Chapitre 50 : ce que nous décidons

Il pleut toujours dehors. Malgré l'obscurité nocturne qui cache les nuages bien au-delà des rideaux tirés de la chambre d'hôtel d'Heden, je sais que la pluie est là.

Qu'elle nous trempe, d'une façon ou d'une autre.

La tête pendue dans la vide, je fais passer mes doigts dans la chevelure rousse d'Heden, sans quitter la fenêtre du regard.

On s'est dit beaucoup de choses.

On s'est fait beaucoup de choses.

Et maintenant, on reste couchés, l'un près de l'autre, sans respirer, par peur de ruiner un moment qui semble parfait.

Ancré dans les draps du lit, je laisse les mains d'Heden se presser contre mon torse dénudé. Y compris sur les cicatrices qu'elle a elle-même aggravé avec ses soins si primitifs.

Je ne lui en veux pas.

D'ailleurs, j'en souris même.

Ça me fait remonter dans un temps où, quand je me réveillais, je voyais le monde s'écrouler sous mes pieds. Littéralement, qui plus est, à cause de ces putains d'effets d'apesanteur qui déréglaient ma balance cérébrale.

Mes saignements constants ne me manquent pas.

Moins encore les fièvres qui se succédaient et les migraines tenaces qui manquaient de m'écraser le cerveau.

Ce qui me manque, en revanche, c'est la sensation de bienvenue que j'avais grâce à une communauté qui travaillait d'arrache-pied dans un présent magnifique.

Le passé est une cicatrice, pour les habitants de New Garden.

Le futur, une possibilité.

Mais l'instant présent ? Il est doré.

J'aimerais dire à Heden que je veux revenir avec elle. Parce que si elle se tait, elle aussi, c'est que rien d'autre ne sortira de ses lèvres à part cette question.

Mais je ne suis pas sûr de pouvoir lui donner cette réponse, encore.

Tout comme elle n'est pas prête à me le demander.

Je bascule légèrement la tête pour la plaquer contre la sienne et vient prendre son corps dans mon étreinte, réfugiant tous mes maux dans sa chaleur naturelle.

Bordel. Elle m'a vraiment manqué.

La faible lumière qui meurt dans la cheminée de sa chambre éclaire ses grands yeux émeraude ainsi que son sourire étincelant lorsqu'elle hausse les doigts à mon visage. La pulpe de son pouce dégage l'une de mes mèches blondes de ma vision et je me retrouve démuni face à son emprise.

Je l'aime.

Je l'aime.

Putain, je l'aime.

— Je peux te poser une question, Caleb ?

On y est. C'est le grand moment.

Je me redresse brièvement sur un coude et passe ma main dans ma barbe avant d'acquiescer.

— Vas-y.

— Comment est-ce que tu faisais pour habiter avec West ?

Je fronce les sourcils.

Parmi tout ce qu'elle pouvait me dire, je n'aurais jamais pensé que ce serait ça.

Légèrement confus, j'enfonce mes dents dans ma lèvre et me recouche dans l'amas d'oreillers que l'on s'est fait.

— Et bien... C'était... Spécial. Je n'avais, bien entendu, pas d'omelettes aux cornichons, comme avec toi, mais c'était quand même quelque chose.

Heden feint l'outrance, mais je poursuis :

— Il me balançait les clefs, à chaque fois. Les insultes et tout le reste venaient avec, bien sûr. Il est vraiment un terrible hôte. Mais à la fin de la journée, c'était un gars bien qui me laissait des chocolats sur l'oreiller.

— Ah oui ?

— Malheureusement, ils étaient toujours périmés. Je le soupçonne de m'avoir utilisé pour vider son stock.

— C'est toujours flatteur d'être considéré comme une poubelle vivante, plaisante-t-elle en enfonçant ses doigts dans les miens.

— Je suppose que oui. Mais pourquoi tu me demandes ça ?

La rouquine hausse les épaules et sourit en posant le bout de son menton dans le renflement de mon épaule.

— Je voulais simplement savoir la raison primaire de ton départ de chez-moi.

— Ce n'était clairement pas pour les beaux yeux de West, lui assuré-je en grinçant mes dents.

— Je suppose que non.

Mon sourire disparaît en même temps que le sien et je me redresse pour la subjuguer. J'enferme son corps avec mes cuisses et fait glisser mes mains le long de ses avant-bras pour coincer ses poignets au-dessus de sa tête. Le coussin de cheveux roux sur laquelle elle se repose forme une sorte d'auréole embrasée et elle a presque l'air d'un ange.

Mon ange.

Ma divinité.

— Je ne t'ai jamais laissé, Heden Keye. Pas une seule fois, même quand tu le croyais. Et certainement quand j'en étais tout autant persuadé. Encore une fois... Si je suis ce que je suis aujourd'hui... C'est grâce à toi.

Je m'incline sur elle, alors qu'elle est toujours maîtrisée et l'embrasse. Son corps entier s'embrase et je peux sentir sa peau se parsemer de frissons alors que mes lèvres descendent des siennes pour s'aventurer dans son cou.

— Mais parfois, être près de toi est un supplice que je ne pouvais endurer.

— Ah oui ?

Elle essaye de se redresser, d'inverser nos rôles, mais je force mon étreinte autour de ses poignets pour la dissuader d'en faire autant.

Non.

Elle a assez bougé. Elle s'est assez donnée.

J'attrape du bout de mes dents le fin drap qui recouvre sa poitrine et le glisse jusqu'en bas du ventre, lui arrachant un gémissement qu'elle semble pourtant avoir voulu retenir. Ses chevilles se nouent dans mes reins et c'est avec douceur que ma bouche glisse le long de son épiderme, jusqu'à atteindre son ventre.

Je sens son cœur battre sous mon contact.

Rythmé.

Acharné.

J'entends son souffle mourir dans sa gorge.

Épuisé.

Éreinté.

Tout son être tremble au moindre de mes caresses, comme s'il avait langui ce moment, encore et encore, pendant qu'elle essayait tant de passer à autre chose.

— Ouvre les yeux, Heden.

Ma commande la force à s'exécuter et, toujours emprisonnée, me lance :

— Quoi ?

— Rien. Je veux simplement que tu me regardes, quand je te dis à quel point je n'ai envie que de toi.

Elle ouvre la bouche pour répondre, mais je glisse mes doigts entre ses cuisses pour y venir caresser son intimité. Les siens parviennent à échapper mon poignet dominant et s'enfoncent dans l'arrière de ma nuque.

— Dis-moi ce que tu veux réellement dire, Caleb. À partir de maintenant, je veux dire.

Je continue mes caresses lascives entre ses cuisses, lui arrachant des petits gémissements qu'elle essaye de ne pas montrer...

En vain, bien sûr.

Je rapproche nos deux visages et cherche sa bouche sans jamais venir la trouver, malgré ses envies.

— J'ai envie de revenir avec toi.

Elle sourit, surtout quand mon index et mon majeur s'aventurent un peu plus profondément en elle, mais ce n'est le cas que pendant un bref instant.

— Mais ? se risque-t-elle entre deux soupirs.

— Mais j'ai besoin de temps encore.

— Quand est-ce que je pourrais te revoir ?

— Je n'en sais rien, je réponds, honnêtement.

Je retire un instant mes doigts, la fait glisser sur le côté et l'emprisonne dans mes bras, tandis que je reprends ce que j'avais entamé. Heden, dans un esprit de revanche, fait glisser sa cuisse contre la mienne et entame des mouvements de bassin qui font enfler ma queue sans préavis.

— Alors, il faut qu'on se souvienne assez de maintenant pour qu'on supporte après, n'est-ce pas ?

Je souris dans le creux de son cou et la laisse glisser sa main dans mon caleçon pour y venir chercher mon membre. Nos respirations simultanées deviennent erratiques quand je m'enfonce en elle. Comme si à tout instant, tout ça, pouvait se terminer.

On n'en a pas envie.

J'aimerais me perdre dans l'éternité, avec elle, si je le pouvais seulement.

Mais contrairement au feu qui a fini par mourir dans la cheminée, celui dans lequel nous nous consumons, s'agrandit jusqu'à devenir un brasier. Il crépite, composé de mille flammes interdites et nous nous laissons emporter par cette sensation.

Je maintiens fermement ses hanches pour m'enfoncer en Heden jusqu'à la garde, tandis qu'elle tend ses bras en arrière pour s'accrocher à mon cou.

Je serre les dents contre le renflement de son épaule tandis qu'elle s'adonne à des gémissements de plus en plus incontrôlés.

J'inscris dans sa peau un poème sans mots qu'elle lira quand on se séparera à nouveau. Un souvenir passionné qui ne connaîtra pas de limites tant que l'extase signe la ligne d'arrivée.

Dans un jeu de jambes digne d'une féline, Heden finit par prendre le dessus et me chevauche en plaquant ses mains de toute part de mon torse. Je hausse les miens le long de ses courbes qui entreprennent des va-et-vient qui ne vont pas tarder à me rendre fou et retire ses mèches de ses seins pour m'en emparer.

On écrit quelque chose de grand. De trop grand, peut-être. Une histoire qui ne se terminera pas par notre pause, mais par le plaisir commun.

On vaut plus que quelques semaines. On le sait à présent.

On connaît la vérité et nous n'avons plus peur de la regarder en face.

Je rapproche donc encore plus nos bassins, après forcé une pression dans le creux de ses reins et fait attiser sa complainte passionnée. Elle remue pour ne pas laisser son orgasme interrompre ce moment et ces ongles viennent trouver un refuge dans la chair de mes muscles.

Bien sûr.

Qui de mieux qu'Heden pour me déchirer, encore et encore, comme un amas de chair confectionné à sa guise ?

Un rire sombre secoue ma poitrine alors que je me laisse entraîner dans cet enchaînement torride, tandis que je murmure :

— Je te retrouverai, Heden... Promis...

Avec un sourire presque aussi narquois que le mien, elle se cambre sous mes caresses qui décuplent encore plus notre acte si indécent.

Elle veut vivre un rêve...

Je veux rêver d'une vie.

Pourquoi est-ce qu'il faut que les promesses soient toujours si compliquées ?

Je parviens à me redresser et fait à nouveau glisser son corps contre le mien, juste assez pour que je sente déjà un picotement dans mon échine. Ma queue tressaille dans son intimité de plus en plus serrée et chaude, mais il n'en est rien de ma voix lorsque je m'affirme :

— Peu importe où je serai dans ce monde, je te retrouverai.

— Embrasse-moi. se contente-t-elle de grincer, cueillant mon visage pour presser sa bouche contre la mienne.

Elle me déchire par ses baisers, mais nous savons tous deux que c'est ainsi que nous allons vivre.

Baise-moi, jusqu'à ce que tu sois à jamais la seule qui fasse lever ma queue de la sorte.

Mes doigts crochètent sa nuque dans une dernière tentative de m'emparer de son corps et elle se fige dans mon étreinte, emportée par une énième explosion de satisfaction. Je viens à peine quelques secondes après elle et, épuisé, me recouche. Heden écrase mon torse qui arrive à peine à se lever pour remplir mes poumons de l'air qu'elle m'a volé.

Mais j'aime cette sensation.

Peut-être autant que la façon dont elle a de glisser ses index dans mes cheveux, noircis par le miel de nos ébats, pour déposer un baiser tout aussi tendre sur le coin de mes lèvres.

— Je te fais confiance, Caleb... Mais fais attention... Je ne t'attendrai pas éternellement.

J'enroule mes bras autour de sa taille et chuchote encore une fois :

— Je te le promets, Heden.

Je te le promets.

Heden et Caleb scellent leur amour dans un moment hot qui détermine, pour l'un, comme pour l'autre, leurs choix futurs...

Caleb a encore besoin de temps.

Mais Je de ne pourra pas continuellement lui en donner...

Noël approche à grands pas...

Peut-on espérer un autre miracle ? 😏

Qu'en avez vous pensé ? 🤭❤

Je vous dit à mercredi prochain pour un nouveau chapitre !

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