Chapitre 1


De nos jours.

-Oui, ne t'inquiète pas maman, je mange bien.

Mon interlocutrice qui n'est autre que ma mère ne pouvait pas s'arrêter de s'inquiéter pour moi depuis que j'avais repris le chemin de la fac. Et c'était pire encore par rapport à l'année dernière par rapport à ce qu'il s'est passé cet été.

-Bien sûr que j'achète des fruits et des légumes de saison !

Manger sainement et faire du sport à toujours été son credo. Dommage pour elle, je n'aime pas faire de sport. Mettre une tenue de sport me donne de l'urticaire. Du coup, je fais beaucoup plus attention aux quantités de glucide et de lipides que j'ingère. Mais à cause des hormones au moment de mon adolescence, depuis j'ai un petit ventre sous mon nombril et j'ai des cuisses plus épaisses par rapport aux diktats de la mode actuelle.

-Bon, je te laisse, je vais bientôt rentrer en cours. Bisous.

Une fois raccrocher, je glisse mon téléphone dans une poche de mon manteau d'hiver et le sert un peu plus contre moi pour éviter que le froid ne s'immisce entre mes vêtements. Mon sac de cours tapait contre ma hanche à chaque pas qui me rapprochait de mon amphi. Dans mon dos trois immenses statues accueillaient les étudiants. Athéna, déesse du savoir, Perséphone, déesse du renouveau et Hécate déesse de la lune. Un des anciens présidents de la faculté a trouvé ça sympa de mettre trois statues de divinité grecque à l'entrée pour rappeler le nom du campus, à savoir Trinity College. Les étudiants ont pu voter pour leur préférence et ces trois là ont été les préférées. Je comprends le choix d'Athéna, je suis plutôt mitigée pour Perséphone et pour Hécate et bien je ne sais même pas pourquoi elle est là. Je suis étudiante en histoire depuis l'année dernière et cette année j'ai pris l'option politique par curiosité.

-Aglaé !

Je me retourne pour voir qui m'appelle. Une jeune femme blonde qui était avec d'autres filles vient vers moi. Ces dernières me lançaient des regards noirs et rigolaient entre elles, tout en me regardant. Un sourire carnassier étire leurs lèvres. Une fois devant moi, voyant que je ne faisais pas attention à elle, l'étudiante claqua des doigts devant mon visage.

-Ne fais pas attention à elles, elles sont justes jalouses de ta liberté, me dit-elle.

-Elles n'arrêtent pas de me regarder de travers. J'entends leurs voix dans les couloirs même quand elles ne sont pas là, me plaignais-je.

La blonde en face de moi s'appelle Clara, elle est plus âgée que moi car elle a été ma marraine l'année dernière quand je suis arrivée à la fac pour la première fois. Elle est étudiante en médecine et fait partie de la sororité Alpha Gamma Upsilon avec les autres filles qui me dévisagent.

-Je t'ai fait le collier pour ton chat. Et j'ai rajouté un petit grelot, dit-elle en prenant mon poignet gauche pour ajouter un petit grelot à un de mes bracelets. Si tu fais tinter le grelot, il rappliquera fissa vers toi, peut importe où il se trouve. D'ailleurs, il n'est toujours pas revenu ?

-Si, il est rentré ce matin, là il doit dormir pour le moment, enfin j'espère.

Je glissai le petit collier dans une poche de mon sac de cours. Alors pour tout expliquer, je suis à la fac qui est assez loin de chez mes parents donc j'ai trouvé un petit appartement à côté du campus et je vis avec mon chat fugueur, Azul qui est un bleu russe. Je l'ai depuis mes quinze ans et depuis que je suis à la fac, il n'arrête pas de fuguer. Il disparait pendant des jours entiers avant de rentrer pour dormir et reparti à nouveau. J'en avais parlé à mes parents au tout début et selon eux, il a du trouver un endroit qui nécessite une surveillance accrue. Sauf qu'en un an et demi je n'ai jamais trouvé cet endroit. Alex, mon petit frère de dix ans me dit à chaque fois que c'est parce qu'il a trouvé une femelle, mais je n'y crois pas trop à cette histoire d'accouplement.

-Oh ! Spokman ? Tu m'écoutes ?

-Excuse-moi Clara, tu disais quoi ?

-Tu t'es refais un balayage ?

-Oui, je fais un passant une main dans mes cheveux bruns aux pointes rouges. Bon ce n'est pas tout mais j'ai cours de géopolitique là.

-Je vois, tu es pressée de retrouver le beau mâle de tes cours de politique, ricane-t-elle.

-C'est juste un ami, je soupire.

-Pas à moi ! Bon allez, file le rejoindre, il va se languir de toi.

Je secoue la tête d'exaspération et prend le chemin de l'amphi de géopolitique. En plus de ma formation initiale d'histoire j'ai cours de relations internationales, sciences politiques et géopolitique. Dans ces cours j'ai fait la rencontre d'un étudiant du même âge que Clara qui est en fac de droit. Quand je rentre dans l'amphi, la première chose que je fais c'est de le chercher sur les bancs. Il est en haut, pour une fois. Cela veut dire qu'il n'a pas trop envie de travailler et d'écouter le cours. Je monte les escaliers et dépose mon sac sur la table à ses côtés. J'ôte mon manteau, mon écharpe et mes gants.

-J'aime bien ta robe.

-Bonjour à toi aussi Alban.

Il sourit à ma remarque. Il est avachi sur la table. Le haut de son corps est quasiment étalé contre la face lisse. Alban est un homme très grand, une fois il m'a dit frôler les deux mètres et c'est vrai que lorsque je suis à ses côtés quand il est debout, je me sens toute petite. Même assis il est grand. Sa grandeur fait de lui quelqu'un de très fin, on croirait presque qu'il est maigre. Ses cheveux blonds retombent sur ses yeux, ce qui fait craquer plus d'une fille de l'option politique. Quand je m'assois, je fais entrechoquer tous les bracelets à mes poignets pour cacher ma cicatrice. Je sors mon ordinateur pour prendre en note le cours magistral du prof. Je l'allume et une fois la page Word ouverte, je me tourne vers Alban qui me fixe toujours.

-Avec les gars on organise une soirée à la fraternité, ça t'intéresse ?

-Désolée mais je n'ai pas fait mes TD pour cette semaine et je suis à la bourre dans mes fiches de révision.

-Allez, une petite soirée pour se détendre.

-N'insiste pas, j'ai dit non. Tu devrais aussi te mettre à réviser, tu passes ton diplôme à la fin du semestre. Et puis je ne connais même pas tes amis.

-Et bien c'est une bonne raison pour venir à la soirée, comme ça tu vas te détendre et tu vas rencontrer les gars de la célèbre fraternité Alpha Beta Oméga. Tous ces beaux mâles célibataires rien que pour toi. Quelle petite veinarde ! Beaucoup rêverait d'être à ta place à commencer par ta pote Clara de La Fuerte.

-Elle a un copain.

-Et alors ?

Le prof arrive et s'installe devant le micro, mettant fin à la petite conversation. Pendant les trois heures de cours, Alban ne cessait pas de m'envoyer des boulettes de papier pour me déconcentrer et à plusieurs reprises je me suis énervée contre lui et les filles devant nous, nous ont intimé de nous taire à plusieurs reprises. Alban leur souriait pour les amadouer et à chaque fois ça a fonctionné. Pathétique. A la fin du cours, Alban rangea rapidement ses affaires me fait un signe de la main et sort. De mon côté, je pris mon temps car j'avais fini les cours pour la journée. En rangeant mon ordinateur dans sa pochette, je vis une enveloppe rouge en dessous. Le papier était épais, au dos, un sceau noir cachetait la lettre. Un pentacle. J'ai les mains qui tremblent. En relevant la tête, je pu remarquer que je suis la dernière dans l'amphithéâtre.

Je décachète le sceau et sort le papier lettre. Il est plié en deux. Je l'ouvre fébrilement et commence à lire l'écriture italique. Mon cœur rate plusieurs battements. Le mot « bannissement » écrit en capital rouge, me fit frissonner. C'est pire que la décision que j'ai prise cet été. Je range la lettre et l'enveloppe dans mon sac, m'habille et compose le téléphone de mon papa.

-Allô ?

-J'ai reçu une lettre du Grand Prêtre, je chuchote pour ne pas me faire entendre par les autres étudiants ou par mes congénères.

-Quoi ? Pourquoi, s'inquiète mon père. C'est à cause de ton départ de l'église ?

Cet été, après une énième cérémonie, j'ai contesté les agissements de notre Grand Prêtre et j'ai quitté l'Eglise. Je n'y ai pas remis les pieds depuis. Tout ça car je n'ai pas voulu sacrifier un agneau et manger son cœur. Depuis, la nouvelle s'est répandue et tous mes semblables sont au courant et ils me dévisagent dans la rue, ils m'insultent. Leurs murmures sont un supplice pour moi. Je ne les supporte plus.

-Aglaé ? Qu'est ce qu'il dit ?

-Je suis bannie du coven.

Je suis devant la statue de Perséphone. Le téléphone collé à l'oreille, je laisse des larmes couler sur mes joues. Elles sont brûlantes et contrastent avec le froid hivernal.

-Tout va bien se passer, ma chérie. Avec maman et Alex on sera toujours là pour toi. Je vais essayer d'aller plaider ta cause auprès de notre Grand Prêtre, de le faire changer d'avis et te faire réintégrer notre coven.

Je ne l'entendais plus. Il continuait de me parler mais sa voix était lointaine. Je finis même par raccrocher. Je montrais ma faiblesse aux trois déesses et bizarrement, j'avais l'impression qu'Hécate compatissait car à présent j'étais seule, et si une sorcière n'est pas soutenue par un coven, elle est vouée à mourir. Comme un loup rejeté de sa meute. Voici mon tragique destin. Et le pire, c'est qu'au vue de ma réputation, aucun coven ne voudra d'une sorcière instable incapable de sacrifier un animal.


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