chapitre 33 : variente

À notre première nuit ensemble, quand Caleb était encore fiévreux, je m'étais surprise d'espérer qu'il ne parte jamais. Un besoin pathologique qu'il m'appartienne pour de bon. Que je passe le restant de mes nuits, lovée dans une étreinte de laquelle je ne me passerai plus.

Une drogue. Pire encore que les plaids que je collectionne maladivement.

Son cœur battant sous mes doigts.

Son souffle chaud dans ma nuque.

Son étau serré et réconfortant.

À présent, ce rêve... J'ai peur de m'en réveiller. J'ai peur d'ouvrir les yeux et de ne sentir que le froid. La solitude que je dois affronter me tenaille au point où une larme coule déjà de mes sillons, alors que mes paupières n'ont pas encore eu la chance de battre...

Mais alors qu'un gémissement fraye son passage entre mes lèvres tremblantes, d'autres s'agglutinent sur mes doigts.

— Hey...

Je risque enfin une ouverture et le voit enfin. Assis à mes côtés, ma main dans la sienne, Caleb me regarde émerger avec un sourire tendre.

Il l'a rarement été.

Parce que ni lui, ni moi, aimons ça.

Un peu confuse, je parviens à me redresser sur mes coudes et à m'essuyer les yeux pour me débarrasser de mes larmes matinales. Et ce ne sont pas les faisceaux ensoleillés qui s'introduisent dans mon chalet qui m'aident particulièrement.

— Doucement. Tu n'as peut-être plus de fièvre, mais tu as toujours besoin de repos.

Mon regard se porte sur le panier toujours vide d'Ollie et mon cœur se serre violemment dans ma poitrine. Caleb le devine et alors qu'il me tends un verre d'eau, il porte une main au col de son t-shirt.

— Écoute, je sais que...

— Non. Non, juste... Ne dis rien.

Ne ruine pas tout.

J'ignore son geste, sa douceur et me lève pour aller m'héberger dans la salle de bains dans laquelle j'avais passé le plus clair de mon temps, la veille.

L'amertume prend le dessus du rêve. De ce cocon chaleureux que Caleb m'a construit, pendant la nuit.

Je ne veux plus rien savoir, parce qu'aujourd'hui, je dois tuer mon bébé.

Paumes enfoncées dans le lavabo, je me force de me tenir sur mes jambes tandis que j'essaye de reprendre mon souffle. J'attrape mollement ma brosse à dents et l'enfonce dans ma bouche en laissant le goût de menthe prendre le dessus de l'amertume.

C'est toujours mieux.

La carrure de Caleb se dessine dans le bâillement de la porte où il s'appuie. Ses muscles saillants sous son t-shirts, ils semblent rouler sous les ondulations acerbes d'une voix qu'il peine à contrôler.

— Tu sais que je peux toujours t'aider, pas vrai ? Je pensais ce que j'ai dit hier.

Hier.

Tout ce qu'il m'a dit.

Le baiser qu'il m'a promis.

Un étrange frisson me parcourt, mais Caleb persévère.

— Tu n'es pas obligée de faire quoi que ce soit que tu n'as pas envie de faire.

Je manque de m'étouffer sur la mousse mentholée qui commence à picoter ma bouche et je la recrache pour enfin répondre.

— Je le suis.

— Ollie, ne...

— S'il te plaît, ne prétends pas savoir. Tu ne peux pas m'aider. C'est... Bref.

Sans prêter une quelconque attention à mes gestes, je noue mes cheveux dans une queue de cheval qui se veut haute, mais au moment où je me retourne, ils se détachent à nouveau. Je me tourne brusquement vers Caleb qui tient l'élastique en main et lui décoche un regard furibond.

— Tu es sûre que tu ne peux pas être aidée ?

— Arrête, Caleb, et redonne-moi ça.

Je tends la main, mais il recule la sienne.

Bordel.

— Caleb...

— C'est bizarre, mais je crois que si.

Je ne suis pas d'humeur.

L'as-tu un jour été ?

J'abandonne dans un soupir et passe ma main dans mes cheveux, ce qui le fait attendrir. Peut-être qu'il a raison, après tout.

Il n'y a plus grand-chose que je maîtrise de toute façon.

Caleb finit par venir s'asseoir sur le rebord du bain et tapote légèrement la place à ses côtés.

Plus aucune volonté propre.

Je m'exécute mollement et alors que j'enfonce mon visage dans mes paumes, je me laisse submerger par le petit contact doux qu'offre son épaule, pressée contre la mienne.

Pas de doutes, il est là. Il est bien là.

— Merci.

— Pas de quoi.

— Tu ne sais même pas p...

— C'est le même que le miens, après que j'avais enfin réussi à me mettre debout pour la première fois ?

— Oui.

— Alors tu n'as pas besoin de continuer ta phrase.

Pour une fois, il n'y a pas de la condescendance qui brille dans ses prunelles. Pas d'arrogance non plus, non, juste de la sincérité.

Il est là.

Je le suis aussi.

Dans un chalet qu'on ne présente plus, au milieu d'un village qui n'a pas besoin d'être connu, pour nous convenir.

— Alors... Merci pour ça aussi.

— Je détesterai de te voir dégringoler de ton piédestal.

Un rire suffoqué me fait redresser la tête, mais il hausse les épaules.

— Ne me dis pas le contraire.

— Je n'ai pas un piédestal !

— Oh, pardon. Madame "je suis plus forte que tout le monde et je suis...

— OK. Ça suffit. Il est temps de se la fermer, maintenant.

Je l'attrape par le bras pour le lever, mais il s'alourdit afin de me désobéir. J'ai beau tirer et grogner, mais tout ce que ça provoque, c'est son glissement sur le sol.

Et une fois allongé, je ne peux plus rien faire.

— Tu es sûre que c'est toi, qui m'a tiré du lac ?

Je m'assieds à ses côtés, essoufflée et répond.

— Il se peut que tu t'es pris quelques coups dans la tête, quand j'ai voulu te monter sur les marches du perron.

— Ça expliquerait les illusions, alors.

— Les illusions ?

— Oui. Comme celle d'une beauté extraordinaire en face de moi.

Mes dents s'enfoncent dans ma lèvre sans même que je puisse contrôler mon geste. À moitié redressé sur ses coudes, sa bouche se trouve à peine à quelques centimètres de la mienne, soufflant son souffle chaud sur mes mèches pendantes. Ses yeux pétillants se mettent à glisser le long de mon visage et contemplent mes lèvres avec une envie si féroce que ma nuque, hypnotisée, se courbe dans leur direction.

Un jeu à quatre as.

Un pique, pour prendre le tout.

Et juste avant qu'on ne s'effleure, il murmure :

— Parce que c'est impossible que tu sois réelle, pas vrai ?

Ses doigts enfoncés dans ma nuque, approfondissent un baiser qui vole déjà en éclats. Un tourbillon de sensations impossibles à définir s'empare de mes poumons et me coupe le souffle.

Ou peut-être que c'est lui qui me le coupe.

Je m'en fous. Putain, je m'en fous.

Enseveli sous son emprise comme un trésor que je découvre moi-même, mon attention divague à la puissance que divulgue son corps puissant. Vif comme l'air, Caleb se redresse et m'attrape par les hanches, pile assez pour que je bascule sur son bassin.

Mes soupirs augmentent en lascivité quand ses doigts brûlants glissent sous mon pull et cherchent à défaire mon soutien-gorge.

Il me cherche.

Je le cherche.

Une guerre impitoyable entre désir et plaisir.

Mais vais-je y survivre ?

Ses mains glissent sur mes fesses et mes cuisses glissent sur son entre-jambes qui enfle de plus en plus. Je retire son t-shirt en vitesse et grogne sourdement pendant cet unique instant qui séparent nos lèvres.

— Je t'ai pourtant promis que j'allais trouver un moment plus beau pour t'embrasser, non ?

— Il ne l'est pas assez, celui-là ?

— Tu étais malade à crever il n'y a pas trois heures.

— Ne ruine pas tout. Par pitié, ne ruine pas tout.

Il s'empare à nouveau de ma bouche jusqu'à la posséder et mon esprit divague immédiatement. La douceur pourtant éclectique de ses lèvres qui glissent le long de ma gorge jusqu'à ma poitrine me fait basculer la tête en arrière, incapable de se tenir dans son socle sous ses coups de langue fiévreux.

J'aimerais lui dire d'arrêter.

Mais je l'implore de continuer.

J'aimerais revenir à la réalité.

Mais il me fait sombrer dans un rêve.

Comme lui, je pense qu'il n'est qu'une illusion. Une brève ébauche exaltante de mon imagination qui s'est frayé un passage à travers une nuée de cauchemars pour m'apaiser.

Cependant, ses muscles noués autour de moi, sont réels.

Ses boucles cendrées dans lesquels j'enfonce mes doigts libertins, sont réels.

Sa queue raide entre mes cuisses est réelle.

Et quand on se regarde, on sait ce qu'on a envie de faire. Cela semble presque être un devoir.

Ce serait un crime, de ne pas l'exécuter.

Je nous renverse donc tous les deux au sol et ondule le dos pour qu'il puisse retirer mon pantalon et ma culotte, tandis que je m'empare de ses joues barbues avec une luxure presque indécente.

Et puis merde. J'ai besoin de mon lot de péché.

— Fais-moi oublier, Caleb...

Je le sens sourire contre ma gorge qu'il ravage avec tant de délectation et comme dans un signe d'obéissance, il fait glisser ses doigts sur mon intimité qui hurle à l'assouvissement.

Mais au moment même où je m'apprête à pousser un geignement charnel, on frappe à la porte d'entrée.

— Heden, c'est moi, je peux entrer ?

Carsen !

Dans un saut commun, on se rhabille rapidement et arrivons à être debout avant que le bûcheron ne se glisse tout de même à l'intérieur.

Bordel, bordel, bordel !

Je ne sais pas si je suis essoufflée par ce début d'étreinte ou parce que la spontanéité de la venue de Carsen a manqué de faire arrêter mon cœur dans l'instant, mais je suis obligée de me rasseoir dans le canapé si je ne veux pas perdre l'équilibre.

— Ah, Caleb, tu... Je ne savais pas que tu étais ici !

— J'étais venue aider hier et... Elle va mieux. Beaucoup mieux.

Putain !

— Elle n'a pas l'air.

Remarque-t-il en me décochant un regard alors que je suis en train de rattraper mon souffle. Caleb passe une main fluette dans mes cheveux et ricane en contournant Carsen.

— Si, si. Ne t'en fais pas.

Au risque de me répéter... Putain.

OUPSIE.

Bon pour pardonner mon retard, un chapitre demain 🤭

Alors ? Qu'en avez vous pensez de celui ci ? 😏🌶

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