Un sourire béat sur le visage, les trois adolescents trempés jusqu'à l'os suivirent le majordome dans les couloirs du palais. 

— Je n'arrive pas à croire que je marche dans Buckingham Palace ! chuchota Jane. 

— Comment as-tu fait ? demanda Alex à voix basse, sidéré.

Winnie haussa successivement les sourcils pour faire un effet mystérieux et pivota pour observer les tapisseries somptueuses. 

— Je suis Mr. Watson, si vous me cherchez, les informa le majordome en mettant la main sur la poignée dorée d'une porte de chêne splendide. 

— Vous m'emmenez voir la reine ? demanda Winnie, excitée.

— Je pense que les archives vous suffiront, répondit Watson en gardant son sérieux, bien que ses yeux clairs brillèrent. Ne vous avisez pas de voler quoi que ce soit, nos gardes et caméras le remarquerait, et chaque ouvrage est doté d'un antivol inséré dans la couverture. Et si cela ne suffit pas à vous faire obéir, sachez également que l'on vous fouillera à la sortie. 

Sans plus attendre, Mr. Watson ouvrit la porte et laissa passer les adolescents qui ne savaient plus où donner de la tête. 

— J'y crois pas, j'y crois pas, j'y crois pas... répétait Jane. 

— Incroyable, souffla Alex.

— J'aurais préféré parler à la reine, ronchonna Winnie en pénétrant dans la salle sombre. 

Ses amis la fixèrent comme si elle venait de dire la bêtise du siècle, et dirent en même temps :

— Rabat-joie !

La rouquine haussa les épaules, un sourire narquois sur les lèvres, et reporta son attention sur les étalages de livres. Les étagères en bois massif de chêne foncé paraissaient vieilles, mais en excellent état, et robustes. Des numéros gravés en lettres de marbre dans le bout des meubles indiquaient différentes choses. Winnie se référa à un panneau à côté de la porte pour trouver le numéro correspondant aux archives familiales et arbres généalogiques. Le trio dut ensuite marcher pendant trois minutes pour arriver au bon numéro, et pendant tout ce temps, Jane ne fit que regarder les étagères pleines de livres plus anciens les uns que les autres. 

— Ils on l'air si précieux... C'est à peine si j'ose les regarder...

Elle était littéralement émerveillée, absorbée. Soudain elle retrouva son légendaire humour et lança :

— On va faire comme si c'est ton deuxième cadeau pour mon anniversaire, Winnie. 

Elle prit alors une voix adorable et poursuivis :

— Merci pour ce fabuleux cadeau ! Merci de m'avoir emmené dans les archives de la Reine Elizabeth II ! 

Winnie pouffa, mais Alex ne parut pas trouver ça drôle, et leur fit signe de parler moins fort.

— Faites un peu preuve de dignité, bon sang ! 

Quand enfin il attinrent le numéro 397, la tâche se compliqua. Il y avait tellement de livres qu'il leur faudrait des heures pour trouver les bons ! Winnie se mit d'abord à regarder sous la lettre "a" comme "arbre généalogique", Alex sous "g" comme "généalogie", et Jane, et bien... Jane fouillait à sa manière, c'est à dire à l'aveuglette. Ils mirent une heure à trouver enfin quelques livres d'où ils pourraient tirer des informations, une heure durant laquelle Mr Watson était revenu deux fois, pour voir comment les recherches avançaient. Jane avait râlé car il ne leur avait pas même proposé son aide, mais Winnie lui rétorqua que c'était sûrement mieux ainsi. 

Les adolescents avaient déniché trois livres, alors chacun en feuilleta un. Cela leur prit encore une bonne vingtaine de minutes, au bout desquelles ils n'avaient rien trouvé. 

— Il n'y a ni mon nom de famille, ni mon prénom, ronchonna Winnie ! 

— Essayons avec ta grand-mère, proposa Jane. Elle y est sûrement.

Et effectivement, son nom figurait dans chaque ouvrage. 

— Ta grand-mère Kathleen est la mère de ton père ? demanda Alex.

— Non, celle de ma mère. 

Winnie attendit qu'Alex dises la fin de sa pensée, mais elle comprit avant. 

— Tu veux que l'on regarde si le nom de jeune fille de ma mère y figure ? 

Alex hocha la tête, et tous trois se mirent en quête du nom de Helen Windsor. 

— Elle est dans celui-ci ! s'exclama Jane 

— Dans ce livre également, ajouta Winnie. 

Les deux adolescente se penchèrent suite sur l'épaule d'Alex, les sourcils froncés par la concentration. 

— Elle n'est pas indiquée dans celui-ci, en revanche. C'est étrange.

Mr Watson choisit ce moment pour faire une nouvelle apparition devant le trio, mais cette fois-ci il ne leur demanda pas comment avançaient leurs recherches. 

— Vous devriez rentrer. Il est déjà près de dix-neuf heures trente, et nous allons verrouiller la salle des archives. 

— Pouvons-nous revenir demain ? demanda Winnie

Mr Watson réfléchit, puis hocha la tête. 

— J'en toucherai deux mots à la reine, pour la prévenir, car elle n'aime pas trop avoir des étrangers dans son palais...

— Nous ne sommes pas des étrangers ! le coupa Winnie, offusquée.

Mr Watson l'ignora :

— Et qu'elle préfère savoir qui a touché à ses livres. 

Winnie jeta alors un coup d'œ à ses amis, et quelques minutes plus tard ils étaient sur leurs vélos, sous une pluie fine, en route pour leurs appartements. Alex avait râlé lorsque Mr Watson les avait fouillés, mais les feux filles savaient que c'était parce qu'il venait de penser qu'il rentrerait bien plus tard que ce qu'il avait dit à sa mère, et que ça l'avait mis en colère de lui désobéir.

— On reviendra demain, même heure ! lança la rouquine à Jane et Alex avant de les quitter devant la Carnaby Street. 

Ils hochèrent la tête et bifurquèrent, laissant Winnie rentrer seule.