Chapitre 17 : le retour de la neige

Ses courbes. Ses seins. Ses lèvres, ses yeux. Son putain de sourire ambivalent, ses cheveux de feu.

Tout ça pour que dès qu'elle soit partie, dès qu'elle m'ai laissé après une nuit, lovés l'un contre l'autre, ma foutue queue se mette à me faire mal.

Le dernier membre à se réveiller de neuf mois spatiaux et une chute de plus d'une paire de centaines de kilomètres.

Félicitations, Caleb Gallager. Tu es officiellement en train de guérir.

Mon grognement fait vibrer l'eau sous mon nez dépassant à peine la lisière du bain qu'Heden m'avait préparé et j'enfonce mes yeux dans ma main gauche.

Allez merde, concentre-toi sur un truc moins excitant.

Je jette un coup d'œil sur les petites bouteilles remplies de liquides faites maison, étincelant d'un millier de couleurs différentes. J'en attrape une, retire le capuchon et grimace face à l'odeur de gingembre qui en ressort.

Aphrodisiaque, mon cul.

Je la rejette et alors qu'elle roule sur le sol, j'en attrape une autre. Pomme. Cannelle. Amande douce. Jasmin. Romarin. Pin. Fleurs sauvages. Les unes après les autres, elles sautent.

Le problème, c'est que ce ne sont pas juste des odeurs. Ce sont les odeurs d'Heden. Elles sont sauvages et douces, comme elle. Elles sont fines et pourtant pointilleuses.

Comme elle.

Et c'est ce qui a chassé l'explosion spatiale, la chute, la mort de Jon et Lev de mon cerveau, cette nuit. L'odeur d'Heden. Son toucher. Son corps si doux et apaisant pressé, lové contre le mien.

Ma vie est devenu un foutu arc-en-ciel. Un déluge coloré et odorant de rage et d'apaisement en simultané.

Et c'est cette aura naturelle qui pousse ma main dominante à s'aventurer sur mon bas-ventre, enfoncé dans la tonne de mousse qu'Heden n'a pas hésité à mettre.

Je vais sortir d'ici en sentant comme une gonzesse.

Mes doigts s'aventurent sur la garde de ma virilité qui réagit directement. Même dans l'espace, je n'ai jamais réussi à prendre du temps pour me donner du plaisir. Et pourtant, Dieu sait à quel point les autres gars ne s'en privaient pas. Il n'y a pas un endroit plus solitaire dans l'univers qu'une base spatiale. Mais pas moi. Je ne sais pas si c'était le manque d'imagination ou les centaines de caméras de sécurités reliées à toute la NASA sur Terre, qui m'en empêchaient, mais je n'ai jamais pu, moins encore y penser.

Mais alors que je ferme les yeux, tout ce que je vois maintenant, ce sont les cuisses fermes et élancées de la rouquine qui remontaient le long des miennes durant la nuit. De ses chevilles coincées derrière ma taille. De ses lèvres sur mon ventre.

Mes doigts se serrent autour de ma queue qui durcit de plus en plus et remontent le long de l'aine jusqu'à s'abattre à nouveau sur la garde.

Hier, au restaurant, ou même avant ça, Heden provoquait en moi une rage que je ne pouvais définir. À présent, c'est cette même rage qui fait durcir ma queue au point où un long rauque dolent nait dans ma gorge.

Puis je me souviens des petites remarques de Prescott, de Jake, le serveur de Chez Luan, ou même de Carsen. De la jalousie picotante qui parsemait mon épiderme et qui me forçait à grincer des dents lorsqu'on faisait référence à ses activités sexuelles.

Quoi, elle dort comme ça avec tous les déglingués qui tombent du ciel ?

Ma grippe se fait plus féroce autour de mon membre et mes va-et-vient furieux poussent mes dents à s'enfoncer dans la chair détruite de ma lèvre inférieure. La rage est vite troquée par le plaisir et je me laisse tout simplement transporter par l'afflux de luxure qui s'empare de moi. Les clapotis de l'eau sous mes coudes résonnent en harmonie avec mes grognements de plus en plus profonds. La honte se mêle au plaisir et alors que je passe mon pouce sur mon gland, je rejette ma tête en arrière. Mais peu importe à quel point le choc du rebord du bain contre mes cervicales transperce mes nerfs, le désir malsain de jouir en pensant à Heden et sa foutue langue de vipère prend le dessus.

Celui de lui empoigner ses cheveux roux, de les balayer de sa nuque si enivrante et de goutter sa gorge. Sentir son cœur pulser contre ma langue. Sentir ses genoux bloquer mon bassin, voir sa tête se basculer en arrière alors qu'elle gémit mon nom entre ses lèvres si venimeuses.

L'envie se décuple et mes reins se mettent à picoter sous l'orgasme proche à venir.

Putain, non, je ne peux pas faire ça.

Et pourtant, alors que mon cerveau m'ordonne de lâcher ma queue, ma poigne se referme autour de mon gland qui expulse toute la rage et le désir, au gré d'un grondement voluptueux.

J'essaye de vite rejeter le filet de sperme dans l'eau et de me redresser, mais la brume d'exaltation m'enveloppe encore bien trop et je souffle en m'essuyant le visage d'un revers de coude.

— Sans déconner...

***

Toujours torse-nu, je sors de la salle de bains en lorgnant mes blessures dépourvues de croutes, balayées par l'eau. Les traces roses n'apparaissent peut-être pas encore, mais au moins, je ne saigne plus abondamment. La gravité me reste encore dans le nez et les acouphènes... Ne quitteront jamais mes oreilles.

Je relâche mon t-shirt sur le sol lorsque je tombe nez à nez avec Ollie. Je jurerai que la chienne, assise devant moi, a les yeux plissés.

Quoi ?

Elle ne bouge pas d'un poil. Et bordel, je n'ai pas envie de me mettre à rougir comme un gamin de primaire. Je la contourne donc avec difficultés, ouvre la porte du chalet et lui indique l'extérieur du bout de mon index accusateur.

— File.

Quelque chose de froid se dépose sur ma peau. Encore. Et encore. En levant le regard vers le ciel gris, au-dessus des cimes verdâtre des pins, chutent des grands flocons impartiaux.

Tout en me tenant à la petite rampe, je descends des petits escaliers, laissant le froid glacer le peu d'eau qui recouvre encore la peau nue de mon torse.

Le souvenir de mon corps brisant ce même lac que je regarde en ce moment précis, me percute à nouveau et pourtant, je continue mon chemin jusqu'à l'allée qui mène à une route, au loin. Il n'y a personne, c'est vide et je suis plus seul que jamais, mais j'y trouve un certain réconfort.

Aux yeux du monde, je suis mort. Mon nom doit probablement être cité en honneur, avec tous les autres, à l'heure qu'il est.

Alors que je me tiens devant cette route, comme l'esprit que je suis censé être, ma mère, quelque part à Manchester, décuve sur l'une des mythiques bouteilles de rosé, s'endormant sur une cigarette qui a déjà tant de fois failli brûler cet appartement merdeux qui sent le désespoir et les égouts.

Pourtant, je suis là. Dans le Maine. Chez une folie rousse à qui je pense en me masturbant. Mangeant des spécialités américaines en bon touriste que je suis devenu, me souciant à peine de ce que je suis réellement en train de faire.

Je suis en vie et personne ne le sait.

Et ça provoque un putain de sourire sur mon visage.

Je prends une grande inspiration d'air frais et enfonce mes mains frigorifiées dans les poches de mon jean, le regard pointé sur cette route que si peu d'êtres humains sur Terre connaissent.

Et pendant un instant... Rien qu'un instant...

Alors que la neige siffle légèrement autour de moi dans un tourbillon harmonieux, soulevant des odeurs hivernales, de la paix et de l'apaisement...

Je réalise que ça me va.

Je ne suis pas un survivant d'une explosion spatiale.

Je suis quelqu'un d'autre.

Et qui ne rêverait pas d'être quelqu'un d'autre ?

Le syndrome du survivant revient en trombes et commence à se trouver une place de choix dans le cerveau de Caleb ! Tout comme le désir qu'il a pour Heden... 😏

À jeudi pour la suite 😁💙

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