𝟓 : Card and password

Toute la nuit, Winnie rêva de la journée qui venait de passer. Puis elle s'imagina reine, sur un trône somptueux vêtue de vêtements magnifiques, la couronne sur la tête. Elle songea à toutes les lois qu'elle mettrait en place, toutes celles qu'elle abolirait. 

La rouquine finit par s'endormir, et lorsqu'elle se réveilla, sourit niaisement face aux idées qu'elle s'était faites la veille au soir. Elle se sentit un peu stupide, et se leva pour se vêtir d'une jupe aux tons marrons, un pull noir à pois blancs, et se coiffa avec un chignon ébouriffé et un "roll" sur l'avant de la tête. Elle fit tenir son épaisse chevelure rousse avec de la laque, puis se maquilla légèrement avant de se rendre à la cuisine pour prendre son petit-déjeuner. Sa mère avait cuisiné des pancakes encore fumant avant de partir faire un peu de shopping, et Winnie lui en fut extrêmement reconnaissante. 

Ensuite, la jeune fille alluma la radio sur une chaîne musicale et monta le volume. Ce fut alors en musique qu'elle tourna la pancarte indiquant l'état d'ouverture du magasin, arrangea les rayons, remplit ceux qui étaient vides, lissa les vêtements, dépoussiéra les chaussures, ajouta ou enleva des soldes, empaqueta des commandes, et servit la première cliente de la journée. Après cela elle laissa le magasin entre les mains de son père et alla livrer une commande. Puis, n'y tenant plus, elle se rendit chez Jane. 

Lorsque ,a rouquine fit retentir la clochette de l'entrée, Jane apparut derrière elle dans l'escalier, un sac à la main. 

— Winnie ? 

— Ah, Jane ! Où étais-tu ?

— À la boucherie. Cette jupe te va à ravir !

— Merci ! Toi c'est tes chaussures qui te vont bien, en plus du reste, fit remarquer Winnie avec un clin d'œil.

Effectivement, Jane avait enfilé les bottines reçues pour son anniversaire, et elles lui allaient comme un gant. 

— Enfin, je ne suis pas là pour m'extasier sur ta tenue, expliqua l'adolescente tandis que son amie la faisait entrer dans son appartement. Je voulais savoir si tu voulais venir maintenant avec moi au Buckingham Palace, je ne veux pas attendre dix-sept heures.

— Oh ! Oui, bien sûr ! 

Jane eut un regard vague accompagné d'un demi sourire, et Winnie devina qu'elle repensait aux nombreuses étagères de livres.

— Et Alex ? Il vient ? demanda l'adolescente aux cheveux châtains.

— Je ne sais pas. On peut appeler chez lui, si tu veux ? Il me semble qu'il allait au marché avec son frère, ce matin.

— Ah, bon. Oui, suis-moi. 

Winnie ôta ses ballerines et marcha à la suite de Jane pour se rendre dans son salon. Au mur était accroché un splendide téléphone rose pâle et crème, dont l'adolescente décrocha le combiné. Elle fit tourner la roulette pour composer le numéro d'Alex puis attendit que quelqu'un décroche. 

— C'est Jane ! Je voulais savoir si Alex était là, maintenant ? Non ? Ah oui, Winnie s'en doutait. Bon, ce n'est pas grave. Non, pas la peine, on devait se voir ce soir, de toute manière. Au revoir !

— Alors ?

— Marché. 

— Je le savais ! 

Jane tira la langue avec une immaturité feinte à son amie, et toutes deux ressortirent de l'appartement de la jeune fille pour aller chercher le vélo de Jane. 


♔♔♔


Le temps était nettement meilleur que la veille avec un ciel bleu pâle où dormaient quelques fins nuages et un soleil chaud. Sur la route du palais, le duo croisa un saxophoniste réclamant des pièces de monnaies, et elles lui laissèrent cinq livres sterling. Une fois au Buckingham Palace, Jane s'inquiéta :

— Comment allons-nous entrer aujourd'hui ? Nous ne pouvons pas faire le même raffut qu'hier !

— Ne t'inquiète pas, la rassura Winnie. Mr Watson a tout prévu, il m'a confié un mot de passe et une petite carte. 

Tout en parquant son vélo contre un muret, elle sortit la fameuse étiquette, de la taille d'une carte d'identité. Dessus étaient gravés en dorés des traits et des lignes formant sûrement un langage que seuls les personnes travaillant au palais savaient décrypter. Mr Watson lui avait demandé de la présenter à toute personne lui demandant ce qu'elle faisait à l'intérieur du palais, ainsi qu'aux gardes à l'entrée. Et pour plus de sûreté, il lui avait fait mémorisé – chose simple chez la rouquine, qui avait une mémoire impressionnante – un mot de passe confidentiel. 

Rassurée, Jane hocha la tête face aux explications de son amie, et toutes deux s'en allèrent en direction du palais. Contrairement à la veille, la foule était bien présente devant le grillage de la coure, et le duo dû jouer des coudes pour atteindre les gardes. Winnie leur présenta discrètement la carte et les gardes fermèrent les yeux pendant une seconde, donnant leur accord. C'était le signal que lui avait appris Mr Watson, car comme les gardes devaient rester immobiles, c'était le mieux qu'ils pouvaient faire sans qu'on les remarque. Ensuite, Jane pensa qu'elles allaient entrer à la vue de tous par la barrière, mais Winnie l'emmena faire le tour du palais. De l'autre côté, une petite porte était gardé par un seul garde, et le duo lui présenta la carte. Winnie se pencha pour lui souffler le mot de passe et il se décala d'un pas sur la gauche, gardant sa posture impassible. Jane tourna alors la poignée déverrouillée de la porte et entra, suivie de Winnie qui referma le battant. Le sol était couvert d'un tapis de la même teinte saumon que les murs, et le petit couloir ne possédait aucun fenêtre. 

— Par où se trouve la salle des archives ? se demanda Jane à voix haute.

— Bonne question, compléta Winnie. 

Le duo jetait des regards un peu partout, en haut, en bas, à chaque porte. 

— J'ai l'impression que nous sommes à l'opposé de cette salle, dit la rouquine.

— Oui, moi aussi... On a qu'à marcher, et si l'on crois quelqu'un, lui demander notre chemin. 

C'est ce que firent les deux amies. Tout d'abord silencieuses, elle ne le restèrent pas longtemps.

— Ce palais est si beau ! s'extasia Jane.

— Imagine que je pourrais peut-être y vivre un jour ! Ce serait tellement incroyable !

Soudain, le couloir déboucha dans une grande salle lumineuse, avec une énorme baie vitrée ur la gauche, et sur la droite, une porte plus somptueuse que toutes les autres. 

— Qu'est-ce qu'il y a là ? demanda Winnie à vois haute, comme pour elle-même.

Deux gardes étaient à côté de la porte, mais ils étaient en train de partir dans la direction opposée à celle du duo, sûrement pour prendre leur pause repas. 

— Salle du trône, lut Jane sur la porte. 

Au dessus d'elles, un escalier partait de chaque côté pour se rejoindre à l'étage supérieur. Il n'y avait personne sauf les gardes qui venaient de s'en aller. 

— Tu penses à ce que je penses ? fit Winnie en regardant son amie en biais.

— Sans Alex ? Il sera déçu...

Mais Jane sourit quand même, et les deux adolescentes s'approchèrent de la porte.

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