrer raisonnable et patient. Au bout de ce qu'il me semble une éternité, ma jolie brunette refait son apparition dans le salon. Je bondis du canapé en sondant son visage pour y déceler un indice sur son émotion. Elle se dirige lentement vers moi avec les mains dans le dos. Je termine le dernier mètre en une enjambée ne supportant pas cette distance et ce suspens insoutenable. Avec un petit sourire en coin, elle finit par me montrer sa main avec le test affichant clairement le mot enceinte en lettres violettes. Je l'attire contre moi pour une étreinte passionnée et par besoin de la sentir tout contre moi. Puis, je l'écarte délicatement de moi pour pouvoir lire dans ses yeux.

— Et alors on doit être contents ou pas contents ? lui demandé-je en reprenant sa repartie pour connaître sa décision quant à cette grossesse imprévue.

— Micky, on va avoir un bébé ! finit-elle par dire en me sautant au cou.

— On va avoir un bébé, répété-je en l'enlaçant amoureusement.

— Alors j'ai bien mérité mon massage, non ? quémande-t-elle avec sa petite moue mutine.

— A vos ordres Madame.

— Oh toi, viens là !

Elle me tire à sa suite jusqu'à la chambre où elle me pousse sur le lit avant de monter à califourchon sur mes jambes avec un regard de prédatrice. Finalement, c'est moi qui vais profiter d'un autre type de caresses.